les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

dimanche 29 décembre 2019

moments de vérité


Moments de vérité

Le propre des mouvements sociaux, comme celui qui est en cours, est qu’ils sont des moments de vérité ; ils sortent du train-train habituel et comme on dit « ils remettent les pendules à l’heure ».

Certes il faut garder la tête froide, ne pas croire que le pouvoir, le patron vont se coucher tout de suite, mesurer les enjeux, les chances d’obtenir satisfaction, les risques d’y laisser des plumes, être conscient qu’au-delà de la revendication, c’est de dignité qu’il s’agit, de vie digne et debout. Les salarié(e)s en lutte font leur expérience, elle est incontournable, et souvent inoubliable.

Un condensé de lutte des classes

Mais l’affrontement apporte son lot d’informations et de révélations sur le contexte, les acteurs, la situation, les forces politiques, sociales en présence, les doses de courage nécessaires, sur les manœuvres à déjouer, sur les vrais amis et les autres, sur les sacrifices à faire, sur la force du collectif et de la solidarité, sur le cynisme, les bassesses, le culot de quelques-uns, sur les erreurs à ne pas commettre. L’expérience de trois grèves reconductibles m’a laissé des souvenirs…

Ce mouvement social, c’est un condensé de luttes des classes qui révèle ce que le quotidien peut parfois nous faire oublier.

Allons y donc pour les révélations. D’abord une très importante qui, plusieurs semaines après le début du mouvement, reste marquante, c’est le regard bienveillant, pour dire plus, c’est le soutien exprimé par une part importante de la population, en dépit des difficultés subies. Les instituts de sondage sont obligés de le reconnaître. La bataille d’opinion sur l’esbroufe de la retraite à points est en passe d’être gagnée. Les arguments sur l’universalité, la justice, la fin des privilèges… apparaissent pour ce qu’ils sont, des leurres. Avant la poursuite du mouvement en janvier, c’est un acquis important.

Les forces politiques

Autre révélation, plus attendue, c’est l’attitude des forces politiques, la LE PEN, elle n’aime que les masses à sa botte, mais elle a dit qu’elle soutient les grèves, sans doute comme la corde soutient le pendu. Elle se dit qu’il y a peut-être des voix à prendre. La droite présentable critique la méthode, les erreurs, les cafouillages, mais ne cache pas qu’elle ferait pire. Le centre dans les bras de Macron le laisse aller au charbon sans trop se mouiller, chez ces gens-là, on est péteux par nature. La social-démocratie, elle se réveille, et c’est tant mieux : le PS était même présent au meeting unitaire de gauche à Saint-Denis. Les écolos se rendent compte qu’à côté de l’écologie, le social fait de la résistance, ça semble les surprendre. A la gauche de la gauche, ça bouge plutôt dans le bon sens, même si Meluche semble avoir les chevilles qui enflent. Ils soutiennent tous et c’est ce qu’il faut ! Le PCF est là où il faut et il fait aussi ce qu’il faut pour aider le mouvement.

Enfin, dernier domaine à observer : le mouvement social.

Les Gilets jaunes semblent avoir compris que le monde syndical est à même d’offrir des perspectives à une lutte globale contre les injustices de toutes sortes qui gangrènent notre société, que s’organiser, c’est pas péché. Ils sont nombreux à être dans le mouvement et lui donnent de la couleur…

Le front unitaire qui est au cœur de la grève, CGT, FO, FSU, Solidaires,  qui a l’habitude du travail en commun a retrouvé la vigueur de l’unité, de l’unité d’action, la force de l’organisation collective, l’attraction que représente le rassemblement de tous ceux qui veulent voir leurs droits à la retraite (et les autres aussi) élargis, enrichis de tous ceux qui n’en veulent plus de ce libéralisme sauvage qui sème misère, exclusion, chômage, précarité, à la sauce UBER ! J’émets le vœu que, de ce front unitaire, sorte quelques chose de plus unitaire encore que les travailleurs de ce pays  peuvent inventer.

Enfin les autres, doctement qualifiés de réformistes, ils ont le cul entre deux chaises. La retraite à points a fait rêver la CFDT, mais ils ne veulent pas des 64 ans. Ils sont pour un recul, mais deux, c’est un peu trop. Quant à l’UNSA dont les cheminots font grève, elle les incite, en vain, à reprendre le travail. Ces deux organisations illustrent à merveille le sens qu’il faut donner au mot réformisme, au mot réforme : un embrouillamini, doublé d’un mensonge dans lequel une mère ne retrouverait pas ses petits.

Conclusion : les moments de vérité que nous vivons nous rappellent que la marche avant n’est pas la marche arrière.

Jean-Marie Philibert.

mercredi 18 décembre 2019

les retraites ... mais pas que...


Les retraites… Mais pas que…

Certes la question des retraites est dans toutes les têtes, des salariés, des citoyens de ce pays, des manifestants, des grévistes. Les enjeux du conflit sont clairs, au prétexte d’une pseudo-justice, la destruction de pans entiers de notre histoire sociale, avec à l’arrivée une réduction drastique du montant des retraites. Mais la force du mouvement, les propos entendus, les révoltes qui s’y expriment ne se limitent pas à cela : la crise qui touche le libéralisme sauvage qui constitue notre horizon indépassable ne pouvait que produire des effets, tels que la désespérance qui touche des pans entiers de notre société. Quand elle se heurte à l’arrogance de la classe dirigeante, la colère est compréhensible.

En même temps

D’autant que sur des questions aussi essentielles que le pouvoir d’achat, le chômage, la protection sociale, la situation empire, pendant que les revenus financiers se portent à merveille. En même temps… comme ils disent, les Macronistes. Et ils prétendent agir au nom de la justice, de l’universalité, au nom de la démocratie. La retraite à point nous l’aurions plébiscitée lors de la présidentielle… Et les 64 ans ? Et la casse des services publics ? Et la misère des hôpitaux publics ? Ce sont des revendications que nous avons demandé à ces marcheurs à la noix de satisfaire. Et l’empressement à casser les statuts, comme ceux de la fonction publique, comme ceux des enseignants ? Et la porte ouverte à toutes les formes de privatisation ?

C’est parce que la colère est immense et partagée que tous ceux qui souffrent des transports en grève tempèrent leur mécontentement et se reconnaissent au moins en partie dans le mouvement en cours, qu’une majorité de la population soutient le mouvement. Ce n’est pas l’action des régimes spéciaux contre les autres, mais la colère d’un peuple qui n’en peut mais de ses souffrances.

Contre la réaction en marche

Le gouvernement a tort de jouer le pourrissement, il se coupe un peu plus de sa force vive, s’isole et se dévoile pour ce qu’il est vraiment : la réaction en marche !

Sans prendre conscience que les défilés, les manifestants, les contestataires, les grévistes peuvent être plus nombreux encore… jusqu’à le faire trembler un peu plus.

Tiens ! Tiens ! La jeunesse lycéenne, étudiante… Tiens ! Tiens ! L’ensemble du monde du travail, privé et public, les grandes entreprises et les plus petites, les précaires, les sans-emploi…Cela peut faire du monde… concerné par ce qu’il se passe. Tous ensemble ! Tous ensemble ! Tous ensemble !

JMP


lundi 16 décembre 2019

les lumières éteintes


DES LUMIERES… ETEINTES

Dans un pays comme le nôtre qui est dans le top 10 des puissances mondiales, qui cherche souvent à donner des leçons à la terre entière, et qui, je crains, doit assez souvent être considéré comme insupportable à force de se croire sorti de la cuisse de Jupiter et, en plus maintenant,  de vivre sous sa houlette, il est indispensable d’avoir des élites, des esprits super puissants qui comprennent tout, qui savent tout, qui ont fait les plus grandes écoles et qui passent, passeront leurs vies dans les plus hautes sphères du pouvoir à fricoter avec tous les VIP. Des lumières, quoi ! Vous les entendez régulièrement à la téloche parler avec toute la suffisance et le mépris qui conviennent quand on s’adresse au bas peuple.

Ratages

A voir l’épisode actuel de la réforme des retraites, je me dis que nous avons raté quelque chose dans la formation de nos élites : ils cumulent les ratages, les erreurs, les manœuvres sottes (euphémisme), les propos faussement assurés avec une telle rapidité, une telle intensité, qu’on peut douter de leur lucidité.

