les billets d'humeur de Jean Marie Philibert dans le Travailleur Catalan

Jean Marie PHILIBERT ( c'est moi ) écrit toutes les semaines un billet d'humeur dans le TRAVAILLEUR CATALAN, hebdomadaire de la fédération catalane du PCF.
Je ne peux que vous conseiller de vous abonner à ce journal qui est aujourd'hui le seul organe de presse de gauche du département des Pyrénées Orientales.
J'ai rassemblé dans ce blog quelques uns de ces billets d'humeur en rappelant brièvement les événements qu'ils évoquent

mercredi 26 décembre 2018

Derrière les fantasmagories de Noël


Derrière les fantasmagories de Noël





« -Dis, Maman, c’est drôle j’ai vu des œufs en chocolat descendre très vite du ciel. Je les ai vues pendant les vacances de Paques….

-Ah ! Bon !

-Dis Maman, pour la dernière dent qui est tombée, j’ai vu la petite souris quand elle m’a mis la pièce d’un euro sous l’oreiller…

-Ah ! Bon ! » Dit la maman perplexe.

Sa fille a atteint et dépassé l’âge de raison. Elle veut faire quelque chose.

« Tu sais, ce n’est pas possible. Tu es assez grande maintenant pour savoir. Pour la petite dent, c’est papa et maman qui te mettent les sous sous l’oreiller. Quant aux œufs en chocolat, ils viennent de chez le pâtissier …

Et le papa noël ?

-Mais Maman, alors le Papa noël, c’est pareil, il ne vient pas du ciel, il passe pas par la cheminée, c’est papa et maman. Le papa Noël n’existe pas… 

-Tu as tout compris, ma fille, le Papa noël n’existe pas ! »

Et le père, qui entend la conversation, s’autorise, à haute et intelligible voix, la saillie qui remet tout en place :

« Et pour dieu, ma fille,  c’est pareil ! » affirme tout de go ce mécréant.

C’est une histoire vraie, vécue, par ma petite nièce, qui s’en est bien remise.



Le maelstrom

Vous vous doutez bien que cette mécréance-là n’est pas pour me déplaire et que je la partage. Elle tombe à point pour évoquer un temps où magie, chrétienté, merveilleux, monde de l’enfance, surnaturel, aspiration à sortir du quotidien, et bombance se mêlent dans un maelstrom où la foi sincère, authentique, semble passer au second plan.

Comme s’il fallait à tous prix faire briller de mille feux fantasmagoriques toutes les illuminations artificielles en mesure de compenser l’extrême distance que la terre prend avec le soleil et les longues nuits qui vont avec. Comme s’il fallait se donner la patience d’attendre quelques mois que le nature renaisse. Comme s’il fallait parer la grisaille de nos vies des oripeaux d’un bonheur à deux balles ou plus. Comme s’il fallait retrouver une âme (perdue ?) d’enfant.

Lucidement

Noël fait partie de la respiration de nos vies, rythme notre temps, marque un passage. C’est sans doute un temps nécessaire, peut-être mystérieux, mais cela n’empêche pas de l’aborder lucidement.

D’y saluer ceux qui y poursuivent leur lutte.

D’y pourfendre ceux qui, au pouvoir,  aimeraient que les festivités éteignent les consciences.

D’y souhaiter, à tous, les meilleures fêtes possibles, et bien sûr avec les yeux largement ouverts sur le réel, non pas pour y faire disparaître nos rêves, mais pour nous en servir et nourrir le monde de toute notre désir de le transformer… sans attendre.
Jean-Marie Philibert

mercredi 19 décembre 2018

qui a gagné ?


Qui a gagné ?

Au début du mois les fonctionnaires ont voté

Tout le monde est content… et soulagé… après les élections professionnelles dans la fonction publique qui ont eu lieu au début du mois de décembre. Elles concernaient les trois versants de la fonction publique : l’Etat, les collectivités territoriales et les hôpitaux. Elles se sont déroulées  dans un climat compliqué par l’action des gilets jaunes, une action qui veut marquer sa distance par rapport au syndicalisme. Le contexte  était alourdi par la volonté gouvernementale de remettre en cause les pratiques du paritarisme auquel les personnels sont attachés parce que garant de justice. Sans vouloir dresser un tableau complet de la situation des fonctionnaires, rappelons le gel, depuis des temps quasi-immémoriaux, du point d’indice, le recours de plus en plus fréquent aux contractuels et la remise en cause des services publics…  Les temps ne sont pas à la fête pour les syndicats qui contre vents et marées poursuivent leurs actions.

