les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 19 décembre 2016

nous sommes tous les fils du père Noël


Nous sommes, tous,  les fils du Père Noël

Petit papa Noël, j’ai besoin d’une idée pour commencer mon billet d’humeur. Je n’en ai aucune et depuis plusieurs jours, c’est le vide. A chaque essai c’est le bide : ce n’est plus de l’humeur, c’est de la désespérance à l’état pur. Je tente de prendre du recul, j’observe, j’écoute, je me dis que cela va venir… Rien ne vient, si ce n’est les effluves de la sinistrose ambiante. Pourtant à y regarder de près le monde bouge.

La magie ?

Le papa Noël opèrerait sa magie…

Regardez, même les rues de Perpignan se remplissent d’un monde que Mister Nobody-Pujol avait renvoyé dans les proliférantes surfaces commerciales de la périphérie. L’embellie durera-t-elle ? Je pense qu’il faudra plus que quelques éclairages pour redonner du lustre à une cité qui a des atouts, une histoire, une culture, mais qui traîne un lot de misères, d’exclusions, d’inégalités profondément enkystées dans le tissu social : les politiques municipales menées en ont fait leur terreau.

Jouissons de ce qui peut peut-être ressembler à des promesses et servons- nous en pour y manifester notre collective soif de vivre. Tout compte dans un monde troublé. Merci papa Noël ! La pire des choses serait de se laisser gagner par le défaitisme ambiant. La résistance est notre lot et l’humour peut parfois nous y aider.

Regarder les péripéties du Centre del Mon. Là, le papa Noël semble impuissant, il rigole sous sa cape rouge. On avait une gare qui grâce à Dali connaissait une gloire internationale qu’elle ne méritait pas, elle était campée depuis des décennies sur un pôle de la ville qu’elle contribuait à animer. Des élus, des urbanistes, des financiers ont cru que le tgv allait la transformer en source inépuisable de pognon, en la retournant dans l’autre sens, en lui faisant tourner le dos à la ville, en lui donnant un petit air Manhattan. Et puis patatrac ! Le fiasco complet, rien ne marche, ni les commerces, ni le quartier, ni les tgv pour Barcelone, ni le tunnel qui y conduit. Un naufrage du Titanic local pour lequel le quotidien local vous promet toujours un miracle. Papa Noël, pitié ! Fais quelque chose !

Que peut-il ?

Que peut le Papa Noël face à l’incurie, à Perpignan, comme ailleurs ? Il peut nous aider à occuper notre temps en conjectures  fantaisistes. Il peut donner le change ! Il peut nous aider à passer le cap d’une année 2016 où un gouvernement socialiste aura poussé à son terme sa capacité d’autodestruction et son autisme très profond aux aspirations du peuple.

Il peut inspirer des one-man-shows de haute volée et d’un comique imparable de Manuel Valls sur la nocivité du 49-3 qu’il va, promis-juré, jeter dans les poubelles de l’histoire après en avoir usé et abusé.

Il peut faire comprendre à François Fillon que sur la Sécu (mais aussi sur le reste) il a dit de très grosses bêtises. Il peut mettre la zizanie dans la famille Le Pen, en leur faisant sentir que la haine des autres peut commencer au sein de la famille. Mais là il ne fera qu’amuser la galerie, il ne s’occupera que de l’écume des choses.

Toucher à l’essentiel

Le père Noël n’est vraiment utile que quand il touche à l’essentiel, c’est la raison qui conduit tous les enfants à y croire mordicus, quand il rend possible l’impossible, quand il régénère le besoin d’utopie qui fonde notre humanité. Ce besoin passe par des voies simples. La certitude qu’il vaut mieux être unis que désunis, que l’action sociale, syndicale, politique  ne sont rien sans cette aspiration à l’unité. La conscience que la lutte des classes traverse la société et qu’il faut choisir son camp. L’obstination à tenter de construire un monde solidaire, juste, fraternel, libre. Pourquoi pensez-vous que le père Noël s’habille de rouge. Et si nous étions tous, un tout petit peu, les fils et filles du Père Noël.

Jean-Marie Philibert.

lundi 12 décembre 2016

la grande métamorphose


La grande métamorphose





Un des signes que nous vivons des temps troublés : tout bouge à la vitesse grand V. N’évoquons que pour mémoire toutes les technologies qui si tôt apparues se retrouvent dans les marchés aux puces de France et de Navarre. Regardons, par exemple, le visage des villes : des centres urbains anciens, actifs et beaux sont devenus des morts-vivants. Observons la vie paysanne qui a animé pendant des siècles nos campagnes, nos montagnes : des friches, des larmes et des souvenirs. Attachons-nous aux rapports humains, aux relations que les femmes, les hommes pouvaient nouer dans les lieux publics, sur les places, dans les rues, lieux de convivialité… Actuellement ils sont traversés par des zombies solitaires  qui surtout ne regardent pas leur voisins pour se concentrer sur leurs téléphones portables qui leur permettent de dire qu’ils vont incessamment rentrer à la maison.

Ne plus savoir qui est qui

Mais nos modes de vie ne sont pas les seuls à subir la grande métamorphose : les êtres que nous sommes, ne sont plus exactement ce qu’ils sont, comme emportés dans un tourbillon qui nous conduit à ne plus exactement savoir qui est qui.

Certes la transparence absolue n’a jamais été de mise, et le changement, c’est la vie. Mais la convergence d’évolutions brutales qui tourneboulent toute une société est une caractéristique actuelle. Et la vie politique nous en offre une animale illustration.

La chienne est une oie

Observons l’échiquier politique, la Marine le Pen n’est plus le roquet fascisant et aboyeur qui n’a de cesse de faire peur à tout ce qui l’approche pour préserver l’enclos barbelé que son père avait construit pour elle, elle y avait rassemblé des chiens tous aussi patibulaires les uns que les autres, et ils y menaient une sinistre sarabande. Tout ça a totalement disparu, la chienne est devenue oie blanche qui s’offre à tous les regards pour dévoiler sa séduction, sa grâce et sa pureté. (Enfin faut aimer l’esthétique « oie »!)

Les pioupious et l’aigle

Le discret Fillon, ombrageux homme de l’ombre, collaborateur silencieux, est devenu en quelques semaines un chef de guerre sociale, intrépide et inspiré. Vous allez voir ce que vous allez voir ! Juppé et Sarkozy ont déjà vu s’effondrer leur surpuissance : les cadors ont perdu leur superbe, leur faconde et leurs illusions. Ils croyaient être tout, ils ne sont rien. Les paons deviennent vulgaires pioupious pendant que la pie voleuse se prend pour un aigle.

Quant à la biche Macron qui nous la jouait façon bambi. « Je vais enjoliver vos vies, vous envelopper d’une atmosphère féérique, vous faire croire au père Noël quel que soit votre âge ». Les propos qu’elle tient sont d’une vieillerie sans nom : « la gauche et la droite c’est tout comme, et je suis les deux à la fois ». Ils  la transforment inexorablement en vieille bique gâteuse. Son temps est compté, tant et si bien qu’il n’est pas sûr qu’elle vive encore à la fin de ce billet d’humeur.

Anda toro

Un animal quasi sauvage ne cessait de s’agiter dans le toril : Torrrro Manuelito ! Il n’attendait pas que las muletas s’agitent pour charger. Il avait fait fuir de l’arène tous ceux qui voulaient l’approcher. Il fonçait cornes en avant sur toutes les banderoles syndicales qu’il voyait et qu’il déchirait rageusement, il était arrogant, vindicatif et fier… Ne voilà-t-il pas qu’il a perdu en quelques heures los cojones de son arrogance. Il est devenu doux comme un agneau. On lui donnerait le bon dieu sans confession. Avec tous les agneaux, l’âne, marie, joseph, et le caganer,  on pourrait même le mettre dans la pessebre de noël. C’est la saison. Le taureau devenu bœuf décoratif !

Mais on le mettrait à gauche du petit jésus. Parce que Manuelito est à gauche, bien sûr. C’est grâce à ce genre de petits détails que, dans le monde de la grande métamorphose, on ne se perd pas tout à fait.

Jean-Marie Philibert

lundi 5 décembre 2016

ce qu'il aurait pu dire


Ce qu’il aurait pu dire

Pendant ces dernières années François Hollande nous a plus habitués au pire qu’au meilleur, son intervention du 1° décembre a quelque peu tranché, elle avait de la tenue. Mon mauvais esprit s’est plu à imaginer ce qu’il aurait pu dire… en pire.

Mes chers concitoyens, bonsoir, c’est François qui vous parle. Vous savez celui qui fait président normal, depuis quelque temps. Celui qui vous a fait quelques misères contre lesquelles vous regimbez en vain. Celui qui a un scooter et un pédalo. Celui qui parle trop aux journalistes du Monde. Et pas assez à la classe ouvrière. Celui qui vit des temps difficiles  dans ce palais de l’Elysée où les Brutus se multiplient pour me faire peur, pour que je rejoigne la Corrèze profonde, pour que je lâche les rênes d’un pouvoir que je n’ai jamais vraiment tenues.

