les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent
lundi 19 décembre 2022
DIALOGUE PRESIDENTIEL
mercredi 30 novembre 2022
DEMOCRATIE SYNDICALE
lundi 7 novembre 2022
petit maladroit ou gros raciste
mardi 1 novembre 2022
Avecv Soulages, le noir a la parole
mardi 25 octobre 2022
Folie et indignité
lundi 17 octobre 2022
La cascade de cagades
mardi 11 octobre 2022
Roulé(e)s
lundi 10 octobre 2022
Annie Ernaux
lundi 26 septembre 2022
Opiniâtres
lundi 19 septembre 2022
Le droit divin ...Elizabeth... Charles...
mercredi 7 septembre 2022
FABOUNTEMS
mardi 30 août 2022
Dormir dans le fossé
Dormir dans
le fossé
Il est des raccourcis qui résument à merveille le monde
paradisiaque qui est le nôtre et où il importe avant tout que chacun reste à sa
place…
Les bords de la Méditerranée nous en offre à
profusion : les villas luxueuses avec accès direct à des plages privées
pour quelques-uns et la promiscuité joyeuse de tout un peuple en vacances sur
des plages de sables qui n’en finissent plus. Enfin tout un peuple il ne faut
pas exagérer. IL y a ceux qui restent à la maison par manque de moyen.
Entre Banyuls sur Mer et Brégançon, le fossé est encore plus
grand, si grand qu’il semble impossible à combler. Le Président joue les m’as-tu-vu
sur son jet-ski aux frais de la république, avec un mépris souverain pour le
vulgus pécum pour lequel il prône les sacrifices et l’économie des énergies. Il
est tout à sa superbe. Les autres ont les pieds dans la gadoue : les
travailleurs saisonniers, qui à Banyuls venaient d’un peu partout pour gagner
quelques sous sont interdits de camping municipal où ils trouvaient refuge les
années précédentes et deviennent dans un
même élan, par une opération hautement symbolique, à la fois vendangeurs,
travailleurs pauvres et sans domicile fixe, si ce n’est un petit coin de vigne
sans eaux, ni commodités. Les pouvoirs publics se taisent, le patronat local
pareil. Ils sont sans doute essentiellement préoccupés de la quantité et de la
qualité de la récolte pas de la masse de souffrance qu’elle aura imposée à ceux
qui, faute de posséder la terre, sont contraints de la travailler pour mal
survivre.
Jean-Marie Philibert
mercredi 27 juillet 2022
la colère, le mot et la chose
Et un petit texte poétique ; pour marquer
la trêve des vacances !
La colère, le mot et la
chose
Il y a les
mots de tous les jours, les mots de l’actualité, de ce qui se fait ou ne se
fait pas.
Et puis il y
les mots plus rares, ceux qui l’on se réserve à soi-même pour se les raconter
les jours d’interrogations, de doute, les mots qui nous constituent, au jour le
jour, pour nous faire ce que nous sommes.
Ainsi du mot
« colère » qui me turlupine.
Parce qu’il
fait désordre, il bouscule, il faut s’en méfier, le calmer, le cacher, l’enrubanner
pour ne pas choquer.
« Pas un
mot plus haut que l’autre ! »
M’a-t-on
répèté à satiété pour dompter une colère envahissante.
Ma
« bonne » éducation s’arrête un instant devant ce précepte
Imbécile et
in-hu-main.
Elle rigole,
tant et plus, devant tant de méconnaissance
De ma
puissance vocale, comme de ma conscience.
Les orages,
les éclairs, le tonnerre, les éruptions intempestives, les vociférations folles
Sont des
signes que le corps, la tête et le reste fonctionnent, encore,
Avec la
colère qui va avec.
Ma colère ne
se susurre pas,
Ne s’excuse
pas d’être ce qu’elle est, violente, méchante, indomptable.
De vivre sa
vie malgré le temps qui passe.
Elle ne
supporte pas la mièvre sollicitude des oreilles sensibles.
Elle respire,
Elle rue,
Quand il faut
moucher les morveux,
Qui
attendaient une mansuétude qu’ils savaient pourtant impossible.
Elle se
libère quand tous les normalisés tentent de faire souffrir, d’ostraciser, comme
ils le font.
Elle est très
malheureuse de voir des êtres que j’aime ne pas prendre conscience de la peine
qu’ils font.
Elle regimbe,
sort par les yeux, électrise les neurones,
Mais elle ne
se tait pas.
Le respect
est à la dignité ce que les bulles sont au champagne.