Récapitulons : pendant des mois et des mois, parce qu’ILS (toute  la bande, du président au gouvernement) n’avaient rien vu venir : ILS ont foutu le pays, tout le pays, à feu et à sang, avec les gilets jaunes qu’ILS ont traités comme des moins que rien, pour ensuite leur jeter en pâture quelques miettes du festin et ne rien régler des difficultés sociales qu’ils ont soulevées.

Zizanie

Au moment où le climat se détend un peu, les stratèges de la République en Marche, se disent que peut-être un projet de réforme des retraites pourrait relancer la zizanie ambiante, tout en mettant un nouveau tour de vis sur les droits sociaux (ce qui est de leur point de vue toujours une bonne chose).

ILS reprennent une vieille « rengaine » que les réformistes sans ambition (traduisez réacs déguisés) trainent depuis des lustres : la retraite à point qui est à la retraite ce que l’aumône est à la justice. Et puis, c’est compliqué, ça aide à tromper son monde. Tellement que les ministres se trompent eux-mêmes quand ils en parlent. On va donc  chercher une vieille gloire, Delevoye, apparemment gentille, propre sur elle,  pour faire le job, discuter avec les syndicats, convaincre les indécis. Et puis on se rend compte qu’il a une batterie de casseroles au derrière, que sa retraite, à lui, ce sera du lourd, que sa crédibilité avoisine zéro.

Des demeurés

Le pays est à nouveau, à feu et à sang, grèves, manifs et remanifs, puisque beaucoup de futurs retraités sans doute plus compétents que le Delevoye ont fait leur calcul et se sont rendu compte que leurs retraites allaient prendre des coups sur la casaque, et que toutes les promesses dont on les abreuve n’ont pas une once de vérité : ainsi de ce pauvre Blanquer, qui prend ouvertement et sans vergogne des centaines de milliers de profs pour des demeurés.

Alors pour éteindre l’incendie, comme on n’a plus les pompiers (en grève), on appelle au secours la cfdt et l’unsa, mais comme on les a, elles aussi, trompées, en allongeant à 64 ans l’âge pivot pour toucher l’intégralité de sa retraite, elles boudent et disent qu’elles ont envie de manifester. Et une nouvelle bêtise !

Nullité

Parmi les autres signes de cette palinodie (vous savez quand on ne sait plus trop ce qu’on peut /doit dire et qu’on fait tout et son contraire)

 : donner aux syndicats la gouvernance du système (à condition qu’ils obéissent à ce qu’on leur dit)… On peut toujours rêver. Et le plus significatif de leur culot et de leur inhumanité absolue : la clause du grand-père.

Acceptez la réforme, elle ne vous touchera pas, elle ne touchera que les jeunes, entrant sur le marché du travail. Et je vais expliquer à mon fils, à mon petit-fils que j’ai sauvé ma retraite en bradant le sienne. J’ai honte pour eux.

Quand la nullité morale et intellectuelle atteint ce niveau, on se dit que nos zélites n’ont pas la lumière à tous les étages.

Jean-Marie Philibert.

mardi 10 décembre 2019

Faire le ménage


FAIRE LE MENAGE

Pourquoi avoir attendu tant de temps ?

C’est la question lancinante qui hante mon esprit en ce jour de grèves et de manifestations qui permettent à nos espoirs de se dire qu’ils ne sont pas vains, que même un peu assoupis ils peuvent se réveiller.

ILS

Ainsi après la vulgarité sarkozyste, la mollesse et la duplicité hollandaise, le culot, l’ambition et les mensonges macroniens auront la réponse qu’ils méritent. Quoi qu’ILS disent ILS ne sont pas du côté du progrès social, ILS ne savent rien et ne veulent rien savoir des aspirations d’un peuple qui souffre, aspirations à la justice sociale, à la solidarité, à des transformations politiques et sociales qui apporteraient un peu d’oxygène. ILS sont délibérément du côté du manche, du pognon, de la finance, de l’arrogance, comme si c’était là, la seule place possible pour un pouvoir politique. Ce constat nous ne cessons de le faire et nous ne cessons de le combattre : il est vrai que nous avons rarement l’impression d’avancer, même si par notre action nous pouvons dire que nous préservons des pans importants des acquis de notre histoire, et même si ce n’est pas toujours à la hauteur de nos aspirations.

La lutte des classes

Observez attentivement les acquis des politiques mises en place à partir du programme du Conseil National de la résistance, Sécurité sociale, retraite, réforme de l’enseignement, statut de la fonction publique, reconnaissance syndicale, vie démocratique, nationalisation… ILS ne rêvent que de grignoter, déformer, saper, casser des acquis que les plus réactionnaires d’entre eux vivent comme des survivances d’une emprise « communiste » qui les insupportent. Le bien être des gens les énerve, parce qu’il entre en contradiction violente avec leur compte en banque, et qu’ILS croient dur comme fer à cette lutte des classes qu’ILS pratiquent avec tout le zèle indispensable en faisant croire aux péquenots que nous sommes-serions ( ?) qu’elle est dépassée.

Gonflés !

ILS seraient des gens de bien, de bon sens. ILS veulent une réforme des retraites universelle et juste. ILS veulent en finir avec ces privilèges d’un autre âge que les égoïstes que nous sommes, attachés aux régimes spéciaux, défendent. ILS veulent nous faire croire que cela sera mieux après, alors qu’on travaillera plus longtemps pour des retraites réduites. Et comme ILS sont très gonflés et qu’ILS nous prennent vraiment pour des imbéciles, ILS commencent dès maintenant par des biais divers à réduire les pensions des retraités actuels. Il faudrait dire merci, croire aux mensonges que des bonimenteurs encravatés déversent à longueur d’antenne, aux leçons de modérations que tous les mous du bulbe ne peuvent pas s’empêcher de donner.

L’escombra

« Macarel, un cop d’escombra ! », aurait dit ma mémé dans son patois catalano-carcassonnais.

Les « escombras » (les balais pour les non-autochtones)  sortent des placards, ils se rassemblent, ils se radicalisent, ils se rappellent des souvenirs, « Putain, c’est comme en 95 ! ». Il y a les anciens, les jeunes, le privé, le public, les enseignants, les actifs, tous les retraités actuels et futurs…

ILS espèrent que ça va se calmer, que les trains, les métros vont redémarrer, que le monde du travail va en reprendre sagement le chemin, que les « escombras » ne serviront pas. Encore une fois ILS se trompent. Si les « escombras » ont attendu si longtemps, ce n’est pas pour « un petit tour et puis s’en vont ». C’est pour servir et bien, c’est pour sévir aussi, c’est pour les retraites des petits et des grands, c’est pour la justice… Et c’est aussi un peu pour faire le ménage…

Jean-Marie Philibert.


vendredi 29 novembre 2019

et maintenant


ET MAINTENANT ?

Ah, mon pépé aurait aimé, « la clause du grand-père ». Vous continuez à bénéficier des avantages d’une retraite, disons acceptable, et vous réservez à vos petits-enfants les catastrophes annoncées quant aux droits, à la durée requise, à l’âge de départ, aux inconnues du montant. Une malhonnêteté, insigne, un recours aux égoïsmes sans morale.

Une telle proposition est le signe que le gouvernement a peur de ce qui se prépare et qu’il cherche à tromper son monde… « Ne craignez rien, ce sont les petits enfants qui trinqueront. » On voit la hauteur de vue de Macron.

En arrière et en avant

Même dans les rangs de la République en Marche (arrière) on s’interroge, on s’inquiète. Les Ministres jouent de tous les registres : la conciliation, la discussion, la compréhension, les nécessités et, s’il le faut, le bâton, on sera ferme, on ne reculera pas, on ne peut pas reculer (tiens, c’est drôle pour un mouvement qui n’a qu’une marche arrière). Les semaines qui viennent nous diront s’il a pu la réenclencher.

En attendant le mouvement de contestation avance et bien et vite et ensemble. On sent comme une sourde détermination à ne pas accepter l’inacceptable, à informer sur les dangers de la réforme, sur les supercheries qu’elle véhicule, à  rassembler. La convergence qui se dessine entre organisations syndicales et Gilets jaunes en est le symbole.

Du côté politique

Je reste sur ma faim en ce qui concerne les prises de positions politiques : on les sent en osmose avec la réforme (pour le droite) ou discrètes (pour la social-démocratie, les écolos…). Certes l’analyse serait à pousser plus avant… Le PCF est clair, il est bien sûr avec le mouvement qui se prépare. Et la jeunesse communiste dit des choses qui auraient plu à mon pépé.