Je doute

Je sens devant l’accumulation de pressions, de conseils, de critiques, d’hollandbashing qui prolifèrent que je dois parler. Je vous parle donc, mais c’est difficile parce qu’au moment où je vous parle, mon indécision naturelle ne m’a pas dit ce que je devais dire. Je doute, certes. Je sur-doute même.

Au fond, bien au fond,  je n’ai pas fait que des bêtises. Regardez Gattaz, il n’a jamais été aussi content. Ecoutez les patrons, ils rêvaient que l’on torde enfin le cou au code du travail, c’est fait. Regardez la droite, ils souhaitaient que je m’enlise dans une politique économique et sociale qui tournait le dos aux revendications des travailleurs (pour leur préparer le terrain sans doute), je me suis enlisé au-delà de toute espérance. J’ai déroulé le tapis rouge au plus à droite d’entre eux qui fut le premier surpris.

Reconnaissant

Même la Marine a de quoi être satisfaite, je lui ai laissé le créneau du discours populiste qui sent bon ses moules-frites ; et par moment j’ai même fait dans le racisme ambiant. C’était une erreur, sous le coup d’une émotion. Je m’en excuse. Mais elle a bien compris l’aide que je lui ai apportée. Je pense qu’elle, et tous les autres, m’en seront reconnaissants.

Mon naturel bonace me pousse toujours à aider mon prochain. C’est notre défaut majeur au parti socialiste, on veut toujours faire plaisir à tout le monde. Les seuls qui nous enquiquinent et qu’on n’écoute jamais ce sont les syndicalistes rouges et bornés. Beurk !

Etre ou ne pas être

Je cause, je cause, et je ne sais toujours pas où je vais. Je suis indéterminé, flottant, vague, nébuleux, flou… C’est quasiment philosophique. Comme Hamlet « Etre ou ne pas être … Partir ? Rester ? » Il me reste encore quelques lignes pour me décider. Profitons de ces instants de grâce où vous êtes pendus à mes lèvres, à mon visage, à mon air contrit, en vous demandant anxieusement « Il part ? Il reste ? ». Ces instants où vous m’écoutez enfin parce que vous avez compris que je ne vais pas parler pour ne rien dire. Ces moments où vous avez encore une fois peur que je vous déçoive.

Je sais, je sais, j’ai beaucoup déçu. Mais peut-être ce soir je  vous décevrai en vous annonçant que je…. ne sais pas encore. Cela ne devrait pas trop tarder. La page du TC se termine, les lecteurs du billet d’humeur de Philibert trouvent que ça suffit de tourner autour du pot.  Mes chers concitoyens, une conclusion s’impose… si peu que je me vois dans l’impossibilité de la formuler.

Pile ou face

Comment s’en tirer ?

Le hasard : Pile ou face…amstramsgam … une-souris-verte ?

L’engagement : cela me correspond si peu…

L’humour et la fuite : courage Fillon ! Ah ! Ah ! Elle est bonne n’est-ce pas ?

L’émotion : ne me quitte pas…

Ou bien le quotidien : ferme bien la porte en partant.

 Ça y est ! Je pars…

Jean-Marie Philibert

lundi 28 novembre 2016

l'ancien et le nouveau


L’ancien et le nouveau

Les aléas de l’histoire font que le moment que nous vivons ne semble pas fait pour nous transporter de joie, surtout si on sait d’expérience que les perspectives qui se dressent risquent d’y rajouter des couches d’austérité, d’inégalités, de coups portés à la démocratie, aux services publics, aux droits sociaux. Joie ou pas joie importent peu en fait… Méfions-nous du télescopage des sentiments et des réalités sociales et politiques. 

L’essentiel est dans notre capacité de résistance, dans notre capacité inassouvie à construire du neuf, là où beaucoup ne voient que des occasions providentielles de détruire peu à peu (ou rapidement) des pans entiers de notre monde commun issu des travaux et des luttes des femmes et des hommes. Pour restaurer l’ancien !

L’ancien ? Le nouveau ? Les medias (voir chapitre précédent) se complaisent à brouiller les pistes.

Les pistes brouillées

Construire du neuf ? Les deux duettistes de la droite vous jureront sur tous les tons, sur tous les saints, que là, dans la réforme moderne, libérale et totalement antisociale, réside la seule nouveauté possible, celle qui va redresser les comptes de la nation, combattre enfin le chômage et faire le bonheur de tous les nantis…et le vôtre. Juillon et Fippé vous assurent que ça va changer, qu’ils ont les bonnes réponses et que la casse des services publics, la réduction a minima des prestations sociales, des allocations-chômages, l’augmentation du temps de travail et les réductions de salaire sont des voies royales pour le progrès. C’est du nouveau… avec le « charme » de l’ancien … et toute la souffrance sociale qui y est attachée. Quant aux leçons tirées de l’expérience d’une crise qui a maintenant quelques décennies (l’inanité des remèdes qu’ils proposent et le naufrage social qui va avec), la lumineuse clarté de la voie royale vers l’avenir  qu’ils nous préparent semble les avoir définitivement aveuglés.

Le vieux d’jeun

Ils ne sont pas les seuls à vouloir faire du neuf avec du vieux. Il y a le vieux rance, raciste  et nauséabond du front national, mais dans l’actualité le vieux peut aussi avoir l’air jeune, et on peut même dire que la jeunesse est l’argument de vente central des produits Macron qui ressemblent souvent aux produits des duettistes, même si les choses sont dites de façon moins crue, plus d’jeun. Il s’est fendu d’un livre de plus de 200 pages, écrit par lui-même bien sûr, qu’il a intitulé sans rire « Révolution ». Mon dieu, j’ai peur devant tant de nouveautés et de bouleversements. Depuis son lancement, je tente de trouver dans la presse une évocation même succincte et rapide de ce qui pourrait changer. Que dalle ! Les vieilles recettes, la même tambouille ! Le jeune libéral à la trajectoire météoritique a déjà de l’arthrose.

La tentation du neuf

En tout cas l’arthrose n’est pas partout, la lucidité, la démocratie, le courage non plus et il en faut souvent pour faire du neuf. Regardez la décision prise dans le cadre d’une consultation nationale par les adhérents du PCF, appeler à voter Mélenchon à l’issue d’une débat interne vif et en prise directe avec des enjeux politiques majeurs. C’est d’autant plus ambitieux et courageux que le camarade Jean-Luc y a mis du sien pour rendre la situation compliquée, alors que dans ma petite tête j’avais le sentiment qu’une candidature unitaire vraiment de gauche pouvait ouvrir des perspectives nouvelles. Jean-Luc, il ne faut pas avoir peur de la nouveauté.

D’autres exemples

Trois autres exemples de nouveautés pur jus pris dans l’actualité.

 Ambroise Croizat, le ministre communiste qui, à la Libération,  a mis sur pied dans un pays appauvri par la guerre, mais enrichi par le sursaut progressiste et social de la résistance et de ses suites la sécurité sociale. Un film de Gilles Perret est sur les écrans actuellement La Sociale (Des valeurs dont nous manquons cruellement) qui raconte cette histoire. Il en narre les péripéties, évoque les acteurs, les difficultés et les adversaires, comme aujourd’hui. De la nouveauté à l’état brut à défendre absolument !

Comme celle qui émane d’une création musicale de Pierre Henry en 1967, écrite pour Maurice Béjart, pour le ballet « Messe pour le temps présent ». Rejouée à Perpignan, mercredi dernier, elle n’a pas pris une ride. La vraie nouveauté dure !

Comme durera dans la mémoire des Cubains, dans le souvenir de tous ceux qui pensent qu’un autre monde est possible, le souvenir de Fidel. Le neuf peut aussi essayer de  défier le temps. Il y parvient dans la mémoire des hommes. Et c’est heureux.

Jean-Marie Philibert.


lundi 21 novembre 2016

humeur sombre


Humeur sombre ?

Reprenons l’histoire où nous l’avons laissée lors du chapitre précédent, il était intitulé « Compliqué »  et il tentait d’y voir un peu moins sombre  dans les perspectives de l’élection présidentielle pour ce qu’on va appeler les forces de progrès. Il en reste et nous en sommes.

Et même nous sommes persuadés que la meilleure voie de sortie de la crise profonde que connaît notre société ne passe que par elles. Mais ça bloque quelque part, on pourrait mettre au pluriel quelques parts.