J’ai besoin
des bulles. Nous voulons des bulles.
J’aime tous
ceux qui aiment les bulles,
Tous ceux qui
ne craignent pas de les faire éclater,
Pour toutes
les causes qui le méritent, pour toutes les valeurs qui y jouent leur survie..
La dignité un
peu conne qui n’a de cesse de me chatouiller en est une.
J’y
tiens !
Il y a des mots plus hauts que les
autres :
Ils le méritent.
Jean-Marie Philibert.
lundi 27 juin 2022
Perpignan capitale mondiale
Se tromper
et tromper son monde
Dans ces temps où Perpignan semble faire marche arrière et où
la municipalité d’Aliot a les chevilles qui enflent en proclamant la ville
capitale de quelque chose, il est tout à fait logique d’interroger un événement
(le congrès du Cercle algérianiste) qui se nourrit sciemment de toutes confusions.
Elles justifient des initiatives
politiques qui n’ont pas d’autres buts que de nous rouler dans la farine :
on ne pourrait rien attendre d’autre d’un Rassemblement National qui se sent
des ailes et prétend devenir un parti républicain comme les autres. Mais pour
cela il n’hésite pas à s’asseoir sur les fondements de la république, en
particulier sur l’histoire.
Compréhension
critique
Allons-y progressivement. Cherchons à comprendre ce qui se
joue, ici et maintenant, à propos d’événements qui ont plus de soixante ans, ce
qui sur l’échelle de l’histoire est peu. Mais la distance peut aider à leur compréhension critique. Il y a l’écume des
choses, les souvenirs qui se bousculent, le sentiment de terres perdues, la
conscience pour de nombreux rapatriés d’ Algérie d’un destin qui est passé,
passé trop vite alors qu’ils l’avaient cru sans doute éternel, qu’ils avaient
voulu le croire tel, qu’ils avaient fait confiance à ceux qui leur avaient
menti. En 1962, d’Alger, d’Oran à Port-Vendres et Perpignan, notre bord de la
Méditerranée fut le lieu de cet exode, douloureux, violent. Un afflux
considérable de population à l’accent pied noir a marqué le visage et l’histoire
de notre ville, jusqu’à la faire croître et proliférer. Nous étions dans les
trente glorieuses et les choses étaient plus faciles.
Les
complaisances municipales
La récupération politique de la municipalité d’Aliot a
commencé bien avant lui et l’ancrage à droite de la ville semblait en être une
résultante naturelle. Alduy, Pujol ont aidé la nostalgie à vivre. Le Front
national y a vu une aubaine. De la droite à son extrême ici la distance est
courte et il a suffi à Aliot de surfer sur une vague algérianiste pourvue des
généreux concours des municipalités jusqu’à présenter aujourd’hui la ville
comme capitale mondiale des Français d’Algérie. Et bien sûr faire oublier ses
racines catalanes que visiblement il déteste. Ce faisant, il se dévoile un peu plus pour ce qu’il est, alors que
d’habitude il semble avoir un meilleur souci de sa présentabilité.
Là, il revient et nous entraîne sur ses fondamentaux :
la colonisation de l’Algérie fut une grande œuvre, l’exploitation des
hommes-femmes et terres de ce pays fut un moment fort de la puissance de notre
impérialisme, d’autant qu’on a sorti ce pays du moyen âge pour l’ouvrir à la
culture frrrrançaise. Les esprits ne sont pas totalement décolonisés, au RN
plus qu’ailleurs.
Les
résistances tenaces du TC
Ce qui conduit inexorablement à se tromper et à tromper son
monde faute de voir le réel tel qu’il est. Ces affabulations historiques et
politiques débordent largement de la seule sphère de l’extrême droite :
elles sont à l’œuvre aussi dans une idéologie réactionnaire qui aime les
simplifications, qui est allergique à toute approche dialectique. Cette
idéologie sert de fondement au rejet d’une démarche politique progressiste. De
la confusion à la démission la frontière est étroite : voir les taux
d’abstention qui battent des records. Et beaucoup d’événements sont ainsi
exploités, schématisés, réduits pour qu’on n’y comprenne pas grand-chose.
Pour que notre conscience politique s’y perde !
Mais la force des esprits tient à leurs capacités de
résistance qui peuvent nous surprendre, il est de la responsabilité d’une
presse progressiste dont nous sommes de les aider à relever ces défis. La tâche
est certes ardue, mais au TC nous avons les résistances tenaces et le souci de
les faire partager.