Extraits : « …Face à un gouvernement qui veut faire passer sa réforme par la division de la population en opposant les jeunes contre les vieux, les salariés du public contre les salariés du privé ou encore les bénéficiaires de statut particulier contre les salariés au régime général, les organisations de jeunesse affirment ensemble leur opposition à cette réforme. Les organisations de jeunesse ne veulent pas non plus du statu quo et, en plus de la contestation à la réforme, font des propositions en propre pour les jeunes et revendiquent :

  • Le maintien d’un système de retraite par répartition aussi bien dans le financement que dans le calcul de nos retraites
  • La prise en compte des années d’études dans le calcul des retraites
  • La prise en compte de l’ensemble des expériences de stage, d’alternance et d’apprentissage de manière automatique… »

Des avancées possibles

Ce qui est un signe de plus que le mouvement en préparation est autre chose qu’une défense de « pseudo privilèges ». Toutes les organisations ont des propositions pour améliorer une situation dont les insuffisances sont criantes. A commencer par le montant des pensions… Il faudrait y ajouter qu’une retraite suffisante, c’est encore mieux avec une protection sociale solide, et avec un développement conséquent des droits.

Il manque une cerise sur le gâteau, elle tient à la philosophie d’ensemble, aux valeurs que véhicule notre société : en finir une bonne fois pour toute avec cette conception qui fait des plus anciens des charges insupportables pour la société.

Pour ceux qui en leur temps ont fait la richesse du pays, pour ceux qui aujourd’hui, demain contribueront à en faire la diversité et la vie, et cela concerne tous les actifs-futurs retraités, pour ceux qui sont les vecteurs de nos expériences collectives, et donc de nos luttes et de notre histoire, seul un droit clair et net à une retraite décente à 60 ans, après 37 ans et demi de travail dans une société qui les reconnaît pour ce qu’ils sont, des citoyens à part entière, peut répondre à l’exigence de justice, de solidarité, de démocratie à l’œuvre dans l’action qui s’organise.

Le 5 Décembre, grève et ensemble, tous ensemble-tous ensemble-tous ensemble, et on décide des suites.
JMP

rappels nécessaires


Rappels nécessaires sur les mauvais coups passés

Après Rocard, les réactionnaires de tous poils, qui se parent des vertus de la « réforme », n’ont eu de cesse de tenter de rogner les droits sociaux et parmi eux l’emblématique retraite qui bien sûr présentait le vice congénital de payer les gens à ne rien faire, même si c’était avec leur pognon.

Tous les arguments vont y passer, les caisses sont vides, on vit trop longtemps, le déficit budgétaire, un système injuste… Des mensonges travestis en fausses évidences et que personne n’a crus.

1993 : En 1993, Il a fallu à Balladur faire voter sa réforme du régime général, en plein été pour tromper son monde et l’on ait passé d’une retraite calculée sur les 10 meilleures années à une retraite calculée sur 25 ans. Conséquence, baisse généralisée

1995 : En 95 tout à sa suffisance Juppé et son plan se sont pris les pieds dans le tapis et l’attaque contre les régimes spéciaux a fait flop, après une grève reconductible et une paralysie du pays. Ca a calmé les « réformateurs » pendant quelques années.

2003 : En 2003, Fillon s’y colle et s’attaque aux régimes spéciaux et à l’injustice que représentait à ses yeux le statut et les pensions de la fonction publique : vous pensez ils ne travaillent que 37 annuités et demie : 40 ans pour tous. Malgré une résistance acharnée, les fonctionnaires passent à l               moulinette.

2010 : En 2010, nouvelle charge d’Eric Woerth, ministre du travail, qui fait passer l’âge légal de départ de 60 à 62  ans et un « subtil »système de décote pour tous ceux qui n’ont pas cotisé assez longtemps pour avoir une retraite à taux plein. Vous remarquerez au passage que les deux réformateurs précédemment cités sont les mêmes qui ont eu ou auront quelques démélés judiciaires pour des questions financières, pour Woerth dans l’affaire Bettencourt et pour Fillon pour l’emploi fictif de Madame. Sans doute pensaient-ils à arrondir ainsi leur future retraite …

Et maintenant les points !

Les « réformateurs » restent en alerte : ils n’aiment pas la retraite par répartition, mais la crise financière de 2008 les a contraints à ne plus parler de capitalisation. Ils ont cherché un nouveau cheval de bataille, une arme imparable pour imposer la justice, bien sûr, la liberté, la transparence, l’universalité. Ils l’ont trouvé : les points. Ils ne comprennent pas que les citoyens de ce pays ne les comprennent pas. Peut-être ont-ils compris avec nous qu’on les prenait pour des imbéciles

JMP

tais toi et nage !


C’est loin la retraite ?

Pour rendre sensible aux plus jeunes générations la question des retraites qui leur paraît le plus souvent bien lointaine, une vieille histoire me revient en mémoire.

« Le petit Jordi à qui son père vient d’apprendre à nager se baigne en sa compagnie sur la plage de Canet. lls s’éloignent ensemble du rivage. Le petit Jordi, dont les connaissances géographiques sont sommaires est pris d’une subite envie d’aventures marines et ose la question :

-Papa, c’est loin l’Amérique ?

-Tais-toi et nage ! Jordi ! »

Tous les jeunes Jordis de 2019 risquent d’avoir avec la retraite le même rapport que le petit Jordi des années 60 avec l’Amérique : une terre mythique vers laquelle ils nageront sans jamais l’atteindre et sur laquelle ils auront rêvé tant et plus.

« C’est loin la retraite… Tais-toi et nage… »

JMP

mardi 26 novembre 2019

5=1


Mathématique syndicale : 5 = 1

La semaine dernière s’est tenu au Lycée Maillol le congrès départemental de la FSU, congrès préparatoire au congrès national prévu à Clermont-Ferrand début décembre. J’y ai bien sûr apporté ma pierre ; parallèlement à mes activités d’enseignant, la FSU m’a beaucoup occupé. Et ça continue…

Rappel historique

Un petit rappel historique pour les plus jeunes : la FSU est née d’une décision des dirigeants de la FEN (Fédération de l’Education Nationale) d’exclure le SNES et de pousser vers la sortie tous ceux qui se reconnaissaient dans les orientations d’un syndicalisme de lutte alors que la FEN, le SNIPEGC s’étaient fait une spécialité du syndicalisme d’accompagnement, que l’on dirait réformiste, que je me plais à appeler les mous du bulbe. C’était un coup dur pour l’unité syndicale : il a fallu faire face et ce fut la création d’une nouvelle fédération, une Fédération Syndicale que l’on a dite Unitaire qui a regroupé des organisations anciennes le SNEP, le SNES, le SNESUP et des créations ex nihilo comme le SNUIPP, des organisations qui rayonnaient chacune sur un domaine de l’éducation. Et divine surprise, les syndiqués ont suivi, ont adhéré : aux premières élections professionnelles, ils ont fait de la FSU la première organisation syndicale pour l’Education Nationale. A la division, ils ont préféré l’unité. C’est entre autres, à cette tâche syndicale que je me suis attelé et que sans doute par atavisme je continue à militer. IL n’est pas facile de se débarrasser du virus syndical. Et donc j’ai suivi le congrès départemental à Maillol, où est revenu comme un leitmotiv la question de l’unité syndicale. Et je veux m’en faire l’écho.

Une question centrale

Dans ces temps où se prépare une grève importante, générale, reconductible, massive qui semble donner les chocottes à tous les réactionnaires qui n’aiment les travailleurs que couchés et assoupis, la question de l’unité est essentielle, aussi bien pour construire le mouvement, que pour le faire durer et pour le voir déboucher sur des résultats tangibles. Et là, toutes les femmes et tous les hommes des décennies à venir sont concernés par ce qu’il va advenir de nos retraites : ou leur réduction à la portion congrue d’une allocation de survie construite sur du sable et des points, ou le maintien d’un droit à une pension décente qui permette à tous de faire face aux temps de l’après-travail.

Sur un enjeu aussi essentiel, seule la démarche unitaire a quelque chance d’aboutir. Cela va de soi et c’est ainsi que les choses se préparent. Mais la force de l’unité est efficiente dans tous les conflits du monde du travail, où les pouvoirs n’ont de cesse de générer à qui mieux mieux de la division et de trouver quelques mous du bulbe et de la conscience pour se laisser acheter à vil prix.

