les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mardi 15 décembre 2020

De l'humanité de nos présidents

 

Valéry, François 1 et 2, Jacques, Nicolas, Emmanuel …et l’humain…

Dans un épisode précédent je m’étais plu à montrer l’humanité de sportifs d’ici et d’ailleurs et à fonder l’intérêt qu’ils suscitent ou ont suscité sur cette dimension humaine qui pouvaient faire d’eux des prolongements sublimés (bien sûr) de nous-mêmes. Ce qui peut expliquer la fascination exercée par les grands sportifs.

 

Du décès de VGE

Quelques jours plus tard, alors que cette notion d’humain occupait encore ma cervelle, nous apprenons le décès de VGE, Valéry Giscard d’Estaing pour les plus jeunes. Et tous les courtisans de la bienpensance de se répandre en éloges dithyrambiques sur le personnage qui aurait été moderne avant l’heure, un peu incompris, mais si bien élevé et si modeste. Et tous de rappeler ses grands faits et gestes dont la loi sur l’IVG (qu’il doit aux députés de gauche) entre autres. Mais peu de rappels sur sa démagogie, son goût prononcé pour s’inviter impoliment chez des gens modestes, pour recevoir les éboueurs qui passaient devant l’Elysée, pour tuer les éléphants en Afrique et au passage ramener quelques diamants de Bokassa, sur son allergie aux mouvements ouvriers (les sidérurgistes se souviendront!) et the last mais non the least son incapacité à gracier des condamnés à mort (rappelez-vous Ranucci). Vous avez dit … humanité…

en passant par l’humain menteur, trompeur

r Le François qui a suivi a tout tenté pour nous la jouer plus humain, en particulier sur la peine de mort abolie, mais son humanité est restée bien trouble, et souvent forte de contorsions en tous genres pour nous faire avaler des couleuvres qui voulaient nous convaincre que ripolinage et changement de société était la même chose. L’humain serait-il un peu menteur ?

Le Jacques qui a enchaîné était tout sauf une oie blanche, mais grâce au cul des vaches qu’il tâtait avec plaisir, il pouvait donner une impression de proximité qui pouvait laisser croire que la droite pouvait être populaire. Dans le même temps il faisait le nécessaire pour que le monde du travail en bave toujours autant, et même un peu plus. Son humanité à lui était du genre trompeur.

Valery, François et Jacques sont maintenant partis sous d’autres cieux, mais cela ne doit pas nous empêcher de rester lucides.

à «l’humanité » des survivants

Quant aux survivants, leur « humanité » fait encore la une de l’actualité, ainsi Nicolas, premier président à avoir affaire avec la justice pour une sombre affaire de trafic d’influence : il est plus que plaisant après avoir lu la plaidoirie du procureur qui dénonce le mépris souverain ( c’est le cas de le dire) et inadmissible du plus haut responsable du pays pour le droit, pour l’état de droit  d’entendre les arguments du Nicolas en question qui en fait un échange de service entre potes qui prépare un arrangement… très humain. Tu m’informes de ce qui se passe à la cour de cassation et je te prépare une retraite dorée à Monaco. L’humanité devient ainsi bien médiocre.

François et Emmanuel étaient copains, mais Emmanuel a trompé François  qui, balourd, s’est laissé berner. C’est humain… diront les commentateurs ! Ils sont du même monde de l’Enarchie, c'est-à-dire de l’humain supérieur,  et étaient sans doute convaincus qu’ils n’étaient pas du vulgus pecum (le populo), qu’ils étaient légèrement au-dessus.

D’où la propension de l’Emmanuel à jeter ses petites phrases assassines sur ceux qui sont rien. D’où la politique violemment antisociale (le pognon avant le travail bien sûr) qu’il met en œuvre. D’où les coups qu’il porte à la démocratie. Avec les phrases ronflantes qui veulent tromper leur monde. Avec lui l’humanité est devenue Jupitérienne, c'est-à-dire le contraire de ce qu’elle est.

Parler d’humain avec Valérie, François1 et 2, Jacques, Nicolas et Emanuel, c’est vraiment faire de l’antiphrase.

Pourrait-on envisager un président sans antiphrase en matière d’humanité. ?

Jean-Marie Philibert

mercredi 9 décembre 2020


 

et les vaccins

 

et les vaccins ?

Le gouvernement prépare une campagne massive

Il est vrai qu’on ne se réveille pas tous les matins avec une pandémie. Il est tout aussi vrai qu’un gouvernement se doit d’avoir une politique de santé et que dans ce cadre-là il doit se préparer à tout, nous préparer à tout. Avec le Covid, malgré la menace, on n’a été préparé à rien

Et maintenant, nouvel épisode, après les masques, les tests, le confinement… le/les vaccins. Quelle préparation ?

En quelques mois des vaccins dont on semble commencer à percevoir l’efficacité ont été mis au point. Certes, compte tenu des précédents, de la rapidité des réalisations, de l’ampleur de la demande, du manque de recul sur leur efficacité et leurs effets, il y a de quoi rester à la fois optimiste et circonspect.

Depuis le début de la pandémie, c’est une des premières bonnes nouvelles.

Pour tout un faisceau de raisons : d’abord le rôle positif qu’ont joué les vaccins dans la lutte contre des maladies qui ont été de véritables fléaux pour l’humanité, la variole, la tuberculose, la polio, la diphtérie, le tétanos, la rage… et des reculs imposés à la mortalité. Face au corona, c’est une première arme.
Mais il suscite inquiétudes, interrogations et oppositions. D’où la stratégie mise en œuvre dans cette campagne. Une vaccination progressive, commençant par les plus exposés, les pensionnaires, les personnels des EHPAD. Des commandes massives pour vacciner 14 millions de personnes de février au printemps, les personnes âgées, les personnels de santé, pour aller vers une vaccination de masse ensuite (200 millions de vaccins comandés), sous surveillance médicale. Il s’agira d’éviter les «vaccins-barnums » en misant sur les médecins généralistes. Une vaccination qui sera gratuite, mais pas obligatoire, avec un suivi médical et une transparence assumée en fonction des nombreuses inconnues.

