les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 19 décembre 2022

DIALOGUE PRESIDENTIEL

DIALOGUE PRESIDENTIEL Nos grandes oreilles indiscrètes qui traînent souvent dans les couloirs élyséens entendent, en ce début décembre, des propos qui traduisent un certain énervement dans les plus hautes sphères. -Ma chère Liza, cessez de faire la gueule, avec cette retraite, il va falloir en finir… Je m’énerve ! Je m’énerve ! -Mais mon Manu il faut quand même un peu manœuvrer pour s’éviter une explosion sociale… Vazi Manu -Explosion ! Explosion, Martinez ne pense qu’à exploser, mais en retardant les échéances, on lui montre qu’on a la trouille… Et moi je n’ai peur de rien… si ce n’est des colères de ma Bribridamour. Ma bribri elle m’a dit Vazy Manu, tu es le plus fort… -Certes, Bribri a toujours raison… Mais il y a un mécontentement visible sur le fait d’avoir à travailler jusqu’à 65 ans, les esprits sont échauffés et le résultat du Mondial n’y changera rien. Ils sont dans les starting-blocks de la grève. Tous les ministres le savent mais ils ont peur de vous le dire pour ne pas vous faire de peine. Ils ne veulent pas contredire Bribri… -Mais Liza, vous ne savez pas ce que c’est, moi j’ai la barrakkkka, rien ne me fait peur, être Jupiter c’est un destin et je ne vais pas me laisser arrêter par une année de travail supplémentaire pour des travailleurs qui, à mon humble (enfin pas tant que ça!) avis, n’aiment pas trop le travail. Je ne vous ai pas choisie comme première ministre pour me savonner la planche. Vous me décevez. Je fais tout le sale boulot -Fan de chichoune, comme on dit à l’ENA, je vous déçois et je fais tout le sale boulot de 49.3 en 49.3, je rattrape toutes vos bêtises pendant que vous vous allez faire le Kéké de par le monde. Ce n’est pas juste… -Juste… pitié ! Pas ce mot entre nous. Rien n’est juste en ce bas monde et encore moins derrière les murs de l’Elysée. Vous n’allez pas faire dans la sensiblerie, ce n’est pas votre genre. Gouverner, c‘est du culot, du culot et encore du culot et des gugus qui font semblant d’y croire. On ne va pas demander aux Français ce qu’ils en pensent de la retraite, il est fou ce Roussel. Coupons la poire en deux, attendons le 10 janvier pour les assommer avec les 65 ans, qu’ils puissent passer les fêtes tranquilles et après vlan, le conseil des ministres, le parlement, la loi et cet été ils ont les 65 ans dans le buffet. Au boulot tas de fainéants, vous n’allez pas me pourrir la vie plus longtemps. Les syndicats, les cortèges, nous ont fait perdre trop de temps. L’ancien monde n’a que trop duré, dans la nov’ langue que je leur prépare des mots disparaîtront, revendication, droit du travail, négociations, augmentations salariales. Que des travailleurs propres sur eux et bien policés comme les huissiers de l’Elysée et payés avec le seul critère efficace : la côte d’amour. Elle me l’a toujours dit ma Bribridamour qui s’y entend en la matière… -Monsieur le Président, il ne m’appartient pas de commenter des propos à la hauteur de vue insoupçonnable, c’est hors de ma portée. Mais je vous sais gré du petit délai que votre grandeur m’accorde avant d’aller au charbon. Jean-Marie Philibert

mercredi 30 novembre 2022

DEMOCRATIE SYNDICALE

Faisons parler la démocratie syndicale Du 1° au 8 décembre, élections professionnelles dans les services publics La situation politique et sociale dans laquelle nous évoluons, saute de 49.3 en 49.3, elle s’assied sur nos droits (retraites et indemnisation chômage), elle insiste sur la flambée des prix et termine pour nous angoisser sur les sérieuses promesses de coupures de courant (comme aurait dit ma mémé). Elle n’a pratiquement laissé aucun espace à une question qui me semble importante, elle devrait faire l‘actualité: les élections professionnelles qui vont se dérouler dans la fonction publique du 1° au 8 décembre. C’est d’abord un moment démocratique important ; les résultats ne seront pas sans effets sur la situation sociale. Et c’est aussi une occasion de donner aux syndicats, institutions qui structurent et organisent le monde du travail, une place essentielle dans la société à bâtir. Au-delà de tous les faux fuyants qui parasitent les discours médiatiques sur les syndicats, divisés, politisés, peu représentatifs, gentils ou méchants, bien élevés ou pas, il importe de rappeler le poids qu’ils pèsent dans un pays où la fibre sociale reste très vivace. L’aura émancipatrice qu’ils peuvent dégager donne de l’urticaire à tous les réacs qui rêvent de les mettre au pas. Les preuves La preuve : tous les pouvoirs publics (de toutes les couleurs), tout au long de ma carrière syndicale, n’ont eu de cesse de prendre la température … sociale… à chaque initiative mise en place. Autre preuve tangible : la tête inquiète des préfets à chaque action réussie, les querelles de chiffres… Il faut laisser les syndicats dans leur guitoune et éviter que le virus se propage. Le mot même « syndicat » semblait faire peur à presque tous les recteurs que j’ai côtoyés, ils n’utilisaient que la formule plus neutre et plus policée d’ « organisations professionnelles. » Donc des millions de Français vont voter, mais silence radio. Les coups portés Parce qu’entre temps, depuis Sarkozy en particulier, les tentatives pour étouffer les capacités à revendiquer se sont multipliées, préavis de grève, se déclarer ou non gréviste, coups réguliers portés au paritarisme, tentatives récurrentes de division, mise sous le boisseau des organisations les plus récalcitrantes, intimidation et répression des fortes têtes, difficultés à faire reconnaître les organisations représentatives, copinage sans réserve avec les plus bisounours et remise en cause régulière de la représentativité de chacun. Les élections qui se déroulent actuellement s’inscrivent dans ce climat, on va dire de suspicion entre un pouvoir, pas neutre du tout, qui ne veut rien lâcher au monde du travail, en particulier en terme de pouvoir d’achat et de droits, qui veut même en rajouter (en réduire faudrait-il dire) sur le droit à la retraite et une classe laborieuse consciente, souvent mobilisée et en attente d’un rapport de force favorable. Les signes attendus Cela passe par les luttes en cours, au TC nous essayons de n’en manquer aucune et aussi par les élections dans la fonction publique. Une forte participation, des choix clairs pour un syndicalisme exigeant, de lutte et de transformation sociale, serait une très bonne nouvelle et le signe que la société est traversée par une vraie volonté de contestation, d’émancipation que l’on subodore, que l’on devine, que l’on souhaite et attend. Ne pourrait-elle pas avoir le visage de la justice sociale. ? Le monde syndical qui fut, qui reste, le mien, n’en demande pas plus, pas moins. Jean-Marie Philibert.