Les impasses à éviter

Nous sommes nombreux à être convaincus de cette efficacité, de cette nécessité, de ce pas à franchir pour sortir des stratégies divergentes et usantes qui semblent nous conduire dans des impasses et nous rêvons, le temps d’un congrès, à ce qui nous apparaît comme une utopie, sans parfois nous rendre compte que l’utopie est peut-être déjà en marche… en marche lente, mal assurée, compliquée, pleine de chausse-trappes. Mais dans nos déclarations communes, dans nos initiatives unitaires, dans l’habitude prise de nous dire en face ce que nous voulons et ce que nous refusons. Ce travail en commun est une première étape vers la reconnaissance de chaque organisation pour ce qu’elle est  avec ses particularités, avec son histoire, sa doctrine, ses ambitions et aussi ses faiblesses.

Dans l’histoire, des formes d’unité organique ont existé, rien n’est impossible. Mais toute avancée en la matière ne peut émaner que du monde du travail lui-même, que naître dans la conscience de chacun, que s’appuyer sur le besoin d’être solidaire face à une exploitation qui n’en a jamais fini de nous pressurer. Il ne nous reste qu’à avancer chaque fois un peu plus sur ce chemin.

Il y a quelque temps déjà un philosophe que quelques-uns rêvent d’enterrer  à tout jamais, un certain Karl, parlait de « conscience de classe ». N’est-ce pas ce qui permettrait de faire un grand pas sur cette voie de l’unité ?

Jean-Marie Philibert

mardi 5 novembre 2019

le 5 décembre


LE 5 DECEMBRE

Je piaffe. Cette attente est insupportable pour tous ceux qui n’acceptent pas l’arrogance du pouvoir, pour tous ceux qui souffrent de sa politique et à qui la seule chose que l’on promette, c’est qu’ils vont en souffrir davantage. Certes la brutalité des anciens propos s’est quelque peu atténuée : les fainéants, ceux qui ne sont rien et j’en passe. Mais le fond reste le même un mépris de classe souverain pour tous ceux qui ne sont pas premiers de cordée et qui n’ont pas du pognon plein les fouilles. Et il faudrait supporter ça jusqu’à quand.

Ca chauffait grave

Il y a un peu moins d’un an l’épisode des Gilets jaunes a bien montré que ça chauffait grave dans les chaumières, que les fins de mois difficiles, le recul généralisé des droits, la désertification du territoire national, la mise à mal des services publics devenaient intolérables. Quelques miettes jetées au bon peuple ont pu laisser croire que les consciences se laisseraient acheter au rabais et qu’il était possible de continuer presque comme avant en mettant l’arrogance en sourdine, que Jupiter resterait Jupiter, qu’il pouvait continuer à serrer quelques vis.

Et vas-y

Et vas-y que je m’attaque aux droits des chômeurs qui ne rêvent, c’est connu, que de chômer longtemps ! Et vas-y que je m’attaque à la retraite pour aujourd’hui (je ne les augmente plus, je les baisse en catimini) et pour demain, après-demain et après-après-demain (je remplace les droits à pensions chiffrés et clairs par des points mystérieux (des points d’interrogation sans doute !), je leur dis que c’est plus juste, et ils le croient, les imbéciles.  Personne n’y comprendra plus rien. Je t’embrouille et ça m’arrange. Et vas-y que je te casse chaque jour un peu plus les services publics, l’école, l’hôpital.

Depuis des mois les résistances de très nombreux secteurs prolifèrent sous des formes multiples, orthodoxes ou pas. La côte de popularité de Macron et sa bande est à l’étiage. Mais globalement les orientations demeurent, il ne change rien ou si peu. Il donne le sentiment d’avoir pour la démocratie un amour totalement inversé par rapport à celui, immense, qu’il a pour sa personne.



Volatile

Alors que sans être un grand spécialiste de l’opinion publique il est aisé de se rendre compte que le climat social est très volatile, que l’aspiration à en finir est majoritaire et que beaucoup de blocages viennent des atermoiements de forces politiques et syndicales qui se refusent à  prendre l’exacte mesure des choses : ceux qu’on aurait dit réformistes il y a quelques années et que je préfère nommer les mous du bulbe à qui on tend systématiquement les micros parce qu’on sait que le désordre dominant ne les gêne pas trop. Ils attendent, ils tergiversent. D’autres plus courageux et conscients, plus durs à cuire sont dans le mouvement, le renforcent, lui donnent des perspectives, le 5 décembre, ça commence ! Sans retenue il faut y aller !

La question des retraites est centrale, elle nous concerne, nous concernera tous, elle est à la fois simple et compliquée, se construit sur de fausses évidences, nous touche intimement parce qu’elle touche, à la fois, à notre rapport au temps et à notre rapport au travail. Des rapports que notre époque se plait à bouleverser.

En avoir ou pas ? Une retraite ? C’est là que ça se joue !

 Le pouvoir espère nous y perdre ; mais il se trompe lourdement sur la conscience collective des citoyens de ce pays et sur leur attachement à des droits qui sont constitutifs de notre identité.   Le 5 décembre dans une forme radicale, la grève reconductible, il s’agira de ne pas laisser remettre en cause ce droit fondamental.

Elle sera unitaire, s’appuiera sur des secteurs essentiels, elle veut rassembler, durer, pour renforcer les droits existants et de façon claire,nette et imparable permettre à tous ceux qui ont consacré une vie au travail, qui ont participé à la richesse collective de la nation, d’avoir, l’âge venu, les moyens d’une vie digne. Ils ne demandent pas un secours, une aumône. Ils demandent, ils exigent le droit de vivre, pas de survivre.

Préparons ensemble ce rendez-vous : le Travailleur Catalan en sera, vous n’en doutez pas.
Jean-Marie Philibert

mardi 29 octobre 2019

mecontentements


MECONTENTEMENTS



Mécontentements… Le vocabulaire journalistique est à la réalité ce que les bisounours sont aux relations humaines en général. Les relations humaines sont souvent difficiles, parfois tendues, le plus fréquemment indifférentes, aux antipodes des bisounours en question. Les mots utilisés par la presse, c’est pareil, la télé n’en parlons pas. Il ne faut surtout pas affoler le bon populo. On édulcore. On rabote. On euphémise. Avec d’autant plus de vigueur que l’on traite des informations sociales qui pourraient donner de mauvaises pensées aux citoyens récalcitrants que nous sommes. Ainsi des mécontents et des mécontentements.

En grève…

Regardez le monde autour de vous : les pompiers passent devant chez vous, sur leur ambulance en très grosses lettres POMPIERS EN GREVE. Vous allez à l’Hôpital, que voyez-vous ? « URGENCE EN GREVE ». Les cheminots, pressurés, comme jamais, se mettent en grève pour exercer leur droit de retrait, après un nouvel accident ferroviaire. De multiples entreprises en difficulté mettent la clé sur la porte, les salariés protestent pendant que les patrons se tirent avec le pognon. Les personnels des finances n’en finissent pas de sillonner le département pour alerter sur la disparition des services publics. Les postiers, les facteurs passés à la moulinette. Les enseignants et les personnels d’éducation contraints après une rentrée chaotique, de mettre en œuvre une réforme qui l’est tout autant, de gérer les carences d’un système qui ne sont pas dans le champ de vision d’un ministre têtu, myope et incompétent. Des suicides chez ces personnels, comme chez les policiers. Un Castaner incapable d’assurer la sécurité de la Préfecture de Police (un symbole !).  Quand une catastrophe écologique se produit comme à Rouen, ministres et gouvernement cafouillent grave et laissent les Rouennais dans les fumées, les questions et les odeurs.

Un hold-up

Les retraités dans la rue une nouvelle fois. Les agriculteurs en colère. Des syndicats qui préparent une grève interprofessionnelle, sûrement reconductible. Une réforme des retraites qui, si on regarde les pensions futures, aboutira à un hold-up sur les droits sociaux…

Tout cela n’est rien… Des mécontentements passagers. Du côté du patronat rien à signaler.

Il peut arriver que les mécontentements passagers vous pètent à la gueule, surtout si vous vous entêtez à ne pas entendre ce que dit la rue, à ne pas voir les souffrances humaines qui prolifèrent, à vivre dans votre bulle.

