les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 13 décembre 2021

Paroles de virus

 

Paroles de virus

 

L’actualité n’est pas enthousiasmante : pandémie, fermeture d’usines, blocage du pouvoir d’achat, coups portés à la démocratie, aux droits sociaux, services publics en souffrance, Macron en nouveau empereur européen, migrants à la mer, Zémour qui s’y croit, la droite qui y croit et la gauche qui poursuit sa course vers un mur sur lequel le risque de s’escagasser est réel.

Mon optimisme naturel se bat tous les matins avec ma lucidité, mais là, il prend des coups. Je pense qu’il faut raison garder sans se raconter les seules histoires qu’on a envie d’entendre, mais en cherchant à creuser les choses, ou à s’élever au-dessus d’un horizon plombé.

 

Au dessus de l’horizon

 Et au-dessus de l’horizon il y a les galaxies. Il y en a de toutes les couleurs, de toutes les opinions. Il y en a même une qui est constituée de tous les virus qui depuis la nuit des temps ont comme une fascination pour notre pauvre planète : ils viennent sans se montrer nous voir de temps en temps, ils aiment bien nous taquiner, nous refiler une petite chtouille par-ci, une grippette ou une grippasse par-là, parfois nous envoyer ad patres.

Je me plais à imaginer ce que ces bébêtes-là se racontent de nos prétentions, de nos inquiétudes à un moment où elles ont décidé de nous pourrir la vie.

Mon iPhone dernier cri, grâce à la 5, à la 6, à la 7 G me permettra peut-être de capter leurs conversations interstellaires… Ça marche !

Ma conscience journalistique m’impose de ne pas taire ce que j’entends.

Ecoutons

… «  Ces humains sont insupportables… Ils se sont pris pendant des siècles pour le centre du monde… Ils ont inventé un peu de sciences (si peu)... Mais ils n’ont pas compris qu’elle ne leur a pas tout dit… Ils nous ont envoyé des vaccins pour nous embêter… Nos réserves sont inépuisables… Qu’est-ce qu’ils croient ? Moderna ! Pfizer ! Astra Zenéca ! Même pas peur ! Ils ne savent pas que nos variants sont justement faits pour varier et pour leur compliquer la tâche… En plus tous les soirs ils nous donnent à la téloche les informations qui nous manquent pour atteindre notre but. Ils se prennent tous pour de grands infectiologues. La cerise sur le gâteau pour nous, c’est que le plus souvent ils ne sont d’accord sur rien… Les antivax bavent sur les provax… Les riches ne veulent pas donner de vaccins aux pauvres. Il faut protéger les vieux ! Non les jeunes ! Il faut fermer les écoles ! Non, il faut les ouvrir ! Il ne faut pas danser pour noël ! Les pauvres !  C’est vrai on est dur avec eux, on n’est pas très humain…

Humains ?

Mais au fond les humains ce sont eux et ils ne nous donnent pas beaucoup l‘exemple, ils parlent de justice, de solidarité et ne la pratiquent qu’à l’occasion. Ils nous reprochent de tuer sans pitié, mais ils ont inventé des armes de destructions massives. Ils salopèjent la nature à qui mieux mieux et ils prétendent la protéger. Il y en a parmi eux qui ne sont obsédés que par l’idée de s’en mettre, toujours plus, plein les fouilles… Ils pensent même que nous les virus, on va les aider !...

 Bien sûr ce sont les mêmes qui nous font la morale… Ils se servent de nous comme d’une mauvaise conscience qui ronge tout ce monde de l’intérieur pour l’inciter à rester sage. » …

 

Ils ne renonceront pas

Un virus moins stupide que les autres fait entendre sa voix fluette ;

« On est des imbéciles…On mélange tout… on est bête comme des virus sans empathie et sans intelligence. On participe sans vergogne du désordre de la nature. Macarel ! Un destin de propagateurs de malheurs  qui se heurte à une farouche résistance… »

-Eh oui !  Virus de mes deux, il y a ici des gens qui souffrent et qui luttent, des tonnes de courageux qui ont toute la richesse et la complexité l’humanité en bandoulière et qui ne renonceront jamais à la défendre.

 

Jean-Marie Philibert.

vendredi 3 décembre 2021

lundi 29 novembre 2021

Faut-il que la SECU devienne grande ?

 

Faire « grandir » la sécu : pourquoi ?

 

L’idée d’une extension du régime de base de la sécu est relancée par le pouvoir

Il y a des chances ? des risques ? que nous en entendions parler bientôt dans le cadre de la campagne présidentielle de Macron : un projet de Grande Sécu. Véran y travaille quand la pandémie lui donne du temps, des rapports sont en préparation avec des fuites régulières pour préparer les esprits, pas nécessairement pour les éclairer. De quoi s’agit-il ?

Actuellement

Actuellement pour faire face à vos dépenses de santé, vous avez l’assurance-maladie obligatoire et pour beaucoup d’entre vous une complémentaire santé (pour 96% de la population). L’assurance obligatoire est alimentée par vos cotisations salariales, mais aussi par la CSG. Les versements aux complémentaires sont dépendants du choix de la complémentaire et des options choisies. Vos remboursements émanent de ces deux organismes. L’objectif affiché est dans un souci d’économie, de rationalisation de faire prendre en charge par le régime de base de la sécurité sociale une partie importante  des remboursements  assurés par les complémentaires (ticket modérateur, dépassements d’honoraires,  lunettes, prothèses, séjour à l’hôpital…). Cette construction duale coute cher, suppose un double traitement, des frais de gestion importants, des inégalités. Des perspectives très vertueuses et peut-être séduisantes pour des défenseurs de la sécu.

Attention

Si ce n’est que cette grande sécu ne pourra pas débourser plus d’argent qu’elle n’a, qu’il n’est rien dit de ces ressources qui par l’impôt ou les cotisations ne viendront que des assurés eux-mêmes, que le souci de peser  sur les niveaux de remboursement sera constant, ainsi que la tentation de réduire son intervention à la portion congrue.  Ce qui reste de gestion syndicale de la sécu passera sans aucun doute à la trappe, et la sécu s’éloignera un peu plus du monde du travail. Les aménagements apportés par les complémentaires ne seront plus possibles face à une telle étatisation du système qui nourrit les craintes des syndicats, des professionnels de santé et des mutuelles elles-mêmes dont ils ne faut pas oublier qu’elles furent avant  1945 des institutions qui ont servi de berceau à la Sécu.

Par contre ce projet qui pourrait être au cœur d’un second mandat de Macron met dans le paysage des ambitions déjà préalablement au cœur de la réforme des retraites : une prétention à l’universalité qui ne coûte pas grand-chose, et peut-être à une tentative de séduction (d’enfumage ?) d’un électorat sensible aux questions sociales. Avec le TC vous êtes prévenu.

Jean-Marie Philibert.

 

no pasaràn

 

No pasaràn !

Les grands patrons ne sont plus ce qu’ils étaient ; des sangsues attachées à nous vider de notre force vitale pour remplir leur tiroir-caisse. Je m‘exprime mal, non, pompeurs de sang, ils le sont, et le restent, mais ils cherchent à enrichir leur panoplie de patron. Dans les signes extérieurs de richesse, rien n’a changé, dans le copinage avec les têtes couronnées ou pas de ce monde, non plus, ils adorent les palais.

Nous modeler

Mais la grande nouveauté réside dans la prétention à se prendre pour des magiciens capables de  faire penser le bon peuple comme’ils veulent le voir penser, à  faire voter l’électeur comme ils l’entendent, à nous modeler à leur guise. Pour cela il leur faut investir la sphère publique, descendre dans l’arène.

Il fut un temps où l’économie, la finance étaient leurs seuls domaines, aujourd’hui, devant les risques de perdre de leur grandeur sans doute, ils font dans l’idéologie, la com., l’information, la politique. Ils ne font plus confiance à toutes les chapelles/lanternes qui prétendent nous éclairer dans ces temps troublés. Les outils médiatiques donnent une toute-puissance à celui qui les possède. D’où la présence de milliardaires de toutes catégories à la tête d’empires médiatiques qui s’en prennent quotidiennement à notre conscience, à notre intelligence, à notre liberté qui, pour eux bien sûr, comptent pour du beurre.