Qui mettre dans le clan des progressistes ? Sans doute pas ceux qui s’emploient avec obstination à organiser les reculs sociaux au prétexte que la seule gauche possible est celle du réalisme et des mamours au patronat. La volonté populaire ne semble pas exagérément travaillée par l’ambition de secouer le cocotier des renoncements programmés, même si existent des poches de résistance. Le tissu social est profondément tourneboulé au point de perdre tout souvenir et toute conscience et de se préparer à voir un parti fasciste en mesure de prétendre gouverner le pays. Je n’ai pas tout à fait le sentiment d’une conscience collective, lucide, de la dérive mortifère en gestation.

L’idéologie du renoncement

D’où viennent ces avalanches de difficultés ? Chacun y va de son couplet, de son « ressenti », comme on dit aujourd’hui. Mais ne tournons pas autour du pot : les dégâts du chômage ont imprégné depuis des décennies le tissu social au  point de le déliter, de transformer souvent les destins en vallées de larmes. Et il a sécrété, comme anesthésiant une idéologie du renoncement dans laquelle les medias ont vu une occasion rêvée (c’est le cas de le dire) de prendre le pas sur la vraie vie pour nous vendre dans tous les sens des termes de l’aliénation à l’état pur avec la bénédiction des patronats et des gouvernements sans la moindre retenue.

Nous aider à appréhender une situation économique en constante évolution, nous inciter à anticiper sur des évolutions en cours, nous éclairer sur les enjeux de développement qui peuvent s’y percevoir, nous rendre compte des débats politiques, intellectuels en mesure d’éclairer nos lanternes, laisser s’exprimer les opinions diverses qui traversent une société, les mettre en relation avec les classes sociales diverses qui la composent, ne pas systématiquement proscrire celui et ceux qui ne pensent pas bien. Sortir enfin du rôle de chien de garde d’un peuple immature qui ne sait ni ce qu’il dit, ni ce qu’il fait. Mais vous n’y pensez pas. Ce n’est pas pour rien que pendant longtemps à la télé on a parlé de chaînes.

Des bateleurs et des histrions.

Ce n’est pas le rôle des bateleurs et des histrions que de se soucier de l’intelligence politique, c’est même l’inverse, surtout s’ils sont grassement payés par les maîtres financiers du jeu qui ont lourdement investi pour que nous restions les plus couillons possible. C’est ce qu’ils font… bien !

Une nouvelle preuve : la couverture télévisuelle des futures élections présidentielles. C’est guignol à tous les étages. Regardez le tissu de sottises qui a accompagné la candidature de Macron dont le vide du discours est inversement proportionnel à la place accordée à l’écran. Comme si tout cela n’avait que l’ambition de nous distraire d’un quotidien nauséabond. Mettez en rapport avec le débat lancé par le PCF pour tenter de construire une démarche unitaire (vraiment) à gauche. Là c’est silence radio. Et vous aurez compris.

Des richesses à partager

Mais face à la déferlante médiatique, les efforts de ceux qui tentent de politiser l’intelligence et de s’attaquer ainsi aux racines d’un mal qui a pour nom les inégalités sociales sont d’autant plus utiles qu’ils vont à l’encontre d’une fatalité annoncée.  Les valeurs qui fondent la dignité des femmes et des hommes devraient elles passer par pertes et profits au bénéfice d’un « ordre nouveau » qui ressemble étrangement à un désordre ancien. Changer le monde, ce n’est pas ressortir les vieilles lunes. Mais se rassembler pour construire du progrès social… concrètement. Les richesses pour le faire sont là … à partager. Ils sont bien nombreux dans les médias, chez les patrons, leurs valets et leurs obligés, chez  les réactionnaires de tous poils, sur les phraseurs, les bonimenteurs, les yaka, les fauquons à tout faire pour nous en empêcher.

Jean-Marie Philibert.








lundi 14 novembre 2016

compliqué


Compliqué

La situation dans laquelle se trouve le parti communiste après la conférence nationale me laisse, au moins interrogatif, quelque peu perplexe et pas tout à fait serein. J’ai envie de vous en parler et de me colleter à un contexte… compliqué.

Nous avons un rapport trouble face à la complexité : quel que soit le domaine dans lequel nous la rencontrons, elle nous paralyse et en même temps suscite une avalanche d’interprétations, de réactions qui peuvent partir dans toutes les directions, elle nous rend peu enclin à l’écoute des autres et, autre constante, elle nous conduit presque inexorablement à croire à une solution miracle dont notre clairvoyance bien connue serait porteuse. Ya qu’à…

Un maelstrom de complexités

Observez la situation politique de notre pays à la veille d’élections présidentielles dont on sait tous qu’elles vont avoir une incidence majeure sur notre vie. Un maelstrom de complexités en tous genres. Complexité sur les candidats. Complexité sur les propositions qui ne sont jamais d’une lumineuse clarté. Complexité et incertitude quant aux décisions à prendre : le flou artistique et les lendemains qui déchantent .Complexité enfin dans la société qui semble se laisser embarquer dans une dérive extrême droitière, raciste, xénophobe aux antipodes de ses intérêts.

J’ai donc une pensée très émue pour mes camarades du PCF qui, après des débats multiples et variés dans les provinces,  ont consacré un week-end à peaufiner une stratégie qui prennent en compte tous les paramètres. D’abord la démarche démocratique. Ensuite les enjeux politiques, sociaux, économiques qui sont majeurs face à la montée de l’extrême droite, à la souffrance sociale qui ne cesse de s’aggraver, aux impasses dans lesquelles Hollande a engagé le pays, aux dogmes européens et internationaux qui nous enkystent dans les crises, à la sacro-sainte croyance dans un libéralisme échevelé dont il serait grand temps qu’on totalise les victimes avant de juger de sa viabilité. Enfin dernier paramètre essentiel, l’outil collectif, humain, apte à mettre en œuvre les choix opérés, l’organisation, le parti, le travail commun, solidaire, unitaire pour donner à l’orientation choisie la force de transformation sociale qui, depuis quelques lustres, nous manque.





Les Yakas

Le tout bien sûr dans un paysage lourdement occupé, y compris à gauche par tous ceux qui pensent que leur destin personnel, et /ou partisan, est un horizon indépassable, qu’ils ont seuls les bonnes clefs : ils n’envisagent l’unité que sous la forme du ralliement à leur auguste personne. Je les appellerai les yakas.

Actuellement, même si cela peut désespérer, Mélenchon est étonnamment de ceux-là. Il est curieux qu’un politique de son expérience  qui semble avoir des ambitions progressistes pour notre pays ne comprenne pas que son comportement est un obstacle sérieux à leur réalisation. A moins qu’il veuille limiter son action à occuper un champ politique où il pourrait régner sans conséquence pour un pouvoir qui lui réserverait une place médiatique d’histrion. Il ne faut donc pas trop compter sur lui pour simplifier la situation. A moins que la grâce de l’unité…

Compter sur nous et se rassembler

Il faut compter sur nous, non pas dans une tactique d’opposition fratricide entre des citoyens, des travailleurs, des jeunes, des moins jeunes  qui aspirent à ce que l’évocation du changement soit autre chose qu’un slogan aussi rituel qu’inefficace, à chaque campagne électorale, mais dans une démarche de rassemblement, de convergences, face aux périls qui menacent. Dans la volonté de peser sur des décisions politiques qui mettraient de la justice sociale, de l’emploi, des droits nouveaux, du pouvoir d’achat, des services publics efficaces, de la solidarité dans un monde qui les fait mourir à petit feu. Des notions si simples … On ne comprend pas qu’il faille en passer par les complexités qui pourraient nous submerger.

Quant au choix de l’impétrant, il est dans nos mains…Et c’est compliqué. Mais la voie du rassemblement n’est-elle pas inéluctable pour commencer à sortir de la spirale folle où nous risquons de nous perdre ? Je le pense.

Jean-Marie Philibert.

mardi 8 novembre 2016


Quand un papy dénigre les papys.

Dans un billet publié  sur internet JPA (alias Jean-Paul Alduy, ex de Perpignan et ex de la droite locale et du centre aussi) dit toute la flamme que suscite en lui l’ex-ministre de gauche, reconverti ailleurs (où ?), et peut-être futur candidat à l’élection présidentielle. JPA doit sans doute reconnaître un peu de la marque de fabrique de sa famille dans l’errance politique de l’ex banquier de chez Rothschild. Il met surtout l’accent sur la modernité du personnage qu’il a suivi en meeting à Montpellier, où il a chanté avec lui (non ! pas l’internationale) la marseillaise. Il lui permet de crier haro sur la gérontocratie dominante de la vie politique dont Juppé serait le papy-porte drapeau. Quant au contenu politique, il n’y en a pas, avoue-t-il. Seule compte la jeunesse… Et sans doute un petit coup de pub et d’esbroufe. Les vieux démons ne meurent jamais.

lundi 7 novembre 2016

mémé, reviens


Mémé, reviens !