Le souci est de lever les résistances, dans un moment où elles sont fortes, compte tenu de précédents (H1N1, Hépatite B) et des idéologies rétrogrades qui pèsent sur une époque qui s’interroge. L’enjeu est de taille : collectif, mettre au moins en sourdine la pandémie et reprendre une vie normale, ou personnel, passer à travers les mailles de la maladie. A chacun de prendre ses responsabilités.

JMP
E

lundi 7 décembre 2020

grandir ensemble ou crever tout seul

 

Grandir ensemble/Crever tout seul

 

 

 

Pourquoi faire simple et s’unir pour gagner, alors qu’il est plus marrant de se diviser à n’en plus finir et de perdre quasiment toujours. Partir tout seul, se prendre pour le centre du monde, surtout ne pas chercher d’alliés. Avoir une démarche unitaire, est  difficilement pensable quand on a décidé une fois pour toutes qu’on est les plus fortiches.

L’observation de pans entiers de notre vie politique démontre que je n’affabule pas. Les démarches unitaires ne font pas l’unanimité, même lorsque des expériences douloureuses vous ont appris à vos dépens que toute défaillance dans l’union pouvait vous coûter cher.

Les expériences douloureuses

Ainsi à Perpignan, des forces, disons de progrès, n’ont pas voulu entendre la voix de ceux qui, comme nous au TC, pensaient que la seule façon  d’empêcher l’extrême droite et la droite de diriger la ville était de proposer une liste largement unitaire. Des listes multiples se proclamant plus unitaires, et plus fortiches, les unes que les autres se sont affrontées, ont été éliminées dès le premier tour et ont conduit à l’élection d’un maire d’extrême droite.

Ironie de l’histoire : une de celles/ceux qui ont fait tout ce qu’il fallait pour que la désunion aux municipales soit possible, Agnès Langevine (à la tête d’une liste écolo de gauche), sans doute dans un repentir compréhensible, prône, pour son parti Europe-Ecologie-Les Verts, une démarche unitaire dans le cadre de la préparation des prochaines élections régionales. Catastrophe ! Son parti EELV  n’en veut plus, de l’union et d’elle. Il l’exclut donc sans ménagement.  Punie ! La conséquence de la désunion risque tout simplement de voir la gauche ne plus diriger la région Occitanie. Au bénéfice de qui ?  Devinez !

Qui c’est les plus forts ?

EELV nous rejoue la sempiternelle rengaine : j’ai raison tout seul, je suis plus fort que les autres et j’ai la réponse à tous les problèmes, même ceux qui n’existent pas. Mais d’autres membres de cette majorité régionale sont tentés par les mêmes démons.

Les Insoumis auraient bien envie d’accroître le trouble, eux qui sont si prompts à partager le grossissement épique que leur lider-maximo Mélanchon cultive régulièrement en se plaçant bien sûr au-dessus de toutes les mêlées. Il ne leur déplairait pas aussi de décrocher pour eux la timbale et d’apparaître pour plus que ce qu’ils sont.

Quant au PS, même si on ne dit pas grand-chose, on continue cahin-caha à jouer la carte de l’unité, fût-elle parfois agitée, souvent perso et toujours très discrète.

La grenouille et le bœuf

Mes petits camarades avant de vous/nous désunir, méditez la fable La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf :

Une grenouille vit un bœuf

Qui lui sembla de belle taille.

Elle, qui n‘était pas grosse en tout comme un œuf,

Envieuse, s’étend, et s’enfle, et se travaille,

Pour égaler l’animal en grosseur,

Disant : « Regardez bien, ma sœur ;

Est-ce assez ? dites-moi ; n’y suis-je point encore ?

Nenni.- M’y voici donc ?- Point du tout. – M’y voilà ?

-Vous n’en approchez point. » La chétive pécore

S’enfla si bien qu’elle creva.

Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages…

Et répondez à la question : vaut-il mieux crever tout seuls que grandir ensemble…

Jean-Marie Philibert.

mardi 1 décembre 2020

La démocratie les gêne

 

La démocratie les gêne !

Ces dernières semaines montrent un pouvoir qui change progressivement de nature…

La pandémie semble un prétexte idéal pour mettre le pays au pas. En tant que président-chef de tout, vous donnez aux forces de police la possibilité de se défouler sur tout contrevenant avéré ou pas, vous mettez quelques brutes épaisses à leurs têtes et vous choisissez comme ministre de l’intérieur un jeune loup aux crocs bien longs pour qui, comme pour vous, la république n’est rien d’autres qu’une paillasson. Comme cela ne suffit pas vous rajoutez des lois qui interdisent à tout va, dont en particulier les images de flics frappeurs. Vous appelez ça la Sécurité Globale. Et vous pensez être tranquille, comme vos sujets que vous tentez de bâillonner.

Une nouvelle ampleur

La cinquième république (et sa constitution gaullienne), née d’un coup de force contre la démocratie parlementaire est en train de changer de nature. Certes elle n’a jamais aimé aveuglément les sociétés qui bougent et les esprits récalcitrants, progressistes. Et il a fallu bien souvent secouer le cocotier violemment pour lui faire entendre raison, pour qu’elle écoute les revendications populaires. Mais avec Macron I° les choses prennent une nouvelle ampleur au point qu’il est possible de s’interroger sur une orientation très dangereuse, fascisante, dirons certains,  pour la démocratie.

Regardez la place faite au Parlement, à l’opposition, aux élus (même ceux de la majorité). Observez comment un homme décide de tout, tout seul, ou entouré de courtisans serviles et de comités Théodule à sa botte, sans légitimité. Mesurez le mépris de la chose publique qu’expriment ses discours pontifiants et sans humanité. Et la façon arrogante dont il tourne le dos aux besoins  sociaux, aux droits sociaux, aux souffrances d’un monde qui n’en peut mais. Et qu’il croit pouvoir acheter avec un pognon, dont on ne sait pas trop d’où il sort.

