les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

lundi 18 décembre 2023

DE LA LAICITE

De la laïcité L’incident Les Tartuffes ont la vie dure ! Voilà le tableau de Giuseppe Cesari qui a semé le trouble dans un collège des Yvelines où une professeure de lettres a eu le malheur de le montrer à ses élèves de sixième. « Actéon surprend Diane dans son bain ». Les corps sont nus : l’horreur ! Des élèves se sont plaints, ont alerté les parents qui ont protesté, les enseignants, les personnels ont mis en œuvre leur droit de retrait, la polémique est montée jusqu’au Ministre qui s’est rendu sur les lieux. Il faut dire que l’on n’est qu’à quelques encablures de Conflans Sainte Honorine où Samuel Patty a été assassiné. Il faut dire aussi que des incidents se sont multipliés dans cet établissement depuis le début de l’année : il souffre comme beaucoup d’autres de difficultés d’encadrement et les profs veulent être entendus. Les baigneuses ne portent pas de burkini, elles sont nues de chez nues, comme souvent dans les évocations mythologiques où le corps est respecté pour ce qu’il est, l’incarnation de la vie. Les intégristes de tous poils qui prolifèrent dans ces temps de crise sont passés, ô surprise, rapidement sur cet incident. Attal, le Ministre, est venu sur place et a annoncé le déblocage de quelques moyens. Les troubles Il n’en reste pas moins que les esprits sont troublés, que les personnels ont le droit d’être inquiets, que l’obscurantisme continue sa marche, que l’enseignement public est au cœur d’une démarche où la laïcité est difficile à faire admettre par des parents, des familles qui s’enferment dans un repli identitaire où les préjugés ont force de lois… divines. Les élèves sont les jouets d’enjeux idéologiques qui les dépassent. La tâche des enseignants est des plus compliquées. Leur mission formatrice, éducative s’appuie sur des savoirs qu’il importe avant tout de transmettre pour ce qu’ils sont, des données tangibles, vérifiables, rationnelles, à des jeunes qui souvent les découvrent, en leur en montrant, s’il le faut, les formes, les limites, les doutes, les ignorances. Construire l’intelligence Le prof cherche à construire chez l’élève qui lui est confié une intelligence en gestation, une intelligence qui a déjà son histoire, son contexte, ses a priori, qu’il faut développer. Mais plus essentiel encore, l’objectif majeur est de former un esprit libre, en mesure de faire la part des savoirs, des croyances, des choix individuels, des décisions personnelles qui constitueront une personnalité en mesure d’affronter son destin. Et tout cela, il le fait dans un contexte très dégradé, où l’insuffisance des moyens est la règle, où la mixité sociale est le plus souvent aux abonnés absents, où les salaires sont pitoyables. La sollicitude des gouvernants est rare, si ce n’est inexistante. La réussite de l’opération repose avant tout sur les épaules de ceux qui enseignent. La laïcité est la pierre angulaire de l’institution scolaire : il est fondamental que ses acteurs fassent tout pour qu’elle le reste. Jean-Marie Philibert

lundi 4 décembre 2023

SORTIR DE L'ORNIERE

Sortir de l’ornière Les faits Dans un village de notre cher pays, un soir de fête locale, une bagarre éclate en fin de soirée, entre des jeunes de la localité et une équipe de trublions venus de Romans, ville voisine. Un ou des prétextes futiles, des noms d’oiseaux, et c’est parti. Des échanges de coups. Des appels au calme inaudibles. Ça dégénère, un couteau est sorti. Un adolescent du Crépol reste étendu sur le sol dans une mare de sang. Les étrangers du village s’empressent de partir, sans doute conscients que cela peut mal tourner pour eux. Il se trouve qu’ils viennent d’un quartier de Romans dont la population est mêlée, la réputation sulfureuse et la couleur de peau un peu moins blanche que la moyenne. Il se trouve aussi que les jeunes identifiés comme les protagonistes de la bagarre portent des prénoms à consonances étrangères et qu’ils ont disparu. Ils sont vite retrouvés du côté de Toulouse. La population du Crépol, les amis de la victime, ses copains et copines sont dans la peine, la population de la Drôme est secouée. Une marche blanche est organisée. Sa nature Un fait divers ? Un événement politique ? Quelle importance lui donner ? Il ne faut pas oublier que notre société est travaillée par des va-t-en-guerre-civile qui ont pignon sur rues et dans les consciences, qui rêvent d’en découdre avec cette faune sauvage et arabe, venue nous remplacer, prendre notre travail, nos maisons et un peu nos richesses bien sûr. Un racisme ordinaire alimente une idéologie réactionnaire qui fait de l’étranger le fossoyeur de notre civilisation judéo-chrétienne et blanche. De grands esprits l’alimentent et trouvent sur CNews des porte-voix qui ne cessent de reprendre leurs propos, sous la baguette du maître de cérémonie Pascal Praud. « Tout ça était annoncé. Et ce n’est pas fini ! Ce n’est pas fini ! » Des propos édifiants Et CNews cite ses maîtres à penser, Marion Maréchal : « Une meute de barbares ». Thibault de Montbrial, avocat, « des racailles venus d’une cité », Eric Ciotti : « Thomas, victime de l’ensauvagement ». En vrac : « Fous ceux qui refusent de voir les prémices d’une guerre civile… La tentation de l’autodéfense va se radicaliser… Francocide ! … Un jour les citoyens se défendront eux-mêmes…» Crépol fait les affaires de l’extrême droite : pour que les gestes rejoignent les paroles, via les réseaux sociaux, elle appelle les bons français à manifester à Romans et ailleurs pour punir les coupables, les rejeter à la mer. Donnons l’exemple. Nous pourrons alors reconstruire la France blanche, policée, et propre sur elle qui nous échappe chaque jour un peu plus. L’extrême droite et ses sbires sont aux antipodes du pays réel, mais ils se dévoilent, prétendent occuper la rue. Ils alimentent des haines d’un autre âge qui servent les intérêts des réactionnaires en place et les plus-values du capitalisme triomphant. Ils se moquent de Thomas, de la douleur de sa perte, pour jouer leur partition d’un embrouillamini politique. Ils en appellent à l’urgence, occupent les esprits, alimentent les peurs. Macron et son équipe peuvent jouer les remparts républicains ; les Français peuvent préparer Noël. La gauche empêtrée dans ses relations compliquées, met bien du temps à construire des convergences, et pourtant c’est la seule voie pour nous sortir de l’ornière. Jean-Marie Philibert.

mardi 28 novembre 2023

DE LA TREVE A LA PAIX

De la trêve à la paix Enfin les armes se sont tus, pour une courte trêve : libérer des otages, permettre aux habitants de Gaza de prendre conscience des destructions, autoriser les camions à pénétrer dans l’enclave pour apporter de quoi survivre, tenter de retrouver ses amis, sa maison, ce qu’il en reste, mesurer la désolation, les deuils, concevoir un avenir, sauver sa peau, celle de ceux que l’on aime, reprendre une vie « normale », travailler , soigner, éduquer, se savoir enfermé… La liste est incommensurablement longue de la vie à retrouver pour les gazaouis : quatre jours, c’est bien peu. Les jours d’après que seront-ils ? La poursuite de l’offensive israëlienne … Une explosion généralisée … Une tentative de faire durer la trêve… Ou bien la tentation de la paix pour deux peuples que des décennies d’affrontements ont déchirés. La difficulté La difficulté tient peut-être au fait que cette terre-là est celle qui a vu naître les religions monothéistes. Depuis Rome et même avant les emprises y furent nombreuses, variées. Nos croisades y sont allées mettre leur grain de sel. Au temps des colonies, les Britanniques en prennent le contrôle. Se développe au XIX° siècle un mouvement sioniste qui jette les bases d’un foyer national juif en Palestine, contesté par les pays arabes. L’immigration se développe au XX°. En 1947 le Royaume Uni met fin à son mandat et l’Onu partage la Palestine entre un état arabe et un état juif. Des vagues d’immigrants viennent en Israël. L’état de guerre avec les pays arabes est continuel. Des populations marginalisées L’état arabe n’a jamais existé, les populations palestiniennes sont restées marginalisées, soumises à des contrôles de plus en plus violents d’un état israëlien qui se prenait pour le maître du monde. On a comparé Gaza à une prison à ciel ouvert. Des forces politiques s’y sont développées, Le Fatah d’abord en partie marginalisé, puis le Hamas entre autres prônant la destruction des juifs. Une identité éclatée, mais une même souffrance ! La communauté internationale, les états arabes, l’Egypte, et surtout les Etats-Unis tentent de gérer ce qui peut l’être. Dans un melting-pot que j’ai réduit à l’essentiel. Les diasporas juives et palestiniennes complètent un tableau des plus sombres où la plus grande des urgences est de se donner l’ambition d’y implanter une paix durable. Une paix durable Mais la paix n’est pas, si le puissant refuse à celui ou celle qui l‘est moins la capacité de vivre, si la subordination d’un groupe par un autre est l’obsession constante. Construire la paix, alors que les armes sont là, que les esprits sont passionnés, que les va-t-en-guerre restent à la manœuvre. Construire la paix avec ceux qui ont enfin compris que c’est la seule voie possible. Construire la paix pour en finir avec les violences qui brisent les vies. Construire la paix pas à pas, en se parlant et s’écoutant. Construire la paix en sortant des murailles derrière lesquelles on s’abrite. Construire la paix en étant enfin convaincu que deux états indépendants, souverains, libres, peuvent vivre côte à côte en se respectant. Jean-Marie Philibert

mardi 14 novembre 2023

LA DIFFICILE GESTATION D'UNE COMMUNAUTE HUMAINE

La difficile gestation d’une communauté humaine. J’ai toujours beaucoup d’hésitations à me lancer dans les commentaires de la politique internationale, j’ai le sentiment que tellement de choses m’échappent je ne peux que dire des bêtises. Mes hésitations sont accrues quand cette actualité est l’objet de toutes sortes d’horreurs guerrières, terroristes, sanguinaires où la mort compte seule, où les esprits sont tellement échauffés qu’ils sont dans l’incapacité d’entendre raison et où mon pacifisme (pas que le mien d’ailleurs) est complètement hors sujet. Alors qu’il devrait être la seule issue viable ! Tous les problèmes du monde me concernent. Je vais donc chercher à contourner la difficulté, en traitant de l’ordre-désordre de notre planète dans ses dimensions globales, parce que ce qui se passe à Gaza, en Israël, en Arménie, et partout où les armes grondent et où les hommes meurent, dépasse toutes les frontières et met en jeu un équilibre-déséquilibre mondial. Pendant des décennies, des puissances (super !) s’en sont crues les dépositaires sans demander un quelconque avis à quiconque, en s’appuyant sur leurs puissances militaires, économiques, financières, même géographiques et culturelles. La liste n’est pas exhaustive. Sûres qu’elles étaient de leur supériorité, ces super puissances se sont tout autorisées. Aux siècles derniers, à coloniser des pays, à exploiter leurs richesses, à soumettre leurs habitants pour leur apporter bien sûr une civilisation qui devait les faire rêver. Les super puissances à la manœuvre Un monde partagé entre colonisateurs et colonisés. … jusqu’au moment où il a fallu prendre la poudre d’escampette ou/et s’adapter. Le monde a ensuite connu l’affrontement des deux blocs, américain et soviétique, dont nous vivons quelques séquelles encore. Les superpuissances sont restées à la manœuvre. L’Europe, l’Occident ont occupé les avant-postes du libéralisme capitaliste mondialisé et bien sûr, nous avec. Avec l’ambition d’’en rabattre le moins possible, et pour les riches et puissants de l’être toujours plus. L’illusion d’une paix improbable et un développement économique réel, surtout inégalitaire, « semblaient » faire l’objet d’un consensus, fragile. Piégé ? Mais ce monde-là à force de regarder son nombril, son escarcelle, de croire en sa toute-puissance est en voie de se faire piéger par une effervescence qui active ou réactive des conflits, où toutes les ambitions, les passions, les fanatismes s’exacerbent, où les terrorismes sont à la manœuvre et où les fabricants d’armes se frottent les mains. Les conflits de l’Ukraine, Israël et la Palestine, l’Arménie ne manquent de rien… La communauté internationale est dans une incapacité totale à y mettre le holà. Les résolutions de l’ONU sont sans effet. Le Sud Global De ce partage du pouvoir et des richesses, des pans entiers de la planète en sont restés exclus : des pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine… Ils ne considèrent pas ces guerres comme les leurs. Et ils ont pris déjà depuis quelques années leurs distances avec des évolutions, des politiques qui les marginalisent, ils refusent une dichotomie où ils compteraient pour du beurre. On parle de Sud global Et 2023 a vu l’arrivée à maturité de ce Sud global plus affirmé. Ce groupe se structure : en août, Johannesburg a accueilli un sommet du groupe BRICS – un bloc composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud – au cours duquel 21 pays du Sud ont posé leur candidature. Six ont été invités à le faire : l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis – et ils le rejoindront officiellement en janvier 2024. Beaucoup des ex-colonisés et des non-alignés s’y reconnaissent. Jusqu’à représenter une large part de la population mondiale. On se doute au vu de ceux qui le composent que rien ne doit être simple à l’interne. Ce ne sont pas des bisounours, ni des démocraties patentées. Mais ce Sud Global veut compter, exister. Il peut aider à fonder un monde multipolaire, où la domination des mêmes, toujours recommencée, n’aura plus les mains totalement libres pour gouverner à sa guise, de tragédie en tragédie. Ecoutons le Président Lula qui se veut un des représentants de ce Sud Global. : « Je pense que nous sommes des victimes, nous sommes traités comme des algorithmes et il est nécessaire que l’humanisme réagisse. […] Nous devons vaincre l’individualisme, qui est en train de s’emparer de l’humanité. L’humanité est née pour vivre en communauté. » Jean-Marie Philibert.