Serait-ce dans la nature du pouvoir que d’être irrémédiablement coupé des réalités sociales, que de ne savoir y répondre que par la trique et les lacrimos ? De la droite-sarko, à la gauche-hollande et  jusqu’au nini macronien, c’est toujours la même rengaine, avec les mêmes arguments, les déficits, la mondialisation, l’Europe, la crise, le chômage. Les discours sont volontairement incohérents… pour que surtout ils-elles-le bon peuple-le téléspectateur moyen ne comprennent pas qu’on les roule dans la farine, qu’il faut qu’ils acceptent encore et toujours de vivre de peu, de se distraire à peu de frais, de perdre leur vie à tenter de la gagner.

Le 5 Décembre …

Les « mécontentements » ont la peau dure des colères sociales profondes et anciennes, qu’on n’a pas voulu entendre parce qu’on les méprisait, parce qu’il était si facile de croire que le désordre des choses ne pouvait que durer encore et encore.

Je me dis que le 5 Décembre, il peut se passer quelque chose qui renverserait les tables trop bien mises où les opulents de ce temps n’arrêtent pas de festoyer.

Jean-Marie Philibert

mercredi 23 octobre 2019

l'Europe et la Catalogne


Et l’Europe-l’Europe-l’Europe…

« L’Europe ! L’Europe ! L’Europe ! … ça n’aboutit à rien et ça ne signifie rien… »

 C’est De Gaulle qui l’a dit.

Dans le cas de la crise que vit la Catalogne, dans le cas de la répression absurde et aveugle que met en œuvre le gouvernement espagnol, dans le cas du déni de démocratie que signifient les lourdes condamnations des responsables catalans pour de simples opinions politiques, la preuve est faite que Mongénéral n’a pas dit que des bêtises.

Ce qui est plus que certain, c’est que là l’Europe ne sert à rien, si ce n’est par son silence à conforter une Espagne qui n’en a pas fini avec son passé franquiste. Ce n’est pas joli-joli de mettre les gens en prison parce qu’élus pour organiser un référendum, ils le font, parce que dans leur démarche le respect de la paix civile est constant, parce qu’ils imaginent que leur identité peut devenir le creuset d’une nation. C’est encore moins joli-joli de les y laisser de longues années au cas où, comme de vrais  criminels, ils seraient dans l’incapacité de maîtriser leurs pulsions.

Et maintenant, alors que certains d‘entre eux lors des dernières échéances électorales ont été élus, y compris comme député européen, et qu’ils sont dans l’incapacité de remplir leur mandat ( vive la démocratie !), alors que tout ce que la Catalogne compte de citoyens valides descend dans les rues, sur les routes, les autoroutes pour dire sa colère devant des décisions iniques, l’Europe va-t-elle continuer à se taire, à regarder ailleurs, à donner des leçons de démocratie à la terre entière, mais à rester incapable de nettoyer ses écuries espagnoles, chez elle, où ça sent de plus en plus mauvais.

Serait-ce surhumain que de dire à un gouvernement de cette Europe … malade,  qu’il fait fausse route et qu’il est grand temps de retrouver les fondements de la vie démocratique des peuples majeurs : les urnes, le droit, la paix, la justice et la liberté. Pas les caricatures que nous avons vues ! Elle y gagnerait en crédibilité, ce qui ne serait pas un luxe.

Les foules catalanes ne disent pas autre chose. Et nous avec !

Jean-Marie Philibert.

lundi 21 octobre 2019

le temps


LE TEMPS


Il ne me déplaît pas de vous faire entrer dans les coulisses d’un billet d’humeur où bien sûr l’actualité est la denrée première : certes l’actualité est riche, protéiforme, surprenante ou désolante, elle n’arrête pas de fournir des multitudes de sujets. Mais vous comprendrez aisément que le besoin de prendre quelques distances avec un monde un peu ( ?) fou soit parfois utile. Mais comment ?


Vous êtes à court d’idées, la tête vide ; vous avez besoin de prendre du recul. Vous questionnez la bande de joyeux drilles qui composent le Comité de rédaction : « J’ai pas d’humeur »…Comme ce jour-là ils vous ont accueilli en vous souhaitant un bon anniversaire, c’était le bon jour d’une tantième année, une bonne âme (laïque) vient à votre secours : « Mais parle du temps, voyons… » ET c’est parti pour le temps.

Vivre sans temps ?

Faut-il perdre son temps à parler du temps quand on le sait au moins aussi précieux que la vie ?  Beaucoup ont fait de son évocation infinie leur raison de vivre, c’est sans doute exagéré, mais peut-on vivre sans temps (sic) ?

J’ai le souvenir à l’université d’un cours de philo sur l’espace et le temps : avec l’espace, j’ai tout de suite accroché, on est dans le monde, la nature, la réalité des choses. Avec le temps j’ai patiné, j’ai souffert, à 20 ans, je me suis senti vieillir, mourir, j’ai regardé mes condisciples et je ne voyais sur eux que les stigmates du temps, les miroirs ne m’offraient de moi qu’une image décrépite et dans le même « temps » je n’étais capable d’aucune rationalisation de la chose maudite qui semblait faite pour inexorablement m’engloutir.

Le choix

« Quelques » années plus tard, je ne suis pas encore englouti et la prose du décrépit contribue à noircir les colonnes du TC : c’est dire que le temps joue avec nous et que les seules possibilités qu’il nous laisse sont

a)de gémir sur sa fuite inexorable ou

b) de faire face.

Vous vous doutez que ma tendance naturelle ne m’a pas laissé le choix. C’est b ! Avec le temps, comme avec le reste, ne pas se laisser faire, ne pas le laisser nous conduire là où les puissants du jour rêvent de nous amener, ne pas le laisser aux mains d’un dieu quelconque. Ne pas le laisser organiser le désordre dominant où nous serions les jouets de forces, couvertes d’or bien sûr, qui ne peuvent que nous dépasser.

Briser le cycle inexorable

La bataille n’est pas que politique, elle est philosophique, idéologique, morale et sociale. Le temps qui nous est proposé, imposé est un temps circulaire (c’est toujours la même rengaine) où ce qui change ou fait semblant, ne le fait que pour que rien ne change, que pour que les cycles répétitifs de nos aliénations, de nos misères, de nos exploitations restent ce qu’ils sont. C’est pour cela, entre autres, que le pouvoir d’achat n’en finit jamais de stagner. Restons chacun à notre place ! Ce seraient-là les signes d’une humanité qui a beaucoup à se faire pardonner et qui doit accepter son sort… avec humilité.  Certes on lui laisse les loisirs, les dérivatifs multiples et variés qui peuvent momentanément la distraire. On lui laisse la possibilité de croire que peut-être ce sera mieux après.

Mais on ne veut surtout pas lui laisser ce qui devrait être un droit inaliénable à dire et faire de ce temps sa chose démocratique, à décider de son destin avec tous les droits qui devraient lui permettre de le faire, droits politiques, bien sûr, mais aussi sociaux, professionnels, éducatifs. Droits pour lesquels l’humanité ne cesse de se battre.

Ils ne nous laissent le temps de rien, et comme ils veulent de moins en moins nous le laisser, prenons-le, individuellement et collectivement.

Jean-Marie Philibert.








dimanche 13 octobre 2019

castaner


Le “mal vestit”

Mon Pépé qui était un tailleur réputé et qui avait le souci que ses enfants et petits enfants soient bien mis, avec des costumes faits sur mesure qui “tombaient” bien, à la juste taille, le lui aurait dit sans ambages:

“Christophe, ton costume de Ministre de l’Intérieur est beaucoup trop grand pour toi, tu es ridicule et le pire tu ne te rends compte de rien. Ce n’est pas parce que tu bombes le torse, que tu te donnes l’air important, que tu prends une gueule fermée et martiale que ça change quelque chose. Il n’est pas aux mesures, ou je crains que ce soit toi qui n’aies pas bien pris la mesure des choses...”

Le ridicule de Castaner

Nous avions déjà eu des occasions de mesurer le ridicule du personnage-Castaner, sa superbe et sa fausse assurance quand il racontait n’importe quoi. Ainsi lorsque des manifestants pour fuir les lacrimos que les forces de l’ordre balançaient à tout va se sont réfugiés pour se protéger dans un hôpital, dans son discours, c’étaient, à ses yeux, des fous furieux qui prenaient d’assaut les services d’urgence … sans doute pour dévorer tout crus les malades en souffrance.