La crise de la démocratie est au moins aussi profonde que la crise sociale, et ses enjeux sont tout aussi importants. Il est heureux de voir que les audiences des initiatives prises pour protester contre ces dérives du pouvoir montrent une réelle volonté d’y mettre un terme. Il faudra insister.

jmp

lundi 30 novembre 2020

Patrick, Diego, Christophe, le sport et l'humain

 

Patrick, Diego, Christophe, le sport et l’humain

Il est un domaine auquel je ne prête qu’une attention épisodique et sur lequel je n’ose pas trop m’aventurer de peur de montrer mon ignorance. Certes il me poursuit depuis belle lurette. Il m’a même contraint, c’est le mot qui convient. En effet ma mère soucieuse de mon avenir physique, mais aussi sans doute un peu mental, m’a imposé, dès la tendre enfance,  de faire de la gym, dans une salle du quartier, avec un prof exigeant et sans espoir de passer à travers. Elle m’a ensuite incité à faire du sport. Mais, esprit retors sans doute, j’y ai mis une mauvaise volonté si évidente, que l’obligation, l’incitation se sont transformées en désintérêt profond, pour ne pas dire en aversion.

Il m’a fallu prendre de la bouteille (au sens figuré bien sûr) pour m’y remettre, sans goût, mais par nécessité physiologique, comme dit mon toubib. Et ça dure depuis des décennies. Je fais du sport, de la gym… Un peu ! Mais je ne sais pas parler du sport, des sportifs. Le hasard de l’actualité m’incite aujourd’hui à tenter de le faire.

Patrick

Le déclic est venu des pages sportives (que je survole en général) de mon quotidien local. J’y découvre étonné un titre « grossier » qui barre la page : « ça me fait chier ». Ce titre joue tout à fait son rôle, puisqu’il m’arrête, me fait reconnaître sur la photo qui accompagne l’article, Patrick Arlettaz, entraîneur de l’Usap, et m‘incite à lire l’interview où il s’étend sur les heurs et malheurs de son équipe chérie, sur les victoires, sur l’absence de jeu d’un groupe qui gagne, sur les critiques que l’on fait aux joueurs et qui le « font chier » parce qu’il est persuadé de faire avec eux du bon boulot. Le ton de l’interview est de la même veine, direct, sans fioriture, codé pour les usapistes avertis avec lesquels Arlettaz semble vouloir remettre les pendules à l’heure. L’air renfrogné qui est le sien sur la photo accompagnant le texte montre que le sport n’est pas un long fleuve tranquille et que la colère des hommes y a sa part. On peut diriger une grande équipe et rester profondément humain avec le langage fleuri qui va avec.

Diego

L’humanité a aussi, dans l’actualité sportive, ses dimensions tragiques. On peut être, pour beaucoup d’amateurs de foot, dieu ou presque et rester humain, ainsi Diego Maradona a sans doute oublié que ses admirateurs le voulaient immortel et les a quittés, les laissant orphelins des moments euphoriques qu’il leur avait offerts, en Argentine, à Naples, à Barcelone. Sa gloire, ses faiblesses, les aléas de sa vie, sa fibre populaire, le tout  assumé, ont renforcé cette humanité du personnage, sa popularité. Il ne vous étonnera pas que Macron, en cherchant à la célébrer, un peu sottement d’ailleurs, ne l’ait perçu que pour lui reprocher port mortem d’avoir rencontré Chavez et Castro. La ferveur populaire a besoin de l’humanité de ceux qui, dans des pratiques sportives, sortent du lot au point de prendre des dimensions mythiques tout en restant proches. D’où le sentiment d’une intimité qui vous a donné à un moment l’impression d’enrichir la vie et dont vous souffrez de la disparition.

Christophe

Autre actualité tragique ! Nous regretterons aussi les fulgurances de Christophe Dominici qui, un ballon ovale dans les mains, nous a fait vibrer et a apporté des moments inoubliables à des millions de spectateurs qui se sont lancés avec lui dans des courses effrénées vers un en-but libérateur où nous aussi, grâce à lui, nous avons plongé sans retenue. La sympathie du personnage, ses mensurations de David courageux et rusé au milieu de Goliath sur-vitaminés le rapprochaient de ses admirateurs. Sa fin tragique prématurée, ces jours derniers, nous le rend encore plus proche et humain.

Conclusion : le sport et les sportifs sont au cœur de notre humanité. Ma maman avait sans doute raison.

Jean-Marie Philibert.

lundi 23 novembre 2020

RIRE JAUNE

 

RIRE JAUNE

Il peut être instructif de vous amener dans les coulisses du comité de rédaction de votre vénérable hebdomadaire préféré : c’est du « live » et de précieuses indications sur notre état d’esprit, le sérieux de notre travail, notre démarche collective et ce que j’appellerai notre optimisme résistant. Il se clôt le plus souvent par une question récurrente sur la page 12 «Et l’humeur, Jean-Marie ?»

Et le Jean-Marie, il se creuse la cervelle, soit il a une idée, soit il n’en a pas, soit il en a plusieurs, et il propose : « J’ai une humeur sinistre, à propos de l’émission sur les EHPAD et le COVID et le sort réservé aux vieux (pardon aux personnes âgées) »Et tous mes gentils camarades de faire la grimace et de gémir… Je sens le malaise, je fais une volte-face inattendue qui me surprend moi-même : « je peux vous faire quelque chose de plus gai, une vision comique du confinement ! »

Approbation générale, grands soupirs de soulagement : »Oui ! Oui ! Fais nous rire ! »

A côté de la plaque

Mon seul problème, c’est que je n’ai pas la moindre idée de ce que je peux écrire, d’autant moins que ce  confinement qui détruit nos vies ne me fait pas rire du tout. Même si, depuis plusieurs mois, l’empressement des responsables en tous genres à penser «confinement» n’a d’égal que leur aptitude forcenée à taper très souvent à côté de la plaque… avec bien sûr l’assurance de celui qui ne doute en rien de sa qualité de responsable maximo. Jusqu’au ridicule !