lundi 7 novembre 2022

petit maladroit ou gros raciste

Petit maladroit ou gros raciste Tout cela ne serait que des paroles malheureuses, maladroites et il ne faudrait pas en faire tout un plat. D’ailleurs, disent-ils, les gens du RN, beaucoup pensent tout bas ce que le député RN de Gironde dit tout haut, que chacun doit rester chez soi, les africains en Afrique et les bons Français en France. Que ça suffit de nous embêter avec ces histoires de migrants qui ne cessent de migrer à la recherche d’un port qui voudra bien les empêcher de se noyer. Patatrac Pour Marine Le Pen l’heure n’est plus à un énième feuilleton de sa saga raciste, l’heure est à la dédiabolisation achevée, à la dernière étape de sa conquête de la respectabilité, au brouillage des cartes politiques (elle vote même les motions de censure de la gauche). Elle se paye même un jeune loup, en apparence domestiqué, comme président de son parti. Et patatrac un gros balourd de sa horde ne sait plus se retenir pour cracher son venin raciste, en pleine assemblée nationale, sous l’œil des caméras, à la face d’un député de couleur, mais pas de la sienne. Une injure au genre humain Le gros balourd en question ne peut prétexter qu’une confusion entre le singulier et le pluriel pour expliquer un propos qui au singulier ou au pluriel est une injure au genre humain dans son ensemble. Le racisme est un délit, encore plus sans doute quand il est proféré dans l’enceinte d’une assemblée censée faire, et donc défendre et promouvoir, la loi. L’exclusion de quinze jours de cette assemblée est une sanction certes. Mais l’élu en cause y laisse sa dignité, sa conscience et dévoile sa crasse intellectuelle absolue. Faut-il que des électeurs soient atteints des mêmes symptômes pour voter pour eux, et ici, nous ne pouvons pas critiquer les autres, nous avons notre dose de ratatinés de la cervelle qui ont envoyé au Palais Bourbon quatre députées RN. Pour le moment elles se taisent ; il semble que par précaution on leur a coupé la langue. Mais il faut se méfier avec le naturel, il réapparaît quand on l’attend le moins. Repatatrac Ainsi observez le comportement du grand manitou local de la horde, Aliot : depuis son élection il nous fait la pédale douce et il fait beaucoup pour faire oublier le fond nauséabond dont il est issu. IL gère et il fait même appel aux époux Klarsfeld qu’il médaille aux couleurs de la ville pour bien montrer que le pétainisme, l’antisémitisme et tout le toutim c’est fini. Et repatatrac les démons reviennent et il nous baptise du nom de Sergent, dirigeant de l’OAS condamné à mort par contumace, puis amnistié, une place de la ville ; son conseil municipal d’approuver et même son ancien rival Pujol de le rejoindre dans la mythification de l’histoire coloniale. Ces gens-là sont dangereux pour la démocratie ; le fascisme est leur horizon, même s’ils font tout pour le faire oublier ils sont porteurs des orientations les plus liberticides. La solidarité, la justice sociale et l’autre aussi, ne les concernent pas le moins du monde, même si parfois ils s’en servent. Comme ils se servent d’un électorat qui a perdu en même temps le nord et le sud pour préparer le terrain pour l’avenir le plus pire. Le cordon sanitaire est plus que jamais nécessaire. Faisons le vœu que le reflexe démocratique ne soit pas sans lendemain et qu’un électorat captif retrouve ses esprits et une boussole. Au TC nous nous y emploierons. Jean-Marie Philibert

mardi 1 novembre 2022

Avecv Soulages, le noir a la parole

Avec Soulages, le noir a la parole A 102 ans, Soulages nous a quittés, mais il ne nous laisse pas seuls. Le propre des artistes est de nous laisser en partage un héritage, héritage pour toutes les générations futures, et un témoignage pour tous ceux qui, de son temps, l’ont suivi, regardé, admiré, critiqué, ignoré, peu ou mal compris. Témoignage et héritage qu’il n’est pas inutile d’interroger parce qu’il suscite plus de questions que de réponses : c’est la force de l’art de notre temps que de nous laisser souvent pantois devant des silences qui nous échappent. Chercher Avec la plus grande simplicité, et avec une économie de couleurs rare, Soulages s’est complu dans une démarche faite plus pour nous surprendre que pour nous séduire. Avec du noir, du noir et du noir, il a poussé la peinture dans ses ultimes retranchements, aux antipodes de toute représentation académique et bien plus loin que toutes les fantaisies de l’art non figuratif. Dans l’obscurité de ses tableaux, il a inventé une lumière paradoxale qui brillait des mille feux intérieurs d’un artiste riche, profond et humain à la recherche de lui-même. Le paradoxe n’est pas seulement dans la lumière : il est aussi dans la puissante spiritualité émanant d’œuvres qui la transfigurent dans un « outrenoir » comme il dit, qui fut sa marque de fabrique, après avoir été l’objet de recherches inlassables sans compromission avec l’air du temps et les modes en cours. Ecoutons Soulages Sa peinture est un « champ mental »… « Il n’y a rien à raconter sur mon tableau, il y a à ressentir… » « Ce que l’on voit devant mes toiles, c’est de la lumière transformée, transmutée par le noir. Une lumière qui vient du mur vers celui qui regarde. Du coup l’espace de la toile n’est plus sur le mur, comme dans la peinture traditionnelle, ou derrière comme dans une perspective. Il est devant » J’ai envie d’ajouter devant nous comme un être vivant. Allez à Rodez Si vous faites le voyage de Rodez, ville natale de Soulages, où la générosité de l’artiste et de son épouse a permis que soit créé un musée à son nom, dans une bâtisse en acier Corten qui est à l’image de son œuvre, vous pourrez rencontrer ces êtres et participer d’un dialogue qui enrichit, multiplie nos vies, sans les limiter à une image figée. Vous verrez aussi l’élaboration par l’artiste des vitraux qui lui avaient été commandés pour l’abbatiale de Conques, il ne se sert plus du noir pour y fabriquer sa lumière, il se sert du verre, travaillé et retravaillé, pour y faire disparaître toutes les couleurs et en multiplier les sens. Pour que votre illumination soit complète, allez jusqu’à l’abbatiale de Conques, vous nourrir d’une clarté à nulle autre pareille. Rassurez-vous, elle ne tient pas du surnaturel, elle est œuvre humaine. Elle est l’œuvre d’un homme qui a su aussi participer aux combats de son temps, qui a su faire partager les capacités de son pouvoir créatif. Elle est une richesse qu’il veut nous faire partager. Jean-Marie Philibert

mardi 25 octobre 2022

Folie et indignité

FOLIE ET INDIGNITE Il est des actes qu’un entendement humain a beaucoup de mal à cerner et même à dire. Il reste « la folie » pour en parler, pour dire l’indicible ou tenter d’en approcher. C’était il y a plus d’une semaine : une jeune collégienne, Lola, était sauvagement tuée à Paris, dans le 19° arrondissement. Son corps était retrouvé dans une malle en plastique. Ses parents gardiens d’immeubles ne la voyant pas revenir à la sortie du collège avaient donné l’alerte. Les recherches s’organisent : dans la soirée un appel signale à la police le corps d’une petite fille dans une malle déposée dans une cour d’immeuble. Le corps est mutilé, la jeune fille est morte asphyxiée. Le meurtre d’une enfant : on est dans la barbarie. Une tragédie Rapidement parmi les suspects interpelés, Dahbia B ; une marginale de 24 ans arrivée en France d’Algérie il y a six ans, fait des déclarations confuses, mais qui témoignent de sa culpabilité et des sévices qu’elle aurait fait subir à la jeune fille dans l’appartement de sa sœur qui loge dans la même résidence que la famille de la collégienne. Une expertise psychiatrique est réalisée. Les mobiles du crime sont pour le moment impossibles à cerner. Il semble très difficile de faire la lumière sur une tragédie dont on imagine la douleur brutale, incommensurable qu’elle a provoquée chez les parents, les proches de Lola. Recueillement Il n’est pas dans mon propos de disserter sur l’événement, sur ce qu’il révèle, sur l’émotion plus que compréhensible qu’il suscite, sur l’inhumanité absolue de ceux qui peuvent s’en rendre coupables. Le monde médiatique fera le nécessaire. Sans avoir la réponse à la compréhension d’un acte de folie pure qui devrait avant tout nous servir à renforcer notre solidarité pour être plus fort face à la mort provoquée, absurde. La demande des parents va dans le sens de ce recueillement : « Dans l’effroi et la douleur dans lesquels nous sommes, nous aspirons à la paix et au recueillement pour faire notre deuil. Pour la mémoire de Lola, nous souhaitons que les diverses cérémonies se déroulent dans un esprit de sérénité et de calme, loin des agitations politiques et médiatiques ». Se servir de l’horreur Or la suspecte était en situation irrégulière, elle faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire qui n’a pas été exécutée. D’où la récupération politique d’une extrême droite, sans conscience, ni dignité, (« la France est coupable ! ») qui a appelé à des rassemblements, ou des actes publics (ainsi devant la Mairie de Perpignan) elle se sert de l’horreur de ce geste, de l’émoi profond de l’opinion publique pour y déverser les trop plein de haine dont les Zemour, Le Pen, Bardella, Aliot et consort ont fait leur marque de fabrique. La folie et l’indignité font bon ménage dans nos temps troublés. Jean-Marie Philibert.