Ne parlons que pour mémoire de la gestion, non seulement chaotique, mais aussi dangereuse pour la démocratie, des manifestations, pas seulement celles des gilets jaunes. Des bavures en tous genres. Des ordres donnés aux forces de l’ordre pour que leur zèle incite les manifestants à rentrer ou rester chez eux. Que dire d’une Fête de la musique qui se termine à Nantes par une noyade à la suite d’une charge policière et les silences coupables qui ont suivi ? Une telle obstination dans l’erreur pourrait justifier des démissions à répétition de l’impétrant-homme-d-état. Mais non, fort du soutien de Macron et Philippe, il poursuit dans les fanfaronnades. Et il est l’irresponsable en chef.

L’irresponsable

Par exemple, lors du dernier attentat dans les locaux mêmes de la Préfecture de Police, dans un service ultra-sensible, celui du renseignement.

Il est là intéressant de reprendre la chronologie des événements pour mesurer la nullité de l’impétrant. Le jeudi 3 octobre, un agent de la préfecture de police s’attaque à ses collègues, il en tue 3, en blesse un quatrième. Dans la cour un policier lui ordonne de lâcher son arme, un long couteau, il refuse. Il est abattu. Stupéfaction générale ? Pourquoi ? Un attentat ? Un geste de folie ? Le meurtrier s’était converti à l’islam ? N’était-il pas un employé modèle ? Le Ministre ne sait pas grand-chose, autant dire rien. Tout cela s’est passé au cœur du dispositif de sécurité de la République. Il faut attendre plusieurs jours pour avoir des débuts de réponses et il s’avère qu’il y a, comme il le dit lui-même, des “dysfonctionnements”. C’est ce que l’on appelle un euphémisme … pour réduire la portée de ce qu’on dit. La catastrophe, l’affaire d’état, les victimes, deviennent des dysfonctionnements.

Dysfonctionnement ? Alors qu’on est censé tout savoir, tout connaître, tout surveiller, ne pas avoir vu que depuis des années, un intégriste islamiste, qui n‘avait pas caché sa satisfaction après les attentats de Charlie Hebdo, n’était pas l’aimable collègue de travail que l’on croyait.

Garant de rien

Le Ministre est d’autant plus responsable que l’on est dans un domaine ultrasensible qui touche à la sécurité de ceux qui sont chargés de cette sécurité, qu’il en est le garant et qu’il a à sa disposition les outils qui lui permettent de le faire.

Enfin quelle confiance veut-il qu’on ait dans son action quand sa propre boutique ressemble à une pétaudière où l'on ne maîtrise rien et où les mots ne sont là que pour cacher ou travestir les choses?

Conclusion logique : si le Président, le Gouvernement, la majorité le couvrent, c’est qu’ils pensent comme lui que les mots comptent plus que les choses et que l’on peut continuer à raconter n’importe quoi aux citoyens.
Mon Pépé a raison : Castaner,  un”mal vestit”!


Jean-Marie Philibert

dimanche 6 octobre 2019

harangues à Arago


HARANGUES A ARAGO

Grande première dans la campagne électorale pour les Municipales à PERPIGNAN : il y avait les classiques, le toque-mannettes, les matchs de l’USAP, les inaugurations tous azimuts, les passages sur les marchés, les bises aux mémés, les promesses à Saint-Jacques, il y a désormais un nouveau passage obligé que l’obstinée Clotilde, dans ses inventions débridées pour faire parler d’elle, a mis en œuvre, il s’agit de la harangue à Arago.

C’est qui ?

Arago est notre grand homme, il est au centre de la ville, au centre de la place qui porte son nom. Il fut un grand savant, parmi les premiers polytechniciens, un politique important, un acteur très engagé de la seconde République.

Mercredi dernier, la candidate sus-mentionnée, a prononcé entourée de quelques supporters, d’un journaliste et d’un photographe (très important) du quotidien local, sous la statue du grand homme un discours-enfilage de perles “Le très jeune savant... l’inventeur de la photographie... le politique exigeant... celui qui dit non à l’exclusion et au racisme...” Elle connaît son sujet et s’empare du grand homme pour partir à la conquête de “Perpignan la républicaine” en reprenant ses idées... Mais sans dire bien précisément de quel côté elle penche : c’est sa spécialité. Elle adore le centre, elle serait prête à travailler avec la droite, elle a même été candidate sur une liste de gauche, c’est dire. Elle est sans doute du parti caméléon...

Alimentons leur harangue

Je suppose que tous les “maires potentiels” vont prendre une même initiative et pour les aider dans leur tâche, je leur propose quelques idées pour nourrir leur propre harangue à Arago à la lumière de ce que leur parcours politique laisse augurer de leur engagement et de leurs propositions pour la ville.

Celle de Ni-ni Grau

"François, c’est un  marcheur qui te parle, comme toi, je suis parti à Paris pour faire des études, comme toi j’aime la science et la politique, comme toi j’aime la république. Toi, tu as franchi les multiples régimes en restant fidèle à tes choix républicains, pour moi, compte tenu des vicissitudes du temps, la droite et la gauche jouant au yoyo, j’ai dû m’adapter et je l’ai fait avec tout le talent dont je suis capable, j’ai servi la gauche, certes modérément, j’ai servi la droite, tant que ça m’a servi, et puis devant la montée du nidroite-nigauche, je me suis résolument engagé pour de bon et pour ma pomme afin de devenir le Calife NINI. J’ai besoin de ta rigoureuse caution scientifique, moi qui n’en ai aucune. C’est le sens de ma harangue. Peut-être un jour je pourrai avoir ma statue à côté de la tienne.  Mais sur la mienne je tiens à ce qu’elle porte sur la tête mon emblème, une girouette.”

 Celle des deux grands indécis PUJOLINO et LORENTINO :

 “Ecoute François, toi qui as été fidèle, précoce et brillant... on a un peu honte. Nous on n’est pas tout ça. On ne sait pas encore ce que l’on va faire. Nos projets pour la ville ont conduit à la vider un peu plus, elle va mal, on est dans la panade. Notre brillante équipe éclate (pas de rire) tous les jours un peu plus. On aurait besoin que ton observation du ciel nous donne quelques lumières. Rassure-nous : tu n’as pas au moins l’intention d’aller installer ta haute statue sur le parking d’une grande surface à la périphérie, ce serait catastrophique pour nous... Nous comptons sur toi."

 La brève harangue d’ALIOT :                                                                                              

“François tu as été un grand républicain et je suis incapable de savoir ce que c’est, un grand républicain. Même un petit d’ailleurs ! Tu as contribué à l’abolition de l’esclavage et ce fut une si grande erreur que je n’ai rien à te dire... Je rêve de faire fondre ta statue... Salut !”

A gauche

Les gens de gauche, eux,  préférant la vraie vie au bronze travaillent sérieusement en évitant les chausse-trappes et les paroles malheureuses. S’ils pensent à Arago, c’est pour s’en inspirer en particulier dans son attachement républicain et dans son refus de prêter serment à Louis-Napoléon Bonaparte le futur Napoléon III qui s’apprêtait à tordre le cou à la république de I848. On a les Arago qu’on mérite.

Jean-Marie PHILIBERT

lundi 30 septembre 2019

chiracôlatrie


Chiracôlatrie

Je trouve que ce terme que j’emprunte à mon camarade Aschieri décrit parfaitement le déferlement médiatique qui nous assaille depuis que nous avons appris le décès de Jacques Chirac. Le respect des défunts est le signe de notre humanité et il ne s’agit pas de le remettre en cause. Mais l’univers médiatique s’embarque dans une telle hagiographie de l’ex-président qu’il serait possible d’y suspecter, pas seulement une peine légitime, mais aussi quelques soucis politiques. Nous nous réserverons la possibilité de les évoquer.

Le vide et le trop plein

Mais commençons par le vide que laisse celui qui a animé la vie politique française pendant des décennies dans un ancrage à droite  indéfectible, même si on pouvait avoir parfois l’impression que cette droite-là restait présentable. Et c’est sans doute ce vide qui appelle le trop plein au point de saturer de paysage médiatique.

Il a occupé toutes les allées du pouvoir, des plus obscures aux plus prestigieuses et a duré pendant plus de quarante ans, en rebondissant comme il le fallait, chaque fois que sa carrière donnait le sentiment de s’essouffler, y compris en trahissant ses amis du moment. Quoi qu’en disent tous ceux qui veulent faire croire qu’il n’appartient pas exclusivement à cette famille de droite, il a gouverné la France pendant des décennies au bénéfice des possédants de tous ordres et au détriment du monde du travail. Il a mené une politique de classe : il est impossible de lui attribuer la moindre initiative significative en mesure de soulager les difficultés sociales du plus grand nombre.