Allons-y donc dans le ridicule ! Et dans le rire jaune…

D’abord de celui qui s’auto-proclame chef d’une guerre contre un tout petit virus, si petit d’ailleurs qu’il a mis beaucoup de temps à le voir. La métaphore guerrière n’avait d’autre utilité que d’occulter l’immensité de l’ignorance sur cet ennemi : les discours discordants, pontifiants, alarmants, des épidémiologistes, infectiologues, et/ou grands docteurs, contents visiblement de passer à la téloche confirmaient sans réserve. « Nous ne savons rien… Mais cela ne nous empêche pas de parler… ».

Paroles

Et les paroles pleuvent pour dire tout et son contraire : sur les masques, sur les tests, sur les remèdes. Des paroles pour cacher l’absence de remèdes, de test et de masques. Toutes proférées avec le plus grand sérieux. Elles ne trompaient pas grand monde, la sagesse populaire a préféré jouer la carte de la prudence. Le bon peuple s’est laissé, civiquement, confiner.

Même si la logique du confinement était à géométrie variable, comme si le virus, très compréhensif, était prêt à ne pas investir les domaines qu’on excluait du confinement, comme les grandes surfaces, les trains, les métros. Comme s’il était capable de distinguer commerces essentiels et non-essentiels. Par contre, il était attendu dans  les rencontres amicales, le boulot, les écoles, les fêtes, les enterrements, les activités culturelles au point qu’il n’y a plus eu de rencontres amicales, de boulot, de fêtes, de cultures, d’enterrements.

Infantilisés

Mais il y a eu des morts ! Et pour tous une non-vie dans laquelle, avec plasticité et même parfois avec humour, nous avons poussé la guignolade jusqu’à nous faire des autorisations de sortie, parfois un peu trafiquées d’ailleurs. Il semble que la bande à Macron a eu le souci de nous infantiliser un max (peut-être pour altérer une part de notre lucidité, diront les esprits chagrins). Et ça a marché !

L’infantilisation a aussi marqué le déconfinement où on a pu faire, comme de mauvais garnements, n’importe quoi. La guignolade a aussi animé le gouvernement et l’inénarrable Blanquer qui nous a décrit une rentrée scolaire excellente, jusqu’au second confinement qui est presque aussi rigolo que le premier, si ce n’est qu’il est automnal et  que l’on s’est habitué à être un peu plus récalcitrants.

Mais on manque de tout et surtout de ce qui fonde notre humanité, de la vie sociale, du rapport aux autres, ceux que l’on aime d’abord, mais aussi les autres. Tous les autres ! Les zombis masqués que nous croisons, sans pouvoir boire un coup au café avec eux, sans l’empathie et la déconnante qui vont avec, commencent à me taper sur le ciboulot au point de vous amuser de ce qui ne m’amuse plus.

Jean-Marie Philibert

mardi 17 novembre 2020

Incohérent !

 

INCOHERENT

Retour sur les semaines passées

La relation au pouvoir suppose, sinon une confiance absolue, au moins un minimum de considération : or dans la gestion, depuis ses débuts, de la pandémie, la bande à Macron a donné des signes multiples et variés qu’ils avaient du mal à prendre la mesure des choses. Auparavant avec les gilets jaunes, avec la réforme des retraites ils avaient montré que Jupiter et son aéropage était au-dessus de ces basses contingences et que le bon peuple suivrait tôt ou tard.
Le réel vous rattrape

Avec le corona, ça a commencé pareil, quoi ? Une pandémie ? Même pas peur ! Et pour enfoncer le clou vas-y que j’aille au théâtre, avec Bribri, pour bien montrer que rien ne saurait m’arrêter. On ne va pas annuler/reculer les élections municipales pour si peu. Et puis patatrac, quand vous oubliez le réel, le réel vous rattrape et il nous a tous rattrapés et enfermés pour de longues semaine de confinement à la maison, avec suprême guignolade un papier qu’il fallait se signer soi-même pour aller acheter son pain. Mais là Macron nous a doctement expliqué que nous étions en guerre contre un méchant virus, sans nous dire de façon explicite que dans cette guerre nous aurons les mains nues, pas de masques, on les a jetés, des services publics bien abîmés, et pas beaucoup de médicaments parce qu’ils sont tous maintenant fabriqués en Chine.

Mais nous avons fait face, nous sommes restés à la maison, nous avons télé-travaillé, les petits n’ont pas eu école, le professeur Raoult nous a fait presque croire à un remède miracle et à la téloche avec Salomon, nous avons compté les malades et les morts tous les soirs. On nous a fait croire que ça irait mieux demain. Entre temps on a mis la démocratie entre parenthèses. Le virus a bon dos !

Déconfinés/Reconfinés

Nous l’avons un peu cru, nous l’avons d’‘autant plus cru que nous fumes déconfinés en plein printemps, que nous avons un peu recommencé une vie normale jusqu’à envisager d’avoir de vraies vacances.  Les autorités se sont employées à nous laisser faire un peu n’importe quoi, cet été, et à ne pas écouter les esprits chagrins qui rappelaient incidemment que le virus était toujours là. L’attitude a pu aller jusqu’au déni, avec par exemple le Ministre de l’Education Blanquer qui a vu une rentrée scolaire, meilleure que jamais, grâce à un protocole sanitaire aux petits oignons.

Et puis retour de ce satané réel, de ce salaud de corona, qui contraint nos grands stratèges à nous reconfiner, mais en tentant de préserver un peu l’économie, en laissant les écoles ouvertes, en promettant un peu de sous à tous ceux que la faillite menace, en disant qu’il faut continuer à ne pas se regrouper, se rassembler, ne pas faire de sport et de gym, mais en laissant les transports publics pleins d’une foule dense, les grandes surfaces et Amazone faire le jackpot, pendant que les petits commerces, les bars et restos tiraient le rideau et la gueule parce qu’ils savent qu’ils vont crever et nos villes (grandes et petites)avec. Avec une petite lumière au bout du tunnel : à la Noël si vous êtes sages, peut-être, mais il ne faudra pas être nombreux.

Comment s’étonner qu’on juge tout cela incohérent.