Le Boss tire les ficelles

On a pu un temps parler de connivence entre les acteurs politiques, médiatiques et les abonnés du CAC 40. C’était une réalité ! Les évolutions les plus récentes montrent qu’on franchit à grande vitesse des étapes qui mettent en cause la démocratie. La connivence devient osmose Les Boss tirent aujourd’hui les ficelles.

Pour preuve : Vincent Bolloré se paie  la présidentielle !

Bolloré, vous connaissez, un homme d’affaire, un industriel, un propriétaire de médias… et un milliardaire. Il doit beaucoup à sa lignée, papa était industriel, sa maman descend de la haute aristocratie financière. C’est un catholique actif. Il a investi dans la papèterie (un temps il s’est même offert JOB), dans les transports et la logistique, en .Afrique en particulier. Il se lance dans les medias, la publicité, la communication : Havas, Direct 8 qu’il vend à Canal +. Il devient le premier actionnaire de Vivendi, se lance dans l’édition, Nathan, Robert  Laffont, Plon, Presse de la Cité… Universal Music… Canal + qu’il met au pas…

Les guignols de l’info passent à la trappe, les documentaires dérangeants  restent dans les placards. Il place un peu partout  ses « Yesman », des amis à l’échine si souple qu’il ne savent dire que : oui patron ! Accessoirement il s’offre Paris Match et le JDD. Il a aidé Sarkozy. Avec Macron, il y aurait comme du désamour. Et comme on le raconte de plus en plus, il rêve de le dézinguer.

Pour que ça tourne complètement à droite extrême

Sa carte sera Éric Zemmour qu’il lance sur CNews une petite chaîne d’infos en continu à laquelle il a donné un nom à l‘américaine. Zemmour y est invité tous les jours, ses thèses  sont sans cesse reprises. Le déclin de la France, le grand remplacement, haro sur les immigrés, vive Pétain…

Les sondages  voient d’un bon œil ce raid politique, ils sont payés pour ça. Bolloré et Zemmour, qui est la voix de son maître, se téléphonent quotidiennement. La machine à décerveler est en marche, Bolloré après des choix antérieurs politiques plus présentables, mise sur le pire, pour sauver la France, l’Occident chrétien et tout le toutim. Virage à la droite extrême avec l’espoir de nous entraîner dans un sillage déjà préparé par la famille le Pen, mais en plus raide.

Dans les temps troublés, durs et incertains, le patronat n’a jamais hésité, pour préserver ses intérêts (le tiroir-caisse) à s’asseoir sans vergogne sur les valeurs de démocratie, de justice, de solidarité, à entonner, ici par Zemmour interposé, les rengaines les plus éculées du pétainisme, à enterrer la république.

Comme s’il fallait une nouvelle fois anéantir à jamais l’espoir d’une autre vie possible.

Ces gens-là sont indécrottables… No pasaràn !

Jean-Marie Philibert.

dimanche 14 novembre 2021

panpancucu

 

Tout seul

Macron a parlé…D’abord il y a la forme, elle a du sens. Tout seul face à une caméra qu’il fixe pour donner le sentiment qu’il nous regarde dans les yeux et crée ainsi une relation personnelle. Le monologue est lent, cadencé, avec un verbe choisi, mais accessible à tous, à la fois faussement modeste et ambitieux, toujours sûr de lui. C’est sans doute Bribri qui a formaté la posture, le débit, l’intonation présidentielle, faite pour en imposer.  Plus besoin de journalistes entre le président et nous, plus besoin de mise en scène visible. Les paroles, les décisions le pouvoir personnel à l’état brut.

Ils n’ont pas tous un lider aussi fortiche

Dans ces temps préélectoraux, il est essentiel de donner l’image d’un chef d’état déterminé à le rester, même s’il n’en a encore rien dit. D’où l’accent mis sur ce qui reste une préoccupation majeure des Français la pandémie, la cinquième vague de Covid 19, sur son rôle de chef de guerre qui a déjà su en partie maîtriser l’ennemi et sur sa capacité à nous mener à la victoire définitive, beaucoup plus efficacement que les pays qui nous entourent,  qui, sous-entendu, n’ont pas la chance d’avoir à leur tête un lider aussi fortiche.

Et donc sur ce chapitre, une annonce attendue : les risques qui persistent (augmentation du taux d’incidence et remontée des hospitalisations) et la capacité à y faire face, et en particulier pour les plus de 65 ans et les personnes co-morbides imposent la nécessité d’une troisième injection de vaccin dans la mesure où, six mois après les deux premières doses, l’immunité diminue fortement.

Le vrai visage

 Et là la pédagogie fait brutalement place à l’autoritarisme, à l’infantilisation des récalcitrants. Si l’on n’obéit pas au chef, plus de passe sanitaire, plus de café, de restau, de cinéma, plus de vie sociale… Punis ! Alors que ces plus âgés ont été les premiers à se faire vacciner, à initier un mouvement qui a conduit à ce qu’une grande majorité de la population soit vaccinée. Le masque de la bienveillance, de la confiance, de la solidarité est brutalement remplacé par le visage d’un autoritarisme qui n’a pas lieu d’être et le Macron se révèle pour ce qu’il est, un Jupiter au petit pied, prétentieux et inconscient de ses bêtises.

Aux manques, aux errements, aux erreurs précédentes, à la sottise qui a consisté à nourrir un mouvement anti-vax, aujourd’hui en voie d’essoufflement, il en ajoute une couche qui ne peut que le réactiver et produire les effets inverses à ceux escomptés. Il n’a rien compris !

Papancucu

Le panpancucu prend le pas sur la persuasion, la conviction, la confiance et la lucidité :le citoyen serait un imbécile qui ne serait pas capable de se prendre en main. Et devant cet empressement de Macron à nous refaire le coup du passe sanitaire, qu’il envisage sans doute de proroger ad vitam aeternam, on prend conscience que les pouvoirs solitaires sont toujours très dangereux pour la démocratie. Et que cela reste insupportable.

D’ailleurs si vous avez suivi son discours, la suite du propos n’a été qu’un hommage rendu à son action passée sur les plans éducatif, économique, social, sanitaire, sur les aides consenties à toutes les populations pour préparer les échéances électorales. Sans rien entendre des tensions qui s’exacerbent sur le pouvoir d’achat,  sur la misère qui détruit les services publics, sur les souffrances sociales insupportables.

Il rend ainsi hommage à sa « démocratie toute personnelle » qui en approchant du terme d’un quinquennat marqué par de nombreuses luttes sociales fait la démonstration qu’elle n’a rien vu, rien entendu, rien compris au gouvernement d’un peuple, certes difficile et exigeant, mais soucieux de garantir, accroître, enrichir sa capacité à prendre son destin en main, dans des formes qui permettent à la voix de chacun et de tous de se faire entendre. Ce qui impose d’en finir définitivement avec les pouvoirs personnels de toutes sortes qui nous vole notre oxygène. Pour reconstruire une véritable démocratie.

Jean-Marie Philibert

 

samedi 6 novembre 2021

De Glasgow à la Côte Vermeille

 

De Glasgow à la Côte Vermeille.

La COP 26 bat son plein, chacun y va de ses engagements pour sauver la planète d’un réchauffement suicidaire, de ses leçons à la terre entière (voir Macron), le cœur sur la main… promis… juré… Les citoyens observent sceptiques  et se gaussent des tonnes de kérosènes qu’il a fallu pour amener tous les grands et moins grands de ce monde sur les terres écossaises et qui ont alourdi quelque peu la facture de la pollution. L’élément positif repose sur la prise de conscience la plus large dans l’opinion publique internationale qu’il est plus que temps d’enrayer la dérive vers toujours plus d’utilisation d’énergie fossile, de déforestation, d’émissions de CO 2, qu’au-delà de notre futur immédiat et des perturbations climatiques bien visibles, c’est de l’avenir de nos enfants, petits-enfants qu’il s’agit. Jeunes et moins jeunes manifestent au moment où j’écris ces lignes. La sensibilité à l’environnement n’a fait que croître durant les dernières décennies, la revendication écologique a non seulement trouvé de multiples expressions politiques directes avec des partis et organisations qui s’y sont consacrés, mais elle a aussi trouvé place au sein  de la grande majorité des forces politiques qui l’ont inscrite avec des variantes, et sans doute aussi des arrières pensées multiples dans le champ de leurs interventions. On est là dans une approche globale.