L’ambition et le plus grand nombre

Et pourtant, nous dit-on, le plus grand nombre garde une bonne image, plus de 70 % d’opinions favorables dit un sondage post mortem. Cela, je pense, n’aurait pas dérangé, bien au contraire, l’ambitieux forcené qu’il n’a cessé d’être  et qui l’avait conduit à ne jamais se couper de ce plus grand nombre  qu’il savait séduire, faute de le satisfaire.

Le « toquemanettes » comme on dit ici, il savait faire et ne rechignait jamais à la tâche pour donner le sentiment d’une proximité qui pouvait avoir l’air vrai, mais qui n’était que feinte. Elle servait le plus souvent à ce que l’essentiel, c’est-à-dire, la prise et la conservation du pouvoir soient les plus efficaces, les plus entières et les plus durables possible. Là il fut très bon. Au point que ce pouvoir, peu contrôlé, a pu le conduire à se servir de ses fonctions pour « quelques » turpitudes qui lui ont valu des démêlés judiciaires et lui ont permis une vie dans l’opulence. Comme il fut le champion de la valse des étiquettes pour faire croire que la droite qu’il incarnait pouvait être autre chose que ce qu’elle est. Comme il sut se débarrasser sans ménagement de tous ceux qui, dans son propre camp, pouvaient lui faire de l’ombre. Comme il sut utiliser la politique étrangère pour brouiller un peu les pistes et apparaître un peu moins réactionnaire qu’il ne l’était.

Les erreurs et l’humanité

Il sut même faire des erreurs grossières, dissoudre une Assemblée Nationale à sa botte et s’imposer une cure de cohabitation. Personne n’est parfait.

Vos erreurs font votre humanité. Comme les difficultés de la vie, de sa fin de vie.

D’où ce sentiment bizarre de perte d’un homme, fût-il un adversaire politique majeur, qui nous a accompagnés, qui n’est pas un étranger, qui fut notre quotidien, qui ne nous est pas totalement indifférent. Et donc la possibilité offerte au monde médiatique, au pouvoir en place, de fabriquer, avec le bourrage de crâne qui va avec, une image iconique d’un président aimant et aimé, d’un politique qui brouille les pistes de droite et de gauche (comme l’autre), d’un homme sympathique qui a aimé la vie …

Même si,  politiquement, (restons lucides !) il nous a copieusement et régulièrement couillonnés.

La chiracôlatrie, ça peut toujours servir… à poursuivre l’entreprise de couillonnage !

Jean-Marie Philibert.

mardi 24 septembre 2019


Les lycéens dans le collimateur

La semaine dernière à deux reprises au moins des manifestations lycéennes ont donné lieu à des interpellations, des gardes à vue, le tout précédé d’échanges de coups, de jets de grenades … dans une indifférence surprenante. Certes ils avaient sans doute mis à mal quelques poubelles, crié des noms d’oiseaux à la maréechaussée… Mais il serait dangereux de ne pas voir que les pratiques policières ont changé dans le sens d’une brutalité nouvelle qui semble vouloir étouffer dans l’œuf toute velléité de manifestation estudiantine, comme si le président le plus jeune que nous ayons eu avait peur de la jeunesse. Ne serait-il pas capable comme ses prédécesseurs de leur laisser la latitude de faire l’apprentissage de la manif, le plus souvent bon enfant ? Cela peut aussi parfaire leur éducation.

Parce que le nouveau comportement policier ne tombe pas du ciel, il est dans les ordres donnés, il est dans la crainte de toute expression démocratique, il est dans le refus d’entendre ce que dit la rue.

Parce que les lycéens disent quelque chose de prévisible, attendu et sensé : ils sont confrontés à une réforme qui saccage leurs emplois du temps (et pas seulement leurs emplois du temps d’ailleurs). Ils l’ont dit en pure perte à un pouvoir sourd. Ils protestent ! Horreur ! Tapez !

JMP

allégories


Allégories !



Elles sont connues depuis belle lurette. Elles ont pignon sur rue. Elles connaissent des destins en dent de scie. Elles sont rarement d’accord et ne savent pas toujours écouter ce qui se dit autour d’elles. Elles ne sont pas tout à fait du même monde et elles n’ont pas eu la même éducation. C’est à des temps révolutionnaires qu’elles doivent leur nom : celle qui était assise à droite du président de l’assemblée nationale en 1789 fut la droite et le resta, celle qui était à gauche fut la gauche pour longtemps. Les autres s’intercalèrent au fil des secousses de l’histoire : la petite dernière copine du fringant président du jour, la nidroite-nigauche, se mit bien sûr au centre sur les genoux de Bayrou. A la droite de la droite, dans une zone insalubre s’installa l’extrême-droite qui n’aime pas qu’on la dise extrême. Et à l’opposé la toujours jeune gauche de la gauche qui croit que l‘histoire s’est arrêtée en 68 et qui veut se distinguer de sa sœur jumelle. La politique politicienne dont il est convenu de dire tout le mal possible est leur domaine : elles en personnifient les orientations, les évolutions, les ratages, les reculades, les mensonges au point qu’on pourrait en oublier ce qu’elles sont.

La gauche !

Cela les concerne toutes, mais sans doute que l’allégorie de la gauche a plus souffert que d’autres de cette désaffection. Dès le début on la trouva méchante et dure, très agitée, trop populaire, allergique aux aristos, laïcarde, républicaine et même faute impardonnable un peu socialiste. Dans un pays qui se prenait pour la fille aînée de l’Eglise, c’est péché. Cela a fait que Madame Lagauche fut confinée, marginalisée, surveillée et qu’il fallut des moments historiques, Front Popu, Résistance, Libération pour qu’elle puisse poindre de bout de son nez. L’ère gaulliste, dans les bras d’une droite triomphante, en a remis une couche.

Repeindre les murs

Jusqu’à ce qu’elle parvienne au pouvoir grâce à quelque chose qui ressemblait à une union sans en être une tout à fait : Mitterrand s’était accaparé la dame et la chose pour la mettre à sa sauce et nous offrir des années de gauche de plus en plus molle. La gauche qui voulait changer la vie était devenue la gauche qui repeignait les murs aux couleurs d’un capitalisme triomphant. D’autres pays européens se sont laissé fagoter à la même sauce : la gauche ne pouvait qu’être dans les bras d’un social-libéralisme où les peuples comptent pour du beurre. Les valeurs qu’elle est en mesure d’incarner, progrès, justice, avancées sociales, démocratie, solidarité, internationalisme… ont vite pris l’allure de vestiges d’un autre âge que l’air d’un temps mondialisé selon le bon vouloir de la finance réservait aux souvenirs défunts.

Aimer la dame

Et pourtant ils étaient, ils sont nombreux encore à aimer la dame pour ce qu’elle est, pour ce qu’elle représente, pour ce qu’elle promet. Devant l’offensive des trois furies de droite, mettons-les dans le même panier, elles sont du même tonneau, il fallut, il faut faire face sur le terrain social pour sauver ce qui peut l’être, le droit du travail, les services publics, le pouvoir d’achat, les droits sociaux. Aujourd’hui, plus que jamais, la retraite. La gauche vit, rassemble. Mais pour cela l’union est la seule voie possible. C’est difficile et nécessaire.

Il peut se trouver que les amoureux de la dame ne soient pas aussi unis qu’il le faudrait, qu’il y ait des partisans de l’amour dur, de l’amour mou, de la sympathie distante. Il peut même se trouver que certains aient perdu la mémoire au point de ne plus savoir ou vouloir qu’elle existe parce qu’ils n’aiment que leur pomme.

Patience, elle en a vu d’autres. Elle a la résistance de nos espoirs à vivre avec les moyens qui vont avec, à vivre libres, égaux, et  solidaires.

Jean-Marie Philibert
Postscriptum et travaux pratiques : observez et soutenez ses capacités de résistance  pour les municipales de Perpigna

lundi 16 septembre 2019


Les châteaux, le doute et le congrés…

 On a beau dire, la monarchie avait du bon et il a fallu de méchants Sans-culotte pour tout casser. Enfin pas tout, il nous reste quelques vestiges et ils font les beaux jours de quelques régions de France que je viens d’avoir l’occasion de traverser. Je pense aux châteaux de la Loire qui dès le XV° siècle ont hébergé, les rois, reines, princes, princesses, favorites, maîtresses, courtisans et zanes, financiers et flatteurs en tous genres qui avaient compris que, dans un état (à la fin du Moyen Age) en train de se centraliser, il n‘y avait de salut et d’avenir que dans la proximité la plus grande avec le monarque. François I°, ses prédécesseurs ses successeurs, et leurs acolytes, vont construire de splendides demeures à Chambord, à Blois, , à Cheverny, à Chaumont, à Azay- le-Rideau, à Chenonceau… Et je ne dis pas tout.