lundi 6 novembre 2023

LE VIEUX CHENE ... VERT ... DE KEN LOACH

Le vieux chêne …vert… de Ken Loach. Après avoir vu le dernier film de Ken Loach, The Old Oak, le vieux chêne en français, il me semblait difficile de ne pas faire partager mon enthousiasme, mon plaisir et mon admiration au lecteur du TC. Certes l’histoire n’est pas nouvelle, elle a l’âge de la lutte des classes qui a eu la prétention de mettre au tapis le monde ouvrier britannique et plus particulièrement les mineurs. Thatcher voulait les rayer du paysage social, eux et d’autres, pour laisser le libéralisme échevelé qui était bien sûr sa tasse de thé régner dans les consciences et mettre au pas un syndicalisme honni par son monde. Les films de Ken Loach ne cessent de revenir sur cette histoire, en la peignant avec un œil réaliste et souvent pessimiste. Avec The Old Oak, le réalisme est toujours là, le pessimisme y est aussi, mais l’histoire se pare d’événements porteurs, de personnalités attachantes, de signes que la lutte des femmes et des hommes est aussi faite d’espoirs. Pourtant quand ils arrivent dans cette petite cité minière qui a perdu mines et avenir, les réfugiés syriens sont accueillis avec la plus grande méfiance, pour ne pas dire plus. L’auberge du Old Oak qui semble un des rares lieux de vie qui subsiste voit la confrontation de l’hostilité des travailleurs locaux qui ont tout perdu et l’incompréhension d’immigrés dans le dénuement total. Deux personnages à la riche humanité vont jouer un rôle moteur : Yara, une jeune photographe syrienne, volontaire et déterminée et surtout TJ Ballantyne, le propriétaire du pub, aussi usé que son établissement, mais décidé à s’en servir pour sortir du marasme. Certes ce n’est pas la révolution, mais une mise en résonance : ce microcosme parle d’actes solidaires qui ont du sens pour agir sur le monde. Allez voir le film pour prendre conscience, que comme le répète Ken Loach, : « L’espoir n’est pas une pensée magique. C’est un chemin crédible que l’on trouve au milieu des problèmes auxquels on est confronté ». Un chemin qui nous permet de rester aussi verts que son « vieux chêne ».Une belle leçon pour un cinéaste de 87 ans. Jean Marie Philibert.

lundi 30 octobre 2023

LE FLAVIOL ET LE BRUIT DES BOMBES

Le flaviol et le bruit des bombes. A la lecture des prises de position gouvernementales, présidentielles, de Macron, Borne, Darmanin et tutti quanti, qui ont émaillé ces derniers jours, une image a traversé mon esprit, ou plutôt un son fluet qui est resté dans mes oreilles d’enfant, écoutant les sardanes que des coblas pleines d’allant jouaient sur les places de Prats de Mollo. Pour introduire une sardane tonitruante, pour faire le lien entre deux morceaux aux cuivres étincelants, sans doute aussi pour reposer les oreilles et les esprits, un des musiciens jouait un tout petit air rituel de flaviol (une sorte de petite flute à bec). Il rythmait son morceau en tapant sur un petit tambourin fixé à son bras. Une musiquette délicieuse. Le flaviol pour nous enduire Dans ces temps troublés, c’est un euphémisme, l’orchestre à Macron nous joue régulièrement du flaviol, comme pour desserrer l’étau qu’une actualité oppressante fait peser sur nous et sans doute aussi pour nous « enduire » d’erreurs. Ils sont devenus experts. Rappelons-nous l’épisode des retraites, « rallonger la durée des années de travail, une nécessité sans pratiquement de conséquences pour ceux qui sont déjà assurés de vivre plus vieux et surtout une occasion inespérée de sauver notre système de retraite par répartition que le monde entier nous envie ». Ce coup de flaviol a eu la réplique musicale qu’il méritait, une symphonie inachevée, collective, unitaire et harmonieuse comme jamais. Inachevée, vous avez bien lu ! Le flaviol arme à répétition Le flaviol, dans leur esprit, peut aussi devenir une arme à répétition : ainsi de la musiquette du 49/3 qu’adore la première ministre. On n’a pas la majorité à l’Assemblée pour faire adopter les textes, c’est embêtant en démocratie de gouverner sans majorité, mais la musique de la constitution de la V° république a prévu des intermèdes qui permettent de s’en passer, un petit coup de flaviol pour distraire la galerie avec une motion de censure qui sera toujours rejetée et le tour est joué. La démocratie sauvée (enfin presque) et la loi adoptée. La musiquette du 49/3 est en train de reprendre avec l’adoption du prochain budget. On y est tellement habitué qu’ils rêvent de nous faire aimer le flaviol. Multiples usages du flaviol Le flaviol peut aussi servir pour éteindre des incendies sociaux très sérieux : ainsi les émeutes qui avaient embrasé les banlieues après la mort de Nahel. Madame Borne vient de trouver les réponses, non pas en termes de justice sociale, mais « des réponses claires de fermeté et d’autorité ». Appel est fait à la police municipale, à la justice, aux parents, à des initiatives culturelles et éducatives…Quelques millions d’euro pour une efficacité illusoire : du flaviol. Pour les profs secoués après le meurtre de Dominique Bernard à Arras : des mesures visant à améliorer leurs situations sociales, économiques, à les aider dans leur fonction de cohésion sociale, vous n’y pensez pas. Une émission de télé, La Grande Librairie, avec les profs-écrivains connus pour dire tout le bien que l’on pense d’eux et puis rien. Du flaviol à l’état brut. Quant à la proposition de Macron lors de son voyage en Israël, de large coalition anti-hamas. C’est tellement du flaviol qu’elle n’a suscité que du silence…poli. Le flaviol est emblématique de l’inconséquence de nos gouvernants. Devant le bruit des bombes, lors d’événements politiques et sociaux majeurs, on pourrait s’attendre à autre chose qu’à des supercheries, peut-être agréables aux oreilles, mais sans effets réels. Après l’air de flaviol, il y a heureusement la sardane qui réveille les corps et les esprits. Vite on se réveille. Jean-Marie Philibert

lundi 23 octobre 2023

NE RIEN CEDER

Ne rien céder L’attaque contre l’école, contre les personnels qui y exercent, la mise en cause du service public, le refus de la laïcité pour ce qu’elle est (une sphère publique qui n’est sous l’emprise d’aucune religion et une connaissance qui ne reconnaît comme fondement que la raison) ne tombent pas du ciel, d’un ciel de moins en moins serein. Les contextes politiques, national comme international, sont porteurs de tous les dangers et on peut mesurer au quotidien que la vie humaine y compte pour si peu qu’il faut faire appel à une volonté délibérée de faire face, de se battre encore et toujours pour un espoir personnel et collectif, d’agir sur le monde afin qu’il soit autre chose qu’une désespérante vallée de larmes. Il s’agit d’empêcher que les thuriféraires du malheur arrivent à leur fin et sapent les fondements de notre démocratie patiemment construite et sans cesse à enrichir. Du Proche Orient à Arras Les événements tragiques du Proche Orient, comme l’assassinat de notre collègue d’Arras nous entraînent sur des pentes pleines de dangers pour les valeurs que nous avons choisies. La difficulté à y faire face, la compréhension, nécessairement imparfaite que nous en avons, les arrières pensées politiciennes de ceux qui voudraient s’en servir ici et maintenant sont autant de pièges à déjouer. Alors qu’une conscience lucide, nourrie de son histoire récente, comme ancienne, peut nous servir de guide, à condition de prendre nos distances avec tous les échauffements de ceux qui s’arcboutent sur des visions parcellaires ou malintentionnées. Le terrorisme Ainsi de l’aveuglement à ne pas voir du terrorisme dans l’assassinat massif de civils, en Palestine, ou individuel ici, ainsi de s’accrocher désespérément à une dénégation qui fait froid dans le dos quand elle émane de responsables politiques. Il ne suffit pas de se dire de gauche pour en être. Ainsi de ne pas voir une tragique hypocrisie dans l’attitude de l’état israélien qui s’enferre dans une assimilation, qui lui sert à merveille, entre Hamas et peuple palestinien, pour mettre en œuvre une politique fascisante. L’accaparement de la terre ne saurait en rien autoriser la destruction d’un peuple qui lutte pour sa survie. Les occidentaux doivent ouvrir les yeux. Au ciel Ainsi de l’incapacité à mettre les dieux, à leur place, dans les cieux, très-très haut, pour qu’ils ne puissent pas venir troubler, ici, nos esprits avec les soutiens de marabouts et de maraboutés d’un autre âge qui ne jettent que de la confusion là où il nous faudrait des kilowatts de lumières, de liberté, de raison. La religion, comme l’irréligion, sont affaires personnelles et doivent le rester. Les valeurs communes Ainsi, pour construire du commun, et c’est de plus en plus urgent, les thuriféraires du malheur, les politiciens obtus et échauffés, les aveuglés du terrorisme, les myopes de l’occident, les maraboutés de tous les acabits sont à remettre fermement à leur place. Au nom de notre lucidité collective et salvatrice. Pour éviter, par exemple, que quelques centaines d’élèves, de l’école publique et laïque, osent injurier dans leur aveuglement, la mémoire de Dominique Bernard, professeur victime d’un fanatisme destructeur. Ne rien céder. Jean-Marie Philibert.

lundi 16 octobre 2023

UN MONDE HUMAIN

Un monde humain est un monde sans guerre Le titre de la rubrique n’est pas de saison. Dans ces temps où la violence se déchaîne on voit « refleurir » une expression qui sent bon son pléonasme comme s’il fallait rajouter du malheur au malheur, de l’horreur à l’horreur, des morts aux morts : il s’agit de l’expression « crime de guerre ». Faut-il que notre monde ait l’esprit assez tordu et aveugle pour ne pas savoir , depuis le temps qu’il la pratique, que la guerre est crime, qu’elle est odieuse et contraire aux besoins de l’humanité de vivre en paix, en sécurité, dans un respect mutuel de ce que chacun représente, sur des terres qui peuvent les nourrir et qu’ils sont en droit de gérer librement. Si on ajoutait démocratiquement ce serait encore mieux. Mais restons lucides ! Un droit ? De la nuit des temps, nous vient la guerre, mais les temps modernes, tout en se donnant des institutions internationales pour, sinon l’empêcher, au moins la réduire, l’ont perfectionnée, jusqu’à inventer un droit de la guerre : comme si elle pouvait être propre et circonscrite à des soldats qui se tuent proprement entre eux, sans faire de mal aux autres. Le vingtième siècle et celui qui suit, sont la démonstration de la vanité de ces efforts. La guerre tue, la guerre transforme enfants, femmes, hommes en chair à canon. Et les foyers de guerres se succèdent et provoquent surprises, divisions, désespoirs, deuils. Ils remplissent les cimetières, quand on a le temps de donner aux victimes une sépulture digne, ce que la guerre permet rarement, signe supplémentaire de son inhumanité. Ajouter du malheur au malheur Il y a des zones qui attirent la guerre, comme le Proche Orient, au point de ne pas pouvoir s’en défaire, parce que les religions s’en disputent l’histoire, les terres et l’avenir dans un dialogue de sourds où il ne faut ni entendre, ni voir l’autre, au point de l’enfermer, avant de le faire disparaître. Et l’autre de se défendre avec l’ardeur du désespoir pour exister et ajouter du malheur au malheur. Et nous, sommés de choisir, de nous émouvoir, d’être dans l’incapacité de dire que la guerre n’est qu’abomination, qu’elle cache souvent des intérêts, des manœuvres qui nous échappent, manœuvres politiques, sociales, géopolitiques, économiques, philosophico- historico-religieuses dont nous sommes les jouets. Ici Et il suffit de peu, ici, d’esprits échauffés, fanatisés, à la recherche d’ennemis potentiels de leur foi imbécile, pour aller trucider une victime innocente dont ils se sont persuadés qu’elle est en partie responsable du mal dont souffre la cause qu’ils ont choisie. Samuel Paty, Dominique Bernard, sont des professeurs assassinés parce que professeurs. Pour leurs assassins, l’engagement professionnel et moral à défendre les valeurs communes d’une laïcité, d’une éducation, d’une démocratie riche de tous ceux qui l’ont librement choisie, est impensable, il est à proscrire, détruire, éliminer d’un monde où fanatismes et guerres se nourrissent mutuellement. Les terroristes, d’ailleurs comme d’ici, s’y emploient avec tous les aveuglements dont ils sont capables, sur le terreau de guerres dont il est irresponsable d’accepter la fatalité. Pour une paix durable Si dans un temps le plus proche possible, nous mettions tous les efforts guerriers dont nous sommes capables (avec leurs prix exorbitants et leurs nocivités absolues) à faire, construire, inventer une paix durable, nous avancerions vers l’acceptation de l’autre. Acceptation fondatrice de notre commune humanité. Jean-Marie Philibert