JMP

lundi 16 novembre 2020

La culture un service public essentiel

 

La culture, un service public essentiel

« Un homme qui lit en vaut deux ! »C’est le slogan d’une campagne en faveur du livre et de la lecture qui remonte à bien des années, je ne vous dirai pas combien. C’était du temps où j’enseignais les lettres à des lycéens que je voulais faire réfléchir aux bienfaits de la lecture et je trouvais que ce slogan pouvait servir de sujet utile de dissertation, un brin provocateur pour des jeunes femmes et hommes dont la lecture n’était pas la première des préoccupations. Et puis surtout j’y lisais une évidence extrême à la gloire du livre, à l’enrichissement durable que certains livres nous offrent, à la communion laïque avec des écrivains qui avaient, ont, cultivent la capacité créatrice d’enrichir nos vies et de laisser une trace qui peut contribuer à nous constituer dans notre originalité, dans notre intégrité.

Le riche rapport au livre

Je n’ai pas le souvenir d’un seul lycéen qui ait violemment pris le contre-pied du slogan pour démontrer l’inanité de la lecture (ils n’étaient pas suicidaires). Mais ils parlaient tous de leur rapport au livre, de leur intimité avec certaines œuvres et de l’enrichissement qu’ils en retiraient. Donc satisfaisons-nous rétrospectivement : mission accomplie !

Mais malheureusement Castex n’a pas été mon élève, (compte tenu de son âge et du mien, il aurait pu) et visiblement sa réflexion littéraire… absente, son oubli du livre… comme nourriture essentielle, son mépris des libraires dans leur combat quotidien pour survivre avec leur boutique s’en ressentent.

Dans les champs de ruines culturels, qu’il nous laissera à la sortie du confinement, parce qu’on en sortira un jour ou l’autre, il y aura, entre autres,  quelques rideaux tirés de libraires effondrés de ne pas avoir pu continuer leur mission jusqu’au bout et de les avoir pris pour ce qu’ils ne sont pas : des inessentiels, des superflus, des amuseurs, des bouffons, au mieux capables de nous procurer un supplément d’âme.

Sortir du vulgum pecus

Supplément d’âme, cerise sur le gâteau, élément de décoration, artifice pour se faire plaisir, prétexte pour briller, occasion pour rencontrer la bonne société et faire de l’entre-soi, illusion de faire partie des « happy few » qui sortent du vulgum pecus ( en clair des mastuvu qui veulent péter plus haut que leur cul). La culture ne serait que cela ! Donc fermer les cinémas, les théâtres, les musées, les bibliothèques… c’est pas grave. Il y aura bien quelques sous-produits culturels que la téloche diffusera pour faire croire que le cadavre de la culture vivante bouge encore.

Mais le spectacle vivant, l’écriture vivante, la rencontre vivante avec les créateurs, l’échange intime avec une œuvre et la trace indélébile qu’il en restera seraient des clusters tout désignés. Ne se moquerait-on pas un peu de nous ?

La droite est indécrottable : elle n’a jamais aimé la culture qui n’a jamais voulu être à la botte des valeurs qu’elle prône, elle en a fait un ornement pour la vider de sa charge subversive. Là le corona lui offre une occasion de lui clouer le bec pour quelque temps. Elle semble ravie et ne recule pas.  Castex se charge de la besogne.

Elle oublie que la culture est animée par une capacité de résistance, de persistance qui est constitutive de la vie et de la liberté qui nous animent, avec ou sans corona.

Jean-Marie Philibert

vendredi 13 novembre 2020




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                                               Quand l'optimisme est plus fort que vous

dimanche 8 novembre 2020

Petite balade au Perthus

 

Petite balade au Perthus

 

Si l’heure était moins lourde, la petite balade de notre président au Perthus aurait pu nous amener à ironiser sur un besoin pressant de Ricard à l’Elysée, ou sur une subite envie d’oranges de Bribri, tant un tel déplacement peut sembler hors sol, à des Roussillonnais confinés qui imaginent qu’il y a tant à faire à Paris.

 

El Nostre Prrrésident

En fait peut-être du fait des accords de Schengen, l’avait-on oublié ?, mais le Perthus est une frontière. El Nostre prrrésident avait sans doute besoin pour illustrer sa démarche de lutte sur tous les fronts, national, européen, international, immigration, terrorisme et sécurité d’un terrain propice : le col du Perthus passage historique des troupes d’Hannibal, des armées romaines, des hordes d’envahisseurs en tous genres, aujourd’hui touristes et poids lourds,  le lui a fourni pour faire de l’image comme on dit dans la com moderne et illustrer son propos qui ne change guère : je prends toujours la bonne décision, que de bonnes décisions.

 

Des passoires et un drone

Lesquelles donc ? Vigipirate oblige, prégnance de la menace terroriste : “nous avons décidé d’intensifier très fortement nos contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen” et d’aligner les chiffres : les effectifs policiers passeront de 2400 à 4800. Pour le Perthus deux unités mobiles, une compagnie de CRS et un escadron de gendarmes mobiles... avec même un pilote de drone. Faisons donc moderne. Reste que depuis Schengen les frontières intérieures ne le sont plus tout à fait et qu’elles sont devenues de véritables passoires où les trafiquants en tous genres s’en donnent à cœur joie, et sans doute aussi les terroristes potentiels (lisez quotidiennement votre journal local). Reste que des services publics (douanes et police) ont été réduits à la portion congrue. IL s’agit donc de courir après l’événement, après les événements tragiques des assassinats aveugles pour donner le sentiment que ce qu’il fallait faire a été fait, ou va l’être incessamment sous peu.
Brouillons les pistes

Et il faut donc mettre en scène l’intervention présidentielle sur un poste frontière emblématique, qui relie le sud et le nord, l’Afrique et l’Europe, qui est une voie d’accès depuis des lustres à toutes les formes d’immigration, même si ce n’est pas une porte de Schengen. Cela permet de brouiller un peu plus les pistes et d’inciter le bon peuple à assimiler immigration, terrorisme, islamisme et de rejoindre l’idéologie nauséabonde et raciste qui se répand et dont de l’extrême droite à l’extrême centre ils sont nombreux à faire leurs choux gras. Cette visite est à l’image de la loi contre le séparatisme que le gouvernement prépare : c’est un leurre !