Les résultats officiels et définitifs ne seront connus que dans quelques jours après le délai règlementaire laissé pour les recours éventuels. Il est cependant possible de dresser un premier bilan.

Le palmarès

Les media bien en cours, ceux qui aiment le syndicalisme assis pour ne pas dire couché (Le Monde), ont déjà titré « La CFDT devient le premier syndicat français » et évoque une redistribution des cartes au détriment de la CGT, « reléguée sur le deuxième marche du podium », comme ils disent. Eh bien, c’est un mensonge. Les résultats pour la fonction publique sont d’une grande stabilité: la CGT demeure numéro un avec 21,8 % des suffrages, devant la CFDT qui obtient 19 % et FO 18,1 %, un résultat inchangé depuis 2014. Derrière, l’Unsa est en progression, la FSU est toujours première dans l’éducation nationale, en hausse dans les collectivités territoriales, seule organisation à augmenter son nombre de suffrages,  suivies par la fédération autonome de la fonction publique (FA-FP), par la CFE-CGC et la CFTC. . Le taux de participation qui tourne autour des 50 % est honorable quand on sait les obstacles (informatiques) rencontrés pour exprimer son choix.

Et pour tous, au moins pour ceux qui n’en ont pas perdu l’habitude : la bataille continue. J’ose  imaginer qu’elle serait plus aisée si le souci de l’unité était davantage partagé. A bon entendeur salut !

JMP

lundi 17 décembre 2018

SON DIEU


Son Dieu !

Il y a un endroit à l’Elysée que vous ne verrez jamais à la télé, ni dans les magazines. Il est dans un espace très protégé, très surveillé que seul le petit cercle d’intimes du président connaît. Ils n’en ont vu que la porte qui est top secrète. Personne n’a le droit d’y entrer, hormis Jupiter soi-même, très rarement accompagné de Bribri. Quand il y entre, de l’extérieur, on entend une voix, venue de très loin. Mais qu’est-ce donc ?

Comme dans les châteaux médiévaux où le seigneur a sa chapelle personnelle, Macron, depuis son entrée en fonction a fait aménager dans son palais républicain, en catimini, laïcité de l’état oblige, un lieu sacré, de prière et de recueillement voué au culte de son dieu : LE GRAND CAPITAL !

Une exclusivité du TC

Grâce à des indiscrétions du petit personnel qui écoute souvent aux portes, nous sommes en mesure de reconstituer ce qui s’y dit. Une exclusivité du TC !

« -Oh ! Mon Dieu ! Faites quelque chose, en quelques mois, ces gaulois réfractaires au changement m’ont mis plus bas que terre. Du haut de l’Olympe ils m’ont jeté sur le bitume des ronds-points où  ils arrêtent les voitures et les camions pour dire tout le mal qu’ils pensent de moi. Et le pire : les conducteurs de ces véhicules semblent si contents de ce qu’ils entendent qu’ils klaxonnent à tout rompre. J’ai honte, je suis désespéré. Bribri  n’arrête pas de me gronder. Mes fidèles soutiens sont mous comme des chiques. Que dois-je faire ? Tu es mon seul recours, toi que je sers aveuglément depuis que Rothschild nous a présentés. »

Une voix d’outre-tombe, accompagnée d’une musique de cliquetis de louis d’or se fait entendre.

L’or ! L’or !

« -Tu entends ces bruits précieux, Emmanuel, c’est à eux que tu dois penser toujours et toujours, et encore plus quand tu es dans la difficulté. La seule lumière de ce monde vient de là. Plus tu t’en mettras dans les poches, plus tu permettras à tes amis et aux miens de s’en mettre encore plus dans les poches, plus tu seras dans le vrai. Dans la seule vérité qui compte : celle de l’argent roi, que dis-je roi, monarque plus qu’absolu. A ce pognon amassé, il ne faut jamais toucher. Il faut en amasser chaque jour davantage en le prenant dans la  poche de ceux qui n’en ont pas beaucoup, mais qui sont, heureusement pour nous, très nombreux. Ça, tu sais faire. Tu sais qu’il ne faut jamais toucher au capital. Il est sacré ! Tu leur as promis quelques miettes, mais tu as su les prendre là où il faut, dans l’argent de l’état, qui est en fait le leur. Tu leur rends un peu de ce que tu leur vole ! Ils doivent s’en contenter.  Continue dans cette voie. Ecoute le Medef, ne lui fais jamais de peine. Arcboute-toi. Ce peuple méchant veut continuer. Arcboute-toi. Envoie ta police le casta(g)ner un peu. Ils ne sont rien. Tu le sais, tu l’as dit. Du haut de ta suffisance,  écrase-les de ton mépris. Il te faut assumer ta supériorité, notre supériorité ! 