mardi 10 octobre 2023

LES PUNAISES ET CHIKIROU

Les punaises et madame Chikirou… Dans les mémoires de celles et ceux qui les ont vécues, s’installe comme une nostalgie pour les années soixante ou soixante-dix, où une certaine joie de vivre se donnait libre cours, où une liberté des mœurs ouvrait les cœurs et les esprits pour affronter un monde certes compliqué, mais que l’on se sentait en mesure de domestiquer. On pouvait rêver d’un monde rock and roll, même si l’on se doutait qu’il y aurait loin de la coupe aux lèvres. Les luttes politiques et syndicales étaient âpres, mais elles ne suscitaient pas la désespérance. La gueule Le monde d’aujourd’hui, au contraire, fait la gueule, comme s’il n’y avait pas grand-chose à attendre d’un XXI° siècle bouché : des emplois en berne, un pouvoir d’achat riquiqui, un climat qui dégénère, une pollution que l’on est incapable de maîtriser, des gouvernants qui se moquent de nous, un ascenseur social en panne, un racisme et une xénophobie en expansion. La preuve par les punaises ! Les médias, la presse, les lits et les esprits sont envahis par des bébêtes que l’on croyait disparues depuis des décennies, depuis que nous avions le sentiment d’avoir fait sur le terrain de l’hygiène des progrès tels qu’ils étaient définitifs. Eh bien Non ! Les punaises n’ont pas été éradiquées, elles ont trompé notre vigilance, elles ont sans doute profité d’un rebond de la misère, du mal logement, pour revenir en force et nous faire prendre conscience de notre vulnérabilité. Les punaises et la droite La preuve des punaises est d’autant plus probante que la nouvelle de leur réapparition aussitôt répandue, ne voilà-t-il pas que de la droite à l’extrême droite, en passant par la télé Bolloré, une rumeur nauséabonde prend son envol. Elles viennent de chez les immigrés, les étrangers, ceux qui traversent la Méditerranée pour profiter de notre bien-être. Mais ils ne savent pas bien tenir leur maison, quand ils en ont une, alors les punaises en profitent. Assimiler une part de l’humain à des parasites est un signe trèstrès fort que notre monde va mal. Aux portes des urgences D’autant que dans le même temps des images fortes, enregistrées par la CGT aux portes du service des urgences de l’hôpital de Perpignan, par une belle après-midi ensoleillée de septembre, nous montre une kyrielle de brancards chargés de malades, de blessés en souffrance, en ringuette en train d’attendre leur tour, comme si le mot urgence n’avait plus le sens d’un besoin d’intervention rapide, indispensable qui peut sauver. Un résumé de notre temps incapable de soigner. Misère du service public ! Misère programmée, dénoncée, mais sans réponse gouvernementale. Il y faut la présence syndicale pour dénoncer l’inadmissible. La lotta continua Cette présence est un garde-fou pour éviter les pires dérives et nous plonger dans le burn-out de la sinistrose. Cette présence est utile à une société qui doute et le peuple dans sa masse y est profondément attaché, voir les mois de luttes contre la réforme rétrograde des retraites. Et donc contre la déprime des temps actuels, « la lotta continua ». Même si elle est difficile. Même si elle est contrariée. La lutte syndicale, politique, suppose de se rassembler, et dieu (ou Marx) sait que ce n’est jamais facile, qu’il y faut de l’intelligence, de la mesure, de l’écoute pour avancer ensemble, que les perfidies, les injures, les mensonges, les égoïsmes peuvent être destructeurs. Dans cette démarche de rassemblement, des personnalités se révèlent pour ce qu’elles sont, ou avec leur humanité en bandoulière et le souci d’une victoire partagée, ou bien avec l’ambition d’écraser les partenaires, comme dans une manœuvre incompréhensible et suicidaire. Ainsi Madame Chikirou, insoumise, et tout et tout, s’arroge, dans le cadre sans doute d’une carrière politique tortueuse et hors du commun, le droit de baver, semble-t-il avec l’assentiment de ses petits copains, sur Fabien Roussel, comparé à un Doriot de sinistre mémoire. Le propre (si l’on peut dire ?) des parasites est de pourrir la vie inutilement. Mais contre les punaises de la sinistrose : LA LOTTA CONTINUA, BELLA CIAO. Jean-Marie Philibert

lundi 2 octobre 2023

TOP (re) DEPART

Le 13 Octobre, TOP-(re)DEPART Malgré une température qui reste estivale. Des signes forts nous indiquent que les vacances, c’est terminé. Scolairement, on savait, les petits sont en classe. Mais politiquement, le premier 49/3 est venu sans surprise obscurcir l’horizon démocratique. C’est du brutal, à la sauce Macron-Borne ! Et socialement le 13 Octobre, l’action syndicale revendicative unitaire devrait, elle, venir éclairer cet horizon qu’ils voudraient nous boucher. Et rappeler au gouvernement, ou à Macron, que rien n’est réglé, que la colère est là, la détermination aussi. Unitaire et européen D’autant que le réforme des retraites imposée à la hussarde montre, plus on avance, sa nocivité, ses incohérences et suscite colère et désapprobation chez ceux qui sont contraints de travailler plus longtemps. La spécificité de cette rentrée sociale est double : l’action est unitaire, reste unitaire, comme elle l’a été tout au long de l’année écoulée (Cfdt, Cftc, Cgc, Cgt, Fo,Fsu, Solidaires, Unsa, Mnl), et elle a un cadre syndical européen. Elle ne peut que se nourrir de l’expérience des mois passés et de ce qu’on sait de la résistance d’un pouvoir qui est incapable de négocier et qui tente de franchir les obstacles par de la com de bas étage. A leurs yeux, le peuple est imbécile. Ainsi de la hausse des prix, du prix de l’essence, du refus d’augmenter les salaires, de la protection sociale, de la transition environnementale, on peut tout se permettre. Sur tous ces terrains du vent. Contre le vent, la pression Une conférence sociale est dans le paysage, concession de Macron à ce qu’il perçoit des colères populaires : pour qu’elle aboutisse à autre chose qu’une accélération de la tramontane, arme préférée des gouvernants, les organisations syndicales veulent accentuer une pression qui n’a pas cessé pendant l’été (voir l’écho de toutes ces luttes dans les TC précédents). Il s’agit de dénoncer une répression syndicale digne d’un autre âge (la poste…), de défendre les services publics (transports…), d’élargir les droits des travailleuses et travailleurs. Il y a une unanimité sur « la nécessaire égalité homme/femme, sur l’augmentation des salaires, du SMIC, des pensions, des minima sociaux, des bourses … » Les droits des chômeurs, la défense des services publics peuvent compléter un paysage, comme les valeurs républicaines et les libertés démocratiques dont les droits de grève et de manifester qui donnent parfois de l’urticaire à des responsables politiques qui ne semblent pas savoir exactement ce qu’est la justice sociale. Jean-Marie Philibert.

dimanche 1 octobre 2023

Un plan ou un rataplan

Un plan ou un rataplan… Attal va se prendre bientôt pour Zorro : peut-être que dans sa tête c’est déjà fait. L’abaya, c’est réglé ( ?) ! Passons au harcèlement scolaire. Dès le 27 septembre un plan est présenté : les titres sont faits pour en imposer, « mobilisation générale ». C’est vrai qu’il y a eu plusieurs suicides cette année, donc le jeune Nicolas, c’est vrai que l’administration de l’Education nationale était à côté de la plaque (voir lettres de la Rectrice de Versailles). Il était urgent de réagir : des mesures sont décidées. Des « cours d’empathie » dès les petites classes, (modèle danois ?), constitution d’équipe d’élèves et d’un personnel ressource dans l’établissement, grille d’autoévaluation du harcèlement, journée nationale de lutte contre le harcèlement (le 9 novembre) avec deux heures banalisées pour tous sur le sujet, des équipes rectorales pour intervenir partout où c’est nécessaire. Sur le plan judiciaire, il faudra signaler les faits les plus graves au procureur (quel degré de gravité ?), avec un volet numérique, bannissement des réseaux sociaux pendant 6 mois et confiscation du téléphone. Efficace ? Devant un phénomène ancien qui ne touche pas que l’école d’ailleurs, il ne faut pas être grand clerc pour prévoir l’inefficacité d’un tel plan, un coup de com’ supplémentaire pour montrer que le gouvernement, sur ce terrain (comme sur tous les terrains) est à la manœuvre et qu’il est en mesure de transformer les relations scolaires en monde des bisounours, sans créer le moindre poste supplémentaire, en laissant l’encadrement (éducatif comme social ou sanitaire) )se réduire comme peau de chagrin. Le cas échéant, les acteurs de terrain seront des boucs émissaires faciles à trouver parce qu’ils n’auront pas été à la hauteur des ambitions ministérielles et macroniennes. Macron n’a-t-il pas dit que l’éducation était son nouveau domaine réservé ? Ce coup de com’ lui ressemble étrangement. Jean-Marie Philibert

dimanche 17 septembre 2023

LA FETE DE L'HUMA... LE PARADOXE

La fête de l’Huma… le paradoxe…. De Juin Partons de chez nous, de notre fête à nous, celle du Travailleur Catalan, votre hebdomadaire préféré, je sais. Elle porte le nom d’un journal qui depuis des décennies trace un chemin difficile, qui subit les crises de la presse écrite et les soubresauts politiques du département comme du pays. Son avenir nous-vous inquiète parfois. Et pourtant chaque mois de juin ou juillet il draine du côté du Bocal du Tech des milliers de jeunes et de moins jeunes pour faire la fête et de la politique en même temps, pour faire bouger l’ordre ( ?) du monde. Cela nous fait du bien, fait du bien au parti qui le soutient, cela nous donne souvent un aperçu de l’état d’esprit du moment (combattif ? amorphe ?). L’aspiration à la transformation sociale traverse ces rassemblements et va à contre-courant de ce que le monde médiatique nous serine à longueur d’antenne… Mais l’ordre du monde est à peine égratigné. Paradoxe. A Septembre Au mois de septembre avec la fête de l’Huma, sur une autre échelle bien sûr, on assiste à des rassemblements populaires, massifs, bariolés, festifs, où autour du PCF se rencontrent de nombreuses forces politiques qui travaillent au changement, qui se reconnaissent dans les valeurs de la gauche, qui parlent, qui se parlent. Cette fête est un marqueur du climat social, des colères du peuple, de la dimension insupportable des inégalités, des injustices, de l’exclusion que partagent les milliers de citoyens venus faire la fête, mais pas pour oublier ce qui fait tache, pour dénoncer le monde comme il va … souvent mal. Du sens Et les militants de se dire que de tels rassemblements ont du sens, qu’ils sont porteurs de promesses d’engagement pour les temps qui viennent, qu’ils vont bousculer une idéologie dominante de soumission et de renoncement à l’action, qu’ils vont contrecarrer les dérives réactionnaires, extrême-droitières, xénophobes qui refont jour à intervalles très réguliers. Et de s’enthousiasmer que la Fête de l’Huma renforce nos espérances et donne du grain à moudre à nos engagements. Mais souvent les récoltes ne tiennent pas les promesses des fleurs et les colères exprimées ici, si elles ne restent pas lettres mortes, ne chamboulent pas tout ce qu’il y aurait à chambouler. Et le train-train des injustices du quotidien peut se poursuivre, tranquillou. Paradoxe. Encore que Encore que les choses soient sans doute plus complexes. Les comportements moins enclins au laisser-faire. Les consciences ne sont pas embourbées au point d’en oublier une lutte des classes qui fait rage. Les luttes sociales des derniers mois seraient là pour le prouver. La soif du rassemblement n’est plus à démontrer, même si les obstacles peuvent être nombreux. Les terrains politiques et sociaux sont volatils, mais ils sont construits sur des éléments tangibles, qui tiennent à nos conditions matérielles de vie, de travail, d’existence, ils les déterminent. Paradoxalement le Fête de l’Huma qui en dénonce l’inhumanité n’est pas en mesure, à elle toute seule, de la faire disparaître, même si elle apporte les bouffées d’oxygène à tous ceux qui ont la lutte chevillée au corps. C’est là la donnée la plus forte de ces rassemblements. Les fêtes coco la renforcent. C’est le rôle de notre presse, à Argelès comme à Paris. Jean-Marie PHILIBERT