 

Pour rien ?

Elle a aussi indéniablement une dimension européenne. Macron prêche... dans le désert et sur la frontière... pour une réorganisation de l’Europe...”pour intensifier notre protection commune … pour un espace qui soit plus cohérent”... Pour le moment en dehors du plan de relance, à la vertu essentiellement économique, en Europe, c’est, avant tout, chacun pour soi et c’est porte close aux étrangers... pauvres. Je crains que le déplacement au Perthus ne change en rien la donne. Je pense même que sur ce terrain-là comme sur les autres l’initiative est improductive. Il est venu pour rien et il a oublié le ricard et les oranges.

Peut-être que grâce à nostre prrrésident des barrières vont faire leur réapparition sur l’autoroute et sur la nationale et rappeler aux anciens qu’une frontière reste une frontière même si elle ne sert pas à grand-chose, si ce n’est à séparer les humains que nous sommes.

Jean-Marie Philibert

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lundi 2 novembre 2020

interview d'Etienne Rouziès, traducteur de Jordi Pere Cerdà

 

DE LA POESIE DE JORDI PERE CERDA

JPC aurait eu cent ans en 2020 : les bons libraires exposent ses œuvres  Vous trouverez très bientôt parmi elles une édition bilingue  de ses poésies, Comme sous un flot de sève aux éditions La rumeur libre. Etienne Rouzies la murement travaillé. Le TC pour qui la fidélité à JPC est inaltérable la rencontré pour quil nous informe dun projet dont le confinement a retardé la sortie  et qui devrait voir le jour à la rentrée. Etienne Rouzies devrait aussi intervenir dans lhommage à JPC que la galerie El Taller dAndré Robèr lui rendra ; à Ille/Têt début octobre

-peux-tu nous parler de ta découverte de Jordi Père Cerda?

Jai découvert Jordi Pere Cerdà une première fois en 2007 avec la lecture de son roman Voies étroites vers les hautes terres. Mais cest en 2015 que jai découvert sa poésie, sur les conseils de Marie Grau, une de ses grandes spécialistes.  s la première lecture, il y a eu un fort effet dattraction et jai commencé à traduire quelques poèmes. Peu à peu, le jeu est devenu un projet. Roger Coste de la librairie Torcatis ma encouragé à contacter un éditeur. Par lintermédiaire du poète Vincent Calvet, cest vers La Rumeur libre que je me suis tourné.

-Y a-t-il une spécificité de la poésie de JPC ?

Ce qui frappe d’abord dans la poésie de Cerdà, c’est l’alliance entre une langue franche et directe et un grand raffinement dans le maniement des images. Une sauvagerie de la langue et une subtilité métaphorique. Autre trait caractéristique : une capacité à incarner les émotions les plus profondes. Chez Cerdà la poésie est un art viscéral. Il y a enfin dans sa poésie une force incantatoire. Cerdà nous enchante au sens étymologique : il y a quelque chose chez lui de chamanique, de païen.

La poésie est-elle traduisible ?

La poésie est unique, elle est intraduisible au sens strict. On perd toujours de la matière en route en passant dune langue à une autre.  La traduction est un autre texte mais on peut faire en sorte que cet autre texte soit le plus fidèle possible au premier.  Traduire nécessite de se décentrer en permanence, il ne faut pas que sa propre musique prenne le pas sur loriginal. Cest une discipline. Un peu comme une navigation, il y a un cap à garder : si on est inattentif, le bateau sarrête ou dévie.

-Tu as dû faire des choix de textes, peux-tu les expliquer ?  La spécificité de ton édition, de tes traductions ?

Mon choix a été de sélectionner des poèmes de toutes les époques, de montrer un large éventail de sa production mais cela reste une sélection, une partie seulement dune immense montagne à explorer. Je me suis laissé guider par les poèmes qui mavaient le plus touchés. Mon ambition était de passer la force de la langue de Cerdà du catalan au français en évitant les écueils de la réécriture, de la « poétisation ». Mon parti pris était de serrer au texte. Quand Cerdà est rugueux, il faut l’être aussi en français.

 

La poésie de Jordi Pere Cerdà

 

La poésie comme nourriture terrestre

 

 

IL est plus fréquent d’évoquer les poètes, leur nom, leurs histoires, leurs destins et les mythes qui les entourent que de se pencher sur leurs textes et les lire, pour soi ou pour les autres, en silence, ou à haute voix. Une preuve parmi tant d’autres : le nombre d’ouvrages de poésie édités, lus, achetés est quasiment ridicule sans aucune proportion avec la richesse formelle, affective, historique, philosophique de beaucoup de textes poétiques. Comme si comptaient peu l’intimité du propos, les mots que le poète a ciselés pour lui-et-nous, nous-et-lui, comme vous voulez !

C’est pour cela qu’il ne faut pas laisser passer la moindre occasion de sortir les poèmes de leur ghetto culturel et de  les lire. L’édition bilingue d’un choix de textes de Jordi Pere Cerdà intitulé Comme un flot de sève, traduits et présentés par Etienne Rouziès, aux éditions La rumeur libre est une excellente opportunité.

L’émotion au rendez-vous

Dans un précédent numéro, nous avions questionné le traducteur-poète sur sa démarche, sur son rapport à Jordi Pere Cerdà, il nous offre maintenant le résultat de son travail. L’émotion est au rendez-vous. En particulier pour ceux qui, comme moi, ont du catalan une connaissance plus que sommaire et qui ont besoin d’un intercesseur pour saisir la profondeur et la richesse de sa poésie. « La poésie comme un art viscéral », tel est le titre de l’introduction d’Etienne Rouziès.