Un moment de faiblesse

-Mais Sa Sainteté du Grand Capital, ce que tu me dis, ça marche de plus en plus mal, ils parlent de révolution, certains rêvent de me couper la tête, comme en 89. J’ai même dit, dans un moment de faiblesse,  à mes copines et copains chefs d’état européens qu’il faut savoir écouter la colère du peuple.

-Tu dérailles, Emmanuel, il ne faut écouter que le cliquetis des pièces jaunes d’or. L’or ! L’or ! L’or. Pour le peuple, la misère et les larmes suffisent. C’est le dieu du grand capital qui parle»

Nous livrons à l’information des manants vêtus de jaunes qui peuplent les carrefours ces paroles pleines … d’empathie.

Jean-Marie Philibert

mercredi 12 décembre 2018

la voix de leurs maîtres


La voix de leurs maîtres

Sur les écrans de télévision, depuis plusieurs semaines, la déferlante de gilets jaunes n’en finit pas de se répandre et met sur le devant de l’actualité les questions sociales qui, en général, sont reléguées en fin de journal, réduites à la portion congrue, ou même souvent passées sous silence. On ne s’en plaindra pas. Bien au contraire. Et parallèlement sont convoqués d’éminents spécialistes presque toujours les mêmes, pour disserter sur le mouvement, parfois avec quelques gilets jaunes, judicieusement choisis.

 Et de tartiner sur les tenants de ce qui se passe sur les ronds-points, à Paris, ou ailleurs. Il s’y enfonce beaucoup de portes ouvertes. Mais il arrive que des observateurs, plus lucides que les autres, n’hésitent pas à mettre l’accent sur une dimension forte du mouvement en cours. Sa critique des médias (telle que des gilets jaunes la formulent), le sentiment qu’aujourd’hui l’image donnée est déformée, tronquée, manipulée : regardez la place faite à tout ce qui touche à la violence, à la recherche systématique d’images chocs, aux propos les plus caricaturaux.

Evitons la politique

Tout ce qui tient d’une approche plus politique, même venant des intéressés eux-mêmes  n’est que très faiblement relayé, à moins de délirer complètement comme l‘appel à un général vidé par Macron pour sauver le pays. Par contre les images qui dérangent comme celles des lycéens de Mantes La Jolie, à genoux, les mains sur la tête, vous ne les verrez que subrepticement et en édulcorant leur portée.

Le dépôt de la motion de censure, par la gauche,  à la Chambre de députés : silence radio ! Un aboiement de Marine Le Pen sera bien sûr traité avec tous les égards nécessaires. Le pompon en la matière revient aux chaines d’infos en continu : elles suivent souvent le mouvement en direct, en montrent des images d’une platitude affligeante, accompagnées de commentaires convenus… et souvent mal intentionnés. Après cela ces mêmes commentateurs s’étonnent que les journalistes, les medias soient fort mal vus et dénoncés pour leur travail de sape. Comme s’ils ne savaient pas qu’ils ne sont que la voix de leurs maîtres.

JMP

lundi 10 décembre 2018


A genoux !

A genoux… Serait-ce pour une prière à Saint Macron ?

L’image est choquante, elle a choqué, elle est indigne d’une démocratie. La preuve : dans les réseaux sociaux elle a été mise en parallèle avec des images de jeunes  résistants agenouillés les mains sur la tête devant des soldats allemands pendant la seconde guerre mondiale.

L’image : celle de 153 jeunes de Mantes-la Jolie (la bien nommée, par antiphrase pour la circonstance) alignés contre un mur, interpellés par les forces de l’ordre à la suite de violences commises en marge de blocages  aux Lycées Saint-Exupéry et Jean Rostand. Avaient-ils mis en péril l’établissement ? Avaient-ils molesté des lycéens, des enseignants, des passants ?

Pour une histoire de poubelles

Ils avaient fait bien pire, ils avaient incendiés des poubelles, sans doute dressées comme des barricades pour bloquer l’entrée de leur établissement. Ce que pratiquent depuis des années les lycéens de Mantes et d’ailleurs dans le cadre de leur auto-formation politique chaque fois qu’un pouvoir autoritaire et sourd les met en colère. Le professeur de lycée que je fus y voit un moment fort de leur formation en contact avec la vraie vie.