Jean-Marie Philibert.
jeudi 23 juin 2022
Ma rhétorique
Et en noir et blanc pour les
allergiques à la couleur
Le verbe chahute,
Il a décidé de ne pas se laisser faire.
La seule autorité qu’il reconnaisse : c’est
la sienne !
Celle des mots plus hauts les uns que les autres
Qui prennent un malin plaisir à mettre toute la
pagaïe qu’il faut
Dans la rhétorique,
Le dictionnaire
Et l’art de la période bien élevée.
A la figuration, gentille, jolie et parfois
quelque peu pittoresque,
Jusqu’à l’originalité même,
(quel talent)
Ce verbe-là préfère la défiiiiiguration des cœurs
et des corps en souffrance.
Ils se refusent à toute exhibition nauséabonde
Pour vivre leur intensité secrète
Sur les cahiers de brouillon de la vie quotidienne.
La mimésis, telle que le monde des lettres et de
l’art l’a domestiquée,
Est une pâle
Caricature
Sinistre des forces de la vie.
Elle s’est laissé mettre en boîte, en formes et en
poncifs faisandés,
Pour ne pas choquer les consciences endormies.
Secouons avec une vigueur sauvage le cocotier
des métaphores,
des anaphores,
des antiphrases
et des mots cochons !
Que ça glisse sans protection,
Que ça dérape,
Que ça bouscule,
Que ça coure en tous sens,
Dans le seul ordre admissible
Ici
L’ordre perpturbateur,
Sauteur,
Rigolo,
Paradoxal,
Illogique bien sûrRRRR !
La rhétorique ainsi secouée aura une toute petite
chance
De nous rapprocher
De ce qui nous hante.
La vraie vie.
Elle frappe à la porte.
Toc !
Toc !
Hantez, entrez, partez, sentez, tentez, mentez,
montez !
…
Vous êtes bienvenue !
…
Nous vous attendions depuis longtemps.
mardi 21 juin 2022
Acte 5 : le dénouement ?
Vous avez dit UNITÉ acte5 :LE DÉNOUEMENT
Scène 1, rappel avant le premier tour
Le
dénouement n’a d’intérêt que si l’on en vit les péripéties, les inquiétudes,
les retournements de situation. Nous avons laissé nos candidats aux prises avec
les incertitudes de la campagne et un Macron qui tergiversait, qui nous
refaisait le coup de la présidentielle. Le moins de campagne possible pour
qu’il y ait le moins de débat possible… jusqu’au moment où la Macronie s’inquiète
devant une NUPES qui fait son bonhomme de chemin : des sondages
encourageants la place à égalité avec ENSEMBLE le nouveau truc inventé par les
marcheurs pour faire taire les dissensions internes.
Là
avant le premier tour des législatives, il a fallu attaquer la NUPES avec une
finesse sans pareille. « Chavez, les chars russes, plus d’argent, les
ventres vides, l’extrémisme et tutti quanti… La diabolisation ! Ayez peur, Satan est de retour. »
Et puis,
un peu de beurre pour les épinards : quelques promesses de chèques, pas électoraux du tout,
pour les retraités, pour le point d’indice de la fonction publique, pour aider
les moins fortunés à faire face à l’inflation.
Scène 2, le 12 juin
Macron,
pas content : Ensemble est dépassé par la NUPES, malgré les traficotages de
Darmanin. Mais la grande richesse de notre démocratie fait que les sondages donneraient in fine une
majorité des sièges à la Macronie. Une soirée électorale où chacun joue son
rôle, on reparle des extrémismes. Borne bave sur la NUPES sans se rappeler que
si Macron est passé aux présidentielles il lui doit une fière chandelle. On
peut être polytechnicienne et un peu bornée. Silence radio sur les choix pour
le second tour, entre fachos et NUPES la macronie ne choisit pas. On parle peu ou
pas du fossé politique qui traverse notre démocratie avec plus d’1 électeur sur
2 qui reste à la maison, sur la détestation de Jupiter, sur une jeunesse qui se
détourne du politique, sur la sociale décrépitude qui nous ronge. Mélenchon
semble satisfait, et y croire. Le monde reste endormi et égoïste.
Scène 3, une semaine de ressassement.
La
longue marche vers le second tour. La droite et son cache-sexe Macron
illustrent à merveille l’absence de dignité et de morale qui la constitue au-delà
de l’outrecuidance qui est la leur : en clair ils sont gonflés comme des melons
et la honte connaissent pas. Après s’en être servi, ils veulent se payer la
NUPES, pas républicain ! Tout pour le pouvoir et rien pour la démocratie, répété
à satiété jusque sur le tarmac de l’aéroport qui amène enfin Jupiter à Kiev.