Le ciel sur terre

Des bâtisses qui ont du sens. Elles assoient un pouvoir terrestre dans une magnificence qui n’existe nulle part ailleurs, elles écrasent le bon populo par une puissance qui aux yeux du paysan d‘alors est de l’ordre du surnaturel, accessoirement elles le font travailler. Elles dressent leur verticalité le plus haut possible dans le ciel (observez la forêt de cheminées somptueuses  qui ornent les toits de Chambord) comme pour côtoyer le dieu du ciel, Celui dont les princes rêvent d’incarner l’absolu des pouvoirs. Elles sont l’œuvre des plus grands talents, Leonard de Vinci vient y apporter sa contribution et y mourir, voilà cinq siècles.

Leur point faible : tout cela est trop beau pour être vrai, tout cela est hors d’échelle, tout cela est le signe tangible d’une société inexorablement divisée entre ceux qui ont tout, et plus que tout, et les autres que la naissance n’a pas sélectionnés pour faire partie d’un sang privilégié. La providence divine l’a voulu ainsi… Mais patience ! Les premiers seront les derniers, et les derniers les premiers, puisque le royaume de dieu sera à tous…

Pour une petite dose de lutte des classes

Tout cela est si beau qu’on y perd un peu de la conscience critique qui devrait normalement nous agiter, moi, le premier. On y perd la lucidité qui devrait,  hier comme aujourd’hui, être la nôtre devant un monde qui étale avec une telle ostentation la super-supériorité de quelques- uns, et le néant de presque tous. Les châteaux de la Loire et les villages paysans qui les entourent me font penser, avec la beauté en moins, aux rutilants gratte-ciels des capitales financières entourés de leurs banlieues cosmopolites qui ont la vie rude. Mais la vraie vie est là. Elle serait un peu moins rude que cela ferait du bien. Peut-être qu’une petite dose de lutte des classes…

En attendant, comme pour jouer avec l’histoire, avec l’époque, avec les consciences,  des initiatives intéressantes sont mises en œuvre pour créer une sorte de décalage, en rupture avec la vision admirative d’un passé magnifié et aristocratique.

Des trouble-fête

En face du château de Blois, comme une petite provocation, comme s’il y avait un truc quelque part , une maison de la Magie, consacré au magicien blésois Robert Houdin, fait sortir par ses fenêtres des automates monstrueux qui semblent tirer la langue en direction de la statue équestre de Louis XII qui fait mine de les ignorer.

Toujours à Blois, depuis plusieurs années existe, une institution d’art contemporain,  qui s’est proclamé  Fondation du doute, autour du groupe Fluxus, de Ben, de survivants du dadaïsme. J’ai pu y lire cette prophétie de Ben-Vautier, « Karl Marx revient bientôt » et sur un modeste écriteau, suspendu au plafond par une frêle ficelle, « La vérité ne tient qu’à un fil ». Enfin à Chaumont, c’est une profusion d’œuvres d’artistes d’aujourd’hui qui tentent de ranimer de vieilles pierres en les sortant de leurs carcans idéologiques.

Et, cerise sur le gâteau de cette région, au cœur de la France, comme un pied de nez à cette avalanche de têtes princières, le souvenir voilà un siècle maintenant du Congrès de Tours, où des moins que rien ont créé un parti pour devenir quelque chose. L’œuvre est en cours, elle a besoin de votre concours.

Jean-Marie Philibert.

samedi 7 septembre 2019

Ne ps surfer idiot...


Ne pas surfer idiot…

Il y a des domaines qui semblent aux antipodes les uns des autres, au point que rien ne semble fait pour qu’ils se rencontrent. Et pourtant quelques téméraires s’aventurent dans des rapprochements saugrenus, faits pour nous surprendre et dont je pense qu’ils peuvent ne pas être sans intérêts. Ils nous permettent de sortir des sentiers battus et rebattus. Il ne vous étonnera pas que ce soit des philosophes, on va dire marginaux, qui en soient les artisans. Sur la toile vous pouvez les rencontrer.

Chez les philosophes ?

Alain Badiou est de ceux-là, il ne court pas après les invitations à la téloche pour parler de tout et de rien, en compagnie de BH-Levy, il ne sait pas tout sur tout et son contraire comme Michel Onfray dont on peut regretter qu’il dilapide un peu un capital de sympathie qu’on aurait pu lui accorder, il ne joue pas au vieux beau philosophe comme Luc Ferry dont le passage au ministère de l’Education nationale a été quelque peu pitoyable pour lui et la discipline qu’il incarnait.

 Alain Badiou est prof à la retraite, homme de théâtre, accroché à la nécessité de changer la société. Il tente de nous éclairer sur notre temps, philosophiquement parlant. « De quoi Sarkozy est-il le nom ? », « L’hypothèse communiste », « Le réveil de l’histoire », quelques titres de ses opuscules qui peuvent situer le personnage, dont l’orthodoxie communiste  reste personnelle, plutôt tendance mao. Mais le propre du philosophe, c’est de ne faire qu’avec sa raison à lui et de nous la proposer en partage. A nous de juger !

Poésie et communisme

Il vient d’exercer ses compétences, à l’occasion d’une conférence pour Mediapart, sur le lien qui est pour lui essentiel entre des secteurs  dont les interférences pourraient sembler ténues, sinon inexistantes, l’entreprise communisme (saisie dans son histoire) et le poème. La politique et la littérature, même combat, je caricature ! Mais son ambition est de montrer que ces aspirations, pour être d’ordres différents participent fondamentalement  d’une même démarche de fond où le souci du commun est central. Son propos concerne tous ceux qui pensent que l’horizon du capitalisme sauvage et son cortège de divisions, de souffrances sont dépassables.

Ce qui est commun

Il part d’une évidence : pour le poète la langue est à tous, comme le monde est à tous,  en particulier à ceux qui n’ont rien. Il s’appuie sur les grands noms de la poésie mondiale , des poètes qui ont porté l’idéal communiste Eluard, Aragon, Nazim Hikmet, Yannis Rítsos César Vallejo, Raphael Alberti, Berthold Brecht, Pablo Neruda…. Ce lien entre ces auteurs et le communisme est essentiel : « Le souci poétiquement organisé de ce qui est commun à tous, un amour violent paradoxal de la vie commune, le désir poétique que les choses de la terre appartiennent de droit à tout le monde… ».

Cet engagement politique et poétique passe par la place redonnée à l’épopée et retrouve l’héritage hugolien. Le poème de l’héroïsme des prolétaires. , il s’agit de refonder l’épopée du peuple, et le combat pour le nouveau monde dans une dialectique de l’admiration et de la compassion.

La guerre d’Espagne

Le moment de la guerre d’Espagne illustre cette rencontre entre poésie et communisme, dans un contexte de crise  violente entre fascisme et communisme où des artistes deviennent des acteurs de l’histoire dans une perspective qui a pris une dimension internationaliste. Badiou propose, entre autres, une lecture du poème d’Eluard « La Victoire de Guernica » où le poète met l’accent sur le renversement de la misère en héroïsme. Il s’agit de recréer une nouvelle confiance. Pour le philosophe cette exigence est aussi celle d’aujourd’hui : Il faut sortir du nihilisme résigné. « Homme réel pour qui le désespoir alimente le feu dévorant de l’espoir, ouvrons ensemble les derniers bougeons de l’avenir… »

Garder la confiance dans un héroïsme patient qui ne se détourne pas de son objectif de justice, de paix, qui se nourrit de toutes les subjectivités, de tous les désirs, de toutes les libertés et des engagements qu’elle impose, y compris dans les pires moments. Voilà trop brièvement résumé le propos de Badiou.

Que je vous souhaite de retrouver avec le même intérêt que moi (Google : poésie et communisme-Badoui) et vous aurez l’original sans commune mesure avec la pâle copie que je vous propose. Internet et la poésie peuvent faire du bien.

Jean-Marie Philibert.