Là un pouvoir qui perd les pédales et le sens du réel, qui veut jouer la carte de la tension, qui veut faire peur,  qui craint  le peuple  (quand il redresse la tête) est responsable. Il est responsable parce qu’il ne veut ni écouter, ni entendre, parce qu’il veut garder le cap de l’entassement des richesses pour ceux qui ne savent plus où mettre le pognon, parce qu’il veut imposer aux autres, le pays réel, d’en baver toujours plus et de se taire. A court d’argument, il fait donner la répression sur la jeunesse.

Et il est satisfait. Comme le préfet des Yvelines est content : « Ces images sont impressionnantes, mais aucun jeune n’a été blessé, ni maltraité, nous n’avons enregistré aucune plainte ». On ne doit pas avoir la même définition de la maltraitance. 

C‘est ce même pouvoir qui remplit les villes de policiers, qui sort les blindés, qui embastillent par centaines les manifestants parisiens du 8 décembre, et qui se dit fier de tout avoir organisé.

Comme s’il rêvait de guerre civile. Qu’a-t-il dans la tronche ?

 Dans le cœur, on sait : rien !

Jean-Marie Philibert

jeudi 29 novembre 2018

et du côté syndical


Et du côté syndical…

Comment aborder ce mouvement inédit ?

A observer le rendez-vous manqué à PERPIGNAN, samedi dernier entre CGT et gilets jaunes, on se dit que les choses ne sont pas simples et que les bonnes intentions ne suffisent pas. Vous lirez par ailleurs dans un billet d’humeur ce qui est une approche personnelle de la relation au politique et au syndical qui semble inscrite dans la pratique de ce nouveau mouvement social qui ne perturbe pas que la circulation, mais aussi nos habitudes, nos reflexes, militants et qui peut susciter notre incompréhension.

Je voudrais m’attacher ici à aborder la situation vue du côté syndical et à comprendre le pourquoi de ces difficultés.

Le sort réservé aux organisation syndicales depuis des années de pouvoir libéral et réactionnaire les a contraints pour les plus récalcitrants à une stratégie défensive visant à préserver l’essentiel, ce qui fait la nature même de notre tissu social, à poursuivre le travail de défense, d’adaptation de l‘outil syndical dans un combat social, politique économique où l’ambition du pouvoir est de les réduire à la portion congrue, de les faire passer pour les défenseurs d’un ordre ancien et dépassé, voire de privilèges d’un autre âge. N’ont trouvé grâce  aux yeux des pouvoirs de droite et socialiste successifs que le rôle « responsable » des organisations dites réformistes qui limitaient leurs revendications au cadre imposé de l’adaptation à un capitalisme sauvage qui exige toujours plus d’adaptation, de soumission à un ordre pour lequel le monde du travail n’est pas reconnu pour ce qu’il est vraiment ( l’acteur essentiel), mais est simplement toléré comme un serviteur docile. Ces syndicats-là ont bénéficié de quelques gratifications pendant que les autres ramaient ferme… pour très peu de résultats. Et il est vrai que depuis 1995 (le plan Juppé) les avancées syndicales sont aux abonnés absents et que par conséquent le peuple, le monde du travail est en souffrance dans tous les domaines et qu’il se cherche des voies pour en sortir. L’épisode gilet jaune, sa réticence à converger avec les syndicats, en sont des signes.

Pour parvenir à dépasser une situation qui si elle perdurait pourrait conduire le mouvement dans une impasse, il faudra du côté syndical y mettre toute la volonté unitaire possible, toute l’écoute d’une parole nouvelle et non-initiée, l’acceptation du partage des responsabilités, un gros travail de pédagogie pratique.

JMP

lundi 26 novembre 2018

de l'action


L’action

A mes camarades gilets jaunes

Une constante de l’action est le souci d’être efficace pour déboucher sur des résultats d’autant plus nécessaires qu’il y a belle lurette que les actions multiples et variées se sont cassé les dents sur les murs des pouvoirs réactionnaires. Ces gens-là ne conçoivent le peuple qu’à genoux.

La deuxième constante incontournable est d’être unis et rassemblés et pour cela d’exprimer le besoin d’être tous ensemble de telle façon que chacun se reconnaisse dans le mouvement par-delà les différences.

La troisième et dernière c’est d’être déterminés à aller au bout de l’aventure, jusqu’à satisfaction des revendications, comme on dit, et de croire que ce schéma, résultats =unité=détermination, est imparable, que la victoire est au bout du chemin.