ILS ONT LA TROUILLE !
Pendant
ce temps, un embrouillamini grave, dans notre département où le RN est en
position de faire le grand chelem, s’empare des esprits des futurs électeurs,
et de quelques élus qui ont la morale au fond des chaussettes. J’entends de
plus (avec effroi) que des esprits que je crois lucides, pour se débarrasser de
Macron, voteraient RN avec l’assurance
de ceux qui ne savent pas ce qu’est une connerie.
Scène 4, le 19, la fin, le dénouement ?
20
heures ! Macron a une majorité, relative certes, mais une majorité. Même
s’il a pris une baffe dont il n’est pas sûr qu’il ait compris la raison. La
NUPES a fait la preuve de son efficacité
pour faire élire des députés de gauche sans faire parvenir à faire
déferler les abstentionnistes dans les bureaux de vote. La gauche existe un peu
mieux depuis qu’elle a retrouvé les chemins de l’unité. Mais la transformation
progressiste de la société, le partage des richesses, la fin des injustices et
le réveil démocratique devront attendre.
Il y
faudra d’autres choix populaires que ceux qui dans notre département ont
conduit à l’élection de quatre députées RN. Il y faudra d’autres choix
populaires que ceux qui ont déjoué les sondages en envoyant à l’assemblée
nationale une troupe d’élus d’extrême droite qui se parent des vertus
populaires pour mieux les étouffer et jouer les supplétifs des politiques
réactionnaires avec ostensiblement affiché le racisme en prime.
La
dérive continue ! Le peuple a mal au Front, il faut le soigner.
Ce
dénouement n’en est pas un. Tout reste à faire et à gagner dans notre
engagement quotidien.
Jean-Marie
Philibert.
lundi 30 mai 2022
Vous avez dit UNITE Acte 4
Vous avez
dit UNITE, Acte 4
Nous en étions restés à l’acte 3, mais la pièce n’était pas
finie. Ce n’était qu’un entracte que les joyeusetés du festival de Cannes, nous
avaient accordé. Nous sommes encore loin du dénouement : il y faudra les
cinq actes comme d’habitude dans toute pièce de théâtre avant de savoir si
l’unité a porté ses fruits. En attendant il faut observer les moments
importants de l’action, les péripéties, les rebondissements et les
comportements des protagonistes pour tenter de deviner comment les choses
peuvent tourner.
La surprise
D’abord rappelons la surprise, entre la peste brune et le
cholera bon chic bon genre,l’électorat de gauche que l’on disait absent,
inintéressé, démobilisé a mis lors des présidentielles le pied dans la porte
pour qu’elle ne se referme pas brusquement pour cinq ans. C’est là que la vie
politique (de gauche, la seule qui m’intéresse vraiment) s’est lancée dans une
aventure inattendue, celle de l’unité. C’était cependant une histoire ancienne
à laquelle plus grand monde ne voulait croire. Mais là en quelques jours,
l’impossible est devenu possible : les socialos, les écolos, les cocos,
les mélanchos et mêmes quelques troskos, se sont parlé pour se dire que
gouverner ensemble était possible si ensemble on gagnait la bataille des
législatives ; ; Nous ne reviendrons pas sur les pilules à avaler,
les bisbilles, sur ce que nous avons dit dans les actes précédents.
Le
programme
Reprenons là où nous avons laissé nos camarades (c’est un
joli mot) : Ils ont fait un programme pour organiser la chose en quelques
jours. La surprise a continué. Avec des mots
nouveaux : « une grande place à l’initiative parlementaire…
pour en finir avec les majorités godillotes… ». Et des mesures que la
droite exècre « …création d’emploi, en finir avec la flexibilisation… le
CDI forme normale et générale… abroger El Khomry… le SMIC à 1500 euro… dégeler
le point d’indice dans la fonction publique… rétablir une assurance chômage protectrice…
faire la sécurité sociale professionnelle… reconnaître la citoyenneté dans
l’entreprise, garantir une retraite digne
à 60 ans … une planification écologique et citoyenne… partager les
richesses et justice sociale… éradiquer la pauvreté, droit au logement…
défendre et promouvoir les services publics… permettre l’intervention
citoyenne… ». Des mots, des valeurs qui nous animent ! Elles
rompraient avec des décennies de reculades contre lesquelles il a fallu lutter
pieds à pieds.