mardi 12 septembre 2023

LA BRONCA

Le sens d’une bronca ! Résumons la situation On lui a tout fait, des manifs à répétitions, unitaires, combattives, pleines de gens et d’humour. On ne lui a donné qu’une toute petite majorité relative pour éviter la Marine. On l’a détesté, on le déteste, comme rarement un leader politique dans un pays démocratique. On l’a casserolé, méprisé, ignoré même. IL semble hors sol, au point que l’on douterait presque de son humanité. Rien ne semble l’atteindre. Il a mis en œuvre une politique violemment réactionnaire qui a reculé l’âge de départ à la retraite, recul massivement rejeté ; il n’a rien entendu des souffrances sociales, des salaires à la traîne, de la précarité, de l’exclusion. Avec la multiplication du 49/3, il a ridiculisé le rôle du Parlement. La répression policière a sous sa gouverne franchit des sommets pour laisser dans des chairs meurtries des traces indélébiles. Il se dit persuadé de bien faire et manœuvre pour continuer. La démocratie, Macron s’en moque Certes l’élection lui donne une légitimité, mais la légalité dont il se prétend porteur n’est pas celle d’un monarque absolu qui pourrait tourner le dos aux opinions, qui se devrait de concentrer tous les pouvoirs, qui n’aurait de compte à rendre à personne. Nous sommes un pays qui a construit durement, longuement sa démocratie, qui a fondé un état laïque, une citoyenneté, un état de droit qui fonde notre liberté. Macron visiblement s’en moque ! La bronca dont il fut victime lors de l’ouverture de la coupe du monde de rugby est plus que largement méritée et dévoile aux yeux du monde les sentiments qu’il inspire. Je ne sais si vous avez vu les images : il semblait surpris d’une telle détestation dont lui et son gouvernement sont l’objet. Comme on dit ici : ben fet ! On ne s’habitue pas Le peuple ne s’habitue pas à de tels dénis de démocratie : il le manifeste de nombreuses manières, abstention record, exaspération des divisions sociales, xénophobie, attirance pour l’extrémisme de droite, désespérance sociale, recours fréquent à la violence, remise en cause des forces de l’ordre … La 5° république et les pratiques mises en œuvre ont fait reculer la démocratie, retirant au parlement des pans entiers de ses prérogatives, Le président s’est octroyé des domaines réservés qui lui permettait de gérer à sa guise politique étrangères, politique militaire, c’est tout simplement le rapport de la France au monde dans les mains d’un seul, gouvernement et ministres sont aux ordres. Maintenant l’éducatif Et en cette période de rentrée scolaire aussi difficile que les rentrées précédentes, Macron s’arroge un nouveau domaine réservé : l’éducatif. Avec des projets sidérants dont il ne faut pas être grand clerc pour reconnaître la vacuité, mais qui auront le mérite de cacher les vrais problèmes : le délabrement du service public, la mixité sociale perdue, le manque d’enseignants, l’insuffisance des moyens, une hiérarchie dans l’incapacité de prendre à bras le corps les vrais problèmes. Mais il aura parlé de l’abaya pour amuser la galerie. Il fait mine de tenter de retisser des relations politiques crédibles en invitant tous les partis à débattre, mais quelques jours après la réunion, rien de sérieux, ni de tangible ne peut en sortir. On reste dans l’engagement qui ne coûte rien, qui ne remet surtout pas en cause les politiques menées. Parce que nous sommes les porteurs, les fers de lance, les acteurs de cette démocratie à régénérer, à transformer… nous continuerons le combat syndical, social, politique… fort de nos expériences. El pueblo unido… La bronca continuera, s’il le faut. Jean-Marie Philibert

lundi 4 septembre 2023

UNE HUMEUR BAROQUE

Une humeur baroque Pour la rubrique de l’humeur dans laquelle mes petits copains de la rédaction m’ont propulsé depuis des mois et des mois et même un peu plus, je me vois questionné à la fin de chaque comité de rédaction (parce que c’est souvent la dernière page) : « Jean-Marie, Ton humeur ?????... » Et moi, la tête vide, le sourire aux lèvres, de les regarder aussi interrogateur qu’eux. Mon humeur ??? Ils ont presque tout dit, ils vont tout dire sur tout, le département, la ville, la culture, la France, le monde… Il ne me reste plus que les yeux pour pleurer ou rire et espérer que l’actualité, les hasards des pensées nocturnes ou diurnes, la sottise prétentieuse de déclarations d’éminents responsables éveilleront, réveilleront mon aptitude à mettre les pieds dans le plat pour instruire, distraire, amuser le lecteur du TC qui parfois pourrait être déconfit d’une vision un peu sombre du monde. Voilà mon dilemme ! Le plaisir d’écrire Le miracle de l’écriture (merci petit jésus ! je me moque) fait que chaque semaine ou presque le boulot est fait, qu’il me vaut parfois quelques critiques, quelques regards sourires complices, des questions sur la santé de ma mémé, et pour moi un plaisir récurrent de m’imposer à écrire le monde, la vie, la culture et les idées qui vont avec. Arrêtons donc de tourner en rond et de parler pour ne rien dire ! Que dire d’une semaine de rentrée où tout le monde se cherche, moi compris après un possible sujet de billet d’humeur ? Aba (y a rien à dire) Aliot rêve de voir les écoliers de chez nous porter un uniforme bien de chez nous, pour que disparaissent d’une école laïque les signes abayesque d’une offensive sans doute réelle d’ultra-musulmans en mesure de déstabiliser les fondements d’une république que son parti ambitionne d’occuper de plus en plus largement. L’idée n’est pas nouvelle et les lycéens d’Arago ont déjà porté l’uniforme (voir photo). Quant à sa proposition, elle a déjà fait des petits puisqu’une école primaire privée de la ville (qui n’a jamais connu d’abaya) a décidé de la mettre en œuvre. La sottise transgresse le temps. L’abaya permet de ne pas parler des milliers de postes d’enseignants qui manquent et de laisser s’instaurer une absence de mixité sociale qui étouffe le service public. Macron et Aliot rament dans le même sens à contre-courant du progrès social. La droite et son extrême énamourées Et pourtant, le Macron, sans doute dominé par le remords (je plaisante), nous promet même une conférence sociale après sa rencontre avec tous les dirigeants des partis politiques, y compris de gauche. Mais où la question centrale qui nous a occupés pendant des mois, celle des retraites, sera hors-sujet, puisque la seule perspective d’un référendum pour sortir du conflit majeur de ces dernières décennies est repoussée par un pouvoir qui semble incapable de comprendre qu’à rejeter toute démarche politique et sociale d’ampleur, salaires, chômage, précarité, service public, sécurité sociale… il se jette sur un mur qui risque de faire le lit de son petit copain du paragraphe précédent et de sa clique d’extrémistes ripolinés. La droite et l’extrême droite ont des intérêts communs qui ne sont pas ceux du peuple. D’où la préférence donnée à la question de l’immigration bien sûr par des forces politiques qui ont fait de l’étranger le bouc émissaire. Aliot et Macron lavent plus blanc Ce monde étranger, africain en particulier, le Macron, comme l’Aliot, n’ont encore rien compris à ce que furent colonisation et surtout décolonisation et ils veulent faire comme si tout cela restait un domaine réservé de la France d’avant. L’Algérie reste française pour la municipalité de Perpignan qui lui a fait son musée. Quant aux états africains, ils doivent obéir aux injonctions du Jupiter de Paris et quand ils putschent pour renverser des dirigeants passablement corrompus, petits copains des anciens colonisateurs, Macron fait les gros yeux, menace. Comme si la vérité devait à tout jamais rester blanche. Et si beaucoup de nos difficultés naissaient, naissent et prolifèrent de cette incapacité des pouvoirs réactionnaires à voir, sentir, comprendre et admettre que le monde bouge à l’opposé de leur RRRRRéaction fantasmée, vers un monde de progrès, de liberté. Liberté un peu baroque comme mon humeur du jour. Prière de m’en excuser. Jean-Marie Philibert

dimanche 27 août 2023

LE JEU LA CHANDELLE LA GAGEURE ET L'UTOPIE

Le jeu, la chandelle, la gageure et l’utopie Et c’est reparti, comme le temps, le TC est inexorable, le TC veut durer, sans pitié pour ses ouailles-gratte-papier qui, elles, subissent les assauts d’un temps qui peut être contraire. Les ouailles rouscaillent, s’interrogent, se demandent comment finira l’année qui commence. Chaque ouaille a son idée, se dit que le jeu en vaut la chandelle, se persuade que ce qui est possible depuis des années doit continuer : faire vivre un journal politique, ancré à gauche toute, avec le soutien inaltérable du PCF, avec le souci constant de l’unité, qui participe de toutes les luttes locales, départementales et au-delà est une gageure. Les bouleversements médiatiques, informatiques, les nouvelles pratiques de lecture ne l’ont pas réduite à néant. Parce qu’il y a une volonté, doublée d’un espoir… sans doute aussi d’une utopie. Utopie !!! Les voies de l’utopie Ne jamais faire comme si le désordre du monde était insurmontable. Ne pas croire les pécheurs en eaux troubles qui prônent la soumission aux aléas d’une histoire qui de toutes les façons nous dépasse. Se défier des docteurs YAKA et FOCON qui ont des réponses immédiates et sans réserves à tout et au reste : leur sottise est à la mesure de leur prétention à tout savoir et à tromper leur monde, depuis toujours. La loupiote de sa lucidité Examiner toujours, tout et le reste avec la loupiote de sa lucidité modeste, fragile, mais têtue, et combattante, nourrie qu’elle est d’une expérience toujours nouvelle des turpitudes des puissants et de leurs entreprises jamais finies de nous « enduire » d’erreurs et de nous voler nos vies, avec leur verbe haut et leurs pensées creuses. Mettre au rebut les pensées vides, répétitives, mais orgueilleuses de ceux-celles qui se croient la providence du monde, parce qu’ils-elles ont le pognon, l’assurance qui va avec, et le mépris souverain pour l’humanité (la nôtre) dont la seule richesse est celle de ses mains, de son savoir. Vomir le discours de la classe dirigeante et de ses affidés, d’ici et de partout, est le meilleur moyen d’éviter d’être pris pour un imbécile. Fuir les niaiseries Ne jamais se laisser prendre aux niaiseries illusoires, faciles, racistes des chantres d’une nouveauté qui n’est qu’une nouvelle duperie de l’ancien monde, sans doute en pire. Mettre la solidarité, le monde du travail, son organisation prégnante, vivante, au cœur de toutes nos préoccupations, toutes, sans exclusives, avec le combat quotidien contre les injustices, les exclusions, contre les précarités multiples et variées qui tissent un tissu social malade de ses souffrances. L’unité joyeuse Et retrouver, re-cultiver, ré-ensemencer ce qui a été au cœur du mouvement social et politique qui nous a occupés pendant des mois de 2023, la réforme des retraites : un acquis dont nous avions quelque peu perdu le souvenir et que je tiens pour indispensable à toute intervention sociale, l’unité bien sûr, mais une unité joyeuse, une unité heureuse, faite de l’aspiration à une vie ouverte, libre, pour chaque femme, chaque homme, chaque jeune, chaque moins jeune qui a le droit inaliénable de prétendre participer debout à la construction de son destin, avec toutes les satisfactions qui peuvent le nourrir. Une utopie, peut-être ? Au TC nous en sommes, nous en serons encore et toujours… Jean-Marie Philibert.

mardi 6 juin 2023

DECIVILISATEUR !