lundi 17 octobre 2022

La cascade de cagades

Le vote du budget, le 49/3, ou la chronique d’une « cagade » annoncée. Je ne vous cacherai pas que la métaphore de la « cagade » qui a de fortes racines catalanes n’est pas d’un goût raffiné, mais elle s’est imposée à moi comme une évocation parlante, trébuchante et odorante de la politique macronienne. Je vous demande de bien vouloir excuser un écart de langage. Mais autant appeler les choses par leur nom. Des cagades connues La bande au pouvoir nous entraîne avec une application plus que soutenue vers la « cagade » en question dans le titre. On peut même dire qu’elle les cumule. Nous avons une pleine armoire de c… en préparation. Il y a la volonté aveugle d’imposer une réforme des retraites à une société qui n’en veut pas, où il est déjà difficile de maintenir en activité beaucoup de ceux qui s’en approchent, mais Macron dès la campagne électorale l’a mise dans le paysage, comme s’il n’avait rien compris au mouvement de 2020. Comble d’outrecuidance, il considère que la majorité qui a voté pour lui aux présidentielles a voté pour sa réforme des retraites… alors qu’il s’agissait tout simplement de s’éviter la Marine. Même si l’on en parle un peu moins, cette c… est dans le paysage et l’empuantit, normal ! La réforme de l’indemnisation du chômage en est une deuxième qui vise tout simplement à faire que ces périodes douloureuses pour ceux qui ont à les vivre le soient encore plus pour les inciter, à retrouver très vite un emploi et à accepter d’être toujours un peu plus exploités. Dans ces deux domaines, les partisans de la réforme, en clair la droite et les réactionnaires de tous poils, considèrent que les travailleurs sont des fainéants en puissance que leur souci premier est de continuer à palper (comme on disait avant) et de ne rien foutre. Il s’agit donc de les mettre au pas et de les jeter dans les bras du patronat. Aux cagades d’aujourd’hui Les c…, elles nous poursuivent. Le vote du budget2023 est dans l’actualité. Il démontre la même volonté de nier les besoins sociaux et de s’asseoir sur la démocratie. Le gouvernement n’a qu’une majorité relative au Parlement, qui ne lui suffira pas pour le faire adopter. Il n’est pas sûr de trouver des alliés pour lui prêter main forte, d’autant qu’en dehors de quelques mesures conjoncturelles, il ne prévoit rien pour répondre à une situation … difficile. Regardez les tensions sur le front des luttes sociales et les réponses, plus que tardives, et dilatoires du pouvoir. La seule mesure qu’il n’a pas tardé à envisager c’est l’utilisation du 49/3, un article de la constitution qui permet au gouvernement de faire passer un texte de loi, sans vote, sous couvert du rejet de la motion de censure qu’un dixième de l’Assemblée se doit de déposer. Bonjour l’entourloupe… programmée et l’impossibilité pour les élus de jouer leur rôle. La cascade… Au moment où j’écris ces lignes, nous n’y sommes pas tout à fait, mais la menace se précise. Les mouvements sociaux grondent. Les réquisitions pleuvent. Les grèves continuent. Les parlementaires proposent des amendements, même des alliés de Macron, pour l’embêter sans doute un peu, en rajoutent sur la taxation des surprofits. Ce jeu normal de la démocratie semble insupportable pour le pouvoir qui annonce le 49/3. La c… est prête à être dégoupillée… Mais après elle, il peut y en avoir d’autres : quelle réaction face à la motion de censure ? Une dissolution peut-être. Nouvelle c…Quand le pouvoir est aux abois, il ne peut chercher que dans la fuite en avant une issue improbable… Comme disait Ionesco dans la « Cantatrice chauve » : quelle cascade de cagades ! Jean-Marie Philibert

mardi 11 octobre 2022

Roulé(e)s

Roulé(e)s… Non ! Avec la bande au pouvoir il n’y a pas que les cols qui seront roulés dans les temps hostiles que nous affrontons : les futurs retraités sont de la « fête », les chômeurs actuels et futurs aussi, les salariés continuent à être roulés… dans la farine d’augmentations salariales toujours attendues, les jeunes continuent à être tourneboulés par un parcours-sup, course d’obstacles. Tous roulés. L’uniforme Et pour que le spectacle soit total l’uniforme de l’hiver, crise énergétique oblige, sera col roulé pour tous, pour Manu qui veut donner l’exemple, pour Maire qui veut faire peuple et pour tout un chacun. C’est la grande nouveauté du capitalisme ultra libéral, nous imposer un uniforme qui nous fait bien comprendre que l’adversité est devant nous, qu’il faut s’y préparer et suivre les préceptes d’un gouvernement qui est à la manœuvre pour nous infantiliser tous les jours un peu plus. Pour nous faire oublier l’essentiel : les difficultés de nos vies dont il se moque, les injustices dont il se nourrit, l’exploitation d’une classe laborieuse qui produit des richesses pour les puissants d’ici et d’ailleurs. Dans une période, plutôt guindée, celle des années 60, le pull col roulé informe et démesuré dont je m’affublais représentait comme un signe de révolte contre une société qui avait gardé le souci du paraître… Ma mémé n’était pas contente. Quelques décennies plus tard, au début du troisième millénaire, cela devient le signe d’une soumission à l’ordre dominant, et à ses contraintes imbéciles. Les campagnes menées quotidiennement pour nous convaincre des semaines à l’avance que l’on va se geler pour cause de pénurie énergétique, et qu’on sera incapable de s’habiller en conséquence reflètent l’indigence du pouvoir et de ses porte-voix. Serions-nous devenus infantiles ? Couvre-toi « Couvre-toi bien, mets un cache-col, prends des gants », me disait Mémé quand j’étais petit… Déjà ses conseils m’agaçaient. M’entendre dire à mon âge par une bande d’incapables que je dois mettre un col roulé pour lutter contre le froid m’insupporte et j’y vois comme une raison supplémentaire de contester un pouvoir à vomir, dans lequel nous ne pouvons pas nous reconnaître… et pas seulement à cause de ses conseils vestimentaires. Nous sommes très nombreux ! Les plus nombreux sans doute. Nous contestons souvent, régulièrement, nous ne renonçons pas à nos combats pour la justice, la solidarité, la démocratie. Mais, pour dire vrai, nous le faisons de façon quelque peu désordonnée, nous avons du mal à nous unir, à nous réunir. Rappelons les péripéties des dernières élections présidentielles et législatives, l’union fut laborieuse. Observons la difficulté à construire la plus large union syndicale. Même pas froid Et pourtant nous savons tous que toutes ces unions sont des passages obligés. Il n’y faut pas l’uniformité de cols roulés généralisés, mais il y faut les bigarrures de tenues colorées, mélangées et séduisantes d’un peuple qui n’a froid, ni aux yeux, ni au reste, et qui est en mesure de construire son printemps. Jean-Marie Philibert

lundi 10 octobre 2022

Annie Ernaux

Annie Ernaux nobélisée… Annie Ernaux est la 17 ° femme à obtenir le prix Nobel. Il faut s’en réjouir sans retenue. Pour elle d’abord, un hommage international du plus haut niveau est ainsi rendu à son travail littéraire, à sa force, à sa « justesse », comme elle dit, à sa résonance dans les consciences. Il faut s’en réjouir aussi pour toutes les femmes qui tentent de faire bouger le monde dans ces temps compliqués. Il faut s’en réjouir aussi pour les classes populaires dont elle se revendique et qu’elle a fait entrer en littérature. Sa responsabilité est de témoigner de ce monde et d’elle dans ce monde, de son expérience de femme, de mère, de son expérience du couple, de l’amour. Avec humanité, mais sans concession. Le regard et la plume très acérés. Une écriture personnelle Elle l’a d’abord fait dans des romans, ensuite depuis « La Place » en 1984, Annie Ernaux est passée à une écriture plus personnelle, il y est question de son père mort en 1967. « Le roman n’était plus possible et toute mon écriture en a été bouleversée. J’ai abandonné la fiction ». Elle nous parle donc du café-épicerie de ses parents, de son enfance, de son adolescence, des drames qui s’y jouent et qui la poursuivent. C’est «La Honte ». Il y aura aussi les livres de l’âge adulte comme « Passion simple » et « L’Occupation »qui sont des évocations sans concession de la passion, de la jalousie. Mais elle ne s’enferme jamais dans l’évocation intimiste, elle fait de son récit, de ses récits, des ouvertures vers le monde, vers les autres, en particulier ceux qui partagent ses origines et qui n’ont que très rarement les honneurs de la littérature. Son singulier devient universel, c’est le titre de l’article que l’ Huma lui consacre et qui dit l’essentiel de sa démarche. Une démarche servie par une écriture sans ornement, sans fioriture : il ne s’agit pas de séduire le lecteur, mais de le toucher par ce qui est, par ce qu’elle vit un peu comme nous tous. Lire, relire Ce prix Nobel est une occasion de relire ou de découvrir un auteur qui est aux antipodes de nos temps d’artifices. Pour les connaisseurs relisez Annie Ernaux, tout ! Pour ceux qui la découvriraient commencez par « Les Années » qui mêle vie personnelle, histoire collective, dans une traversée de notre siècle dont elle partage les combats des femmes, des hommes, des travailleurs, comme nous tout simplement.