 Chez Jordi Pere Cerdà, un art viscéral, fait de retenue, de pudeur, de douceur, mais pétri d’humanité, sans concession sur l’humain dans toutes ses dimensions personnelles, sensuelles, familiales, affectives, politiques. Un humain viscéralement attaché à sa terre, à sa Cerdagne, à la nature et à tous ceux qui la peuplent, mais ne s’y laissant jamais enfermer, bien au contraire. Elle est le microcosme d’un macrocosme qui voit défiler le monde  dans son universalité sans limite.

 

 

Relisons la fin d’ « ô monde »

« …Je suis entré dans l’arbre comme un oiseau dans les feuilles

et j’ai senti la force de ses branches

dedans mes bras et dedans mon corps,

et j’ai senti la sève se mêler à mon sang.

je tins la vie dans le nid chaud de mes mains ;

la vie avait le visage du peuple

et de son combat. »

Le catalan

Cela a été écrit en 1954 et n’a pas pris une ride : magie de la poésie et de son pouvoir de transcender le temps, dans la langue que l’on a choisi de magnifier. Pour Jordi Pere Cerdà, ce fut le catalan qu’il a porté à la plus grande incandescence, paradoxalement en utilisant les simples mots du quotidien. Le monde littéraire catalan ne s’y est pas trompé qui, des deux côtés de la frontière, l’a honoré pour la puissance qu’il a donnée à cette langue à un moment crucial de son histoire.

A lire la traduction d’Etienne Rouziès, on se dit que, s’il avait écrit en français, le boucher-poète de Saillagouse côtoierait peut-être aujourd’hui les plus grands (Desnos, Char, Aragon, Eluard). Mais nous y aurions perdu un acteur central de notre culture. Notre langue serait orpheline.

« Toute langue fait feu » est le titre d’un de ses recueils : notre vie avait- a besoin de ce feu qu’Antoine Cayrol, enfant de Cerdagne, libraire à Perpignan, citoyen engagé de cette terre (relisez le numéro spécial que le TC lui a consacré), n’a cessé de raviver.

La poésie comme nourriture terrestre ! Merci à Antoine et à Etienne de nous le rappeler.

Jean-Marie Philibert

 

 

 

 

mardi 27 octobre 2020

RETOUR SUR LA LAICITE

 

RETOUR SUR LA LAICITE

Depuis l’assassinat de Samuel Pati, ils sont nombreux à n’avoir que ce mot à la bouche, à en faire la référence absolue qui transcende les opinions, qui devrait devenir le quatrième pilier de la république : la laïcité. ILS, c’est quasiment tout l’échiquier politique. Beaucoup ont oublié que cette valeur vénérée, née dans les combats républicains du début du 20° siècle n’a pas toujours eu les faveurs des forces politiques dans lesquelles ils se reconnaissent  aujourd’hui, ainsi de la droite qui en imposant les lois Debré qui finançaient l’enseignement privé, catholique et autres, a fragilisé le service public laïque d’éducation, ainsi du parti socialiste qui en renonçant, après 81, à recréer un grand service public laïque d’éducation, a ouvert la porte à des dérives anti-laïque, au nom d’une laïcité « ouverte ». Derrière l’unanimisme de façade d’aujourd’hui les clivages demeurent. Et il n’est pas inutile de revenir aux fondamentaux. De plus la question de l’islam vient compliquer les choses.

La laïcité est ce qui permet, par la loi, à un gouvernement, à un état, à une nation de se gérer, de s’administrer, de se déterminer dans toutes les sphères de ses compétences en dehors de toute influence religieuse. L’église (les églises) et l’état sont séparés : ce qui veut dire que le droit naturel est la référence ultime de la sphère publique et prime sur le droit divin. La foi, ou l’absence de foi, sont du domaine de la sphère privée et la loi garantit leur expression dans le respect des lois communes qui garantissent la liberté de pensée et d’expression.

Les services publics, tous les services publics, ont un rôle exemplaire à jouer en la matière. En particulier l’école, dans sa mission émancipatrice, d’éveil des consciences, de construction des intelligences, d’ouverture sur les lumières de la connaissance. C’est là aujourd’hui que le bât blesse, en particulier pour tous ceux, inspirés par un islamisme radical,  qui confondent, pas que pour des motifs religieux souvent, droit naturel et droit divin, et qui considèrent que pour leur dieu les guerres de religion ne sont jamais finies et qu’il leur faut des victimes expiatoires.

JMP

lundi 26 octobre 2020

EN FINIR AVEC LES FANTOMES

 

En finir avec les fantômes

 

Parmi les paradoxes de notre temps, je crains qu’il y en ait un qui ait malheureusement encore de beaux jours devant lui. Nous vivons les temps de la communication « touzazimut », en live, avec la terre entière, sans barrière, sans retenue, sans surveillance ( j’ai envie d’ajouter, sans conscience). On ne peut pas dire que cette luxuriante communication nous ait conduit à des avancées morales, intellectuelles, politiques, idéologiques, culturelles à la hauteur de nos attentes et de besoins sociaux accrus. Ce serait même le contraire : les tragiques événements de ces derniers jours illustrent de façon violente et barbare le déphasage absolu qu’il peut y avoir entre nos smartphones, nos ordis, tous les réseaux sociaux et la/les lumières  qui ne devraient pas cesser d’être allumées au fond de nos cervelles.

Hégémonie et terreur

Mais malheureusement au quotidien il n’y en a que pour la com mondialisée, que pour les écrans qui captivent nos regards et notre attention, qui règnent sur nos vies au point d’y voler une part de notre humanité et de permettre à des fous furieux de nous entraîner vers des temps obscurantistes où il deviendrait illusoire de croire à notre capacité à maîtriser notre destin. Les fanatiques en tous genres en ont bien compris les pouvoirs. Ils tentent d’en utiliser toutes les capacités pour mettre en œuvre une hégémonie qui ne recule pas devant la pire terreur ; Ainsi l’assassinat d’un professeur d’histoire qui croyait et voulait faire croire à la liberté de pensée et d’expression… et bien évidemment sa diffusion sur les réseaux sociaux.

Fatalisme ?

D’où notre sidération, d’où le trouble profond qui traverse la société au point que, dans toutes les communes, un hommage a été rendu à Samuel Paty. Mais aussi et malheureusement, comme un fatalisme devant les intolérances, les discriminations, les divisions de la société, les bouleversements culturels, la montée des intégrismes, les repliements communautaires.