L’agitation
Et puis il y a plein
d’agitation dans tous les landernaux pour mettre en place des équipes
unitaires, populaires, écologistes et sociales. NUPES qu’il faut dire !
C’est nouveau ! Ça peut rapporter gros ! Mais on ne sait pas encore.
L’observateur attentif peut être alors amusé de suivre attentivement
constitution et fonctionnement des équipes. Les jeunes pousses côtoyant les
vieux renards, les naïfs impénitents affrontant les jesaistout, les apprentis
pleins de fougue affrontant les donneurs de leçons, les esprits partisans ne se
débarrassant pas de leurs partis pris. Etre sur les planches enfin. Ne plus
être spectateur. Et au milieu de tout cela, un espoir que ça marche… enfin. Le
théâtre de la vie politique n’a d’intérêt que s’il permet à nos vies d’être
plus riches (j’ai failli écrire moins pauvres, mais je veux positiver).
Dans cet acte 4 nous sommes encore dans les incertitudes, y
croire, mais être lucides. Les sondages en disent peu. Macron manœuvre pour
désamorcer notre action. Des incrédules tentent de brouiller les esprits.
Toutes les décisions ne sont pas prises et rien n’est joué. Mais une volonté
ancienne et jeune à la fois anime ce beau monde : celle de se défaire du
désordre existant qu’il importe de réactiver sans cesse. C’est un vrai travail !
Suspens !
Jean-Marie Philibert
mardi 24 mai 2022
Le cinéma et la vie
Le cinéma
et la vie
Parmi les signes que le corona nous lâche un peu les baskets
et que le retour à la vie « normale » devient une perspective
crédible, il y a les visages découverts que nous croisons dans la rue et qui
font plaisir à voir après les nombreuses semaines où nous avons dû vivre
masqués, il y a le retour aux rencontres sociales plus décontractées et il y a
dans ce mois de mai le retour du festival du cinéma à Cannes où il semble
bénéficier d’un regain d’intérêt. C’est des salles obscures que j’ai envie de
vous parler.
Les films
et le temps
Parce que, comme beaucoup de réalisateurs de talents le
glissent dans leurs films comme pour nous en convaincre ou s’en
convaincre : le cinéma c’est la vie. Et dans ces temps festivaliers les
rediffusions nombreuses de films anciens qui ont été primés sur la croisette en
font une démonstration éclatante. La vie et l’émotion qui va avec et la
peinture des sentiments qui nous touchent, qui nous animent, qui nous
poursuivent. Le petit écran qui fait souvent dans l’insipide, dans la niaiserie
a profité de l’occasion du festival pour ressortir quelques joyaux qui passent
sans problème l’épreuve du temps.
Chabada…bada
Je pense au plaisir que j’ai pris à revoir quelques décennies
après sa sortie le film de Lelouch, chabada…bada, « Un homme, une
femme » : l’histoire d’amour entre une Anouk Aimé, jeune veuve
resplendissante, mais hésitante, et un Jean-Louis Trintignant, veuf aussi, beau
comme un jeune dieu, pétaradant de vie, comme sa Mustang qui est un
prolongement de lui-même. Un amour dont
leurs enfants respectifs sont les témoins, un peu les responsables. Ils ne peuvent que laisser éclater
l’exacerbation de leurs sentiments. Rappelez-vous la scène culte sur la page de
Deauville. Chabada…bada…
Ce n’est
jamais fini
Le cinéma peut nous réconcilier aussi avec une vie qui nous
fait des misères. La suite que Lelouch a donnée à ce film, cinquante ans après,
« les plus belles années d’une vie » diffusé dimanche dernier, où il
filme les mêmes protagonistes cinquante après, nous rappelle que nous n’en
avons jamais fini avec la soif du bonheur, que le temps, la mémoire, les rêves
nourrissent des sentiments qui fondent notre humanité. La vie qui nous poursuit
inexorablement.
Vincent Lindon qui préside le jury de ce festival a su
superbement le rappeler dans un discours
d’ouverture en prise directe avec les réalités de notre quotidien et du monde.
Un discours
à méditer.