Ici aussi

Mais si dans le même temps on observe les terrains concrets, les comportements particuliers, les interventions citoyennes dans notre département, on se rend très vite compte  que le global et le particulier se rejoignent, que la revendication d’un environnement préservé, que la protection d’une nature malmenée, que le souci d’un cadre de vie agréable et sain sont au cœur des préoccupations de beaucoup. Notre département de Céret, à Argeles, en passant par Port-Vendres, sans oublier Perpignan, en est le signe. Et le TC s’est déjà fait l’écho des initiatives qui depuis des semaines mettent ces revendications dans un paysage qu’elles tentent de préserver. Elles convergent toutes vers un souci de voir prise en compte la protection d’une nature dont tous pensent qu’elle est un de nos biens les plus précieux.

Le temps des lampes à pétrole est révolu

Certes les affairistes de tous poils, les financiers sans conscience et quelques élus sans scrupule et faussement naïfs vont tout dire, tout faire, tout promettre, la main sur le cœur : on se trompe sur leurs intentions, il faut s’adapter, se moderniser. Et leur permettre de continuer à se remplir les poches. Nous ne vivons plus le temps des lampes à pétrole, voyons !

Et on a vu comment ils ont modernisé notre côte, en bétonnant un max, en montant le plus haut possible des buildings le long des plages. Comment ils ont transformé les entrées de nos villes en les remplissant d’entrepôts informes entourés de parking pour les chalands. Comment ils ont ghettoïsé des populations entières sur des terres agricoles achetées à petits prix, mais vendues au prix fort. Comment ils ont laissé, ils laissent dépérir un patrimoine urbain : Perpignan est un exemple en la matière.

Basta !

Un nouveau pont par-ci, un plus grand port par-là, bien bétonné,  un nouveau lotissement pour les beaux yeux d’un promoteur bien en cour, et je te modifie le PLU et je t’obtiens le silence des pouvoirs publics et je couvre le tout d’engagements poétiques, sur papiers glacés sur la beauté d’un département à nul autre pareil…

Les habitants de ce département en ont assez d’être pris pour des zozos, ils se rebiffent, prennent leur nature en main et descendent dans la rue... ou dans les forêts. De plus en plus souvent, et de plus en plus nombreux

 Ce faisant, ils font de la politique. Et c’est très bien ! Pour échapper à toutes les formes particulières et globales de CO 2.

Jean-Marie PHILIBERT

lundi 1 novembre 2021

 



Quand on a un poumon vert, on le garde

Ce n’est pas ce que cherche la Mairie d’Argeles qui fait abattre les chênes verts du Bois de la Sorède

Le maire d’Argeles, Antoine Para, aime les arbres, aime le nature et les bébêtes qui la peuplent… mais uniquement sur papier glacé. La vraie nature, celle emblématique du Bois de pins, celle de la plage du Racou que tout le monde lui envie, celle du bois de la Sorède qui aux abords immédiats du village crée un poumon  vert sauvage et authentique ne semble pas le concerner

Il veut dans ce bois-là étendre l’urbanisation d’Argeles et construire 483 logements sur les 14 hectares du bois. Pour cela il faut défricher, et abattre les arbres. Ça a commencé. Il a fallu que des membres du collectif fassent barrage de leur corps devant le bulldozer pour arrêter le massacre et obtenir l’arrêt  d’une opération  que des promoteurs bétonneurs-financiers attendent avec impatience pour s’en mettre plein les fouilles.

La mairie  dit que les travaux sont autorisés par l’état à la demande du promoteur. Parra est aux abonnés absents et se cache derrière des propriétaires privés.  Les riverains sont excédés, la population d’Argelés est en colère. Un regroupement de collectifs et d’associations est à la manœuvre pour empêcher  ce qui ne serait qu’un désastre écologique de plus, au moment de la COP 26. Argeles se distinguerait à ses[1] dépens ;

Dimanche plus de 300 personnes se sont rassemblées dans le bois de la Sorède, ont fait le tour de cette zone verte, comme pour bien marquer qu’elle leur appartient aussi un peu et qu’elles veulent la conserver. Le combat, comme les autres combats ne fait que commencer. Pour obtenir  une suspension de l’abattage, pour faire un recours contre le PLU (plan local d’urbanisme) jusqu’à la création d’une ZAD (zone à défendre). A vor la détermination des participants, elle sera défendue ardemment.



[1]

quin toupet

 

L’humeur n’a pas d’heure…

 

 

Je ne sais pas si c’est un effet du passage à ‘heure d’hiver dans cette nuit du 30 au 31octobre, mais pendant que toutes les pendules de France et de Navarre s’arrêtaient entre 2 et3 heures du matin, mes yeux se sont écarquillés et comme si j’avais à surveiller le bon arrêt du temps (une heure et pas plus) mes esprits se sont mis au travail. Et comme souvent à des heures indues, ma Mémé, coucou la revoilà, est venue me faire la conversation.

« -Qu’est-ce que tu nous prépares comme billet d’humeur, Jean-Marie ?

Le dernier bouquin d’Hollande : Affronter

-Je crois que je vais parler du dernier bouquin d’Hollande « Affronter », j’ai même pensé à un titre « Ta gueule ».C’est un peu violent ? Non ?

-Ecoute, je n’ai pas tout lu ; mais ce qui s’en dit ici semble le mériter. Certes, ici, nous sommes éloignés des contingences terrestres, nous voyons les choses avec une certaine hauteur, nous sommes enclins à une certaine empathie avec  tous ceux qui restent sur le plancher des vaches et doivent se tripatouiller avec toutes les difficultés et les incertitudes du quotidien. Mais là ce bouquin : quin toupet ! Comme je te disais, en occitano français, quand tu déraillais. IL vous fout dans la merde, il fout la gauche dans la panade, il a menti sur son désamour des banques, il s’est assis sur les besoins du peuple, il a tenté de détruire le code du travail, il a escagassé quelques services publics, il propulse sur le devant de la scène un jupiter au petit pied dont, grand naïf, il ne soupçonne même pas le potentiel de traitrise, tout occupé qu’il fût,  à aller faire des tours de scooter le soir dans les rues de Paris, et cerise sur le gâteau, à dire n’importe quoi aux journalistes qui se régalent devant tant de persévérance à jouer au grand homme raté.

-Fan de chi choune, Mémé, tu l’habilles le bougre !

Lui qui s’est toujours couché

-Quand on a mis autant de zèle à accumuler les erreurs, on se la ferme, on rase les murs, et surtout on ne prétend pas donner des leçons pour affronter quoi que ce soit, lui qui s’est toujours couché avant qu’on le lui demande.

-Mais Mémé, il dit qu’il ne cherche pas la revanche, il veut tracer « une vie nouvelle ». Il veut « dire la vérité de façon totalement désintéressée… Transmettre, telle est la mission qui incombe à toute personne dont l’expérience peut offrir une chance de plus pour la génération qui vient ». C’est lui qui le dit, bien sûr…

-J’espère pour toi que tu ne le crois pas, je t’ai connu plus malin… »

Il est vrai que dans les insomnies la lucidité n’a pas l’éclairage maximum. Mais le propos acerbe de Mémé m’a réveillé quelques neurones et rappelé les interventions ronronnnantes, mais culottées de l’ex sur les plateaux de télé pour vendre sa soupe, et son livre tout en dézinguant tous azimuts. A gauche Montebourg  (zozo), Mélenchon (une plaie), Hidalgo, on fera avec, faute de mieux. A droite, il tape sur Pecresse, sur Bertrand. Quant à son ancien ministre Macron, il l’imagine «sautant d’une conviction à l’autre comme une grenouille sur un nénuphar », un homme insensible devant la détresse.