« Décivilisateur », toi-même ! Il y avait dans le langage courant, la « civilisation », dont il n’est pas utile de développer longuement le concept pour voir tout ce qu’il a apporté à l’humanité… Depuis quelques jours, après un repas (arrosé ?) à l’Elysée d’éminents sociologues autour de Macron, il y a la résurgence d’un autre concept, piqué dans la boite à idées de penseurs, éminents bien sûr aussi, le concept qui a priori semble dire le contraire du précédent de « décivilisation » dont le discours présidentiel s’est emparé pour nous aider à comprendre notre temps bouleversé. Le « dé », comme le dit le dico, vient du latin « dis » et indique l’éloignement, la séparation, la privation. Ainsi donc selon Jupiter, un fondateur de la civilisation mythologico-judéo-chrétienne et un peu capitaliste, nous serions en train de la perdre, la civilisation, de nous en éloigner inexorablement. Il est plus que temps d’en prendre conscience, de réagir face au maelstrom qui tente de nous engluer, de retrouver des fondamentaux. Ce mot serait donc la quintessence de notre temps de M… Et il n’est pas totalement inutile de s’interroger sur la volonté présidentielle de noircir les temps que nous vivons au point d’en faire le contraire de ce que nous pourrions espérer. Noircir ? Ce n’est pas au TC que nous nierons les difficultés de la vie quotidienne d’un grand nombre de nos concitoyens, les salaires, les retraites, riquiquis, l‘inflation galopante, des services publics en difficultés, le logement problématique, les droits remis en question, la ghettoïsation de la vie urbaine, la prolifération des injustices, la précarisation galopante, la soif de sécurité difficile à satisfaire, l’inquiétude du lendemain… Le tout sur fond de guerre en Ukraine, d’incertitudes internationales, d’enrichissements jamais assouvis des classes possédantes, de migrations pour échapper au pire, de désastres écologiques annoncés sous l’œil de dirigeants d’états qui donnent souvent l’impression de vivre hors sol… Et pourtant Et pourtant elle tourne, aurait dit Galilée, à propos de cette terre et de ses noirceurs. Et pourtant les peuples, les consciences, les soifs de changements, de progrès, de justice, de liberté s’expriment sans discontinuer, avec une force surprenante. Observez la bataille des retraites ici, les grèves en Grande Bretagne, les révoltes iraniennes, la permanence d’une lutte des opprimés pour un monde plus humain, la persistance des femmes et hommes de culture et de sciences à ne jamais en rabattre sur leur prétention à comprendre et à améliorer nos vies, la soif de la jeunesse mondiale à bénéficier d’une éducation à la hauteur d’un monde de progrès, l’aspiration partagée à un monde digne et à une nature préservée. Tu oublies la dialectique, Manu Des temps compliqués certes, où les contraires s’exacerbent, ça s’appelle la dialectique, Manu, sur un fond d’inquiétude grandissante qu’il est plus facile d’exagérer que de combattre. Le Macron sait faire, en donneur de leçon autocrate qui pense pour nous, parce qu’il se méfie de nous. Observons sa surdité à entendre le mouvement social, à court-circuiter le parlement, à courir après l’idéologie nauséabonde du Rassemblement national qui se nourrit d’une désespérance provoquée, jamais combattue. Là il apporte son eau pourrie au moulin de Marine. Comme si nous étions condamnés à nous écraser avec tous nos espoirs sur le mur du cimetière du progrès au nom d’une fatalité qui bien sûr ne peut que nous dépasser. Notre pessimisme lui irait si bien ! Sa « décivilisation » c’est son programme, ce sont ses choix politiques, ceux de sa clique et ceux d’un patronat : ils veulent sauver un système d’exploitation capitaliste en nous expliquant que le pire est à venir. Faute d’agir sur le monde, Macron invente un vocabulaire de fin de monde dont il serait un des rares à saisir l’histoire. Cretinus ! Il n’a pas vu dans les dernières semaines que le peuple, au fil de journées de luttes ininterrompues, continue lucidement à écrire l’histoire, sans lui et contre lui dans les rues de Prades, de Céret, de Perpignan, de France, de Navarre et d’ailleurs aussi. Jean-Marie Philibert.

mardi 23 mai 2023

Le cinéma et la vie

Le cinéma et la vie Depuis un siècle et même un peu plus le cinéma fait rêver. Le pouvoir de l’image dans des salles obscures, où nous sommes souvent comme en apesanteur, est tel qu’il est devenu non seulement une industrie florissante, une source de pognon très régulière, un outil idéologique aux mains des puissants, une distraction universelle, un lieu où le luxe peut donner l’impression qu’il devient de temps à autres populaire. Le capitalisme s’y sent si à l’aise qu’il se permet d’autoriser à des créateurs un peu plus sourcilleux que les autres de critiquer le système, et par là même de donner bonne conscience à beaucoup. Les artifices Quant aux rites, aux cérémonies, aux pratiques qui accompagnent ce 7° art, ils sont à l’image des artifices qui le constituent. Cannes en offre année après année une image saisissante qui semble plus forte que le temps. Des femmes, des hommes dans des toilettes opulentes, beaux comme ce n’est pas permis, un sourire inextinguible aux lèvres, des manières plus que policées, une montée royale des marches du Palais du festival, sous l’œil des caméras du monde entier, le tout accompagné des commentaires dithyrambiques de thuriféraires qui ont tout à gagner à taire leur esprit critique. Cannes est donc un spectacle dans le spectacle pour, à la fois nous embarquer dans cette usine à rêves, mais aussi, j’ai envie d’ajouter et avant tout, pour nous vendre à l’avance, et promouvoir les nouveaux produits aptes à nourrir les fantasmagories, jamais en panne, des spectateurs potentiels que nous sommes. Les éclats de voix n’y sont pas bien vus. La Du Barry à la rescousse Il faut pour troubler un peu le milieu des tremblements de terre, comme celui de l’affaire Weinstein et du mouvement MeToo qui l’a suivi pour y provoquer quelques vagues et en dévoiler les pratiques sexistes et l’idéologie réactionnaire qui les sous-tend. Elles baignent un milieu qui veut trop souvent faire joli-joli, gommer les aspérités, mais qui eut s’autoriser quelques incursions dans le réalisme. Mais les interstices sont révélateurs, ainsi le film qui a fait l’ouverture, Jeanne Du Barry, une favorite jetée dans les bras d’un roi vieillissant qui mettra Versailles en émoi… avant de finir sur l’échafaud pendant la Révolution. Maïwen joue le rôle de la Du Barry, elle réalise le film et ne cache rien de ses idées antiféministes. Elle confie le rôle de Louis XV à Johnny Depp qui traîne après lui quelques casseroles sur des violences conjugales. L’esthétique raffinée du film fera sans doute passer une sauce faisandée. Ainsi va le cinéma ! Cannes applaudit. Trublionne et trublions Si ce n’est que des trublions, dans le cas présent une trublionne vient mettre son grain de sel dans ce milieu policé. Adèle Haenel dans une lettre publiée dans Télérama dénonce. Elle dénonce « l’obsession du monde du cinéma à vouloir rester léger et ne surtout parler de rien… » Elle dénonce « la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels et plus généralement, la manière dont ce milieu collabore avec l’ordre mortifère écocide raciste du monde tel qu’il est ». Adèle fait de la politique, elle ne s’en cache pas ; elle participe ainsi activement à la lutte contre la réforme des retraites. Son appel n’est pas sans écho : un collectif d’actrices et d’acteurs reproche au Festival d’envoyer « le message que dans notre pays nous pouvons continuer d’exercer les violences en toute impunité ». Histoire de mettre un peu de vraie vie dans un milieu qui tend à régulièrement l’oublier. Jean-Marie Philibert

mardi 2 mai 2023

le syndicalisme

Le syndicalisme On le disait vieillissant, dépassé, divisé, anachronique et en grande partie inutile… un ornement pour démocraties fatiguées… utile pour dire qu’ici ou là pouvaient survivre des corps intermédiaires qui pouvaient à l’occasion faire semblant de discuter de quelque chose. Il était méprisé des pouvoirs… au point que dans toute ma carrière de délégué syndical, tous les recteurs et même certains préfets rencontrés avaient proscrit le mot syndicat de leur vocabulaire pour employer le mot totalement neutre d’organisations professionnelles pour les désigner. La course d’obstacles Malgré les obstacles le syndicalisme a poursuivi sa tâche, avec des soubresauts, des hauts, des bas, avec les travailleurs qui lui faisaient confiance, avec un monde médiatique qui lui savonnait régulièrement la planche et qui lui réservait la portion congrue, avec une droite et une extrême droite politique qui le combattaient, avec des sociaux-démocrates qui au pouvoir rêvaient de s’en servir, avec un patronat … ravi de la situation. Des signes existaient que le feu couvait sous la cendre, que la bête bougeait encore, que el pueblo unido… Au TC nous les auscultions avec régularité et satisfaction. C’est utile une presse progressiste ! Macron tout à son aveuglement antisocial (rappelez-vous toutes les petits phrases assassines contre le peuple indignes d’un président de la république) a poussé le bouchon le plus loin possible pour les mettre à genoux, pour les faire taire pour longtemps, pour mettre notre pays sous la coupe absolue d’un capitalisme triomphant où tout ce que nous avons construit, gagné, à la sueur de nos luttes, droits sociaux, services publics, retraites, sécu seraient rognés, avant de disparaître dans le melting-pot d’un mondialisme sauvage. Une vie mature Eh bien, ami(e)s et camarades, c’est raté. Le 1° Mai 2023 confirme ce que le mouvement social présagé, préparé, le syndicalisme vit de sa belle vie mature, diverse et colorée, avec toutes les générations, avec une joie sans pareille, avec un humour sans limite, avec la santé manifeste que donne l’unité. C’est une nouvelle d’importance dont nous devons nous réjouir… tous ensemble… tous ensemble… tous ensemble. Jean-Marie Philibert.

vendredi 7 avril 2023

la pente dangereuse

Démocratie : une pente dangereuse l y a eu les postures jupitériennes, il y a eu les petites phrases faites de morgue et de mépris en direction des humbles, il y a tout récemment la « foule illégitime », il y a une incompréhension absolue devant les batailles sociales, il y a les coups portés à nos institutions démocratiques (et elles se sont multipliées avec la bataille sur les retraites), il y a les mensonges que rien n’arrête (depuis son élection où il s’est dit engagé par le vote en sa faveur d’électeurs qui avant tout rejetaient l’extrême droite jusqu’à l’avalanche de contre-vérités sur la réforme de retraites), il y a les violences policières. Le tout dessine un paysage peu réjouissant pour notre démocratie qui y laisse de plus en plus de plumes. Question : n’assiste-t-on pas à une dérive lente, mais sûre, vers une autocratie. Elle réduit à la portion congrue le rôle des élus, elle met les institutions à son service exclusif (observer les coupes sombres dans les budgets des collectivités territoriales). Les services publics sont mis en difficulté en « organisant » une concurrence déloyale avec un secteur privé complaisant. Il est aussi de bon ton de se moquer comme d’une guigne de la démocratie sociale (des centaines de milliers de manifestants, pffff ).Les média sont aux ordres pour louer l’action présidentielle. Le pseudo dialogue direct avec quelques français ne sert qu’à assener les certitudes de la seule tête pensante du pays. Dans une démocratie, comme son nom l’indique, le peuple a le pouvoir, les vérités, les choix, les droits, les libertés sont collectifs et partagés, les intermédiaires sont respectés pour ce qu’ils sont, à égale dignité de droit et de devoir. La toute- puissance est à proscrire à moins de sombrer dans quelque chose qui n’est plus tout à fait la démocratie. Tous les affidés qui ont choisi de soutenir le puissant du jour s’en font les complices et donc sont sur les pentes dangereuses des ennemis de la démocratie. Nous y sommes. Et ça glisse ! Jean-Marie Philibert

jeudi 6 avril 2023

L'intelligence sans artifice

L’intelligence sans artifice! Démêler le vrai du faux, comprendre le monde, éviter de dire des conneries, tenter de saisir qui est qui et qui fait quoi, s’informer, apprendre, connaître, faire fonctionner ce que ma Mémé appelait le « comprenoir », essayer d’être raisonnable et faire ce qui vous paraît juste pour cela, confronter nos opinions, douter… Billevesées, temps perdu ! Précipitons- nous dans la vraie vie : celle de l’intelligence artificielle dont les écrans, les radios, les chantres des temps nouveaux nous vantent la puissance, l’efficacité, et surtout, mais ça ils ne le disent pas encore, la mise au rebut de l’intelligence véritable, celle qui fonde notre lucidité, notre liberté et peut-être aussi notre humanité. ChatGPT Votre première rencontre avec cette vraie vie-là cela se fera grâce à votre ordinateur, votre smartphone. N’attendez pas. Tapez « ChatGPT » et foncez dans le nouvel outil gratuit (pour l’instant) d’aliénation de la planète et vous aurez le « prêtàpenser » pour TOUT. Mon humeur est aussi malhonnête que le ChatGPT en question parce que je n’ai pas tout vérifié. La règle journalistique de base, les faits, rien que les faits, je l’ai volontairement oubliée pour laisser parler mes préjugés et dire vite, haut et fort, que je suis extrêmement fatigué d’être pris pour un imbécile par tous ceux qui veulent penser à ma place. Je résiste. Mon seul contact je le dois à un de mes amis, défenseur acharné des charmes et de l’avenir du Racou. Vous savez cette plage à l’ancienne avec des maisons construites sur le sable où l’on peut vivre littéralement les pieds dans l’eau et qui craint que le réchauffement climatique, la montée des eaux, les travaux pharaoniques autour du port d’Argeles, voisin immédiat, viennent, si rien n’est fait, l’envoyer dans la rubrique nécrologique « la plage fa tems ». Eh bien il a questionné sur cette situation problématique ChatGPT. ChapGPT sait Les digues de Port-Argelès peuvent avoir un impact sur l'érosion de la plage du Racou. Les digues peuvent modifier le régime des vagues et des courants le long de la côte, ce qui peut entraîner une redistribution des sédiments et une érosion accrue de la plage. En effet, les digues peuvent agir comme des obstacles à la propagation des vagues, ce qui peut entraîner une augmentation de la concentration des vagues à certains endroits de la plage. Cela peut provoquer une érosion accrue de la plage à ces endroits, ainsi qu'une accumulation de sédiments à d'autres endroits, qui peuvent alors être soumis à une érosion plus faible… Rien que l’on ne sût déjà … Et même de donner des conseils pour éviter le pire Soyez persévérant et continuez à faire pression sur les autorités locales et les décideurs politiques pour qu'ils tiennent compte de vos préoccupations. Avec suffisamment d'efforts, vous pourriez réussir à empêcher la construction d'une extension portuaire… Les artifices ne servent à rien Et semble-t-il, c’est la même chose pour TOUT ! ChatGPT a réponse à TOUT, même si ça ne sert à rien. Y compris à la réforme Macron des retraites. Mais là vous savez déjà, votre expérience, votre lutte, vous ont appris que l’intelligence de Macron n’était qu’un artifice, et que Manu comme ChatGPT étaient des dangers publics qui ne servent à rien. Jean-Marie Philibert