-Jean-Marie tu ne nous parles plus de ta mémé… Mémé, reviens…

-N’ayez crainte ! Elle ne part jamais très longtemps. A l’image de sa présence constante à mes côtés pendant mon enfance, pour les moments heureux, mais aussi pour les moments difficiles, elle continue à habiter mes souvenirs mais pas seulement, ma conscience, mon rapport au monde et aux gens qui y vivent. Ses leçons de lucidité tendre, mais distanciée (ça c’est un mot qui ne lui aurait pas plu), restent indépassables et mes humeurs tentent de s’en nourrir. Mais je sais que j’ai des progrès à faire.

Un petit-fils président

Et je me plais à imaginer le discours qu’elle aurait tenu à un petit-fils putatif du prénom de François qui serait devenu président de la république de gauche, puis qui aurait très rapidement oublié les engagements pris, les promesses faites pour n’en faire qu’à sa tête (foncièrement de droite). Cerise sur le gâteau, le petit François, considérant qu’il est très agréable de pouvoir continuer à donner forme et vie à ses caprices de chef, en serait venu à penser que, malgré le discrédit qui l’assaille de toutes parts, malgré l’impopularité qui le poursuit comme des casseroles tintamarrant à ses basques, il doit être candidat pour un second mandat.

Là, Mémé aurait explosé.

« Espèce d’andouille ! Tu trouves que tu n’en as pas assez fait de couillonnades. Tu en redemandes pour ta gloriole personnelle que tu es le premier à ridiculiser. On se fout de toi, mon brave, même dans ton parti. Non seulement tu n’as ni le profil, ni la stature, tu es fagoté dans des costumes trop étroits qui font rire dans les chaumières et qui mettent tes fesses en relief. Je t’ai toujours dit que tu avais un gros derrière ! Il n’y a pas de miroir à l’Elysée ? Tu t’es payé un coiffeur hors de prix avec l’argent des contribuables, tu aurais pu te payer un tailleur. Enfin, ça c’est l’apparence.

 Le diable par la queue

Le reste est plus sérieux et concerne tous les gens qui nous entourent. Les voisins, d’ici, d’ailleurs, ils tirent tous le diable par la queue, ils n’en peuvent plus des fins de mois difficiles. Le chômage fout par terre toutes les familles, ceux qui gardent un boulot se demandent pour combien de temps. J’ai vécu deux guerres, mon petit, j’ai vu ce qu’était la survie, on y est. Tout est difficile ! Et toi tu fais tout pour que l’état se désintéresse des gens, qu’ils aient moins de droits.

Tu patines. Tu vis dans le déni. Tu dis : la situation économique, c’est pas si mal que ça, c’est même mieux, le chômage recule (à une vitesse telle qu’il faudra un siècle pour le voir disparaître). Tu parles à tort et à travers à des journalistes en leur confiant des secrets pour qu’ils les divulguent… Logique ? « Un président ne devrait pas dire ça », alors tais –toi, crétin. Bizarre : tu veux faire l’intéressant. C’est peut-être le seul rôle qui te reste : amuser la galerie pour faire oublier tes turpitudes. Là je te reconnais un certain talent avec ton histoire de scooter.

Ne pas raisonner comme un tambour

Ce que je supporte pas, mais alors pas du tout, un rôle qui ne te va pas, c’est quand devant ceux qui ont un peu le courage de te critiquer, tu joues à ton petit chefaillon qui veut imposer le respect par la seule force d’une autorité qu’il n’a pas. Tu fais rire ! Jaune ! Les seuls à ne pas rire jaune, ce sont les copains de Gattaz, à qui tu n’arrêtes pas de faire des mamours, comme si toi aussi, tu étais, comme eux,  sorti de la cuisse du Jupiter de la finance. Tes chevilles gonflent.  Ne résonne plus comme un tambour ! Sois sérieux et raisonnable enfin, arrête-toi. Tu feras plaisir à Mémé »

Jean-Marie Philibert.

mercredi 2 novembre 2016

Ken Loach lanceur d'alerte


Ken Loach lanceur d’alerte !

Le cinéma a un rapport au réel tout à fait paradoxal : il balance entre réalisme et imaginaire.  D’où chez les grands réalisateurs  un équilibre dialectique fragile avec le souci majeur de faire adhérer le spectateur à l’histoire, même s’il la sait fictive. Dans son dernier film « Moi Daniel Blake » qui lui a valu sa deuxième palme d’or à Cannes, Ken Loach y excelle. A 80 ans, après 25 longs métrages, il donne dans cette œuvre toute la mesure de son talent, de son courage, de son engagement, j’ai envie de dire de sa verdeur. En se situant délibérément du côté de ceux qui souffrent, de ceux qui luttent pour s’en sortir, il renforce la soif de vivre dans un monde  qui veut la réduire à la portion congrue, il nous montre qu’elle doit passer par la révolte contre un monde absurde.

Daniel Blake a été victime d’un accident cardiaque, il doit renoncer à son emploi de charpentier, ses médecins  lui conseillent  de demander une allocation d’invalidité, mais le verdict des autorités sanitaires (monstre froid et invisible) est qu’il reste valide, donc il doit travailler. Pas d’indemnité  d’invalidité, mais peut-être une allocation de chômage … s’il est en mesure d’apporter la preuve qu’il cherche un emploi qu’il ne pourra pas exercer. Les décisionnaires du pôle Emploi britannique ne veulent pas en démordre, il doit chercher un travail impossible. Ce piège l’enferme dans un monde kafkaïen avec la seule perspective d’une misère toujours plus grande. Peu d’humanité dans la ville qui l’entoure : une mère célibataire démunie qui l’accompagne dans son naufrage, mais qui lui permet de faire valoir que la fraternité existe.

Etonnamment la tonalité du film est peu pesante grâce à la chaleur humaine, à l’humour désespéré et quotidien, qui émanent de situations profondément vraies. Quant à la solitude de ces destins, Daniel Blake se bat seul contre tous, on peut le regretter, mais ne faut-il pas y voir une image de notre quotidien. Ken Loach ne veut rien cacher de l’ampleur de la tâche. Peut-être une invite à relever un nouveau défi pour agir sur le monde.

JMP

mardi 1 novembre 2016

l'âge de la jungle


L’âge de la jungle



Il y a eu l’âge de pierre, l’âge du bronze, l’âge du fer et puis il y a eu l’histoire avec ses hauts et ses bas et puis l’histoire s’est mise à hoqueter et puis il y a aujourd’hui, comme un retour à la case départ, l’âge de la jungle.

Des enfants, des femmes, des hommes, de toutes origines, de toutes les couleurs s’agglutinent dans des zones improbables au bord d’une mer, d’une ville, d’un pays dans l’espoir d’un départ impossible vers une terre susceptible de les accueillir et en attendant ils vivent la sauvagerie de la jungle. Ils n’ont rien ou si peu, si ce n’est une volonté forcenée de vivre. Paradoxalement Ils y retrouvent la sauvagerie du monde qu’ils avaient fui, la solitude de leur destin, des pouvoirs aveugles à leurs misères, la faim impossible à assouvir, la violence et  la mort qui rodent. Ils étaient prêts à tout tenter pour en sortir, à payer cher des fripouilles sans scrupules qui profitaient de leur errance  et se retrouvent à la porte de ce qu’ils voyaient comme un eldorado …dans un milieu tout aussi hostile. La jungle de Calais !

Un horizon indépassable

Une jungle que les pouvoirs publics, que la police, que les gouvernements successifs vident et détruisent régulièrement, mais qui se remplit tout aussi régulièrement de la même humanité souffrante. Comme si la jungle, sa loi, ses réalités, sa sauvagerie étaient devenues notre horizon indépassable. L’horizon indépassable d’un monde tourneboulé qui a oublié que l’histoire pour ne pas mourir se doit d’avancer. A Calais l’histoire s’arrête !

La jungle de Calais, au-delà des images bien réelles d’un bidonville, en viendrait presque à représenter pour moi aujourd’hui le tableau métaphorique et emblématique de notre incapacité collective à affronter notre destin face à un monde dont les lois, les règles, les usages dépassent notre entendement. Nous sommes comme les migrants de Calais dans un monde que nous savons riche, mais qui ségrégue, qui isole, qui marginalise les gens de peu, (même s’ils sont le plus grand nombre). Nous sommes exclus de la plus grande partie de ses bienfaits, nous sommes condamnés à la précarité, à la pénurie. Nous passons notre temps à nous bouffer le nez entre nous dans des querelles stériles, jusque parfois en oublier notre humanité, nous nous laissons trop souvent ballotter par des pouvoirs dont le visage essentiel est celui de la police. Nous avons appris à nous satisfaire du minimum vital qui nous est distribué avec parcimonie, nous avons accepté que la charité passe avant la justice. Nous deviendrions presque racistes.