Aucun projet politique transformateur

Aucun projet politique transformateur, pour secouer le désordre dominant, pour redistribuer les richesses, pour faire que les injustices disparaissent, même un peu. Cela ne semble pas trop son problème. Pour lui il suffit que le PS ou ce qu’il en reste soit, redevienne, se donne l’image, fasse croire qu’il est capable de gouverner, c'est-à-dire de capter un pouvoir… et d’en faire ce qu’il pourra : c'est-à-dire pas grand-chose selon les expériences multiples que nous avons connues.

On se rapproche de la fin du temps imparti à la mise en ordre des horloges d’hiver : dans la tête mon billet est fait. Je peux me rendormir, tranquille,  jusqu’à 8 heures du matin. Merci Mémé. Autant prendre des forces, il reste tant à faire.

Jean-Marie Philibert.

mardi 26 octobre 2021

haro sur les catalans

 

Haro sur les Catalans

La municipalité de Perpignan tente d’empêcher un projet de La Bressola

Aliot s’emploie depuis son élection, et même un peu avant, à donner l’image d’un gentil garçon. Certes il s’est augmenté grassement, il s’est entouré d’une bande qui n’aime la démocratie qu’en laisse, il a fait les beaux yeux à la police municipale, il aime la police, il a transformé la ville de « catalane » en « rayonnante » et a mis du tricolore là où il y avait du sang et or. … Mais rien pour se mettre l’opinion publique à dos.

Avec l’épisode du croche-patte fait à la Bressola pour l’empêcher de créer dans les locaux de l’ancien couvent des clarisses un établissement scolaire, collège, lycée voué à l’enseignement du catalan il se dévoile. Comme si, pour lui, la seule langue de la république française était, restait le français : il ne sait pas que la loi dit le contraire, et que dans le cadre de cette loi, aussi bien dans le service public, qu’hors du service public, le catalan est enseigné, comme d’autres langues, dites régionales, de la république.

Pour être sûr de gêner un maximum, il laisse la Bressola monter le dossier, obtenir soutiens et subventions ; son premier adjoint déclare que la mairie n’exercera pas le droit de préemption sur ce lieu. Un sous-seing privé est signé le 6 août. Le 30 septembre, six jours avant la date limite pour déposer un droit de préemption, la Bressola est avisée que la municipalité a exercé ce pouvoir.

Branle bas de combat du coté de la Bressola, actions en justice, appel à manifester qui a mis dans le rue de la ville plus de 2000 pesonnes pour que le  maire retire son droit de préemption. Mais le maire en question nous joue la victime, « ce sont des actions politiciennes qui me veulent du mal ».

Quant au projet pour le couvent Sainte Claire, c’est silence radio… Son penseur culturel, un certain Bonet, envisagerait-il un mausolée pour Sainte Rita à qui le Bonet en question voue une adoration sans limite ? Je suis certain que pour Aliot Sainte Rita compte beaucoup plus que quelques jeunes catalanistes qui saperaient les fondements de la Frrrrance éterrrrnelle.

Jean-Marie Philibert

lundi 25 octobre 2021

Résistance : des fusillés de Chateaubriant à nos jours

 

Résistance !

Certes les temps aujourd’hui ne sont pas aussi troublés : le pays n’est  pas coupé en deux, nous n’avons pas subi une débacle qui a mis sur les routes  des populations entières, les Allemands ne sont pas rentrés dans Paris,  Pétain et Hitler ont disparu et ils ne peuvent plus se serrer lA peluche. Nous ne sommes plus en 40-41.

Mais 80 ans après, les esprits le sont toujours un peu (troublés) au point qu’un pseudo futur candidat à l’élection présidentielle se sente obligé de réhabiliter la mémoire du Maréchal dont la droite extrême n’a jamais fait son deuil, au point que le même, mais aussi quelques autres s’inventent un ennemi de l’intérieur qui mangerait aujourd’hui notre pain, profiterait de nos lois, coloniserait nos banlieues : il faudrait les bouter hors de France. Au point que le racisme se propage, que les solidarités s’étiolent.

Pour éviter l’éternel retour : réapprendre les leçons du passé

Rafraichir les mémoires n’est jamais inutile. Il ne faut pas cesser de réapprendre les leçons du passé. Le 22 octobre 2021 nous avons commémoré l’assassinat par les nazis, le 22 octobre 1941, des otages de Chateaubriant. Leur sacrifice peut nous éclairer.

Le pays est alors occupé, la résistance  en est à ses débuts. La situation est compliquée : Pétain tente de jouer la carte d’une entente impossible, pendant que de Gaulle de Londres  commence à organiser un embryon d’armée, des actions de résistances  commencent ici qui visent des officiers allemands. Il s’agit de montrer que la lutte continue, inégale, difficile, audacieuse. Le PCF, ce qu’il en reste, dans la clandestinité, est à la manœuvre.

Résister ! Le 20 octobre 41 Karl Hotz, responsable des troupes d’occupation du département de Loire inférieure est abattu à Nantes par un militant communiste Gilbert Brustlein membre d’un commando envoyé de Paris par l’OS (branche armée de la résistance communiste). Pour répliquer à ses attentats qui commencent à se multiplier, les autorités allemandes veulent terroriser : un Allemand abattu ce seront 100 otages exécutés. Mais pour que le bon peuple voit dans ces attentats la main de l’étranger, pour les otages on choisit la piste « judéo-bolchévique » les méchants.

On exécute

A  Nantes l’occupant demande l’exécution immédiate de 50 otages (50 autres devraient suivre), il y aura 30 communistes dont Guy Mocquet, le plus jeune, a 17 ans, 20 résistants de Nantes. Pour les communistes, pour l’essentiel,  ils ont été arrêtés lors de la rafle d’octobre 40 et n’ont pas pu passer dans la clandestinité. Les otages sont regroupés, des prêtres catholiques les assistent, ils recueillent des lettres. Ils ne seront pas autorisés à les accompagner sur les lieux d’exécution. Les corps seront inhumés dans différents cimetières, dans des tombes anonymes. Mais la dispersion n’a pas empêché que les tombes des otages soient fleuries dès les premiers jours et pendant toute la durée de la guerre. La résistance ! Construite dans la douleur, dans le courage, dans le sacrifice, dans la solidarité,  pour donner un sens qui perdure. Le sens de l’esprit de résistance toujours d’actualité.

Jean –Marie PHILIBERT

 

 

 

 

Et pour le poète Réné Guy Cadou :


Ils sont appuyés contre le ciel
Ils sont une trentaine appuyés contre le ciel
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont pleins d’étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d’amour
Ils n’ont pas de recommandations à se faire
Parce qu’ils ne se quitteront jamais plus
L’un d’eux pense à un petit village
Où il allait à l’école
Un autre est assis à sa table
Et ses amis tiennent ses mains
Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
Ils sont bien au-dessus de ces hommes
Qui les regardent mourir
Il y a entre eux la différence du martyre
Parce que le vent est passé là ils chantent
Et leur seul regret est que ceux
Qui vont les tuer n’entendent pas
Le bruit énorme des paroles
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu’ils ne sont pas des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit.

lundi 18 octobre 2021

Pour une mémoire politique

 

La mémoire se doit d’être politique

 

 Il y a un an Samuel Paty professeur d’histoire était, à la sortie de son collège, tué pour avoir fait pour ses élèves un cours sur la liberté d’expression. L’événement dont on commémore le terrible souvenir est dans toutes les mémoires à cause de l’effet de sidération dont il fut porteur. Effet de sidération lié à la façon dont il a été tué, aux circonstances qui ont conduit à ce crime, à ceux qui y ont été associés, parents d’élèves, élèves, à la façon dont tout cela a été préparé, à la façon dont l’institution éducation nationale a peu réagi avant et mal réagi après. Sidération aussi quant aux fondements d’islamisme radical et de terrorisme sanguinaire dont cet événement est nourri.

Sidération sur ce que de tels faits disent de la folie des hommes, de leur inhumanité.