lundi 26 septembre 2022

Opiniâtres

OPINIATRES Les pouvoirs successifs depuis de nombreuses années n’ont de cesse de « réformer » les retraites. « Réformer »… comprendre faire travailler plus longtemps pour des pensions de plus en plus riquiquis. Le mot réforme ou réformer servant d’attrape mouche pour que l’on pense qu’il n’y a rien d’autre à faire que d’accepter de se faire avoir par des « réformateurs » qui ont un souci constant de notre bien-être, de notre avenir et qui, eux seuls, ont compris ce que nous, pauvres imbéciles, sommes incapables de soupçonner. Ils savent Eux savent que les caisses sont vides, qu’il va falloir payer plus longtemps des pensions, fussent-elles modiques, à des mémés et pépés qui vivront de plus en plus vieux, que ça suffit de toujours faire dans le social, qu’il serait bon, et même plus que bon, de remplacer cet assistanat désuet par un système assuranciel moderne où les grands manitous de la finance pourraient faire leurs choux gras. Le modèle social français dont pourtant Macron se veut le défenseur (mensonge) donne la migraine à tous ceux qui comme lui rêvent d’un capitalisme ultra-libéral où l’état se centrerait sur ces fonctions régaliennes pour laisser le pognon et ceux qui le possèdent transformer le monde en marché sauvage. Nous le peuple, nous serions à la fois les victimes et les ouvriers consentants, disciplinés, vivant modestementd’une illusion de liberté. Le triomphe des égoïsmes Sans aucune contrainte de droit social. Sans aucun souci de la solidarité. Chacun pour soi. Le triomphe des égoïsmes. Les artisans des différents projets de réformes des retraites que nous avons connus depuis plus de vingt ans maintenant sont nourris par les mêmes fantasmes qui sont plus ou moins adaptés à la situation. Avant le COVID avec la retraite par points (2019), il s’agissait de nous faire croire qu’il y avait là un modèle indépassable où chacun trouverait son compte. Une bataille perdue pour le pouvoir plus tard, (2022) la retraite par points passe aux oubliettes pour ressortir une antienne éculée : pour partager des richesses, il faut les produire, et comme il faudra plus de richesses pour combler des déficits incontournables (re-mensonge), il faut donc travailler plus longtemps jusqu’à 65 ans au moins. La lutte Et surtout, surtout ne pas s’interroger sur le partage des richesses, sur les divisions de la société qui ne cessent de s’accroître, sur les exclusions, les souffrances et les injustices qu’elles génèrent. Si la question de la réforme des retraites nous poursuit avec une telle opiniâtreté réactionnaire, c’est parce que s’y joue un des enjeux majeurs de notre société : la persistance, le renforcement de notre modèle social porteur de progrès sociaux pour le plus grand nombre qui ne se défend que parce que nous le défendons ensemble syndicalement, politiquement, avec toute l’opiniâtreté de la justice et du progrès. Opiniâtreté contre opiniâtreté …. Mais, horreur, c’est la lutte des classes ! Jean-Marie Philibert

lundi 19 septembre 2022

Le droit divin ...Elizabeth... Charles...

>Le droit divin… Elizabeth… Charles… C’est-à-dire un droit qui au mieux repose sur une foi qui peut être sincère, qui au pire est construite sur des fantasmagories (pour être très anciennes elles restent des fantasmagories). Un droit qui est au droit ce que la pensée magique est à la pensée rationnelle : il n’a pour lui que la crédulité de ses adeptes. Ils semblent encore nombreux au Royaume Uni à considérer que le sang royal n’est pas que du sang, mais un signe venu de très loin pour distinguer celle, celui, ceux, celles qui ont participé, qui participent, qui participeront à l’incarnation collective de la communauté qu’ils constituent, avec ou sans les colonies. De la monarchie… Certes la monarchie, pour résister, a su se parer au cours des soubresauts de son histoire de pratiques politiques qui faisaient de ses sujets, sinon des citoyens pur jus, au moins des membres d’une communauté qui pouvait décider de pans importants de la vie collective. L’absolutisme a mis de l’eau dans son vin. Les monarchies n’ont perduré en Europe que parce qu’elles se sont constitutionnalisées pour devenir acceptables et présentables et pour continuer à régner dans un consensus flou qui surtout préserve l’ordre dominant. Il n’en reste pas moins que nous ne sommes pas dans des parangons de démocratie et que l’exigence d’égalité doit supporter plus que quelques exceptions. Elles sont bien utiles parce ce qu’elles permettent d’accepter les autres divisions sociales, qui ne tiennent plus au sang, mais à l’argent. Les Britanniques qui ne sont pas des imbéciles savent ces choses-là, mais dans leur masse se reconnaissent dans leur histoire monarchique. La disparition de la Reine Elizabeth et l’émotion qu’elle suscite en sont une preuve vivante. Il faut y voir l’expression d’une singularité qui fait la personnalité d’un peuple divers, attachant. Il faut dire que la longévité de son règne, un caractère bien trempé, les épreuves affrontées, le souci de préserver des traditions en les adaptant, le rapport proche et distant avec une société où elle pouvait paraître à la fois anachronique et de son temps, ont construit un destin hors du commun. Le battage médiatique a fait le reste. …au droit naturel Jusqu’à nous faire prendre le droit divin pour le droit naturel, jusqu’à nous convaincre qu’il ne faut pas trop secouer l’ordre pérenne du monde, qu’il y a des puissants et des moins puissants, des familles royales ou autres qui vivent grassement de la sueur de leurs peuples, qu’il en a toujours été ainsi, et que sans doute quelque chose qui ressemble à la providence divine organise le tout, à notre insu, et pour notre bien, bien sûr. Le vieux monde est toujours-là, avec ses nostalgies. Relisons nos philosophes des Lumières (Voltaire, Rousseau, Diderot…) pour prendre l’antidote et une sérieuse dose de droit naturel. Cela ne sera pas inutile. Jean-Marie Philibert.

mercredi 7 septembre 2022

FABOUNTEMS

FABOUNTEMS (toute petite humeur) Des années de fréquentation des responsables de l’éducation nationale ont amené le syndicaliste que j’étais, que je reste, à dresser une typologie des « hauts fonctionnaires » qui à Montpellier ou à Perpignan, « faisaient », comme disent les mauvais élèves, recteurs ou inspecteurs d’académie (aujourd’hui directeur départemental). Il y a les zimbus qui méprisent les personnels et souvent tout ce qui n’est pas au sommet de l’échelle : insupportables ! Il y a les accros du service public qui vous font comprendre que votre galère est aussi la leur : chapeau ! Et puis il y a tous ceux qui fuient les problèmes, que les contingences douloureuses souvent du réel embarrassent, qui pensent carrière. « Mais non, Monsieur Philibert, tout va bien, ne vous inquiétez pas »… même quand la catastrophe est à nos portes. Nous étions plusieurs à les appeler en catalano macaronique « FABOUNTEMPS ». J’ai cru comprendre que le locataire de la rue Giraudoux à Perpignan, où siège l’inspection d’académie, mot qui n’a plus cours, est un fabountems Jean-Marie Philibert.

mardi 30 août 2022

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Dormir dans le fossé

 

Dormir dans le fossé

Il est des raccourcis qui résument à merveille le monde paradisiaque qui est le nôtre et où il importe avant tout que chacun reste à sa place…

Les bords de la Méditerranée nous en offre à profusion : les villas luxueuses avec accès direct à des plages privées pour quelques-uns et la promiscuité joyeuse de tout un peuple en vacances sur des plages de sables qui n’en finissent plus. Enfin tout un peuple il ne faut pas exagérer. IL y a ceux qui restent à la maison par manque de moyen.