« Doit-on
user de sa notoriété aussi modeste soit-elle pour porter haut et fort la parole
des sans voix… Nous sommes une composante infime d’un grand tout essentiel qui
s’appelle la culture. La culture n’est pas une aimable excroissance ni un futile ornement de la société, elle
n’est pas en marge. Elle en est le centre et en sera le vestige. …
Pouvons-nous
faire autre chose qu’utiliser le cinéma, cette arme d’émotion massive pour
réveiller les consciences et bousculer les indifférences ? Je ne l’imagine
pas …
Même si
cela revient à écoper avec un dé à coudre la coque d’un navire qui se remplit
par vague. Notre force c’est que nous y croyons et que nos œuvres sont
immortelles. Même si parfois, quand l’actualité nous écrase et que le
découragement nous gagne, je me demande si nous ne sommes pas en train de
danser sur le Titanic. Peut-être alors si nous prêtions l’oreille,
entendrions-nous au milieu du vacarme des empires et des nations comme un
tendre bruissement d’aile. Le doux murmure de la vie et de l’espoir.
Voici venu
le temps des artistes, des cinéastes responsables pour nous porter, pour
construire notre imaginaire et nous aider à répéter en nous-même chaque fois
que nous le pourrons, en hommage à ceux qui souffrent et se battent dans le
monde : Etre vivant et le savoir. »
Jean-Marie
Philibert
lundi 16 mai 2022
Vous avez dit UNITE Acte 3
Vous avez
dit UNITE Acte 3
Il y a eu le temps de
la surprise : l’unité, pensez donc, ce n’est pas à l’ordre du jour. Il y a
eu le temps des pas en avant : et si on discutait ensemble... Il y a eu le
temps des hésitations. Il y a eu le temps des dominations, des calculs, des
critiques, des jugements catégoriques, des hésitations. Il y a eu un temps pour
les prises de conscience. Il y a eu le temps de la compréhension du sens des
suffrages, de tous les suffrages (les
bons et les moins bons) donnés à la gauche. Il y a eu le temps de la
responsabilité de tenter d’ouvrir une perspective qui rompe avec la fascination
de certains, nombreux, pour les dérives fascisantes, qui renvoie Macron à ses
pseudo-équilibres pour sauver le monde de la finance. D’ouvrir une perspective
susceptible de redonner le goût de la politique à tous ceux qui l’ont perdu,
qui ne votent plus ou blanc ou n’importe quoi. Dans ce troisième acte de « Vous avez dit UNITE », il y
a pour moi le temps de comprendre le sens de ces événements. Modestement.
Jubilons
Et pour commencer quelque chose qui provoque dans mon for
intérieur une jubilation réelle : la peur semble avoir changé de camp. Les
Macron boys étaient un peu inquiets devant la montée de la Marine qui s’y
voyait presque. Et puis le petit tiers de l’électorat qui vote à gauche permet
à une unité, dont on désespérait, de tenter de se faire un avenir aux
législatives. Là la petite inquiétude devient grande trouille : la
« banqueroute » pour Castaner, « une pétaudière » pour
Ferrand, pour Macron, les mesures sociales envisagées… « ce serait
sur le dos de nos enfants », et la mise en avant du mot qui fait encore
plus peur « la décroissance ». Les media s’y mettent, ainsi du très
progressiste le Point, le titre « Mélenchon, l’autre Le Pen »
Rompre
Si tous ces gens-là pensent que lutter contre les inégalités
sociales est dangereux, ils ne peuvent que nous conforter dans une démarche qui
est son ADN. Rompre avec tous ceux qui ont fait leur fonds de commerce de
l’accommodement avec les forces de l’argent et de toutes les inégalités qui
vont avec. Il est vrai que le PS s’y est complu, que Macron, un peu PS, aussi.
Ils avaient oublié que la gauche ce n’est pas la loi El
Komry, la retraite à 65 ans, la remise en cause des droits, des protections
sociales, la charité pour ne pas crever de faim. La gauche c’est une voie de
rupture avec l’ordre dominant. Pendant longtemps le PC a donné le ton dans
cette démarche avant de connaître un déclin dont il est plus que temps de
sortir pour en finir avec le social libéralisme dont Hollande fut le champion.
Problèmes
La NUPES laisse entrevoir la rupture, ne règle pas tous les
problèmes à gauche, problèmes éminemment dialectiques de concurrence, de
rivalité, de diversité… et de rassemblement. Leur résolution passe sans doute
par les interventions citoyennes et un retour vers l’engagement politique du
plus grand nombre : elle supposera plus qu’une élection législative. Mais
l’élection peut être un point de départ, servons-nous en.
Des avancées sociales sont indispensables, l’augmentation du
pouvoir d’achat est plus que nécessaire, la renaissance des services publics
est le moyen de nous sortir de l’ornière, l’élargissement des droits solidaires
et des institutions qui les promeuvent est un gage de réussite d’une politique
au service de tous.