Hommage à Samuel Paty

Mais la sidération ne doit pas empêcher la compassion, le recueillement, la solidarité avec la victime, sa famille, sa mémoire. L’hommage à Samuel Paty doit être celui de toute une nation. Il doit l’être au-delà des formes officielles qu’il peut prendre, il doit l’être dans les esprits, dans les consciences. Il est aussi le nôtre.

Il touche au plus profond de notre vivre ensemble : quand celui qui remplit sa mission d’éducateur, de professeur, celui qui cherche à transmettre les fondements de ce vivre ensemble est considéré par des membres de notre société comme un ennemi à abattre, comme une nouvelle victime expiatoire à sacrifier à un surnaturel barbare qui semble vouloir se nourrir du sang de ceux qui veulent préserver la liberté de penser et de vivre. Samuel Patty voulait transmettre ces valeurs sans lesquelles il n’y a pas d’humanité.

La fracture

Je crains que, même un an après, nous n’ayons pas exactement pris la mesure des choses, que les mots proférés le soient surtout pour ne pas voir l’énorme fracture sociale sur laquelle nous ne nous maintenons que dans un équilibre très précaire, sans y apporter les remèdes qui s’imposent.

Il est évident de dire que la question n’est pas que scolaire, éducative. La société est dans une crise profonde dont le monde du travail, du chômage, des villes, mais aussi des campagnes, des droits sociaux régulièrement attaqués, des relations sociales malades donne quotidiennement les signes de plus en plus tangibles. Ils sont régulièrement minimisés et abordés par des emplâtres de circonstances qui ne règlent rien. Si ce n’est à attendre les prochaines échéances électorales. Des signes : la dérive droitière, et au-delà, de l’opinion, son désintérêt de la chose politique, son repliement égoïste, le racisme rampant, ou affiché, la peur de l’avenir. On va donc dire et répéter, ici au TC, que des changements politiques profonds s’imposent.

Mais les réponses  doivent toucher, et profondément, l’institution scolaire qui ne peut pas s’en tirer avec de la commémoration, aussi sincère soit-elle.  Le professeur que je fus est apte à en imaginer.

Pas de dieu, mais des maîtres

D’abord arrêtons de jouer avec la laïcité, y compris au plus haut niveau de l’état. Mettons les religions, toutes, hors de l’école, sans aucune tolérance, d’aucune sorte. Il n’y a pas de dieu à l’école, mais il y a des maîtres, comme on disait avant, et qui sont des artisans résolus du ciment social, si on leur en donne la possibilité. Blanquer et Macron font l’inverse : ils cassent un service public que beaucoup nous envient. Ils ne font rien pour redonner forme et vie à une vraie mixité sociale. Ils financent des écoles privées qui, quoi qu’elles disent, favorisent la ségrégation… Un grand service public, laïque, démocratique : ce n’est pas sorcier, ce n’est pas un vœu pieux, oh que non ! C’est une revendication politique et une bataille idéologique pour s’attaquer à la fracture sociale. Pour briser une dérive mortifère qui se sert de tous les faux semblants, média, réseaux sociaux, gourous en tous genres, hommes providentiels sortis du chapeau. Les réactionnaires, en tous genres, et les forces économiques qui les fabriquent sans fin nous enferment dans un fatum qui nous étouffe pour que nous ne puissions pas imaginer que la vie puisse être autre chose que la vallée de larmes qu’elle reste pour le plus grand nombre.

La meilleure façon d’honorer la mémoire de Samuel Paty est de promouvoir les valeurs progressistes et démocratiques qui furent les siennes

Jean-Marie Philibert.

mercredi 13 octobre 2021

 

Des ronds ! Des ronds !

Une initiative intéressante à ne pas manquer. Elle est comme beaucoup de ce qu’André Rober propose à El Taller Treize à Ille sur Têt à la confluence de multiples disciplines. Apparemment il s’agit de peinture, mais là la peinture se met au service de la poésie et de la chanson. Puisque ces œuvres sont présentées dans le cadre des Diades Ponsianes d’Ille, terre de JS Pons, qui rendent cette année hommage à Pere Figueres pour ce qu’il a apporté depuis 50 ans à la chanson catalane. Pour lui permettre d’enregistrer, de produire et de réaliser son nouvel album, trente-six  plasticiens des deux côtés de la frontière ont réalisé une œuvre ronde, ronde comme nos vieux vyniles sur un support papier identique, afin qu’elle soit vendu aux enchères, pour financer cette nouvelle création poétique. Un site est consacré à ces enchères rodons.cat, elles se déroulent jusqu’au vendredi 17 décembre. Tous les amoureux de la peinture comme dela poésie, et même les autres, sont invités à y participer.

Les œuvres proposées sont souvent le fruit d’une rencontre entre un plasticien qui ne renie rien de ses formes, mais qui les met au service du chanteur avec toutes les fantaisies possibles. On y lit un beau panorama de la création catalane. Il serait fastidieux de tous les citer… Au hasard Georges Ayats… Jacques Capdeville… Roger  CosmeEsteve, … Michel Fourquet.. Patrick Loste. Ils témoignent de l’ancrage dans la modernité d’une culture catalane, en même temps locale et universelle. L’expression de tous se nourrit, s’éclaire de la création de chacun. Nous vous en proposons quelques images. L’exposition se poursuivra, jusqu’en décembre,  à Amélie, à San Joan de les Abesses, à la Casa de la généralitat à Perpignan, enfin à la libraire Coste. Si vous ne la voyez pas vous n’aurez aucune excuse. Elle s’accompagne d’un livret qui en dit la richesse.

Jean-Marie Philibert

 



lundi 11 octobre 2021

l'âme et le corps

 

L’âme et le corps

C’est pas joli-joli ce qu’ils ont fait... Il serait facile d’ironiser sur une institution qui est ce qu’elle est, façonnée par une histoire millénaire, et prétendant conduire femmes, hommes à une vie éternelle et à un surnaturel qui ferait la nique à la mort. Je dois vous expliquer pourquoi je commence par-là : c’est en fonction de ma propre (enfin propre, je crois, j’espère)) histoire avec l’église catholique. Mes seules relations avec elle depuis qu’adolescent je suis devenu lentement, mais sûrement, et fortement athée, se résument aux offices catholiques des obsèques de ceux que je veux accompagner comme on dit « jusqu’à leur dernière demeure ». Là j’écoute attentivement ce que dit l’officiant au cas où (on ne sait jamais). Je comprends presque tout, j’ai de sérieux restes d’une solide formation catholique. Et je suis profondément marqué par cette ambition sans cesse réitérée de permettre à nos âmes errantes d’être plus fortes que le temps, plus fortes que la mort, d’assurer leur salut éternel. Et je me dis que depuis des siècles des hommes d’églises consacrent leur vie  à faire partager une telle foi : quelle santé pour les âmes.

La santé des corps.

Mais pour la santé des corps, c’est un peu plus compliqué : les événements récents illustrent cette difficulté (euphémisme !). Le corps, c’est cette enveloppe qui nous a été donnée, pour vivre notre passage terrestre et qu’il convient de surveiller, il porte une faute originelle. Il ne faut pas le laisser faire ce qu’il veut : il nous ferait faire des bêtises, des péchés, comme ils disent. D’où la surveillance tous azimuts, les sacrements et tout le toutim. Les brides mises sur les désirs, et plus particulièrement ceux liés à la sexualité. Pour les hommes et femmes d’église, les brides seront plus exigeantes encore, le célibat des prêtres est comme l’emblème de ces exigences-là. La vie monastique pousse le bouchon encore plus loin : la règle de l’ordre impose au corps de se soumettre à la vie de solitude, de sacrifice, de contemplation, de prière, voie vers le salut des âmes.

Les ratés

Ça marche ? Jusqu’au moment où on constate des ratés : et là nous en avons un gros qui couvait depuis longtemps. De jeunes garçons avaient dévoilé, souvent des années après les faits, une fois devenus adultes, des abus sexuels dont ils avaient été victimes lors d’activités avec des prêtres qui semblaient se prévaloir de leur mission pour se permettre des actions que tout simplement la morale réprouve, d’autant plus qu’elles visent des mineurs. L’institution a pendant longtemps fait la sourde oreille, a minimisé les faits, malgré l’insistance troublante des victimes.