Entre Banyuls sur Mer et Brégançon, le fossé est encore plus grand, si grand qu’il semble impossible à combler. Le Président joue les m’as-tu-vu sur son jet-ski aux frais de la république, avec un mépris souverain pour le vulgus pécum pour lequel il prône les sacrifices et l’économie des énergies. Il est tout à sa superbe. Les autres ont les pieds dans la gadoue : les travailleurs saisonniers, qui à Banyuls venaient d’un peu partout pour gagner quelques sous sont interdits de camping municipal où ils trouvaient refuge les années précédentes et deviennent  dans un même élan, par une opération hautement symbolique, à la fois vendangeurs, travailleurs pauvres et sans domicile fixe, si ce n’est un petit coin de vigne sans eaux, ni commodités. Les pouvoirs publics se taisent, le patronat local pareil. Ils sont sans doute essentiellement préoccupés de la quantité et de la qualité de la récolte pas de la masse de souffrance qu’elle aura imposée à ceux qui, faute de posséder la terre, sont contraints de la travailler pour mal survivre.

Jean-Marie Philibert

mercredi 27 juillet 2022

la colère, le mot et la chose

 

Et  un petit texte poétique ; pour marquer la trêve des vacances !

La colère, le mot et la chose

Il y a les mots de tous les jours, les mots de l’actualité, de ce qui se fait ou ne se fait pas.

Et puis il y les mots plus rares, ceux qui l’on se réserve à soi-même pour se les raconter les jours d’interrogations, de doute, les mots qui nous constituent, au jour le jour, pour nous faire ce que nous sommes.

Ainsi du mot « colère » qui me turlupine.

Parce qu’il fait désordre, il bouscule, il faut s’en méfier, le calmer, le cacher, l’enrubanner pour ne pas choquer.

« Pas un mot plus haut que l’autre ! »

M’a-t-on répèté à satiété pour dompter une colère envahissante.

Ma « bonne » éducation s’arrête un instant devant ce précepte

Imbécile et in-hu-main.

Elle rigole, tant et plus, devant tant de méconnaissance

De ma puissance vocale, comme de ma conscience.

Les orages, les éclairs, le tonnerre, les éruptions intempestives, les vociférations folles

Sont des signes que le corps, la tête et le reste fonctionnent, encore,

Avec la colère qui va avec.

Ma colère ne se susurre pas,

Ne s’excuse pas d’être ce qu’elle est, violente, méchante, indomptable.

De vivre sa vie malgré le temps qui passe.

Elle ne supporte pas la mièvre sollicitude des oreilles sensibles.

 Elle respire,

Elle rue,

Quand il faut moucher les morveux,

Qui attendaient une mansuétude qu’ils savaient pourtant impossible.

Elle se libère quand tous les normalisés tentent de faire souffrir, d’ostraciser, comme ils le font.

Elle est très malheureuse de voir des êtres que j’aime ne pas prendre conscience de la peine qu’ils  font.

Elle regimbe, sort par les yeux, électrise les neurones,

Mais elle ne se tait pas.

Le respect est à la dignité ce que les bulles sont au champagne.

J’ai besoin des bulles. Nous voulons des bulles.

J’aime tous ceux qui aiment les bulles,

Tous ceux qui ne craignent pas de les faire éclater,

Pour toutes les causes qui le méritent, pour toutes les valeurs  qui y jouent leur survie..

La dignité un peu conne qui n’a de cesse de me chatouiller en est une.

J’y tiens !

Il y a des mots plus hauts que les autres :

Ils le méritent.

Jean-Marie Philibert.

 

 

lundi 27 juin 2022

Perpignan capitale mondiale

 

Se tromper et tromper son monde

 

 

Dans ces temps où Perpignan semble faire marche arrière et où la municipalité d’Aliot a les chevilles qui enflent en proclamant la ville capitale de quelque chose, il est tout à fait logique d’interroger un événement (le congrès du Cercle algérianiste) qui se nourrit sciemment de toutes confusions. Elles justifient  des initiatives politiques qui n’ont pas d’autres buts que de nous rouler dans la farine : on ne pourrait rien attendre d’autre d’un Rassemblement National qui se sent des ailes et prétend devenir un parti républicain comme les autres. Mais pour cela il n’hésite pas à s’asseoir sur les fondements de la république, en particulier sur l’histoire.

Compréhension critique

Allons-y progressivement. Cherchons à comprendre ce qui se joue, ici et maintenant, à propos d’événements qui ont plus de soixante ans, ce qui sur l’échelle de l’histoire est peu. Mais la distance peut aider à leur  compréhension critique. Il y a l’écume des choses, les souvenirs qui se bousculent, le sentiment de terres perdues, la conscience pour de nombreux rapatriés d’ Algérie d’un destin qui est passé, passé trop vite alors qu’ils l’avaient cru sans doute éternel, qu’ils avaient voulu le croire tel, qu’ils avaient fait confiance à ceux qui leur avaient menti. En 1962, d’Alger, d’Oran à Port-Vendres et Perpignan, notre bord de la Méditerranée fut le lieu de cet exode, douloureux, violent. Un afflux considérable de population à l’accent pied noir a marqué le visage et l’histoire de notre ville, jusqu’à la faire croître et proliférer. Nous étions dans les trente glorieuses et les choses étaient plus faciles.

Les complaisances municipales

La récupération politique de la municipalité d’Aliot a commencé bien avant lui et l’ancrage à droite de la ville semblait en être une résultante naturelle. Alduy, Pujol ont aidé la nostalgie à vivre. Le Front national y a vu une aubaine. De la droite à son extrême ici la distance est courte et il a suffi à Aliot de surfer sur une vague algérianiste pourvue des généreux concours des municipalités jusqu’à présenter aujourd’hui la ville comme capitale mondiale des Français d’Algérie. Et bien sûr faire oublier ses racines catalanes que visiblement il déteste. Ce faisant, il se dévoile  un peu plus pour ce qu’il est, alors que d’habitude il semble avoir un meilleur souci de sa présentabilité.

Là, il revient et nous entraîne sur ses fondamentaux : la colonisation de l’Algérie fut une grande œuvre, l’exploitation des hommes-femmes et terres de ce pays fut un moment fort de la puissance de notre impérialisme, d’autant qu’on a sorti ce pays du moyen âge pour l’ouvrir à la culture frrrrançaise. Les esprits ne sont pas totalement décolonisés, au RN plus qu’ailleurs.

Les résistances tenaces du TC

Ce qui conduit inexorablement à se tromper et à tromper son monde faute de voir le réel tel qu’il est. Ces affabulations historiques et politiques débordent largement de la seule sphère de l’extrême droite : elles sont à l’œuvre aussi dans une idéologie réactionnaire qui aime les simplifications, qui est allergique à toute approche dialectique. Cette idéologie sert de fondement au rejet d’une démarche politique progressiste. De la confusion à la démission la frontière est étroite : voir les taux d’abstention qui battent des records. Et beaucoup d’événements sont ainsi exploités, schématisés, réduits pour qu’on n’y comprenne pas grand-chose.

Pour que notre conscience politique s’y perde !

Mais la force des esprits tient à leurs capacités de résistance qui peuvent nous surprendre, il est de la responsabilité d’une presse progressiste dont nous sommes de les aider à relever ces défis. La tâche est certes ardue, mais au TC nous avons les résistances tenaces et le souci de les faire partager.

Jean-Marie Philibert.

jeudi 23 juin 2022

 

Ma rhétorique

 

 





 Et en noir et blanc pour les allergiques à la couleur

 

 

Le verbe chahute,

Il a décidé de ne pas se laisser faire.

La seule autorité qu’il reconnaisse : c’est la sienne !

Celle des mots plus hauts les uns que les autres

Qui prennent un malin plaisir à mettre toute la pagaïe qu’il faut

Dans la rhétorique,

Le dictionnaire

Et l’art de la période bien élevée.

A la figuration, gentille, jolie et parfois quelque peu pittoresque,

Jusqu’à l’originalité même,

(quel talent)

Ce verbe-là préfère la défiiiiiguration des cœurs et des corps en souffrance.

Ils se refusent à toute exhibition nauséabonde

Pour vivre leur intensité secrète

Sur les cahiers de brouillon de la vie quotidienne.

La mimésis, telle que le monde des lettres et de l’art l’a domestiquée,

Est une pâle

Caricature

Sinistre des forces de la vie.