lundi 27 mars 2023

La tête dans le guidon mais les neurones en éveil

« La tête dans le guidon, mais les neurones en éveil… » L’adage qui me sert de titre a meublé mes jours et mes nuits et m’a servi très souvent de repère, surtout en période agitée, dans ma double carrière d’enseignant et de syndicaliste. Je crois qu’elle reste d’actualité. Quand vous enseignez comme quand vous vous adonnez aux joies du syndicalisme, vous savez d’expérience que, comme sur un vélo, le surplace tient d’une acrobatie très éphémère : il faut avancer, sinon vos élèves s’ennuient et ne vous écoutent plus, vos camarades syndiqués vous engueulent, presque pour les mêmes raisons. Vous êtes donc dans le mouvement perpétuel, mais il est essentiel qu’il ait un (des) sens qui soi(en)t à la fois personnel(s) et collectif(s) dans le(s)quel(s) ils se reconnaîtront ? D’où un usage immodéré des neurones, de la discussion, des échanges, des débats. Et jamais, « j’ai raison tout seul ! ». Macron, lui, n’a jamais enseigné, ni fait du syndicalisme, ça se voit, mais ce n’est là qu’une parenthèse. Pour le droit social, c’est reparti Je veux avant tout parler de tous ceux qui sont à la manœuvre dans le mouvement social, inédit que nous sommes en train de vivre. Pour défendre un droit social constitutif de notre histoire, (du pas grand-chose, à un peu pour tous jusqu’à l’exigence de vivre heureux après une vie de travail), le mouvement syndical est reparti à la bataille, une nouvelle étape après 1995, 2003, 2010... et après l’échouage pour cause de covid de la retraite à point. Voilà les 64 ans de boulot obligatoires ! Une unité qui est la marque heureuse du temps Comme s’il s’agissait là d’un moment décisif, les organisations syndicales qui se regardaient peu ou mal, qui cultivaient leurs lopins de terre respectifs,( certains préférant les terres dures, d’autres les terres tendres) se sont mises à se parler , à se retrouver, à construire ensemble un mouvement dont l’ampleur ne cesse de surprendre pour dire que le monde du travail, du salariat, que la classe ouvrière relèvent la tête, que l’arrogance des nantis qui veut rajouter deux années supplémentaires à des vies souvent difficiles est une insulte pour le peuple. D’où une démarche qui devient sociale, populaire, politique et qui embrase le pays, semaine après semaine, dans une unité qui est la marque du temps. Le neurone syndical Je suis très profondément persuadé que le processus unitaire en cours, riche de potentialités inattendues, marque et marquera durablement les esprits. Bien sûr il nourrit les craintes des réacs qui ont le progrès social en aversion ; il suscite la duplicité de ceux (le RN) qui mentent en voulant donner l’illusion qu’ils défendent nos droits (comme Pétain). Ce processus a été pensé syndicalement, construit syndicalement, nourri syndicalement. Le neurone syndical a de la ressource et va devoir en garder, pour préserver ce qui a été construit, pour éviter les pièges d’un pouvoir aux abois, pour (re)construire le droit social avec tous ceux qui ont la justice en bandoulière. Ce sera compliqué. Certes la situation politique progressiste est ouverte, les appétits sont multiples et protéiformes, la prise de conscience d’une volonté populaire est forte pour nous sortir d’un marasme qui est social, démocratique, et aussi sans doute culturel. Les partis politiques « transformateurs » ont leur rôle important à jouer. Il faudra cogiter, inventer, bouger, travailler ensemble. Les hasards des calendriers font que des partis dont le PCF, des syndicats dont la CGT vont tenir leur congrès dans les périodes qui viennent, ils vont le faire compte tenu du contexte avec le nez dans le guidon pour ne rien manquer de ce qui avance, mais aussi avec les neurones en éveil. Jean-Marie Philibert

lundi 20 mars 2023

LA DEMOCRATIE EN DANGER

LA DÉMOCRATIE EN DANGER Il y faut énormément de culot, mais dans la bande à Macron on n’en manque pas, pour faire du 49-3 un passage obligé pour une décision politique démocratique. La première ministre qui n’avait pas caché son aversion pour cette procédure s’y est ralliée sans vergogne. Ainsi donc un texte sans majorité est considéré comme adopté si la motion de censure est rejetée. Comme si l’usage du 49-3 était la seule possibilité offerte à Macron quand il a compris que son texte sur les retraites ne passerait pas. Il aurait pu tout simplement le retirer et il aurait fait un plaisir immense à la majorité du peuple. Il aurait pu attendre le résultat d’un vote négatif, le constater et reprendre l’élaboration d’un nouveau projet social et progressiste (ça aurait changé). Il préfère le passage en force qui est en même temps un déni de démocratie. Au moment où ces lignes seront lues, les motions de censure auront donné leur verdict sans rien changer au fond, c’est à dire à une attaque frontale contre nos règles politiques, contre le parlementarisme, contre le droit. Mais aussi contre une donnée essentielle dans un pays riche et développé comme le nôtre : la démocratie sociale. Que signifient l’avalanche de journées d’action, de grèves, les millions de manifestants, les 90 % de la population hostile au projet, l’unité indéfectible de toutes les organisations syndicales et leur opposition, l’inscription de ce mouvement dans la durée ? Que la démocratie sociale, comme la parlementaire, dit non aux reculs sociaux. Ne pas l’entendre c’est se comporter en autocrate, c’est chercher tous les subterfuges pour tromper son monde, c’est tenter d’user de tous les pouvoirs et soutiens médiatiques, financiers et autres pour tordre un peu plus le cou à la démocratie. C’est de façon délibérée, ou pas, faire de lit de forces politiques à l’affût qui rêvent de la réduire, la détruire et qui semblent attendre que soit faite une partie du sale boulot. Après les motions de censure, un énorme travail nous attend : la construction d’une démocratie progressiste, sociale, juste, en prise directe avec les aspirations d’un peuple qui se bat pour cela. Jean-Marie Philibert

BRIBRI FACE A SON DESTIN

BRIBRI face à son destin Lors du dernier épisode de la série « L’Elysée en folie » (voir humeur du dernier TC), nous avions laissé Bribri aux prises avec un Manu qui faisait une fixette arithmétique. Il répétait de façon compulsive et irraisonnée « 64 ! 64 ! 64 ! » et refusait de recevoir les organisations syndicales… Depuis la catastrophe a eu lieu, 49-3, motions de censure et tout le toutim. Le feu aux poudres ! Bribri est atterrée. Elle prend conscience de la bêtise de son apprenti autocrate, de tout ce qu’elle risque de perdre, les Vuitton, la grande vie, les courtisans, les caméras. Elle entend même la colère populaire qui parvient à ses oreilles. Ouvre-t-elle les yeux ? Elle se confie à son journal intime… L’extravagance « J’ai besoin de toi, mon journal, pour te dire mon inquiétude, ma tristesse, mon désarroi. Tu sais je sais aussi, que je suis un peu responsable : j’ai laissé la bride abattue à mon jeune cheval fou, j’ai bien aimé toutes les acrobaties qu’il m’a fait faire, à gauche, à droite, à la fois et en même temps à droite et à gauche ; c’était génial. Le public restait estomaqué devant tant de prouesses, les palefreniers en oubliaient leurs modestes destins pour croire au miracle d’un jeune prodige prétentieux. L’électeur était éberlué devant tant de pouvoirs Les fastes nationaux, internationaux, la fréquentation des grands de ce monde ont suivi. La planète en avion. Une vie d’extravagances… Le pognon Mon journal je ne te cacherai pas que certains soirs des moments d’inquiétudes me traversaient l’esprit. Tout cela est-il vrai ? A quoi sers-je ? Mais une petite couche de flatteries apaisait mes craintes. Et puis l’argent sans retenue. Un quoi qu’il en coûte magique rien que pour nous. Les états d’âme disparaissent donc vite. Quant à ma conscience du vrai monde, elle s’est très vite amenuisée. Le vrai monde Le Manu, lui, ce fut très rapide, il n’a rien vu, le vrai monde pour lui ça n’existe pas, (ou plutôt il se résume à l’argent-roi). L’hypertrophie de son moi lui a fait beaucoup de mal. Le monde il s’en moque, le peuple c’est pareil. Il peut dire une chose et son contraire sans s’en rendre compte. Par exemple se dire engagé par le vote des électeurs de gauche pour lui à la présidentielle et les trahir quelques semaines plus tard en leur imposant de travailler deux ans de plus. Sait-il que des syndicats existent ? Martinez et Berger ; ne sont pour lui que des représentants d’une espèce moribonde ! La démocratie est une formule creuse à laquelle on peut faire dire ce qu’on veut. Je m’interroge sur notre aveuglement. Il nous entraîne dans une aventure qui a perdu tout sens. Je suis malheureuse, parce que j’ai été inconsciente. En sortir, reconnaître ses et nos erreurs, leurs conséquences, n’est-ce pas au-delà de nos forces, je ne dors plus, je souffre, lui il fait le matamore, n’écoute plus rien, plus personne. Je ne sais pas de quoi demain sera fait… » Bribri, tu te fais du mal. Tu sais à qui tu le dois. Jean-Marie Philibert.

mardi 14 mars 2023

ECOUTE TA BRIBRI

Ecoute ta Bribri Je me plais à imaginer dans ces temps difficiles un dialogue entre un président inquiet et l’élue de son cœur fatiguée par l’ « hubris » démesuré (l’orgueil gigantesque) de son compagnon -Ma Bribri d’amour, je ne sais pas quoi faire avec ces ouvriers mal éduqués qui veulent venir à la maison… Ils ne savent sans doute pas que ce n’est pas poli de dire et répéter : « recevez-nous, recevez-nous, recevez-nous on veut venir », sans y avoir été invités. Ils ne partagent pas nos valeurs, nos manières. Ils n’ont pas l’air de savoir parler normalement. Ils crient beaucoup. Tu ne sais jamais combien ils seront et, pour un repas, ça complique la tâche de la maîtresse de maison. J’ai essayé de les refiler à Borne, mais elle n’en peut plus, elle ne dit que des bêtises, Dussopt, lui, il a pété les plombs depuis longtemps. Et puis ils insistent ils veulent nous voir à nous, qu’à nous. Sans doute pour au moins une fois dans leur vie, voir la haute société de près, nos bonnes manières, tes toilettes Vuitton, les dorures du palais et la grandeur de mon pouvoir. Conseille-moi, ma Bribri… Le peuple à distance -Tu sais dans mon école privée d’Amiens, je n’ai jamais vu d’ostrogoths de cette espèce, ils allaient dans le public et ils n’y restaient pas longtemps, et quand je t’accompagne dans tes voyages la sécurité fait ce qu’il faut pour maintenir le peuple à distance respectable. Ces gens-là me font un peu peur (assez même) et je ne vois pas ce que je peux leur faire comme plat. En plus de quoi pourrait-on parler à table avec eux. Ne te lance pas dans cette aventure… Repartons en voyage… Après l’Afrique, l’Australie peut-être. -Ma Bribri, je t’ai connue plus courageuse… Ne sois pas immature -Là tu me cherches Manu, tu te mets tout seul dans le pétrin des retraites pour rien et après, tu appelles à l’aide. Deviens enfin adulte. Je ne suis plus la prof de théâtre d’un ado plein de fougue, mais immature. Prends tes responsabilités… Si tu as fait une bêtise dis-le leur à ces gens, retire ton projet, tu leur feras plaisir. Ecoute tout le mal qu’ils en disent avec un humour même parfois qui peut surprendre dans le peuple. Moi ça m’évitera une corvée. Ridicule -Mais je vais être ridicule Bribri, j’ai dit qu’il fallait travailler plus longtemps pour sauver les retraites… pour investir dans le social … pour jouer au grand réformateur. J’ai dit que mes électeurs m’avaient donné mandat pour le faire, je sais que c’est pas vrai. Je voulais d’abord la retraite à points, puis j’ai changé, ce fut 65 ans, puis 64, puis toute la vaseline pour faire accepter le projet, et donc le bilan financier qui sera plus nul que nul, alors que les gens compétents n’ont pas cessé de me dire que le système est quasi à l’équilibre. Ridicule et stupide, moi le président djeun, plein de diplômes et d’ambition ! Et maintenant le pire recevoir à l’Elysée les syndicats unis, moi qui rêvais de les désunir à tout jamais, sous le regard moqueur d’une opinion publique qui rejette mon projet et moi aussi un peu… assez… Snif… Snif… Que faire ma Bribri ? Bribri très colère -Courage Manu, profite de ce petit moment de lucidité qui ne t’est pas coutumier pour prendre une décision qui ne te ressemble pas, mais qui te permettra de t’en sortir. Elle m’évitera un repas avec ces gens qui ne sont pas de mon monde. Tu achètes une bouteille de Ricard, quelques cacahouètes, tu leur dis de venir demain à l’apéro, que tu leur feras une grande surprise et sans doute un grand plaisir en leur annonçant que tu renonces à ta bêtise. Et tu convoques la presse au moment du journal télévisé pour immortaliser une grande première, sur le perron de l’Elysée l’apéro politique de réconciliation des forces vives du pays avec le président. Du jamais vu ! Et peut-être même que tu sauverais ton quinquennat …Manu écoute-la ta Bribri. Jean-Marie Philibert