Les abus

Une commission indépendante sur les abus sexuels dans l’église catholique (Clase) a été chargée d’apporter ses lumières sur le phénomène, de faire un bilan de ce qui s’est passé depuis 1950. Le mardi 5 octobre, elle a rendu son rapport, qui a surpris tout le monde. Il s’agit selon son président Jean-Marc Sauvé d’un état des lieux « particulièrement sombre ». L’Eglise est, après la famille, l’instance où les violences sexuelles subies sont les plus nombreuses. La commission fait état de 216 000 victimes pendant les 70 ans écoulés et note un phénomène « massif » et «  systémique ». Une évaluation du nombre de prêtres ou religieux auteurs  de ce type d’agression pourrait s’élever  entre 2900 et 3200, à mettre en relation avec  les 115 000 prêtres  ayant exercé.

L’église est d’autant plus secouée que la commission parle à son propos d’ « occultation, », de  « relativisation, voire déni ». Les victimes sont satisfaites d’être enfin reconnues pour ce qu’elles ont subi, elles demandent indemnisation, et nouvelle gouvernance de l’institution. Autre donnée avancée par un membre de la commssion « L’église est un observatoire privilégié de la domination masculine… Le fonctionnement patriarcal de l’Eglise favorise la survenue des violences sexuelles » On s’en doutait un peu.

Une vie éternelle qui risque de ne pas être jolie-jolie

Les églises sont ici, laïcité oblige, et c’est très bien ainsi, hors de la compétence des gouvernements, mais pas au-dessus des lois et on doit se satisfaire de voir la société  ne plus laisser en dehors de la loi des actes qui pèsent plus que lourdement sur la vie de ceux qui en sont victimes. La justice des hommes (et femmes) d’abord !

Que penser de ces événements ? La dichotomie absolue entre l’âme et le corps ne serait-elle pas un peu en question ? Vouloir imposer, au nom d’un surnaturel éternel et révélé auquel ils adhérent, aux corps des laïcs, comme des clercs, des contraintes, des interdits, des cuirasses qui sont la négation de leur vie expose leurs âmes à de sérieuses mésaventures et à une éternité qui pourrait ne pas être jolie-jolie.

Jean-Marie Philibert

lundi 4 octobre 2021

de quoi zemmour est-il le nom ?

 

De quoi Zemmour est-il le nom ?

Il est souvent utile de comprendre qui est qui, qui est quoi, le sens des mots, des choses, surtout s’il est question de quelques ostrogoths qui n’ont d’autres ambitions que d’enfumer les esprits et ce que ma mémé (coucou, la revoilà) appelait le comprenoir.

Faisons donc fonctionner le comprenoir

Zemmour, dans ces temps prélectoraux occupe le paysage, les esprits, les conversations Avec l’ambition de tout embrouiller. Se présentera-t-il ? Ne se présentera-t-il pas ? A qui piquera-t-il des voix ? Représente-t-il une candidature crédible ? Comment est-on tombé si bas à avoir à supporter dans le débat politique un avatar du pétainisme, du racisme et du fascisme ? Quel crédit lui accorder ?

Une opération venue de  loin

Il y en a qui lui ont, depuis des années déjà, largement ouvert toutes les lignes de crédit qu’il souhaitait avoir ?  IL a très vite eu tous les soutiens médiatiques que ces prises de positions anti-immigrés lui ont valu chez les grands manitous (Le Figaro, RTL,  A2, Canal,  Cnews et d’autres) qui n’ont d’autres ambitions que de nous bourrer le crâne d’un racisme ambiant qui veut nous nourrir de la peur de l’autre. Avec ce type de réflexe conditionné, dans des temps difficiles, c’est si facile de tromper son monde, de lui faire croire que la crise qu’il vit est l’œuvre d’une population immigrée qui lui vole travail, logement et droits sociaux. La ficelle est si grosse qu’elle cache les errements tragiques des années 40 que nous semblons collectivement avoir oubliés. Zemmour, c’est ça !

Une démocratie en difficulté

Le terrorisme de l’islamisme radical, les formes d’intégrisme qu’il suscite renforcent les craintes que nos valeurs démocratiques et laïques semblent avoir du mal à endiguer. Les chantres de l’ordre dominant et des forces financières qui s’en nourrissent l’ont bien compris puisqu’ils contribuent depuis des années maintenant à promouvoir l’extrême droite et son discours apparemment musclé, façon le Pen- père, puis Le Pen Marine, comme alternative à nos pratiques républicaines qui ont du mal à convaincre. La preuve par l’abstention massive, par le désintérêt de la chose politique ; Zemmour n’est qu’une nouvelle tentative de nous empêcher de voir la réalité en face, au moment où la Marine faitela preuve de sa vacuité. On élargit l’offre qui peut bousculer le paysage et faire en sorte qu’on n’y comprenne plus rien. On se sert de sondages  qui se, et nous, trompent aussi régulièrement qu’on les utilise pour nous faire croire que ça marche. Zemmour c’est ça !

Brouillages et régressions

Il devient alors assez facile de tirer les ficelles quand on a semé la zizanie : observez comment Macron, à l’aide du brouillage droite-gauche n’a fait que nous mettre un peu plus dans la panade. Vous pouvez imaginer ce que permettrait le brouillage droite extrême, droite normale (?), et gauche mal en point, en termes de division sociale, d’exploitation, d’atteintes aux libertés, de coups portés à la démocratie, de recul généralisé vers les fosses septiques de l’histoire.

Zemmour est le nom de toutes les régressions parées des paroles les plus démagogiques. Je ne suis pas sûr que tous les citoyens en soient conscients.

Notre mot à dire

Mais il ne faut pas que Zemmour soit aussi le nom de l’incapacité de la gauche à affronter des enjeux cruciaux. Nous avons notre mot à dire. Certes la gauche est aussi en partie comptable de la dérive droitière de la société, certes dans la gauche certains plus que d’autres ont apporté une contribution décisive à la droitisation de l’opinion  en refusant d’apporter à la crise, aux crises traversées, les réponses progressistes  qui auraient sinon évité, au moins limité les dégâts sociaux qui ont gangréné notre pays au point de le laisser désemparé et sans autres réponses que celles que l’on trouve dans les horreurs du passé. Des forces résistent qui tentent de reconstruire l’espoir. Nous en sommes. Mais l’urgence doit nous convaincre que, pour  réussir, le chacun pour soi,la cacophonie doivent laisser la place à la clarté, à l’engagement citoyen de tous vers des progrès tangibles, à notre capacité irréductible d’agir pour un rebond social, politique  clairement défini où nous renverrons à leurs délires les Zemmour et consort, marionnettes ridicules d’un guignol qui pourrait être tragique si nous les laissions faire.

Zemmour est le nom d’une menace à circonscrire au plus vite.

Jean-Marie Philibert

dimanche 26 septembre 2021

La grenouille et le bison

 

Le bison et la grenouille

         

La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf … vous connaissez.

Une nouvelle version est en cours sur le terrain … diplomatique… va-t-on dire.

Le petit pays

Il était un petit pays, enfin pas si petit que ça, mais qui avait perdu de son lustre, de sa puissance impériale, en se faisant mettre à la porte de ses colonies pour se replier sur un hexagone tricolore, en devenant un pays comme les autres, dont les habitants se prenaient un peu pour le centre du monde. La modestie n’était pas leur vertu cardinale. Les chefs d’état successifs qui l’avaient dirigé avaient flatté cet orgueil national lié à une puissance passée et à une culture qui avait beaucoup d’admirateurs. Il faut dire qu’ils avaient le toupet nécessaire, faute d’avoir la lucidité qui aurait pu les éclairer. Le jeune blanc bec qui avait dernièrement pris les rênes du pays sans doute plus que les autres.