Elle s’est laissé mettre en boîte, en formes et en poncifs faisandés,

Pour ne pas choquer les consciences endormies.

Secouons avec une vigueur sauvage le cocotier

des métaphores,

des anaphores,

des antiphrases

et des mots cochons !

Que ça glisse sans protection,

Que ça dérape,

Que ça bouscule,

Que ça coure en tous sens,

Dans le seul ordre admissible

Ici

L’ordre perpturbateur,

Sauteur,

Rigolo,

Paradoxal,

Illogique bien sûrRRRR !

La rhétorique ainsi secouée aura une toute petite chance

De nous rapprocher

De ce qui nous hante.

La vraie vie.

Elle frappe à la porte.

Toc !

Toc !

Hantez, entrez, partez, sentez, tentez, mentez, montez !

Vous êtes bienvenue !

Nous vous attendions depuis longtemps.

mardi 21 juin 2022

 Acte 5 : le dénouement ?

Vous avez dit UNITÉ acte5 :LE DÉNOUEMENT

 

Scène 1, rappel avant le premier tour

Le dénouement n’a d’intérêt que si l’on en vit les péripéties, les inquiétudes, les retournements de situation. Nous avons laissé nos candidats aux prises avec les incertitudes de la campagne et un Macron qui tergiversait, qui nous refaisait le coup de la présidentielle. Le moins de campagne possible pour qu’il y ait le moins de débat possible… jusqu’au moment où la Macronie s’inquiète devant une NUPES qui fait son bonhomme de chemin : des sondages encourageants la place à égalité avec ENSEMBLE le nouveau truc inventé par les marcheurs pour faire taire les dissensions internes.

Là avant le premier tour des législatives, il a fallu attaquer la NUPES avec une finesse sans pareille. « Chavez, les chars russes, plus d’argent, les ventres vides, l’extrémisme et tutti quanti… La diabolisation !  Ayez peur, Satan est de retour. »

Et puis, un peu de beurre pour les épinards : quelques  promesses de chèques, pas électoraux du tout, pour les retraités, pour le point d’indice de la fonction publique, pour aider les moins fortunés à faire face à l’inflation.

 

Scène 2, le 12 juin

Macron, pas content : Ensemble est dépassé par la NUPES, malgré les traficotages de Darmanin. Mais la grande richesse de notre démocratie  fait que les sondages donneraient in fine une majorité des sièges à la Macronie. Une soirée électorale où chacun joue son rôle, on reparle des extrémismes. Borne bave sur la NUPES sans se rappeler que si Macron est passé aux présidentielles il lui doit une fière chandelle. On peut être polytechnicienne et un peu bornée. Silence radio sur les choix pour le second tour, entre fachos et NUPES la macronie ne choisit pas. On parle peu ou pas du fossé politique qui traverse notre démocratie avec plus d’1 électeur sur 2 qui reste à la maison, sur la détestation de Jupiter, sur une jeunesse qui se détourne du politique, sur la sociale décrépitude qui nous ronge. Mélenchon semble satisfait, et y croire. Le monde reste endormi et égoïste.

 

Scène 3, une semaine de ressassement.

La longue marche vers le second tour. La droite et son cache-sexe Macron illustrent à merveille l’absence de dignité et de morale qui la constitue au-delà de l’outrecuidance qui est la leur : en clair ils sont gonflés comme des melons et la honte connaissent pas. Après s’en être servi, ils veulent se payer la NUPES, pas républicain ! Tout pour le pouvoir et rien pour la démocratie, répété à satiété jusque sur le tarmac de l’aéroport qui amène enfin Jupiter à Kiev. ILS ONT LA TROUILLE !

Pendant ce temps, un embrouillamini grave, dans notre département où le RN est en position de faire le grand chelem, s’empare des esprits des futurs électeurs, et de quelques élus qui ont la morale au fond des chaussettes. J’entends  de plus (avec effroi) que des esprits que je crois lucides, pour se débarrasser de Macron,  voteraient RN avec l’assurance de ceux qui ne savent pas ce qu’est une connerie.

 

Scène 4, le 19,  la fin, le dénouement ? 

20 heures ! Macron a une majorité, relative certes, mais une majorité. Même s’il a pris une baffe dont il n’est pas sûr qu’il ait compris la raison. La NUPES a fait la preuve de son efficacité  pour faire élire des députés de gauche sans faire parvenir à faire déferler les abstentionnistes dans les bureaux de vote. La gauche existe un peu mieux depuis qu’elle a retrouvé les chemins de l’unité. Mais la transformation progressiste de la société, le partage des richesses, la fin des injustices et le réveil démocratique devront attendre.

Il y faudra d’autres choix populaires que ceux qui dans notre département ont conduit à l’élection de quatre députées RN. Il y faudra d’autres choix populaires que ceux qui ont déjoué les sondages en envoyant à l’assemblée nationale une troupe d’élus d’extrême droite qui se parent des vertus populaires pour mieux les étouffer et jouer les supplétifs des politiques réactionnaires avec ostensiblement affiché le racisme en prime.

La dérive continue ! Le peuple a mal au Front, il faut le soigner.

Ce dénouement n’en est pas un. Tout reste à faire et à gagner dans notre engagement quotidien.

Jean-Marie Philibert.

lundi 30 mai 2022

Vous avez dit UNITE Acte 4

 

Vous avez dit UNITE, Acte 4

Nous en étions restés à l’acte 3, mais la pièce n’était pas finie. Ce n’était qu’un entracte que les joyeusetés du festival de Cannes, nous avaient accordé. Nous sommes encore loin du dénouement : il y faudra les cinq actes comme d’habitude dans toute pièce de théâtre avant de savoir si l’unité a porté ses fruits. En attendant il faut observer les moments importants de l’action, les péripéties, les rebondissements et les comportements des protagonistes pour tenter de deviner comment les choses peuvent tourner.

La surprise

D’abord rappelons la surprise, entre la peste brune et le cholera bon chic bon genre,l’électorat de gauche que l’on disait absent, inintéressé, démobilisé a mis lors des présidentielles le pied dans la porte pour qu’elle ne se referme pas brusquement pour cinq ans. C’est là que la vie politique (de gauche, la seule qui m’intéresse vraiment) s’est lancée dans une aventure inattendue, celle de l’unité. C’était cependant une histoire ancienne à laquelle plus grand monde ne voulait croire. Mais là en quelques jours, l’impossible est devenu possible : les socialos, les écolos, les cocos, les mélanchos et mêmes quelques troskos, se sont parlé pour se dire que gouverner ensemble était possible si ensemble on gagnait la bataille des législatives ; ; Nous ne reviendrons pas sur les pilules à avaler, les bisbilles, sur ce que nous avons dit dans les actes précédents.

Le programme

Reprenons là où nous avons laissé nos camarades (c’est un joli mot) : Ils ont fait un programme pour organiser la chose en quelques jours. La surprise a continué. Avec des mots  nouveaux : « une grande place à l’initiative parlementaire… pour en finir avec les majorités godillotes… ». Et des mesures que la droite exècre « …création d’emploi, en finir avec la flexibilisation… le CDI forme normale et générale… abroger El Khomry… le SMIC à 1500 euro… dégeler le point d’indice dans la fonction publique… rétablir une assurance chômage protectrice… faire la sécurité sociale professionnelle… reconnaître la citoyenneté dans l’entreprise, garantir une retraite digne  à 60 ans … une planification écologique et citoyenne… partager les richesses et justice sociale… éradiquer la pauvreté, droit au logement… défendre et promouvoir les services publics… permettre l’intervention citoyenne… ». Des mots, des valeurs qui nous animent ! Elles rompraient avec des décennies de reculades contre lesquelles il a fallu lutter pieds à pieds.

L’agitation

Et puis il y a  plein d’agitation dans tous les landernaux pour mettre en place des équipes unitaires, populaires, écologistes et sociales. NUPES qu’il faut dire ! C’est nouveau ! Ça peut rapporter gros ! Mais on ne sait pas encore. L’observateur attentif peut être alors amusé de suivre attentivement constitution et fonctionnement des équipes. Les jeunes pousses côtoyant les vieux renards, les naïfs impénitents affrontant les jesaistout, les apprentis pleins de fougue affrontant les donneurs de leçons, les esprits partisans ne se débarrassant pas de leurs partis pris. Etre sur les planches enfin. Ne plus être spectateur. Et au milieu de tout cela, un espoir que ça marche… enfin. Le théâtre de la vie politique n’a d’intérêt que s’il permet à nos vies d’être plus riches (j’ai failli écrire moins pauvres, mais je veux positiver).