Le reculoir
au vide grenier
Pour sortir du reculoir généralisé qui était devenu notre
horizon depuis trop longtemps, et des batailles pieds à pieds pour préserver ce
que nous pouvions, il nous reste à réactiver, ranimer, revigorer, raffermir ce
qui ne nous a jamais quittés, y compris dans ces temps les plus austères, notre
volonté de lutte et notre soif de justice. La NUPES l’autorise si nous levons
nos appréhensions, nos critiques, si nous gardons notre lucidité, si nous
renforçons les luttes sociales, syndicales, si nous gagnons en force, en
organisation, en compréhension d’un monde qui n’a pas fini de nous réserver des
surprises.
Jean-Marie Philibert.
lundi 9 mai 2022
vous avez dit UNITE Acte 2
Vous avez
dit UNITE, Acte 2
Tout acteur politique, syndical, qui a une certaine
expérience est en mesure de saisir la
complexité de la question de l’unité. Ses dits et ses non-dits. Elle peut être
perçue de façon plus schématique hors des cercles les plus militants. Encore
que le bon sens soit une voie très efficace pour comprendre que toute cause a
besoin du nombre, du rassemblement, de l’unité, fût-ce au prix d’une obscure
clarté. Mon expérience m’a conduit à garder la tête froide, pour en mesurer la
force, mais aussi les limites, la réalité. Il importe d’y mettre toute la
rationalité possible. Cet état d’esprit me guide dans ce billet d’humeur où ce
que je dis, bien sûr, n’engage que moi.
Tout le
monde est content
Donc l’unité, acte deux !
Mon enthousiasme pour le NUPES est réduit. Certes
officiellement tout le monde semble content : Méluche exulte, les autres
font de nécessité vertu, en espérant sauver les meubles.
Ma première satisfaction réside dans la surprise que ce qui
était impossible il y a quelques semaines, devienne le passage obligé et
réactive un rassemblement, après des années de disette. L’unité a, souvent,
apporté des avancées sociales. Elle suscite l’espérance. Je crois un peu que
par le vote utile « Mélenchon » l’électorat a envoyé, non pas un
blanc-seing « insoumis » mais un message unitaire pour une volonté
unitaire, apte à lever les blocages. Il est important de l’entendre. Les
souffrances d’un peuple ont assez duré.
En sortir est la seule voie pour détourner le vote populaire des partis
fascisants qui vivent de l’exclusion, du racisme, du pétainisme, sans doute en
préparant plus sombre encore. L’unité est donc dans le paysage, il était plus
que temps.
Une
démarche entachée
Mais il serait faussement naïf de ne pas voir que la méthode
imposée, par ceux qui veulent tirer seuls ou presque tous les marrons du feu,
je parle des Insoumis, entache la démarche d’une marque indélébile. Elle fait
de ses partenaires des soumis de chez soumis au prétexte des suffrages exprimés
à la présidentielle et de règles à géométrie variable, dures pour le PCF, moins
dures pour les autres. En oubliant
l’histoire politique, en oubliant que
la gauche est forte de sa diversité, que l’électorat n’est la propriété
d’aucune force politique, que l’engagement est fait de soubresauts, qu’un peu
de rigueur ne nuit jamais.
Et je me permets d’ajouter que ces gens-là doivent beaucoup
au PCF qui a permis à Méluche d’avoir un avenir politique en dehors d’un PS
auquel il avait servilement obéi. Ce n’était pas encore l’heure de
l’insoumission. La démarche mise en œuvre dans le cadre du NUPES fragilise
l’union en ne traitant pas toutes les forces unitaires comme elles devraient
l’être. Quant à l’expression d’ « abnégation », utilisée pour la
justifier par le petit chef perpignanais du mouvement dans la presse locale,
elle est à l’image d’un comportement moyenâgeux qui ne semble pas vouloir se
donner les moyens de réussir l’union, qui confond union et bricolage.
Pour une
politique de transformation sociale
Contrairement aux ambitions boutiquières, nous avons au TC
mis l’accent depuis le début de la période électorale, et même avant, sur la
nécessité de promouvoir une large politique de transformation sociale qui en
finisse avec la précarisation, l’exploitation du plus grand nombre, sur la fin
de l’argent roi aux mains d’une classe dirigeante toujours plus riche, et sur
le rassemblement politique qu’une telle perspective impose, sur la concomitance de cette démarche avec
tous les acteurs de la vie sociale, le monde du travail en particulier, sur les
luttes sociales qu’il faut servir sans s’en servir. Sur la nécessité de
l’unité. C’est ainsi que nous la mettons et mettrons en œuvre !