lundi 6 mars 2023

De l'utilité des faits divers

De l’utilité des faits divers Au TC nous sommes attachés à couvrir l’information locale dans ce qu’elle a de politique, de social, d’économique, mais aussi de culturel, d’artistique, de géographique, mais aussi de sportif. Nous aimons bien aussi présenter, donner la parole aux personnalités qui font cette actualité, et même souvent aux acteurs moins connus, mais tout aussi nécessaires, qui l’animent au quotidien. Nous voulons être l’écho d’un département, d’une culture, d’une langue qui sans vivre repliés sur eux-mêmes tentent de dire, les yeux grands ouverts, le monde et notre pays dans sa richesse, sa complexité, ses contradictions. Nous avons 16 pages pour cela, nous faisons notre possible dans un moment où la presse écrite (et encore plus quand elle veut être politique) n’a pas la vie facile. Mais nous avons la faiblesse de croire un peu dans ce que nous faisons, nous avons établi avec un lectorat fidèle des relations riches. Normal nous existons depuis plus de quatre-vingts ans. Un terme flou Mais contrairement aux tendances d’une presse régionale, y compris, celle qui ici, nous raconte avec tous les détails qu’il faut notre quotidien, nous sommes restés allergiques à ce que dans le langage journalistique on appelle d’un terme si flou que l’on peut y caser tout et son contraire, le, les faits divers, qui souvent font au jour le jour le cœur des conversations qui vont nous animer. « -Tu as vu cet accident ? … Putain au Boulou, ils ont trouvé trois tonnes de H dans une twingo … Un cambriolage à Finestret, c’est impensable, non ! … Le GIGN à Canohes … Des disparitions inexpliquées …A Saint Jacques des maisons s’effondrent… » Le fait divers peut traîner son lot de tragédies, de souffrances, d’inquiétudes ou de « chiens écrasés ». Il est rare qu’il ne soit pas en relation avec du social. Mais sa nature de fait divers l’ostracise pour le reléguer dans un fourre-tout qui pourrait sembler sans conséquences. Sans conséquences peut-être, mais pas sans intérêt pour un lectorat qui peut en faire ses choux gras. En parler Cela m’incite à faire une entorse à nos habitudes et à en parler. Il est le plus souvent en lien direct avec un événement qui bouscule notre quotidien, sa norme, son train-train. De l’accidentel dans tous les sens du terme. Cet événement nous touchera d’autant plus qu’il s’est passé à quelques encablures de chez nous, qu’il concerne des connaissances ou des connaissances de connaissances, qui ne méritaient pas ça, qu’il semble inexpliqué, donc inexplicable, il est l‘expression d’un fatum qui nous inquiète. Notre histoire Si le sang coule, l’émotion ne sera pas la même si c’est du sang d’ici : l’importance accordée à l’événement sera inversement proportionnelle à la distance qui nous en sépare. Il y aura de la compassion, des commentaires personnalisés et des mises en relations avec des pans de l’histoire locale, c’est-à-dire avec notre histoire. Elle n’est ni grande, ni petite, mais construite au quotidien, elle nous façonne. La presse régionale en général l’a bien compris qui y consacre une part importante de son activité parce qu’elle sait que son lecteur s’y retrouve. Les faits divers contribuent à tisser tous les fils de notre vie, la vie de notre commune, de notre département, avec ses acteurs souvent involontaires qui sont nos voisins, avec nos concitoyens avec lesquels nous partageons ici le quotidien et nous construisons nos destins communs. Le fait divers nous y aide. Le fait divers nous rapproche les uns des autres… Dans ces périodes de repliements égoïstes ils me semblent utiles. Jean-Marie Philibert.

dimanche 26 février 2023

LE MOUVEMENT SOCIAL, LE RN ET LESAUTRES

Le mouvement social, le RN et les autres En quête de respectabilité, le Rassemblement National fait ce qu’il faut pour profiter du mouvement social en cours contre la réforme des retraites, mais sans jamais apparaître comme fauteur du moindre trouble. Bien sûr ses militants se gardent de toute apparition dans les cortèges qui sillonnent les villes, pour la bonne raison que s’ils y apparaissaient comme tels, ils se feraient rapidement remettre à leur place, c‘est-à-dire en dehors d’un mouvement populaire qui rejette massivement ses appels à l’exclusion, au racisme. En attente La stratégie politique du RN au Palais Bourbon semble dictée par une obsession, se distinguer de la gauche, mais sans jamais croiser le fer avec les arguments gouvernementaux, sans jamais chercher à défendre pied à pied les intérêts des salariés, sans se situer délibérément du côté des droits sociaux. Le Rassemblement semble en attente d’un pouvoir que des commentateurs naïfs ou malintentionnés ou militants leur promettent lors d’échéances électorales futures. Pour cela faisons-nous oublier et profitons des difficultés de la droite présentable, façon Parti Républicain, qui ne sait plus s’il doit apporter ses voix à un projet qui ressemble étrangement à tout ce qu’il pense de mal des droits sociaux et en particulier du droit à la retraite. Soit le PR se fond dans une majorité de circonstances avec la bande à Macron et sape son assise électorale bien érodée. Soit il empêche Macron d’avoir une majorité et ouvre une boîte de pandore d’où tout peut sortir. L’observation de l’attitude de la droite au Sénat peut apporter quelques éclaircissements. Wait and see ! Mais là on est dans les manœuvres de bas étage qui visent avant tout à ne pas tenir compte du mouvement syndical inédit, unitaire, en cours. Il ne désarme pas, bien au contraire ! Aller le plus loin possible Le gouvernement sous la férule de son chef qui joue les fier-à-bras semble décidé er à pousser la bouchon le plus loin possible sans rien entendre de ce qui monte de la rue ( la rue ne gouverne pas, bien sûr) et sans questionner les vérités toutes faites et simplistes qu’il assène à longueur de déclarations (on vit plus longtemps donc on travaille plus longtemps). Pour sans doute mourir plus jeune et éviter des frais superflus à la sécurité sociale. Cette majorité relative a quelques états d’âmes : on la comprend. Mais Macron ira le plus loin possible en cherchant à profiter des failles du mouvement social. Si failles il y a : ce qui n’est pas sûr. Ne galvaudons pas la politique Du côté de la NUPES, la stratégie a été, est des plus offensives : sur le fond, le relais du mouvement syndical est assumé sans complexe, mais avec des formes diverses qui semblent révéler, en particulier chez les Insoumis une volonté de marquer le débat de leur empreinte et une prétention à se prévaloir d’un leadership de la contestation qui, quoi qu’on pense, appartient aux syndicats et à ceux qu’ils rassemblent. Les écologistes, les socialistes, les communistes se sont quelque peu démarqués de cette attitude et ont donné du parlement une image plus conforme à ses responsabilités, et cela n’a pu que renforcer l’argumentation contre le projet de réforme. Dans ces temps troublés, il est important de ne pas galvauder la politique. Remarquable Parce que si l’on observe le mouvement social, il est remarquable à plus d’un titre. Le sérieux de la revendication centrale qui fait son unité, son ciment : non aux 64 ans et justice pour le monde du travail qui produit les richesses et a donc le droit d’en profiter. La maîtrise de toutes ses initiatives, le calme, mais la détermination, le sérieux, mais l’inventivité, le nombre toujours plus grand mais le respect de chacun. La volonté de situer l’action dans la durée pour donner des perspectives à l’action revendicative contre un monde souvent inhumain, contre une société divisée. L’ambition de maîtriser une colère réelle en lui donnant des formes nouvelles qui visent à toujours rassembler davantage. Le 7 mars il continue. Avec tout notre soutien. Jean-Marie PHILIBERT

lundi 20 février 2023

LA CONFIANCE

La confiance Sur la stratégie syndicale unitaire Il ne suffit pas d’avoir raison, de le clamer à longueur d’antenne pour gagner une bataille politique et sociale, surtout sur une question aussi centrale que la question des retraites qui touche au cœur de la répartition des richesses, donc à la justice sociale. La justice sociale, quoi qu’ils en disent n’est pas le souci majeur de la majorité macronienne. Les organisations syndicales qui sont depuis 1993 confrontées à des attaques successives sur cette question, savent d’expérience qu’il y a de multiples impératifs à respecter pour faire reculer le pouvoir. Partager les richesses Le premier : l’information des salariés, des travailleurs, des jeunes, du peuple que le gouvernement va tenter de convaincre de la nécessité d’une « réforme » qui entérine des reculs sociaux majeurs pour les générations à venir. La tâche est souvent difficile car de faux arguments de bon sens sont mis en avant, on vit plus longtemps, les caisses seront vides dans quelques années, tous les pays l’ont fait… En gommant l’essentiel : la productivité du travail en 2023 n’a-t-elle pas accru nos richesses et ne permet-elle pas d’en faire profiter ceux qui y ont consacré leur vie ? Sur ce point essentiel, alors qu’elles sont diverses, sur le projet de Macron de rajouter trois ans supplémentaires obligatoires à la durée du travail (65 au lieu de 62) pour bénéficier d’une retraite à taux plein, elles ont été unanimes à dénoncer une arnaque, à ne pas se laisser piéger par les arguties avancées, les promesses d’amélioration du système, les pseudos concertations organisées, les tentatives de division, les petits reculs (64 ans). La bataille de l’opinion a conduit une large majorité à voir les dangers des propositions gouvernementales, ce que confirment les sondages. La rue en marche partout Sur cette volonté de ne pas accepter un recul social majeur, elles ont su construire de façon unitaire, dans un respect mutuel des pratiques des uns et des autres un rapport de forces qui est allé se renforçant de journée d’action en journée d’action : elles ont mis le peuple en marche dans des rassemblements inédits, nombreux, éclatés sur tout le territoire. Très au-delà des rassemblements habituels, avec de nouveaux participants, avec toutes les générations confondues, avec un calme surprenant, une détermination affichée, une prise de parole très inventive. Je crois comprendre que le rassemblement peut encore s’élargir devant l’entêtement du gouvernement à faire celui qui ne comprend pas, que les formes pourraient se durcir s’il le fallait, que l’unité affichée est solide. Ce n’est qu’à ce prix que se construit le progrès social et les syndicats en sont des acteurs majeurs quand ils ont la confiance populaire. Jean-Marie Philibert