Dans cet acte 4 nous sommes encore dans les incertitudes, y croire, mais être lucides. Les sondages en disent peu. Macron manœuvre pour désamorcer notre action. Des incrédules tentent de brouiller les esprits. Toutes les décisions ne sont pas prises et rien n’est joué. Mais une volonté ancienne et jeune à la fois anime ce beau monde : celle de se défaire du désordre existant qu’il importe de réactiver sans cesse. C’est un vrai travail ! Suspens !

Jean-Marie Philibert

mardi 24 mai 2022

Le cinéma et la vie

 

Le cinéma et la vie

 

Parmi les signes que le corona nous lâche un peu les baskets et que le retour à la vie « normale »  devient une perspective crédible, il y a les visages découverts que nous croisons dans la rue et qui font plaisir à voir après les nombreuses semaines où nous avons dû vivre masqués, il y a le retour aux rencontres sociales plus décontractées et il y a dans ce mois de mai le retour du festival du cinéma à Cannes où il semble bénéficier d’un regain d’intérêt. C’est des salles obscures que j’ai envie de vous parler.

Les films et le temps

Parce que, comme beaucoup de réalisateurs de talents le glissent dans leurs films comme pour nous en convaincre ou s’en convaincre : le cinéma c’est la vie. Et dans ces temps festivaliers les rediffusions nombreuses de films anciens qui ont été primés sur la croisette en font une démonstration éclatante. La vie et l’émotion qui va avec et la peinture des sentiments qui nous touchent, qui nous animent, qui nous poursuivent. Le petit écran qui fait souvent dans l’insipide, dans la niaiserie a profité de l’occasion du festival pour ressortir quelques joyaux qui passent sans problème l’épreuve du temps.

Chabada…bada

Je pense au plaisir que j’ai pris à revoir quelques décennies après sa sortie le film de Lelouch, chabada…bada, « Un homme, une femme » : l’histoire d’amour entre une Anouk Aimé, jeune veuve resplendissante, mais hésitante, et un Jean-Louis Trintignant, veuf aussi, beau comme un jeune dieu, pétaradant de vie, comme sa Mustang qui est un prolongement de lui-même.  Un amour dont leurs enfants respectifs sont les témoins, un peu les responsables. Ils ne peuvent que laisser éclater l’exacerbation de leurs sentiments. Rappelez-vous la scène culte sur la page de Deauville. Chabada…bada…

Ce n’est jamais fini

Le cinéma peut nous réconcilier aussi avec une vie qui nous fait des misères. La suite que Lelouch a donnée à ce film, cinquante ans après, « les plus belles années d’une vie » diffusé dimanche dernier, où il filme les mêmes protagonistes cinquante après, nous rappelle que nous n’en avons jamais fini avec la soif du bonheur, que le temps, la mémoire, les rêves nourrissent des sentiments qui fondent notre humanité. La vie qui nous poursuit inexorablement.

Vincent Lindon qui préside le jury de ce festival a su superbement le rappeler  dans un discours d’ouverture en prise directe avec les réalités de notre quotidien et du monde.

Un discours à méditer.

« Doit-on user de sa notoriété aussi modeste soit-elle pour porter haut et fort la parole des sans voix… Nous sommes une composante infime d’un grand tout essentiel qui s’appelle la culture. La culture n’est pas une aimable excroissance  ni un futile ornement de la société, elle n’est pas en marge. Elle en est le centre et en sera le vestige. …

Pouvons-nous faire autre chose qu’utiliser le cinéma, cette arme d’émotion massive pour réveiller les consciences et bousculer les indifférences ? Je ne l’imagine pas …

Même si cela revient à écoper avec un dé à coudre la coque d’un navire qui se remplit par vague. Notre force c’est que nous y croyons et que nos œuvres sont immortelles. Même si parfois, quand l’actualité nous écrase et que le découragement nous gagne, je me demande si nous ne sommes pas en train de danser sur le Titanic. Peut-être alors si nous prêtions l’oreille, entendrions-nous au milieu du vacarme des empires et des nations comme un tendre bruissement d’aile. Le doux murmure de la vie et de l’espoir.

Voici venu le temps des artistes, des cinéastes responsables pour nous porter, pour construire notre imaginaire et nous aider à répéter en nous-même chaque fois que nous le pourrons, en hommage à ceux qui souffrent et se battent dans le monde : Etre vivant et le savoir. »

Jean-Marie Philibert

lundi 16 mai 2022

Vous avez dit UNITE Acte 3

 

Vous avez dit UNITE Acte 3

 

 Il y a eu le temps de la surprise : l’unité, pensez donc, ce n’est pas à l’ordre du jour. Il y a eu le temps des pas en avant : et si on discutait ensemble... Il y a eu le temps des hésitations. Il y a eu le temps des dominations, des calculs, des critiques, des jugements catégoriques, des hésitations. Il y a eu un temps pour les prises de conscience. Il y a eu le temps de la compréhension du sens des suffrages, de tous les suffrages (les  bons et les moins bons) donnés à la gauche. Il y a eu le temps de la responsabilité de tenter d’ouvrir une perspective qui rompe avec la fascination de certains, nombreux, pour les dérives fascisantes, qui renvoie Macron à ses pseudo-équilibres pour sauver le monde de la finance. D’ouvrir une perspective susceptible de redonner le goût de la politique à tous ceux qui l’ont perdu, qui ne votent plus ou blanc ou n’importe quoi. Dans ce troisième acte de  « Vous avez dit UNITE », il y a pour moi le temps de comprendre le sens de ces événements. Modestement.

 

Jubilons

Et pour commencer quelque chose qui provoque dans mon for intérieur une jubilation réelle : la peur semble avoir changé de camp. Les Macron boys étaient un peu inquiets devant la montée de la Marine qui s’y voyait presque. Et puis le petit tiers de l’électorat qui vote à gauche permet à une unité, dont on désespérait, de tenter de se faire un avenir aux législatives. Là la petite inquiétude devient grande trouille : la « banqueroute » pour Castaner, « une pétaudière » pour Ferrand, pour Macron, les mesures sociales envisagées… « ce serait sur le dos de nos enfants », et la mise en avant du mot qui fait encore plus peur « la décroissance ». Les media s’y mettent, ainsi du très progressiste le Point, le titre « Mélenchon, l’autre Le Pen »

 

Rompre

Si tous ces gens-là pensent que lutter contre les inégalités sociales est dangereux, ils ne peuvent que nous conforter dans une démarche qui est son ADN. Rompre avec tous ceux qui ont fait leur fonds de commerce de l’accommodement avec les forces de l’argent et de toutes les inégalités qui vont avec. Il est vrai que le PS s’y est complu, que Macron, un peu PS, aussi.

Ils avaient oublié que la gauche ce n’est pas la loi El Komry, la retraite à 65 ans, la remise en cause des droits, des protections sociales, la charité pour ne pas crever de faim. La gauche c’est une voie de rupture avec l’ordre dominant. Pendant longtemps le PC a donné le ton dans cette démarche avant de connaître un déclin dont il est plus que temps de sortir pour en finir avec le social libéralisme dont Hollande fut le champion.

 

Problèmes

La NUPES laisse entrevoir la rupture, ne règle pas tous les problèmes à gauche, problèmes éminemment dialectiques de concurrence, de rivalité, de diversité… et de rassemblement. Leur résolution passe sans doute par les interventions citoyennes et un retour vers l’engagement politique du plus grand nombre : elle supposera plus qu’une élection législative. Mais l’élection peut être un point de départ, servons-nous en.

Des avancées sociales sont indispensables, l’augmentation du pouvoir d’achat est plus que nécessaire, la renaissance des services publics est le moyen de nous sortir de l’ornière, l’élargissement des droits solidaires et des institutions qui les promeuvent est un gage de réussite d’une politique au service de tous.