La lutte des classes ne s’arrête pas le soir des élections,
elle suppose, elle impose que ceux qui souffrent de l’exploitation poursuivent
un combat susceptible d’y porter des coups. Ce qui nous guide aujourd’hui ce
n’est que cela. L’épisode NUPES peut, peut-être, y contribuer.
Nous ne sommes qu’à l’acte deux. Attendons la suite.
Lucidement.
Jean-Marie Philibert.
lundi 2 mai 2022
Vous avez dit UNITE ?
Vous avez
dit UNITE ?
L’action sociale et politique ne cesse de tourner autour d’un
motif récurrent et qui souvent semble inatteignable : celui de l’unité. IL
ne faut surtout pas s’étonner de la difficulté de la chose, de sa dimension
totalement paradoxale, si ce n’est contradictoire. Comment être un et plusieurs
à la fois ? Il y faut du miracle, un alignement imprévu des planètes, un
concours de circonstances exceptionnel, ou un salutaire instinct de survie,
dans un monde où tout est dans tout et réciproquement.
Bruissements
Ainsi en ce début mai 2022, des bruissements unitaires se
font entendre dans le cadre de la préparation des législatives alors qu’ils
étaient impensables quelques semaines auparavant où les proclamations unitaires
rivalisaient entre elles pour affirmer avec la plus grande détermination que la
seule unité possible était celle que chacune et chacun pouvaient représenter
dans l’outrecuidance de son isolement. Et nous avons eu tous les outrecuidants
et dantes possibles.
Par bonheur, et après des résultats aux présidentielles qui
ont éveillé chez tous plus d’inquiétudes que de satisfactions, les esprits se
sont calmés, l’animalus politicus de gauche a pris conscience qu’il était aussi
un animalus raisonnable et que s’il voulait se rapprocher du pouvoir le passage
par l’unité était la condition sinon suffisante, mais sûrement nécessaire. D’où
une floraison de rencontres ici comme ailleurs pour construire l’unité, rencontres
qui donnent le sentiment au moment où ces lignes (lundi 2 mai) sont écrites de
porter leurs fruits.
Un écho
enfin
Il me semble avoir dit et écrit, quand on a commencé à parler
des présidentielles qu’il était toujours utile de penser à l’unité, mais ce fut
sans echo. Alors que nous étions nombreux à percevoir dans les démarches
nombrilistes à l’œuvre les risques d’un casse-gueule généralisé. Ce qui a
failli se produire, des électeurs de gauche, souvent inorganisés, malgré le peu
de séduction du personnage, ont fait de Mélenchon un pôle d’attractivité, en
dépit du fait qu’il ne se dégage de sa personne qu’une sympathie homéopathique.
Il y a dans la
troisième place de Méluche, dans l’ensemble des voix de gauche, dans la grande
masse des abstentionnistes, dans l’aspiration au changement, dans l’attachement
à la défense de la démocratie, un potentiel qui peut remettre en selle les
forces de progrès de ce pays. Attention je dis potentiel, je ne rêve pas. Tout
est à faire ! Je sais les
arrière-pensées et les turpitudes. Mais la vie politique peut réserver des
surprises…. heureuses.
Les
avancées sociales
Ne nous en privons pas et le PCF a toujours été au
rendez-vous quand elles pouvaient être porteuses d’avancées sociales. La carte
de l’union qui se joue actuellement est en mesure de bousculer un peu les
choses et de remettre dans le paysage des valeurs progressistes qui en avaient
totalement disparu. Sous le clinquant d’un modernisme de pacotille, elles
avaient été remplacées par le fatalisme d’une surexploitation du monde du
travail et d’une prolifération de la misère sociale rarement atteinte.
Cette carte, il nous faut la jouer lucidement,
audacieusement. Avec l’ambition d’y inscrire des résultats tangibles à la
mesure des luttes sociales dont le pays est le théâtre. Elles sont le creuset
qui les rend possibles, rappelez-vous la bataille des retraites, la défense des
services publics, des hôpitaux, la promotion des droits sociaux défendus pieds
à pieds. Si les résultats sont à la hauteur de nos ambitions, les luttes
sociales et les avancées qu’elles portent en seront les fruits. Des fruits que
nous attendons depuis fort longtemps et qui seront nés de notre union.
Enfin !
Jean-Marie Philibert