Lanternés

Nous nous laissons lanterner par toutes les sornettes que de grands manitous nous racontent dans une petite lucarne qui détruit à petit feu notre esprit critique, qui anesthésie notre conscience. Nous perdons le sens du monde,  nous perdons parfois jusqu’au souvenir d’une vie normale faite de travail, de salaire, de droits pour nous arranger de petits riens qui deviendraient l’essentiel d’une vie vide dans l’attente d’un hypothétique sauvetage qui ne viendra jamais. L’idéologie de l’inégalité nous a phagocytés au point d’accepter l’arrogance des puissants. Nous serons remerciés pour notre abnégation, notre résignation, notre sagesse, tel un bon sauvage qui sait rester à sa place de peur de payer cher toute forme d’outrecuidance. La jungle de Calais est dans l’ordre de notre monde.

Un ordre à subvertir

D’où la seule nécessité qui  vaille : celle qui à Calais comme ailleurs se refuse à penser l’impensable, celle qui fonde la justice sur la conception la plus exigeante de l’humanité, de la liberté, celle qui ne recule pas devant l’impératif de subversion d’une société où les égoïsmes le disputent à la sauvagerie. Il faut détruire toutes les jungles, à Calais, comme ailleurs. C’est une tâche collective, solidaire, salutaire pour laquelle nos habitudes de luttes nous aideront. IL faut les détruire pour aujourd’hui et pour demain parce que la barbarie est faite pour durer si nous ne retroussons pas nos manches. Ensemble, camarade, avec tous les volontaires du progrès. « C’est un joli nom camarade », il aide régulièrement à (re)construire notre histoire humaine. Actuellement elle en a bien besoin.

Jean-Marie Philibert.

mardi 18 octobre 2016

l'amour l'amour


L’amour, l’amour…

L’humeur… L’humour… L’amour. Une lettre suffit à changer la perspective. Cette fragilité des mots me donne un sujet pour amuser, mais aussi émouvoir, les lecteurs du TC. En effet les medias bruissent des mots d’amour que François Mitterrand a envoyés pendant de longues années à celle qui fut sa maîtresse  (beurk, ce mot), à celle qui lui a donné une belle fille adultérine (rebeurk) Mazarine. Les mots de l’amour ne sont jamais neutres qui tentent soit de magnifier une relation (au nom des sentiments), soit de l’avilir (au nom de la morale).

Le superlatif

Dans les « Lettres à Anne » écrites pendant trente ans par le président-écrivain et que publient actuellement les éditions Gallimard, il s’agit bien sûr de  célébrer l’amour, un amour durable, fort, intense qui irrigue la vie et le cœur de celui qui dans le même temps exerce des fonctions de la plus haute importance. Quand on est ministre de la république, candidat malheureux à l’élection présidentielle, puis candidat heureux, puis président pendant deux septennats, quand on a incarné les espoirs de changement qui ont traversé la société française des années soixante, soixante-dix, quatre-vingts (après, l’espoir avait pris un coup sur la casaque) l’amour peut accompagner le pouvoir : il ne doit pas être simple qu’il ne s’y dissolve pas. Il est la liberté de l’intimité et c’est heureux. C’est d’autant plus heureux que François donne de la hauteur, du lyrisme, du rêve aux mots qu’il adresse à « son Anne très chérie ». Amoureux d’aujourd’hui n’hésitez pas à user du superlatif, même si les textos tendent peut-être à assécher les sentiments.

Changer la(sa)vie

« O désir de tes bras, de ton être, du feu et la houle, du cri qui nous dépose aux bords d’un autre monde… » La qualité littéraire de ces lettres est indéniable, l’humanité qui s’y exprime donne encore un peu plus d’épaisseur au personnage, de mystère à ce destin. Même si les renoncements, les manœuvres obscures, les promesses enthousiastes et déçues, une volonté unitaire à usage très personnel, l’ancrage pas tout à fait à gauche du parti socialiste, l’idéologie plus libérale que sociale qui l’animait nous ont amenés bien rapidement assez loin du slogan de 1981 « changer la vie ». Il est tout à fait possible de rester lucide sur le bilan politique des années Mitterrand et reconnaître que tisser au milieu  des soubresauts de l’histoire des relations compliquées et riches, leur donner une image qui peut déstabiliser la posture de l’homme public que l’on tente d’être relève d’un certain courage. Mais restons caustique : l’amour a plus changé sa vie, celle de sa compagne, de sa fille adorée que lui n’a changé la nôtre par son action politique quoi qu’il en ait dit.

« Peut-être l’amour est-il ce levain qui soudain éveille la matière et lui fait souvenir qu’elle contient en elle de nouvelles naissances ? » Les nouvelles naissances politique promises sont restées lettres mortes et les espoirs attendus ont continué à être des thèmes de discours sans retombées sur notre quotidien qui au fil des ans, au fil de l’approfondissement de la crise s’est transformé pour de larges pans de la société française en course d’obstacles et en vallées de larmes.

Le destin individuel et affectif des hommes qui ont le pouvoir et le destin collectif de ceux qui le leur ont confié ne sont pas du même ordre, mais ils ne sont pas sans résonances.

Le sens de l‘affectif

Et on peut voir du sens, d’un niveau plus ou moins élevé, dans ce que nous savons de leur vie affective. Ainsi ce que nous pouvons retenir du « Casse-toi Valérie ! Julie t’a pris la place…  sur le scooter» d’Hollande est à l’image d’un président qui me semble peu digne de sa fonction et des responsabilités qu’elle engage. Le Nicolas et son nouveau départ de quinquagénaire aux bras de la si jolie Carla me paraissent d’une tenue  plus bling-bling. Les rumeurs qui entouraient l’appétit de vivre d’un Jacques Chirac pouvaient faire rêver ceux qui n’avaient pas la même fougue. Quant à de Gaulle, il n’a eu qu’une femme dans sa vie : la France ! Et il lui a tout donné pour en faire sa chose, fût-ce aux détriments de la démocratie et du peuple.

L’intérêt des lettres amoureuses de François Mitterrand déborde d’une image étriquée de la vie politique dont nous sommes trop souvent prisonniers. La richesse de la vie, elle est aussi dans l’amour, dans les mots pour le dire « J’ai soif de cette région haute et pure où l’âme découvre son altitude. Tu m’y as souvent conduit »

Jean-Marie Philibert 


lundi 10 octobre 2016

drôle


Drôle …

La vie quotidienne, sociale, familiale, personnelle, politique peut être marquée du sceau de la drôlerie. Il nous arrive  de dire, de penser « c’est drôle ! » dans beaucoup de situations. Et même en bon roussillonnais (je ne crois pas que l’expression ait cours ailleurs), nous ajoutons « Oil ! C’est drôle ! » Nous pouvons même aller dans le cas de très lourde drôlerie jusqu’à« Oil-Oil-Oil ! Que c’est drôle ! »

Le plus drôle, le plus paradoxal, c’est qu’il peut arriver que la drôlerie ne soit pas drôle du tout et renvoie à la sinistrose ambiante. La drôlerie serait le nouveau viatique pour s’amuser de ce qui ne nous amuse plus. Mais qui peut avoir du sens. La preuve.

Tous ces pauvres

« -Vous avez vu madame Trucmuche tous ces pauvres devant le bureau de poste qui attendent l’ouverture pour toucher le RSA, ils faisaient la queue depuis plus d’une heure. Ils n’ont vraiment rien à faire. C’est drôle !

-Le plus drôle, madame Costeflouche, c’est que c’est notre argent qu’on leur distribue. Ils pourraient bien travailler, mais non, c’est drôle ils préfèrent attendre que ça leur tombe du ciel !

-Vous savez, ça ne me fait pas rire, quand je vois les impôts qui augmentent…

-Oil-Oil-Oil vous avez vu le fils de la voisine, madame Castagnole, la voiture qu’il a achetée, il est au chômage pourtant, c’est drôle…

-Moi à tous ces assistés, je leur couperai toutes les aides et je les mettrai au travail, ça leur ferait tout drôle…

-On vit une drôle d’époque, où on prend à ceux qui n’ont pas beaucoup comme nous pour donner à ceux qui ont encore moins, tout en permettant aux riches de l’être encore plus…

Ils sont drôles ces socialistes

-Ils sont drôles les socialistes ils font la politique des riches… et ils ont pas honte ! Et Hollande il serait prêt à continuer, même s’il nous fait celui qui n’a pas décidé… »

Madame Parvenu, dans sa toilette bling-bling, se mêle à la conversation :

« -Bonjour mesdames, je vous entends critiquer ce gouvernement, dire, du mal des riches et tout et tout…C’est votre droit, nous sommes en démocratie ; mais avec mon mari on a du bien parce que l’on a travaillé dur, qu’on a su faire de bons placements… et c’est drôle, je n’ai pas envie de protester moi ! »

Et la madame Costeflouche de penser très fort dans sa tête : Mon Dieu ! Mais pour qui elle se prend celle-là ! C’est drôle elle a pas été toujours aussi fière.