Un grand pays

Ce petit pays dont l’industrie était en souffrance, s’était fait une solide réputation dans la fabrication et le commerce des armes, sans être bien regardant sur l’utilisation que des clients  sans éducation, et même parfois sans morale, pouvaient en faire. Ainsi donc on restait au cœur de guerres pas jolies-jolies auxquelles nos armes participaient. On avait beaucoup de mal à trouver des clients présentables. Jusqu’au jour où un grand pays bien éloigné, mais propre sur lui, manifesta un intérêt évident pour nos sous-marins et s’engagea à nous en acheter quelques-uns. Une aubaine et une occasion de se  refaire la cerise morale ! Grâce à l’Australie. Et nous voilà au travail…

Et le maître du monde

C’était sans compter sur celui qui se prend pour le maître du monde, le chantre du capitalisme mondial, le grand organisateur  de la toute-puissance étasunienne qui veut voir les peuples à sa botte. Sitôt dit, sitôt fait, les Australiens se couchent devant le grand manitou américain, s’excusent d’avoir succombé aux charmes des sous-marins français, pour acheter les sous-marins américains qui pourraient peut-être leur servir pour aller faire le ménage et un peu de grabuge en mer de Chine, si nécessaire.

Parce que c’est bien connu il faut toujours se méfier des Chinois.

Le bœuf (pardon le bison) américain qui venait d’être élu en remplacement de la bourrique insupportable qui l’avait précédé, ne se laissa pas émouvoir par les véhémentes protestations venue du marigot français où  un chœur de grenouilles s’étaient mis  à coasser des chants presque guerriers contre les bisons d’outre Atlantique, sans principe, sans éducation. Les bisons en question, sûrs de leur supéiorité, ne cherchaient pas à en rajouter dans l’humiliation infligée à la grenouille française.

Le syndrome mortel

Le bison en chef a même téléphoné à la grenouille en chef, la conversation est restée secrète, mais des indiscrétions nous ont confirmé que notre grenouille à nous, fidèle à elle-même a joué les matamores, jusqu’au moment où le bison lui a raccroché au nez, après un « SHIT » retentissant.

La grenouille ulcérée, dans une rage folle, prise d’un orgueil démesuré, d’une ambition sans limite, devant tant de mépris, est victime du syndrome mortel de La FONTAINE.

Rappel : «  Une grenouille vit un boeuf qui lui sembla de belle taille. Elle qui n’était pas grosse comme un œuf, envieuse, s’étend et s’enfle et se travaille pour égaler l’animal en grosseur…La chétive pécore s’enfla si bien… qu’elle creva. 

Jean-Marie PHILIBERT

 

lundi 20 septembre 2021

ne pas être un peuple dindon

 

Ne pas être un peuple dindon !

 

(pardon  pour les dindons)

Le Macron avec l’assurance imperturbable de celui qui veut se payer la démocratie avance ses pions dans la perspective de 2022 pour tenter de nous refaire le coup de 2017, ni à droite, ni gauche, ni au centre d’ailleurs.

Ailleurs, c’est le mot qui lui va bien, avec ceux qui aiment le pouvoir personnel d’un homme plus fortiche que les autres, avec ceux qui ont la nostalgie du bonapartisme, avec ceux qui n’aiment la démocratie que lorsqu’elle peut servir leurs intérêts, avec ceux pour qui l’horizon politique se résume en embrouillaminis de toutes sortes, avec tous ceux qui ont compris que, plus cela sera confus, plus ils pourront se remplir les fouilles et celles de toute leur classe. La liste n’est pas exhaustive, et les ralliés de tous acabits peuvent s’agréger à la troupe de parvenus qui remplissent depuis cinq ans les allées du pouvoir.

L’homme de la situation

Après l’épisode gilets jaunes, au beau milieu d’une pandémie très utile d’ailleurs, le Macron multiplie les engagements qui n’engagent à rien, le climat, le social, vous allez voir ce que vous ne verrez pas…Il se répand à Marseille, sans convaincre. Il multiplie les postures internationales sans effets sur le cours des choses, s’assied avec allégresse sur la souplesse d’échine d’une bande de serviles affidés, pour se servir des événements afin de montrer qu’il est et reste l’homme de la situation et qu’en 2022 cela devrait marcher. En distribuant le pognon, « quoi qu’il en coûte ». En faisant que les plus riches le soient toujours plus. En réduisant les partis au rôle de faire-valoir. En se servant de l’emprise médiatique à sa botte, en jouant au maximum sur les réseaux sociaux. Djeun je suis, djeun je reste. La situation est mortifère pour la démocratie et à quelques mois des présidentielles il est malheureusement loisible d’en mesurer les dégâts sur les partis en particulier et sur les records d’abtention.

De la droite à son extrême

La droite ne sait plus où elle couche, depuis que certains de ses membres partagent la couche présidentielle ? A-t-elle une politique de rechange, ferait-elle pire, aussi mal, aussi libéralisme échevelé ? L’espace lui est chichement mesuré et ils sont pléthores à tenter de se le disputer. Le centre se dit que le Bayrou a enfin trouvé chaussure à son pied et un os à ronger, autant s’en satisfaire.

Reste une extrême droite dans le rôle du repoussoir qui ne sait plus s’il faut jouer au grand méchant et flatter ce qu’il peut y avoir de plus vil et barbare dans les soubassements d’un peuple en souffrance, racisme, exclusion, hypertrophie d’un moi qui vit du rejet des autres, ou bien tenter de se la jouer présentable, bien élevé, presque comme les autres ( observez attentivement Aliot).

Du morcellement à l’unité

Macron peut donc continuer sa route, les sondages lui ouvrent la voie : l’électorat est divisé selon une tendance lourde et déjà un peu ancienne des trois tiers, un pour la Marine, un pour la réaction sous la forme que vous voulez et un, morcelé, pour la gauche, d’où un duel annoncé avec le FN dont il sortirait vainqueur.

Un tel morcellement doit aussi beaucoup à l’entreprise macronesque puisqu’il en est issu, il fut ministre socialiste, il s’en est servi pour brouiller les pistes. Il illustre ainsi, on ne va pas être trop méchant, disons une certaine incapacité du parti socialiste à jouer la carte des transformations sociales et de la justice du même nom. Que le parti socialiste reste un maillon faible est une évidence, que tous les socialistes sincères ne s’en satisfassent pas aussi. Je reste convaincu que toute perspective de changement impose cependant d’en faire une composante de cette gauche qui est la seule à même d’y travailler. Au même titre que toutes les autres composantes, insoumise, écolo, coco… Comme il est possible d’y travailler dans les municipalités, les départements, les régions. Que chaque composante de cette gauche tente sa chance en tentant d’occuper un terrain préélectoral personne n’est en mesure de l’empêcher. Le PCF a sans doute raison à ce moment de ne pas s’exclure d’une course qui ,quoi qu’on dise, n’a pas encore commencé, parce qu’il incarne ce qu’il y a de plus crédible comme capacité à bousculer les règles du jeu, à condition de s’appuyer sur un terrain social qui y aspire, d’où le rôle essentiel des organisations syndicales. Mais avec l’ambition que le moment viendra, personne ne sait quand, mais le moins tard sera le mieux, où, pour ne pas être le peuple-dindon-de-la-farce il faudra se rassembler, se réunir pour peser de tout le poids nécessaire et décrocher la timbale. Le PCF est le mieux armé pour le faire Il faut se dire et se redire que beaucoup du peuple qui croit dans cette gauche y aspire.

Jean-Marie Philibert

dimanche 19 septembre 2021

le paradoxe de Bébel

 

Le paradoxe de Bébel…

Tant que notre capacité à produire des images a été limitée, nous (enfin ce sont nos grands ancêtres) n’avons eu de cesse pour les partager, pour les faire durer, pour nous en servir et influencer les consciences de les inscrire dans la pierre de nos églises, sur les murs de nos lieux sacrés, sur les enluminures de nos livres précieux. Nous avons ainsi fabriqué nos icônes et le monde judéo-chrétien a excellé dans cette démarche, il nous a bien pourvu en images pieuses que nous avons fait perdurer jusqu’à ce que, grâce à des avancées scientifiques et techniques exponentielles nous soyons en mesure de multiplier sans fin nos capacités à transformer notre univers  en monde d’images (pieuses et moins pieuses) qui prennent quasiment toute la place du réel. Elles donnent peut-être désormais l’impression que nous ne sommes plus que les spectateurs de nous-mêmes, que les images sont la vie, que le cinéma la résume à merveille et que les acteurs que nous y voyons ne sont que des autres nous-mêmes, et donc aussi des êtres chers que nous pleurons quand nous les perdons. Ainsi nous pleurons Bébel. Icône parmi les icônes. Le surnaturel est devenu le réel. Le réel, le surnaturel.