 

Le reculoir au vide grenier

Pour sortir du reculoir généralisé qui était devenu notre horizon depuis trop longtemps, et des batailles pieds à pieds pour préserver ce que nous pouvions, il nous reste à réactiver, ranimer, revigorer, raffermir ce qui ne nous a jamais quittés, y compris dans ces temps les plus austères, notre volonté de lutte et notre soif de justice. La NUPES l’autorise si nous levons nos appréhensions, nos critiques, si nous gardons notre lucidité, si nous renforçons les luttes sociales, syndicales, si nous gagnons en force, en organisation, en compréhension d’un monde qui n’a pas fini de nous réserver des surprises.

Jean-Marie Philibert.

lundi 9 mai 2022

vous avez dit UNITE Acte 2

 

Vous avez dit UNITE, Acte 2

 

Tout acteur politique, syndical, qui a une certaine expérience est en mesure  de saisir la complexité de la question de l’unité. Ses dits et ses non-dits. Elle peut être perçue de façon plus schématique hors des cercles les plus militants. Encore que le bon sens soit une voie très efficace pour comprendre que toute cause a besoin du nombre, du rassemblement, de l’unité, fût-ce au prix d’une obscure clarté. Mon expérience m’a conduit à garder la tête froide, pour en mesurer la force, mais aussi les limites, la réalité. Il importe d’y mettre toute la rationalité possible. Cet état d’esprit me guide dans ce billet d’humeur où ce que je dis, bien sûr, n’engage que moi.

Tout le monde est content

Donc l’unité, acte deux !

Mon enthousiasme pour le NUPES est réduit. Certes officiellement tout le monde semble content : Méluche exulte, les autres font de nécessité vertu, en espérant sauver les meubles.

Ma première satisfaction réside dans la surprise que ce qui était impossible il y a quelques semaines, devienne le passage obligé et réactive un rassemblement, après des années de disette. L’unité a, souvent, apporté des avancées sociales. Elle suscite l’espérance. Je crois un peu que par le vote utile « Mélenchon » l’électorat a envoyé, non pas un blanc-seing « insoumis » mais un message unitaire pour une volonté unitaire, apte à lever les blocages. Il est important de l’entendre. Les souffrances d’un peuple ont assez duré.  En sortir est la seule voie pour détourner le vote populaire des partis fascisants qui vivent de l’exclusion, du racisme, du pétainisme, sans doute en préparant plus sombre encore. L’unité est donc dans le paysage, il était plus que temps.

Une démarche entachée

Mais il serait faussement naïf de ne pas voir que la méthode imposée, par ceux qui veulent tirer seuls ou presque tous les marrons du feu, je parle des Insoumis, entache la démarche d’une marque indélébile. Elle fait de ses partenaires des soumis de chez soumis au prétexte des suffrages exprimés à la présidentielle et de règles à géométrie variable, dures pour le PCF, moins dures pour les autres. En oubliant  l’histoire politique, en oubliant que  la gauche est forte de sa diversité, que l’électorat n’est la propriété d’aucune force politique, que l’engagement est fait de soubresauts, qu’un peu de rigueur ne nuit jamais.

Et je me permets d’ajouter que ces gens-là doivent beaucoup au PCF qui a permis à Méluche d’avoir un avenir politique en dehors d’un PS auquel il avait servilement obéi. Ce n’était pas encore l’heure de l’insoumission. La démarche mise en œuvre dans le cadre du NUPES fragilise l’union en ne traitant pas toutes les forces unitaires comme elles devraient l’être. Quant à l’expression d’ « abnégation », utilisée pour la justifier par le petit chef perpignanais du mouvement dans la presse locale, elle est à l’image d’un comportement moyenâgeux qui ne semble pas vouloir se donner les moyens de réussir l’union, qui confond union et bricolage.

Pour une politique de transformation sociale

Contrairement aux ambitions boutiquières, nous avons au TC mis l’accent depuis le début de la période électorale, et même avant, sur la nécessité de promouvoir une large politique de transformation sociale qui en finisse avec la précarisation, l’exploitation du plus grand nombre, sur la fin de l’argent roi aux mains d’une classe dirigeante toujours plus riche, et sur le rassemblement politique qu’une telle perspective impose,  sur la concomitance de cette démarche avec tous les acteurs de la vie sociale, le monde du travail en particulier, sur les luttes sociales qu’il faut servir sans s’en servir. Sur la nécessité de l’unité. C’est ainsi que nous la mettons et mettrons en œuvre !

La lutte des classes ne s’arrête pas le soir des élections, elle suppose, elle impose que ceux qui souffrent de l’exploitation poursuivent un combat susceptible d’y porter des coups. Ce qui nous guide aujourd’hui ce n’est que cela. L’épisode NUPES peut, peut-être, y contribuer.

Nous ne sommes qu’à l’acte deux. Attendons la suite. Lucidement.

 

 

Jean-Marie Philibert.

lundi 2 mai 2022

Vous avez dit UNITE ?

 

Vous avez dit UNITE ?

 

L’action sociale et politique ne cesse de tourner autour d’un motif récurrent et qui souvent semble inatteignable : celui de l’unité. IL ne faut surtout pas s’étonner de la difficulté de la chose, de sa dimension totalement paradoxale, si ce n’est contradictoire. Comment être un et plusieurs à la fois ? Il y faut du miracle, un alignement imprévu des planètes, un concours de circonstances exceptionnel, ou un salutaire instinct de survie, dans un monde où tout est dans tout et réciproquement.

 

Bruissements

Ainsi en ce début mai 2022, des bruissements unitaires se font entendre dans le cadre de la préparation des législatives alors qu’ils étaient impensables quelques semaines auparavant où les proclamations unitaires rivalisaient entre elles pour affirmer avec la plus grande détermination que la seule unité possible était celle que chacune et chacun pouvaient représenter dans l’outrecuidance de son isolement. Et nous avons eu tous les outrecuidants et dantes possibles.

Par bonheur, et après des résultats aux présidentielles qui ont éveillé chez tous plus d’inquiétudes que de satisfactions, les esprits se sont calmés, l’animalus politicus de gauche a pris conscience qu’il était aussi un animalus raisonnable et que s’il voulait se rapprocher du pouvoir le passage par l’unité était la condition sinon suffisante, mais sûrement nécessaire. D’où une floraison de rencontres ici comme ailleurs pour construire l’unité, rencontres qui donnent le sentiment au moment où ces lignes (lundi 2 mai) sont écrites de porter leurs fruits.

 

Un écho enfin

Il me semble avoir dit et écrit, quand on a commencé à parler des présidentielles qu’il était toujours utile de penser à l’unité, mais ce fut sans echo. Alors que nous étions nombreux à percevoir dans les démarches nombrilistes à l’œuvre les risques d’un casse-gueule généralisé. Ce qui a failli se produire, des électeurs de gauche, souvent inorganisés, malgré le peu de séduction du personnage, ont fait de Mélenchon un pôle d’attractivité, en dépit du fait qu’il ne se dégage de sa personne qu’une sympathie homéopathique.

 Il y a dans la troisième place de Méluche, dans l’ensemble des voix de gauche, dans la grande masse des abstentionnistes, dans l’aspiration au changement, dans l’attachement à la défense de la démocratie, un potentiel qui peut remettre en selle les forces de progrès de ce pays. Attention je dis potentiel, je ne rêve pas. Tout est à faire !  Je sais les arrière-pensées et les turpitudes. Mais la vie politique peut réserver des surprises…. heureuses.

 

Les avancées sociales

Ne nous en privons pas et le PCF a toujours été au rendez-vous quand elles pouvaient être porteuses d’avancées sociales. La carte de l’union qui se joue actuellement est en mesure de bousculer un peu les choses et de remettre dans le paysage des valeurs progressistes qui en avaient totalement disparu. Sous le clinquant d’un modernisme de pacotille, elles avaient été remplacées par le fatalisme d’une surexploitation du monde du travail et d’une prolifération de la misère sociale rarement atteinte.

Cette carte, il nous faut la jouer lucidement, audacieusement. Avec l’ambition d’y inscrire des résultats tangibles à la mesure des luttes sociales dont le pays est le théâtre. Elles sont le creuset qui les rend possibles, rappelez-vous la bataille des retraites, la défense des services publics, des hôpitaux, la promotion des droits sociaux défendus pieds à pieds. Si les résultats sont à la hauteur de nos ambitions, les luttes sociales et les avancées qu’elles portent en seront les fruits. Des fruits que nous attendons depuis fort longtemps et qui seront nés de notre union. Enfin !

Jean-Marie Philibert