lundi 13 février 2023

LA VIE ...LA POESIE

LA VIE ... LA POESIE Dans ces temps de « réforme des retraites » où se percutent les notions de travail et de temps qui lui est consacré, un texte poétique que j’ai souvent proposé à mes lycéens me revient en mémoire et me semble dire dans une forme très efficace ce que je pense et ce qu’expriment à longueur de défilés les milliers de manifestants qui n’ont pas envie qu’on leur vole leur temps de vie… si précieux. Je cite : L’homme de paille il avait tellement longtemps semé le grain coupé la paille lié les gerbes de froment gelé au froid nu des semailles brûlé au soleil de l’été Il avait tellement longtemps battu le blé couru la route entre les greniers et les champs il avait tellement longtemps reçu la pluie, reçu la grêle subi la neige et le grand vent germé de chaud séché de gel qu’il était devenu de paille belles moustaches de blé lisse menton de chaume qui piquaille sourcils de mil barbe en maïs (Il faut prendre extrêmement garde à ce qu’on fait dans son travail ou bien l’on devient par mégarde d’homme de chair homme de paille). Claude Roy (1915 – 1997) “Un seul poème” (1954) Claude Roy, écrivain au riche parcours littéraire et politique, acteur important des bouleversements du siècle… résistance, guerre d’Algérie… fut poète. Ici il se fait fabuliste, il nous raconte une vie et en tire une morale des plus élémentaires. L'EPOUVANTAIL Il s’appuie sur une image choc : celle de l’épouvantail, fait de bâtons, de bric, de broc et de paille placé dans un champ pour faire fuir les oiseaux. Un mannequin sans vie, une image de ce que le travailleur (des champs, mais pas seulement) peut devenir s’il se laisse embarquer par un boulot auquel il consacre tout le temps de sa vie, au point de perdre son humanité, de se la laisser voler. Comme si la vie n’était que boulot, souffrance, endurance, soumission à des éléments qui le dépassent. La puissance aliénante du travail nous vide ici de notre sang, de notre chair, de notre conscience pour faire du travailleur la marionnette mécanisée que Chaplin évoque dans les Temps modernes. CELUI QUI PERD SON NOM L’image de Claude Roy est parlante, violente : le travailleur devient l’homme de paille, l’homme de main, le prête nom, l’acteur des basses œuvres d’un patron qui le prend au moins pour un imbécile. J’ai comme le sentiment que face au projet de Macron les salariés de ce pays prennent conscience d’un enjeu majeur où il s’agit avant tout de préserver sa vie, son temps de vie, pour en devenir un acteur à part entière. Hommes « de paille » de tous les pays, continuons à nous réveiller de plus en plus nombreux ! Jean-Marie Philibert

lundi 6 février 2023

NOTRE FORCE

Notre force Le mouvement social contre le projet de réforme des retraites a été l’occasion de faire ressurgir du passé les autres mouvements sociaux qui ont secoué l’ordre dominant depuis quelques décennies. Les lectures qui en sont faites peuvent nous aider à appréhender le moment que nous vivons. Laissons 68 aux étudiants de 2023 qui affirment à Macron « Si tu nous mets 64, nous, on te remet 68 ». Et un Dans les années 80, à l’occasion de la première cohabitation Mitterrand Chirac, à partir de 1986, un certain Devaquet va mettre le feu aux poudres dans les universités avec une loi pour bien sûr la « réformer », en langage clair pour sélectionner les étudiants, renforcer l’autonomie des universités, mettre fin aux diplômes nationaux et augmenter les droits d’inscription. Une « réforme de droite » ! Elle aura la réponse qu’elle mérite : grève des étudiants, manifestations, participation des lycéens. Des centaines de milliers de manifestants. Des violences. Un mort Malik Oussekine. Devaquet démissionne. Chirac retire le projet. La rue a eu sa petite influence… Et deux Quelque 10 ans plus tard, la droite qui n’a pas de mémoire, se met en tête de « réformer »à nouveau les retraites et la sécurité sociale, en imposant aux fonctionnaires et aux entreprises publiques les mesures imposées au privé par la réforme Balladur en 93. Ce sera le plan Juppé de 95 : 40 ans de cotisation pour tous, mise au pas budgétaire de la sécu, blocage des allocs. Que du social ! Il faudra des semaines de grève, des manifs quasi quotidiennes pour que Juppé-Chirac comprennent ce que la rue dit. Echaudés par un mouvement de masse inattendu, l’idée de « réformer » est mise au placard quelque temps. Et trois Si ce n’est qu’un sinistre ministre de l’éducation de Jospin, Allègre, dès la fin des années 2000, s’est mis en tête de s’attaquer au mammouth qu’il voyait partout dans ses services, ses écoles, ses lycées, jusqu’à énerver prodigieusement des enseignants qui subissaient des crises d’amaigrissement qui pouvaient faire crever le service public. ET c’est reparti, grèves, manifs, pour exiger un plan de développement et le départ du trublion. L’académie de Montpellier est aux avant-postes. Jospin se séparera de son copain, créera un plan d’urgence qui aujourd’hui ferait un peu rêver. Merci la rue ! Merci la rue aussi en 2006 pour avoir poussé à mettre au placard le projet de CPE (contrat première embauche). Mais reconnaissons qu’elle n’est pas toute puissante, Fillon est parvenu à imposer la durée de cotisation à 40 ans pour atteindre 41 ans en 2012 et la cochonnerie du système de la décote qui rogne votre retraite si vous ne les avez pas. Woerth, en 2010, met dans le paysage les 62 ans pour 2018. Les régimes spéciaux seront « réformés ». La « gauche » s’y met aussi, Marisol Touraine, en 2014, impose une durée minimale de 43 ans, avec des mesures d’accompagnement à base de vaseline. Borne et Macron reprennent la recette et les mêmes arguments éculés. Mais un mouvement social, unitaire, déterminé, plus massif que jamais, veut faire la démonstration, veut dire la conviction du plus grand nombre que les richesses de ce pays autorisent d’élargir un droit fondamental à vivre pleinement sa vie d’après le travail avec les moyens qui vont avec. Cela impose du temps, de la santé, des montants de pensions suffisants, une considération sociale nouvelle pour des aînés. En clair d’autres perspectives que celles d’être grignotés sans fins sous des prétextes fallacieux par des politiciens amoureux du capital au point d’en oublier la vie. Jeunes et moins jeunes dans les rues en 2023, nous restons et resterons, comme 86, 95, 2000, 2003, 2006 … du côté de la vie. C’est notre force ! Jean-Marie Philibert

mercredi 1 février 2023

Le peuple en marche

Le peuple en marche La « richesse » des temps que nous vivons est telle qu’il s’y passe plein de choses. Ne parlons pas de l’actualité internationale où les fantômes des guerres, des oppressions, des fanatismes donnent l’impression qu’un monde de paix est une utopie impossible… restons dans l’hexagone où nous avons notre lot d’événements multiples et variés à confronter, en espérant que de leur confrontation puisse surgir une petite lumière en mesure d’éclairer ne serait-ce que faiblement nos consciences. Tout est négociable D’abord un événement majeur, qui rappelle des batailles anciennes et récurrentes, le conflit des retraites qu’un président mal élu s’est mis en tête d’imposer à des manants qui selon lui ne travaillent pas assez pour fournir à sa caste, à ses soutiens, à ses affidés tout le pognon nécessaire au remplissage de poche de sa classe. Ce conflit connaît sa deuxième grande étape et nous en saurons le résultat quand vous lirez ces lignes. Mais ce conflit est fait pour durer, puisque j’entends ce matin que la lourde Borne qui nous sert de « prime minister » affirme que les 64 ans ne sont pas négociables. Elle n’a rien retenu de son expérience politique et humaine : tout est négociable, sauf la porte des cimetières. Et elle ne semble pas voir qu’en face elle a un mouvement d’ampleur qui n’a pas fini de faire des petits et de lui donner des soucis, à elle et à sa bande. D’autant plus que la grogne porte aussi sur le pouvoir d’achat, l’indemnisation du chômage, les services publics… Les aléas de la vie politique Dans le même temps, la vie politique continue, et ça cogite tous azimuts, du PCF aux Républicains pour définir une stratégie, des directions, dessiner un avenir, débattre de ce qui peut nous arriver et de la meilleure façon de s’en sortir. La situation le justifie. Les écolos se sont consultés pour désigner une nouvelle direction. Les Républicains se sont consultés pour faire de Ciotti leur nouveau responsable. Le Parti Socialiste pour son congrès de Marseille semble avoir eu du mal à tirer au clair la consultation pour former une équipe dirigeante. Chez les Insoumis, personne ne fut consulté, mais un nouveau collectif de direction a été constitué à la hussarde avec la bénédiction de Mélenchon. Au PCF la consultation, après de vives discussions, a décidé que le texte de la direction servira de base pour le prochain congrès. Chez les macroniens, on ne consulte pas, mais des voix discordantes se font entendre. Au Rassemblement national, on ne réfléchit pas, on est dans les mains de Marine. Ce sont là les péripéties de la vie politique, ses nécessités aussi. La construction lente, laborieuse d’une citoyenneté dans une société traversée par des doutes. Mais l’essentiel n’est pas là. Chaque chose à sa place Leur concomitance avec le conflit majeur des retraites devrait permettre de remettre chaque chose à sa place et de faire de l’intervention sociale, syndicale, unitaire, massive, déterminée l’axe majeur de la lutte pour la construction d’un monde plus juste. Nous ne cessons de le répéter au TC. Parce que chacun/chacune peut y prendre part, peut y prendre sa place à partir de sa situation, de son expérience, de sa soif de bien être, de paix. Chacune/chacun peut y exiger les moyens d’une vie digne dans un partage des richesses qui en finira avec la spoliation du plus grand nombre. Là, c’est un peuple en marche. Jean-Marie Philibert

lundi 23 janvier 2023

La mayonnaise

La mayonnaise Vous avez fait l’expérience culinaire d’une mayonnaise récalcitrante à qui vous avez donné tout ce qu’elle demande, son petit jaune d’œuf, son petit filet d’huile et même ses petits grammes de moutarde, que vous avez entrepris de monter avec une spatule en bois, à température ambiante, comme on vous a dit ; et patatrac, elle refuse de monter. Soit elle vous nargue en quelques secondes pour donner au fond du bol un liquide jaunâtre qui vous met en colère. Soit elle fait semblant de vous écouter, elle se densifie lentement, mais sûrement, vous en profitez pour accentuer le filet d’huile, presque assuré de votre affaire, et là pour une raison inconnue vous sentez qu’elle se fragilise, qu’elle perd de sa consistance jusqu’à devenir de plus en plus liquide… Foutu ! Et puis parfois, pour des raisons qui vous échappent un peu…tout marche à merveille… De la métaphore Cette métaphore culinaire est souvent utile dans l’action sociale : l’ambition de ceux qui luttent (ils savent qu’on ne gagne jamais tout seul) est de créer de la solidarité, de l’engagement, c'est-à-dire de rassembler du monde pour obtenir satisfaction. ET ce n’est jamais la génération spontanée, il faut que ça monte, comme pour la mayonnaise il faut des ingrédients, et il faut touiller, touiller, et puis ça prendra, ou pas. Avec les conflits précédents des retraites, on a le souvenir de mayonnaises qui avaient largement débordé de tous les bols et qui avaient donné des soucis aux différents pouvoirs. Tous les ingrédients sont là Là, avec le projet de Macron de nous voler un peu de notre retraite, on se doutait que la mayonnaise avait de beaux jours devant elle, d’autant que tous les ingrédients, je dis tous, même l’huile CFDT, étaient disposés à faire péter le bol. Eh bien l’art culinaire qui est parfois hasardeux, comme l’activité syndicale, un certain 19 janvier est presque devenu une science exacte. Le 19 janvier, une mayonnaise de tous les diables. Du monde comme très rarement, les habitués, les nouveaux, les jeunes et les moins jeunes, tous les syndicats, les organisés et les moins organisés, une ville, des villes paralysées. Un plaisir manifeste de se retrouver. A PERPIGNAN, le grand tour des grands boulevards. Une conscience sociale en éveil comme jamais. Le pouvoir est interloqué, en général il n’aime pas la mayonnaise, mais là il ne peut que reconnaître qu’elle a prise, qu’elle rassemble, quantité et qualité, que même si elle n’est pas à son goût, il va falloir faire avec. Le peuple dans la rue Macron qui se doutait de quelque chose était allé faire un tour à Barcelone pour ne pas assister à ce qu’il n’apprécie pas du tout : le peuple dans la rue ! Les contorsions des ministres, le « même pas peur » du Président Freluquet,(pardon, Macron), les journalistes aux ordres qui emberlificotent les consciences, les « Républicains » qui s’interrogent, des élus de la majorité qui ont des états d’âme, même le Rassemblement national, pourtant opposé à la réforme qui se tait ( le jour de la manif Marine était, elle, au Sénégal ), les syndicats qui programment une nouvelle montée de mayonnaise unitaire pour le 31 janvier : tout cela dessine un paysage qui fait plaisir à voir pour tous ceux qui ont le progrès, la justice sociale chevillés au corps Il va donc falloir touiller à nouveau pour faire que les mayonnaises à venir soient d’une force encore plus grande, qu’elles restent toujours aussi fermes, unitaires et déterminées pour faire comprendre à un pouvoir réactionnaire qui visiblement ne les digère pas bien qu’il doit donc éviter de les provoquer, qu’elles ne lui appartiennent pas, qu’elles sont la chose du peuple, comme son droit à la retraite. Jean-Marie Philibert