Le copain

Bébel, ce n’est pourtant pas un dieu de l’Olympe, Bebel, c’est un copain que nous perdons, un vieux copain qui n’en a pas raté une pour nous agrémenter la vie. Pour nous faire rêver à ce que nous n’avions pas, aux succès qui nous échappaient, aux pouvoirs qui ne sont pas les nôtres, aux cabrioles que nous n’osons pas faire, aux déconnantes qui pourraient nous faire tant de bien ;

« JE SUIS MORT. ET VOUS ME REGRETTEREZ,  PARCE QUE C’ETAIT MARRANT », une citation du « Marginal » retrouvée et mis en exergue par Libé. Cela résume le personnage et explique la pluie d’étoiles filantes traversant nos souvenirs que les titres de ses films suggèrent. Des titres qui parlent et parleront. « A Bout de souffle, Le Magnifique,  L’as des as, le Marginal, Pierrot le Fou ». Des films populaires, exigeants, surprenants parfois, « Leon Morin prêtre, le Voleur, Stavisky… » et tant d’autres. Le compagnonnage avec les plus grands réalisateurs. Des films qui marchent et d’autres qui marchent moins.

Rebondir

 Mais toujours, la volonté de rebondir, en retrouvant par exemple le théâtre, son premier amour, le seul métier digne aux yeux de ses parents tant aimés. Une bataille pour la vie qui n’en finit pas et qui l’aide à affronter les difficultés d’un destin qui échappe et qu’il retient avec toutes ses énergies. Une icône éminemment sympathique, venue d’un monde cinématographique et médiatique qui ne l’est pas toujours, une image positive qui justifie notre peine. Une image vraie…

Parce qu’elle est vraie, elle a réveillé la peine des habitants de Villerville, une plage normande,où il avait  tourné avec Gabin Un singe en hiver, il y a des lustres et qui sont allés écrire sur le sable de la plage « Bebel nous te t’oublierons pas ».

Sur les tréteaux de la vie

Celle des amoureux du théâtre qui retiennent son échec au Conservatoire, transcendé en succès (mérité) par une bande de copains à jamais fidèles qui le portent en triomphe sur scène,  pour secouer le jury, comme si sur scène tout devient possible. Comme si la vraie vie, la vérité des êtres, la puissance du talent étaient d’abord sur les tréteaux.

Mais pour Bébel, les tréteaux et la vraie vie ont participé du même destin paradoxal qui a fondé son succès.

N’oublions pas de rappeler qu’il fut un temps président du syndicat CGT des acteurs français de 63 à 66. Ils sont très nombreux les commentateurs officiels, allergiques à la vraie vie et au syndicalisme, à l’avoir oublié. Il y a pris la succession, excusez du peu, de Gérard Philippe. Le syndicalisme l’avait mis sur de bons rails.

Le paradoxe de Bébel ferait donc se rejoindre le surnaturel et le réel dont on parlait au début, en d’autres termes, l’art et la vie, à faire de nous L’as des as que nous ne serons jamais, à nous raconter une bébelle vie d’images que nous prenons un peu comme la nôtre, pour notre plaisir.

Jean-Marie Philibert

lundi 30 août 2021

 

Les surprises de l’été

 

Tous les étés offrent des surprises : comme si l’actualité profitait de ce temps de latence pour rattraper les occasions manquées, les occasions tragiques, comme toutes celles qui le sont moins, pour nous confronter à des situations inédites. L’été 2021 ne déroge pas à la règle qui n’est écrite nulle part si ce n’est dans mes souvenirs, pas nécessairement fiables. Pour relancer la machine de mon humeur, je vais tenter de vous montrer qu’il y a comme un fondement de vérité dans ce que j’avance.

L’imbroglio

Commençons par ce qu’il se passe ici et maintenant, pratiquement tous les samedis, en ces temps de pandémie qui ne cesse de rebondir à cause de variants récalcitrants. Eh bien, au nom d’une liberté absolue d’un individu qui n’a à se fier qu’à ce que sa conscience lui dicte, qu’à ce qu’il croit dur comme fer, qu’à la conviction qu’il s’est construite que son corps lui appartient, à lui et à lui seul, ils sont nombreux à considérer que toute démarche collective pour combattre une maladie tenace est entachée d’intentions malveillantes, sans doute pires que le mal qui les menace. Donc au nom de cette liberté ils manifestent par dizaines de milliers, sans véritable organisation, sans cohérence construite et délibérée pour dire non, au passe sanitaire, à la vaccination, à l’intrusion de l’état dans leur vie, dans un imbroglio politique tout à fait nouveau où les vieux de la vieille comme moi qui ont des milliers de kilomètres de manif à leurs compteurs ne comprennent rien. Nous sommes dans un inédit absolu, Camus dans la Peste n’avait pas envisagé que les Oranais pouvaient ainsi se révolter contre des soins (qu’ils auraient bien aimé avoir d’ailleurs).Que le gouvernement ait sa part de responsabilité ne fait pas de doute : rappelez-vous le déni, puis les masques, puis les atermoiements… Que le gouvernement et Macron, en personne, se réjouissent de la confusion politique, sociale, idéologique, fort opportune,  qui se met ainsi en place à quelques mois des présidentielles est une quasi-certitude. Il n’empêche, on est en plein dans l’inédit et pas dans un inédit progressiste dans le pays de Pasteur qui a ouvert la voie aux vaccins dans la bataille contre des maladies incurables. Le reculoir est en marche en cet été2021. Et pas seulement en France !

D’autres reculoirs

En Afghanistan, il ne s’agit plus seulement de pandémie, mais d’un retour , aussi redouté qu’attendu des Talibans, à l’annonce du départ des Amerlocs, et  d’un retour à la case départ de la loi islamique avec tout ce qu’elle peut signifier  comme fanatisme, remise en cause des droits les plus élémentaires, en particulier ceux des femmes, retour à un Moyen Age que domine une théocratie fatale pour une population qui n’en peut mais, et à qui les intrusions étrangères  depuis des décennies n’auront laissé que des plaies ouvertes. Et comme si ces malheurs n’étaient pas assez grands, pour ajouter de la confusion à la confusion un Front islamique qui trouve sans doute que les talibans sont trop tendres et complaisants vient balancer ses bombes à l’aéroport de Kaboul et faire quelques centaines de victimes supplémentaires. Et il serait loisible de trouver de par le monde, d’autres exemples de reculoirs où la vie humaine compte pour du beurre, où bien des confusions embrument les consciences, nous laissant sur le cul avec notre progressisme à deux balles

Et pourtant

Les surprises de l’été ne sont donc pas réjouissantes ; mais les terrains sociaux, politiques, historiques  sont des terrains mouvants où bien des basculements restent possibles, quand la volonté des femmes et des hommes se met en branle. Il nous reste notre inextinguible confiance  dans la construction d’un monde humain et notre volonté de tout faire pour qu’il en soit ainsi.

Une exposition sur la mère, la mother, la « mor » comme on dit en danois, au Louisana à Copenhague, fut pour moi un vaccin très efficace contre un reculoir généralisé qui aurait pu me déprimer. Lors d’une visite à mon fils et sa famille, qui vivent dans ces terres nordiques, j’ai eu l’occasion de la visiter : un choc salutaire ! La richesse que les mères, les femmes, portent, les vies qu’elles donnent, les espoirs qu’elles communiquent, y compris au milieu des difficultés les plus grandes, des histoires les plus tourmentées, la persistance-résistance à mettre de la vie, ici comme ailleurs, maintenant comme toujours, là où c’est compliqué, sont, en ces temps difficiles, des bouffées d’oxygène que j’ai envie de vous faire partager en vous en proposant des images.

Jean-Marie Philibert