En dehors des déclarations martiales, des hommages officiels, des coups d’épées dans la fourmilière terroriste, serions-nous impuissants devant cette dérive mortifère ? En particulier face à l’utilisation des réseaux sociaux comme arme imparable pour pénétrer dans les profondeurs du tissu social et lui faire perdre ses valeurs fondamentales ?

Sus à l’anonymat

Je ne le crois pas ! Mais dans le même temps je perçois chez les responsables de ces réseaux, et tous ceux qui politiquement, médiatiquement sont en lien avec eux, une très grande réticence à rogner les ailes de ces puissances nouvelles qui seraient comme des parangons de la liberté de pensée et d’expression.

Pensez-donc, pouvoir tout dire, tout montrer, avec un simple clic, avoir des followers pour les pires sottises et bien sûr en toute impunité, grâce à un anonymat bien commode. On peut ainsi surmultiplier son ego en proférant des énormités et en trouvant des imbéciles pour vous croire. Tout ce qui est dans la société est illicite, la diffamation, les menaces, la propagation de fausses nouvelles et j’en passe, est bien venu sur les réseaux sociaux. La société serait donc condamnée à ne plus se protéger : on en mesure les conséquences.

Je pense très profondément qu’il est plus que  temps d’en finir et que la première parade immédiate réside dans la fin d’un anonymat suicidaire pour tous : ce n’est pas une question de spécialistes de la toile, qui vont trouver toutes les raisons de continuer à faire comme avant. C’est une question politique, morale, philosophique, très liée à ce que Samuel Paty tentait d’apprendre à ses élèves : la liberté d’expression et de pensée impose sur la toile, comme dans la vie sociale, des citoyens responsables d’eux-mêmes, pas des fantômes.

Jean-Marie Philibert.

mercredi 21 octobre 2020

APPEL DES 1000

 

APPEL DES 1000 POUR UNE CANDIDATURE COMMUNE ECOLOGIQUE SOCIALE ET DEMOCRATIQUE EN 2022

Au vu de la situation politique, des résultats des dernières élections, de la montée fulgurante de l’abstention et du trouble manifeste d’une grande partie de l’électorat la nécessité de l’union (je parle de ce qui me concerne, la gauche) est une évidence. Le dire, l’écrire, y travailler dans des appels collectifs est positif. Ce sont des premiers pas nécessaires.

Construire, pour 2022,  un projet alternatif digne de ce nom qui prendrait le contre-pied de toutes les dérives réactionnaires que nous connaissons pour proposer une politique sociale, démocratique, écologique est une perspective intéressante. Circule actuellement un appel des 1000 pour une candidature commune écologique sociale et démocratique en 2022, il est sur les réseaux sociaux. Les 1000 et même un peu plus maintenant viennent de tous (ou presque) les courants de la gauche. Ils ne semblent pas nécessairement en prise directe avec les états-majors des partis et donnent le sentiment de vouloir initier un mouvement qui les dépasse et qui cherche à les pousser, à faire bouger les lignes dans une démarche de mobilisation citoyenne

L’essentiel reste à faire : celui du contenu politique, sa pertinence sociale, économique, écologique dans un contexte planétaire, on va dire agité et incertain, où les aspirations à l’unité et au rassemblement, aussi fortes soient-elles, se heurteront aux analyses, aux aspirations, aux prétentions, aux manœuvres, aux ambiguïtés, aux intérêts divergents. Les 1000 le savent, mais ils savent aussi que si l’on ne parvient pas à un moment ou à un autre à les dépasser et à se rassembler on restera pour quelque temps, et peut-être pour longtemps encore, dans le reculoir avec les souffrances qui vont avec. Ils se lancent donc dans l’aventure du rassemblement et nous invite à les suivre.

jmp

 

RASSEMBLEMENT A PERPIGNAN

 

Rassemblement grave et ému devant la Préfecture de PERPIGNAN

 

Dimanche 15 heures, ils sont plus de deux mille, émus, tristes, déterminés, des enseignants, des parents, des défenseurs de l’école, des travailleurs, des citoyens pour exprimer leur émotion, leur horreur devant un enseignant assassiné pour avoir osé utiliser les caricatures de Mahomet dans un cours d’enseignement moral et civique sur la liberté d’expression et de pensée. Pour saluer sa mémoire et dire plus jamais ça.

Ce rassemblement inhabituel,un dimanche, était à l’initiative des organisations syndicales d’enseignants, des parents d’élèves et pour les participants il répondait à plusieurs nécessités : celle  de la solidarité avec un professeur qui ne faisait que son métier. Les applaudissements prolongés qui ont marqué l’intervention de Jean-Paul Bareil, responsable FSU, au nom des organisations étaient le signe de cette émotion partagée. Ils s’adressaient à Samuel Paty Mais il y avait aussi dans les esprits le  souci de préserver l’école comme lieu de la construction du citoyen, de sa liberté de conscience, de l’émancipation de son esprit éclairé. De défendre la démocratie et la république.

« Réunis pour exprimer notre attachement à l’école, à sa mission d’émancipation… Les enseignants doivent être soutenus dans l’exerce de leur métier… Nous sommes attachés à la laïcité qui garantit la liberté de conscience… »a-t-il dit.

Malgré la douleur collective, de la dignité, de la détermination et la volonté de ne rien céder face aux fanatismes et aux extrémismes et la plus grande vigilance devant toute instrumentalisation.

La veille un rassemblement d’une centaine de fidèles d’Aliot, accompagné de Pujol, devant la Mairie de Perpignan avait une toute autre dimension : il s’y mêlait amalgames faciles et racismes rituels chez ces gens-là. Cela n’est pas pour nous étonner.

Le peuple de Perpignan ne s’était pas trompé : il avait choisi le dimanche. Pour dire « JE SUIS PROF ! JE SUIS SAMUEL !  C’est notre école qui promeut la liberté, l’égalité et la fraternité… »

JMP