Macron, un drôle

« -Les socialistes, ils font ce qu’ils peuvent, et c’est drôle tout le monde leur en veut, mais ils sont drôlement compétents pour tous ceux qui veulent s’en donner la peine, comme mon Jordi de mari qui la fait tourner sa petite entreprise. Les gens n’ont pas encore compris que la droite et la gauche c’est presque pareil. Regardez Macron, il est beau garçon et il dit la même chose. Il ferait un président drôlement efficace. Il n’y a que ces drôles de coco pour encore croire le contraire… »

Et les drôles de coco

Un drôle de coco, en mission tractage sur le marché,  surprenant une aussi intense discussion politique ne peut se retenir d’intervenir dans ce drôle de débat : «  Oil ! Oil ! Oil ! C’est drôle, Mesdames, d’entendre autant de bêtises en si peu de temps… Mais le plus drôle c’est l’envie que ça me donne, moi drôle de coco, de renverser les lourdes bornes qui vous encombrent la tête. Et encore plus drôle encore, avec tous ceux qui souffrent, les drôles de coco veulent construire la nécessité d’un espoir, la volonté de rendre possible l’impossible et de mettre le monde et ceux qui l’habitent sur la voie d’une humanité digne. Et même ils ont demandé leur avis aux gens. Et même ils veulent un candidat commun pour le faire. Cela pourrait faire une drôle de révolution ! »

Jean-Marie Philibert




lundi 3 octobre 2016

le pire


Le Pire…

Certaines semaines l’énormité proférée par un puissant (ou prétendu tel) de ce monde est telle qu’elle met en branle votre humeur et vous êtes sur la bonne piste pour faire rire ou pleurer sur la sottise humaine qui est en général très équitablement répandue. C’est sans doute un des rares domaines où règne sinon une justice parfaite au moins un sentiment diffus que tout le monde y a droit, les nantis et les moins nantis. Ainsi la semaine dernière les exploits « historiques » de Nicolas Sarkozy qui ne pouvait concevoir la France que gauloise. Ce sont là des perles précieuses pour les billettistes et nous fûmes nombreux à gloser.

Une semaine tristounette

Côté «  perles » la semaine passée fut plus tristounette : certes le débat sur l’identité se poursuit avec véhémence, mais les propos sont un peu moins caricaturaux… Et sur la question, Juppé se démarque de son rival à la primaire de la droite pour donner une leçon de sérénité et d’ouverture, un peu inhabituelle (il faut soigner sans doute son image de présidentiable). Et écrivant cela, j’ai sous les yeux la une d’un quotidien du week-end qui confirme des propos entendus dans un repas d’amis électeurs de gauche et désolés devant une campagne où la gauche avait beaucoup de mal à sortir de la panade. « Ecoutez, je ne veux pas voir Sarko revenir au pouvoir, je ne veux pas que la Marine  nous entraîne à la catastrophe, j’irai voter à la primaire de la droite pour Juppé… » Et le quotidien en question fait mention de centaines de témoignages sur son site qui pour ne pas avoir à choisir au second tour entre un candidat d’extrême droite et un candidat de droite extrême vont se précipiter à la primaire de la droite, pour choisir le candidat de droite présentaple, même s’ils sont à peu près sûrs que les orientations politiques mises en œuvre seront celles d’une droite pure et dure  qui a fait du libéralisme le plus échevelé son système de valeurs.

Le nouveau slogan : éliminez les plus pires choisissez les moins pires.

La désolation ?

Quant aux valeurs de justice, de démocratie, de progrès social, d’émancipation, à quoi bon se décarcasser pour remettre dans le paysage ce que le quinquennat de François Hollande a fait disparaître, a combattu, matraque à la main, souvenez-vous de la lutte contre la loi Khomry. C’est à un spectacle de désolation que nous sommes confrontés pour tout ce qui concerne les perspectives de changement social. Les tentatives pour faire taire le syndicalisme de contestation, de transformation sociale sont systématiques… et pourtant la bête bouge encore, illustrant une volonté de ne rien céder et une aspiration à inscrire la justice dans le réel. El pueblo unido.

La tâche de l’heure est dans cette démarche, pas dans l’intrusion dans les bisbilles d’une droite dont on sait par avance ce qu’elle signifiera comme nouveaux reculs sociaux, pas dans les tentatives de survie ou de ré oxygénation de candidats socialistes qui ont trahi les engagements pris, pas dans les illusions qui peuvent naître de toute intrusion d’un homme providentiel, d’où qu’il vienne.

L’urgentissime…

La tâche urgentissime, c’est l’appel citoyen à sortir de la panade par le haut, par le rassemblement, par le débat, par la prise de parole pour dire que le temps de la résignation n’a que trop duré, que celui de la souffrance sociale est fini, qu’il est grand temps d’en finir avec l’exploitation du plus grand nombre, avec l’exclusion des plus fragiles, avec la discrimination de tous les différents… De la prise de parole à la prise du pouvoir le chemin ne sera pas facile, mais si nous ne le prenons pas, il ne se passera rien. Non ! Je viens d’écrire une bêtise : il se passera pire.

Jean-Marie Philibert.

dimanche 25 septembre 2016

être ou ne pas être astérix


Etre ou ne pas être…. Astérix



Le propre de l’enfance est de faire une grande place au rêve, à l’imaginaire, de percevoir ces élucubrations phantasmées comme quasi réelles et d’y croire même si elles sont aux antipodes de ce que l’on est, de ce que l’on vit, des contraintes familiales, personnelles dont, à ce moment-là de notre vie, on se moque totalement. Place au rêve donc.

Ainsi en ce qui me concerne je me suis longtemps rêvé un destin à la Tarzan, beau comme un dieu dans ma musculature  d’athlète bodybuildé, vêtu d’une peau de léopard qui ne cachait rien de ma plastique, vivant dans la forêt tropicale, au milieu des bêtes sauvages qui me respectaient, d’une agilité folle pour sauter d’arbre en arbre. Malheureusement, j’étais maigre comme une « tchiringue »,  j’étais dans la nature d’une maladresse insigne et j’avais peur des chiens, ne parlons pas des bêtes sauvages. De la pure chimère…

Le phantasme de Nicolas

Le petit Nicolas, vous savez celui qui il y a quelques années a « fait » président avant d’être renvoyé dans ses foyers et qui maintenant tente de se mettre dans les starting-blocks pour le « refaire » à nouveau, vient au cours de la campagne des primaires qui agite la droite de nous révéler son phantasme à lui. C’est d’être gaulois, de penser gaulois, de s’habiller gaulois, de parler gaulois, de vivre dans un monde de gaulois où il ne pourrait y avoir que des gaulois de pure souche, ou si bien assimilés qu’ils seraient plus gaulois que les gaulois. Cet amour forcené de la Gaule lui venait des seules lectures qu’il était, enfant, en mesure de comprendre (en partie), les BD d’Astérix, et de leur personnage emblématique Astérix soi-même, le roublard, l’axurit comme on dit ici. Et devinez pourquoi.

 Oh que non ! Tu n’es pas Astérix

L’intelligence de Nicolas était si médiocre que ses parents le brocardaient souvent à chaque sottise qu’il pouvait dire ou faire : « Tu admires les gaulois, mais tu n’es pas Astérix, oh que non ! » De là une obsession va le hanter : être Astérix, être plus fort que tous les autres grâce à la dope du druide, être encore plus fort grâce à son copain Obélix, être le lider maximo de son village et surtout, surtout, faire la preuve 24 heures sur 24 et 7  jours sur 7 que la puissance de son esprit est telle que rien n’est en droit de lui résister, qu’il sait tout sur tout, qu’il est le firmament des élites, qu’il est digne de tous les pouvoirs dans un monde uniquement peuplé de gaulois.

 La puissance des phantasmes de l’enfance transcende le temps ; et à suivre le parcours de l’impétrant dans la campagne des primaires on se dit qu’il reste quelque chose d’un Astérix raté. Il écrase ses petits copains avec des arguments de bas étages. Il fait du bruit pour faire croire qu’il pense et pour que les journaux parlent de lui. Devant tant de niaiseries ses concurrents ont du mal à se mettre au niveau. N’est pas Astérix qui veut !

De vrais Astérix

Il n’est pas inutile de mettre un peu d’humour dans un contexte politique passablement plombé : j’y vois même une nécessité. Le déferlement médiatique en cours, primaires à droite, à gauche, stratégie mélenchonesque, promesses de macronisation, ripolinage de la maison Le Pen, plus tout ce qui peut encore se tramer en coulisses,  seraient à pleurer si le réel devait confirmer nos inquiétudes. Mais dans les affaires politiques le prévisible peut aussi rencontrer l’imprévisible, surtout si du fin fond des villages gaulois se mettent en branle des Astérix, des vrais, de toutes les couleurs pour dire que notre avenir est entre nos mains et que nous ne lâcherons rien.

Jean-Marie Philibert.




samedi 17 septembre 2016

oh carole


Oh Carole !

C’est pas bien de s’entêter ! C’est pas bien de faire celle qui n’a pas compris et qui ne veut pas entendre ce que dit une population dont le conseil régional que tu diriges a la charge ! D’autant qu’il y a parmi les gens qui te reprochent de leur imposer un nom « l’Occitanie » qui est pour eux à la fois une aberration géographique et historique des sympathisants dont je fais partie, qui ont voté pour toi et ton équipe et qui étaient prêts à te faire confiance. Mais non ! Tu as l’air de t’en moquer ! Tu « gouvernes » comme Valls et tu n’aimes pas que ça rouscaille. Tu es vexée peut-être ?

Ni imbécile, ni couillons

Tu croyais avoir tout bien fait, une large discussion, une consultation internet, un débat sérieux. Et patatrac ! De l’extrême sud de la province monte un vent de révolte des plus légitimes qui te rappelle vigoureusement que les catalans ne sont pas occitans, qu’il y a même eu une frontière qui les a longtemps séparés, qu’ils n’ont pas envie de devenir ce qu’ils n’ont jamais été. Tu sembles ne pas prendre la chose avec suffisamment de sérieux : les réponses dilatoires que tu fais le prouvent. Tu es hors sujet. Comme tu n’es pas une imbécile, tu le fais exprès.

Mais ici aussi, même s’il nous arrive d’être rugueux et mal dégrossis, nous avons le comprenoir qui fonctionne bien, et quand on nous prend pour des couillons cela ne nous fait pas plaisir.

Légitime ?

Venons-en à l’essentiel et posons quelques questions embarrassantes. Sur la gestion d’une région, d’abord, est-il légitime de ne pas prendre en compte une des composantes essentielles que constitue un département qui a son histoire, ses particularités, sa langue, sa culture et de l’intégrer dans une entité nouvelle qui est le fruit d’un découpage quelque peu artificiel ?  Est-il légitime de mettre ainsi en œuvre des réformes institutionnelles qui éloignent les lieux de décision et de s’asseoir sans autre forme de procès sur les protestations larges d’une population qui entend défendre un autre point de vue ? Est-ce cela la vie démocratique d’un pays ? Sans doute à l’ère de la loi El Khomri, le modèle vient d’en haut. Sans doute dans une république qui est plus monarchique que républicaine, les petits monarques locaux vont proliférer et rejeter tout partage du pouvoir. Tes débuts à la tête de la région augurent mal de ton attachement à une vie démocratique intense dans laquelle les populations ont quelques chances de se reconnaître.

Une fart de riure … jaune

Tes réponses après la manifestation perpignanaise provoquent dans mon mauvais esprit bien sûr, une « fart de riure »… jaune. Tu nous proposes un contrat d’avenir qui couvrirait tous les champs économiques, mais tu n’es pas prête à faire la moindre concession sur le nom dont tu veux nous affubler et qui nie ce que nous sommes. Tu reconnais la légitimité de la culture catalane, tu veux lui donner un nouveau souffle et dans le même temps tu t’enferres dans une décision qui la fait passer à la trappe. Là où nous voulons défendre une identité, tu t’en tires en proposant une signalétique, comme la droite qui s’empresse de peinturlurer du catalanisme un peu partout pour dévoyer une aspiration à exister pour ce que nous sommes.

Le tout, excuse-moi de te le rappeler sur un fond de crise grave et profonde. La situation de l’emploi dans le département est dramatique, la précarité est la norme, les divisions sociales y atteignent des sommets, quant à l’économie, l’agriculture, cela végète. Le tissu industriel est dans les oubliettes. Et si l’on s’attache tant à se dire catalan, c’est peut-être parce que c’est la chose qui reste quand on a perdu beaucoup.

Etre reconnu

IL faudra plus que tes déclarations généreuses pour en sortir, quant à  ton sourire un peu figé et contraint, à ton ton pète-sec ils n’y changeront rien. Il faut qu’il y ait « catalan » quelque part.. dans le nom de la région. Débrouille-toi ! Ce dont témoignent les milliers de manifestants de Perpignan, même s’il est possible d’y voir des ambiguïtés, de  la manipulation, un peu de folklore, c’est une soif d’être reconnu pour ce que l’on est et pour ce que l’on représente : des citoyens…catalans dans leur diversité qui veulent, comme on disait fa tems, pouvoir vivre et travailler ici.

Jean-Marie Philibert.


lundi 12 septembre 2016

tu quoque mi fli


Tu quoque mi fili

« Tu quoque mi fili », ce sont les paroles de César apercevant Brutus, qu’il considérait comme son fils, parmi les conjurés qui se préparent à l’assassiner. Toi aussi mon fils ; tu me trahis, moi qui t’ai fait ce que tu es devenu.

Des situations qui ne sont pas sans similitudes

Toute proportion gardée  lors de l’entrevue au cours de laquelle Macron est venu annoncer à Hollande qu’il quittait l’équipe gouvernementale où il était le chouchou du président, c’est la pensée que j’ai envie de prêter à Indécis Premier. Non pas que le parallélisme entre l’impérator romain et la mollusque française soit très parlant. Mais les situations ne sont pas sans similitudes : Hollande a sorti Macron des milieux d’affaires où certes il faisait copieusement son beurre et celui de son patron Rothschild pour le propulser dans l’antichambre du pouvoir, à l’Elysée dans le tout premier cercle de ses conseillers, il en a fait ensuite son ministre, qui faisait de l’ombre à tous les autres, qui avait des idées et des projets sur tout et qui avait les dents qui raclaient le sol jusqu’à envisager d’être calife à la place du calife. Le meurtre symbolique du père putatif (ce n’est pas un gros mot) est le passage obligé. Nous y sommes.

Ce qui peut surprendre dans cette situation, c’est le  décalage que l’on peut percevoir entre la lucidité et la colère de César devant une trahison qu’il a du mal à admettre et la plasticité du père François qui fait mine de ne rien voir du crime de lèse-majesté qui se trame contre lui au pire moment. Bizarre ! Bizarre ! Nos démocraties n’utilisent plus les coups de poignards dans le dos, mais ici c’est tout comme.

Y aurait-il anguille sous roche ?

La lutte, dans l’arène, pour les prochaines présidentielles, est bien lancée. Les couteaux sont sortis. La droite fourmille de candidats qui, de peur d’être débordés sur leur droite,  font dans la surenchère sécuritaire, dans le libéralisme le plus sauvage, dans l’ostracisme et le racisme ambiants (merci le burkini !). L’extrême droite n’a rien à faire : elle laisse monter les peurs et tente de faire oublier ce qu’elle est vraiment, du facisme pur jus. Elle cache, pour le moment, ses couteaux. Autour du PS, ça s’agite ferme, les armes s’aiguisent et les vocations sont multiples. Mélenchon ne fait que du Mélenchon. La nécessité d’une démarche unitaire et convergente ne semble préoccuper que Pierre Laurent, il est un peu seul, mais il a avec lui les milliers de participants de la Fête de l’Huma. Les médias ont un faible pour Macron qui vire volte dans tous les sens  pour mieux brouiller les pistes et n’être jamais à sa vraie place : celle du traitre. Mais l’est-il vraiment et qui trahit-il ?

Le monologue de François

François, lui,  hésite, « j’y vas, j’y vas pas, mais je n’ai pas fait de grosses bêtises, juste quelques petites turpitudes, quelques oublis. J’ai bien tenu mon rang. Certes depuis le Bourget, j’ai bien trahi un peu moi aussi. Mais c’est ça la politique. On nous l’apprend bien à l’ENA. L’électeur, lui, il  a pas fait l’ENA : il ne sait pas que la trahison est à la politique ce qu’est l’aïoli est à la cargolade. Il peut pas comprendre Macron qui lui connaît bien son histoire de la traitrise. Moi, je le comprends. Moi, je vois tout ce qu’il peut apporter à un monde troublé comme le nôtre. Je garde de la sollicitude paternelle pour sa naïve candeur. Et je me dis que, grillé comme je suis, il peut peut-être faire un candidat presque présentable pour quelque chose qui ne serait pas la gauche, ni le PS (que j’ai copieusement contribuer à dézinguer), mais qui pourrait poursuivre dans la voie que j’ai si bien tracée,  des risettes et des cadeaux à Gattaz, des larmes pour le monde des travailleurs et des chômeurs réunis, un avenir plombé pour une jeunesse qui n’en peut plus… Non non ! Macron n’est pas Brutus, il ne tue pas le père, il le continue. Tu quoque mi fili ! Toi aussi mon fils !  Tu tromperas ton monde ! »

Jean-Marie Philibert.

dimanche 4 septembre 2016

Terre ! Terre !


Terre ! Terre !

Parmi les manifestations qui titillent mon esprit critique, il en est une qui se répand de plus en plus, qui se met à toutes les sauces, qui encombre les medias à toutes les occasions : c’est l’omni présence des cieux, des préceptes divins, des livres sacrés et de ceux qui sont chargés de nous les faire comprendre, admettre, croire (avaler ?). Les circonstances s’y prêtent peut-être, mais est-ce la bonne réponse ? Les clergés en tous genres se voient ouvrir toutes grandes les portes de notre conscience pour nous laisser croire que la voie du religieux est incontournable, inévitable, que tout être normalement constitué y a sa part. Certes tout n’est pas équivalent, chacun a sa vérité, il ne faut pas sombrer dans le fanatisme et les intégrismes, mais notre identité passe par là. La transcendance se rappelle à notre souvenir.

Et le divin ?

Regardez nos villages construits autour de nos églises. Observez l’attachement de toutes les communautés à leurs petits jésus à elles. Voyez comme toutes ces croyances apportent une lumière salutaire à toutes nos inquiétudes, celles du moment, mais aussi plus profondément à celles de la quête des sens de la vie. Faut-il n’y voir que de l’atavisme ? La laïcité, c’est bien beau, mais elle a ses limites et tous les laïques se disputent entre eux pour savoir si elle doit être ouverte, fermée, traduisez gentille ou méchante. On ne peut que lui faire une confiance très limitée. L’agnosticisme, quant à lui, n’est d’aucune aide, puisqu’il nous jette sans protection dans l’inconnu et l’inconnaissable. Quant aux zathées, il faut tous les courages du monde pour nier tous les dieux en bloc et, en faisant cela, jeter aux gémonies des pans entiers de ce qui a fait et fait, pour beaucoup, encore notre humanité, le divin. Alors, alors, alors ?

Il semblerait que nous n’ayons d’autres ressources que de nous laisser embarquer par la déferlante de religiosité qui risque de nous submerger. Quitte à raviver quelques guerres de religion. Voire…

Le ciel à sa place

Notre histoire, ses péripéties, ses luttes nous ont donné des outils pour laisser à leur place les religions : il faut dire que du Catharisme à la Saint-Barthélemy en passant  par l’Inquisition, de la monarchie de droit divin, des sacres dans la cathédrale de Reims des rois de France, à leur enterrement dans la basilique de Saint-Denis, la place prise était telle qu’il a fallu deux siècles depuis les philosophes des Lumières pour remettre le ciel à sa place ( au ciel !) et nous donner l’occasion de mener la vie que nous souhaitions, librement, ici, sur terre, avec le ciel, ou sans lui. Comme nous le choisissons ! Nous y sommes (ou nous y étions ?).

Ce fut un combat politique, ce fut aussi, en partie, un combat de classe. Cela reste un combat pour la liberté dont les violentes circonstances présentes nous disent qu’il n’est jamais fini, qu’il n’est jamais facile, et dont il faut constamment craindre des effets réducteurs.

Partout

Parmi eux la schématisation du religieux est à l’œuvre souvent dans les embrigadements contemporains, d’autant plus efficaces qu’ils s’adressent à des générations sans connaissance véritable dans ce domaine.   L’aspiration des femmes et hommes à affronter les mystères de leur vie,  à comprendre le destin d’un univers que l’on habite, à tenter de s’approcher au plus près d’une révélation possible si elle existe est absolument légitime ; même si nous sommes conscients que pour toute certitude nous n’aurons que notre intime conviction. Je crains que ce ne soit pas exactement l’ambition des campagnes actuelles qui me donnent le sentiment de tenter de remettre le ciel partout, à l’occasion des évènements troubles que nous vivons et où il sert bien. Pour mieux cacher le racisme ordinaire, l’exclusion, la ségrégation, la barbarie de l’argent, la haine … qui ne nous concernent pas. Non ! Non ! Non ! Chut ! Le ciel !

La société prend l’eau de toute part, le combat quotidien a besoin de toute notre attention, de tout notre engagement et nous ne finirons jamais d’en finir avec le ciel.

Une urgence absolue : le retour sur terre ! Terre ! Terre !

Jean-Marie Philibert


lundi 22 août 2016

des vacances ????


Des vacances ????

J’ai gardé un souvenir angoissé des débuts d’après-midi des journées des grandes vacances où il fallait s’adonner, sous l’œil vigilant d’une famille qui ne rigolait pas avec ça, aux plaisirs indicibles des devoirs de vacances. Bien sûr tous les subterfuges pour reculer le moment de l’épreuve avaient été utilisés… en vain. « Jean-Marie ton avenir en dépend ! » Et si l’injonction ne suffisait pas, une conduite musclée à la table de travail faisait le reste. Pour mon malheur, les résultats scolaires suivaient honorablement, ce qui justifiait que chaque été il fallait recommencer le même pensum, à la même heure, et avec le même désir de ne rien foutre.

Avec les petits copains du tc, on a gardé nos âmes d'enfant, mais les devoirs de vacances n’existent plus.  On  met la clef sous la porte en attendant que les chaleurs s’apaisent. Et on attend la reprise. Elle est là, il faut donc s’y mettre. Mais les bonnes (ou mauvaises) habitudes prises pendant une jeunesse studieuse ont fait que je n'ai pas totalement mis l’esprit au repos, que le monde ne cessant pas de fournir des motifs divers de râler, de s’émouvoir, de se révolter, de s’indigner et de se moquer aussi, dans ma tête se sont écrits quelques ébauches de billets d’humeur que j’ai envie de vous faire partager.

Vous connaissez dans Charlie Hebdo « les unes auxquelles vous avez échappé », voici dans le tc les billets d’humeur auxquels vous avez presque échappé. 

Le Burkini

Commençons par l'actualité la plus prégnante, ils ne parlent que de ça. Chacun y va de son couplet. Se baigner en burkini, c'est impensable. Le  prophète le veut. Alors écoutons le prophète, mais les fondements de la république vont vaciller parce que c'est un signe ostentatoire. Jusqu'au premier ministre pour dire qu’il faut interdire. Quant au Maire du Touquet, il n’en a pas vu, mais il a interdit quand même. L'été avait très mal commencé à Nice en tragédie sanglante et  collective, à Saint-Etienne du Rouvray, avec l'épisode du burkini il se termine en farce. Malheureusement ils sont nombreux à cause d'une dérive xénophobe, bien utile pour occuper les esprits, à tout mélanger. Pendant ce temps ceux qui ont fait du racisme ordinaire leur fonds de commerce attendent patiemment que leur escarcelle se remplisse.

Les primaires

Il y en a des multiples qui à droite, mais pas seulement, aimeraient qu'elle se remplisse : ce sont les candidats nombreux aux primaires qui se préparent à briguer l'investiture de leur camp en tentant l'impossible : faire la démonstration qu'ils sont les meilleurs et que leurs concurrents sont des moins que rien. J'ai le sentiment d'une pantalonnade à l'américaine qui est à la démocratie ce que l’occitanie est au pays catalan, totalement étrangère. Mais dans le même temps l'isolement grinçant dont se drape Mélenchon m'inquiète par son aveuglement nombrilique ou lesque. D'autant plus que les luttes récentes ont montré que les citoyens de ce pays sont très loin d'être insensibles aux démarches collectives. Ils veulent jouer groupés, rassemblés. Pourquoi pas toi, Jean-Luc, avec d’autres.  C’est pas péché d’être un peu modeste et unitaire ! La complexité de la situation est sans doute riche de potentialités. Les optimistes disent que la raison finit toujours par triompher ! Et que dit la lucidité ?

En vrac

Que les Pokémons sont en train de nous envahir : ils sont partout. Ce n’est pas dit que ce soit pour notre bien. Plus nous nous nourrirons de réalité virtuelle à deux balles, moins nous penserons à descendre dans les rues de la vraie vie pour en rabattre aux puissants qui ne rêvent que de nous escagasser. La preuve par la Turquie, où Erdogan peut prétendre au titre de grand escagasseur. Chaque été voit surgir un tyran nouveau : c’est sans doute lié au mouvement des saisons et à la chaleur estivale. Pour nous dans l’hexagone, nous n’en sommes pas encore là, nous restons dans l’ère des bouffons et nous venons d’apprendre par voie de presse que le plus jeune et le plus beau des bouffons n’est pas socialiste. Il s’agit vous l’avez deviné d’Emmanuel Macron. Vous vous en étiez rendu compte qu’il n’était pas socialiste, vous ?

Pendant que les farces nous poursuivent, les tragédies sont en embuscade : ainsi la bouleversante photo du petit bombardé d’Alep. Image de l’inhumaine condition dont il serait bon de se souvenir que les responsables existent.

Jean-Marie Philibert.