Des comportements à interroger

Dans le mouvement des gilets jaunes en cours, ces constantes opèrent une nouvelle fois et génèrent des comportements à interroger.

 Ce qui ne disqualifie en rien les revendications qui s’y expriment : injustice sociale, précarité, exclusion, pouvoir d’achat massacré… Elles ont la force du réel et leur pertinence ne se discute pas.

Mais l’observation du mouvement en cours dont je voudrais le plus ardemment possible qu’il débouche sur des résultats concrets qui améliorent la situation de ceux qui souffrent me conduit à tenter de réfléchir à la meilleure façon d’y parvenir. Réfléchir à partir d’une expérience de syndicaliste qui en a connu des vertes et des pas mûres depuis près de 50 ans. Pas nécessairement que des défaites.

Pour des résultats qui comptent

Je crains que la volonté des gilets jaunes de s’arcbouter sur les principes de base énoncés plus haut pour s’y limiter, pour se convaincre qu’ils suffiront à faire reculer un adversaire pas nécessairement bien identifié est une impasse. Une fois passé, quel que soit son âge, un enthousiasme juvénile à descendre dans la rue, à se parer de symboles de la révolte, à vivre un moment fort où on exprime ce que l’on n’accepte plus, l’incertitude demeure sur ce qu’il va advenir, sur les résultats. Et il n’y a que les résultats qui comptent.

D’autant que de façon totalement paradoxale, alors que le mouvement pose des questions politiques majeures, comme celle de la répartition des richesses, celle des moyens de vivre décemment, celles des inégalités sociales, celle des droits, dans les slogans avancés, comme dans les comportements, le rejet du politique et du syndical est affirmé avec véhémence, comme pour se donner l’illusion que s’isoler du politique est la première des garanties. Ce n’est pas parce que les politiques, de droite, du centre et même de la social-démocratie ont mis le peuple en pénitence qu’il faut tourner le dos à toutes formes d’action syndicale et politique.

Pas une seule avancée qui n’ait été syndicale et politique

Comme pour ne pas voir qu’il n’y a pas eu une seule avancée sociale dans ce pays qui n’ait été le fruit d’une action syndicale et politique. Sans syndicat, pas de droit aux vacances, pas de code du travail, pas de sécu, pas de retraite, pas de smic, pas de droit de s’organiser et de se défendre dans les entreprises et les services. Et je ne dis pas tout.

Certes parmi les politiques, ils sont assez nombreux à ne pas aimer tout ça, à tenter de le remettre en cause ; mais il y en a d’autres, à gauche-toute quasi exclusivement, qui les défendent ? Certes parmi les syndicats il y a des mous et des durs, c’est notre affaire à tous. Mais chaque fois que l’on s’est attaqué à eux, ce ne fut que pour s’attaquer au peuple, à la démocratie et à nos libertés.

Alors quand des éléments du peuple semblent redécouvrir l’action sociale, il est totalement illusoire qu’ils croient pouvoir le faire sans  rechercher l’union la plus large, y compris, disons les choses à l’ancienne,  avec les outils syndicaux et politiques que la classe ouvrière, le monde du travail, se sont donnés.

Parce que, mes camarades gilets jaunes, j’ai cru comprendre que c’est de ce monde-là que vous parlez.

Jean-Marie Philibert.










dimanche 18 novembre 2018

samedi17novembre


Samedi 17 Novembre, 15 h 30



Le mouvement est en cours, ou plutôt l’absence de mouvement, puisqu’il s’agit de bloquer la circulation sur les grands axes du pays. Et comme prévu, ça marche… à pieds, en vélo, mais difficilement en voiture, puisque les gilets jaunes sont nombreux à vouloir en être et que de multiples points du département sont bloqués, que les grandes surfaces sont fermées ou difficiles à atteindre. La ville de Perpignan vit au ralenti, les ponts qui enjambent la Têt sont vides, des passants portent une nouvelle toilette que l’on voyait d’habitude très rarement un samedi après-midi, un gilet jaune fluorescent, ils ont l’air fier de l’arborer.

Ils ne sont pas de la haute

Des femmes, des hommes, des jeunes et des moins jeunes, qui visiblement ne sont pas de la haute. Je sens, vieille intuition militante ou bien idée totalement préconçue, que, pour eux, ce comportement a du sens. Et cela ressort dès qu’on les aborde. La colère de devoir se serrer encore et toujours la ceinture, d’être confrontés à un pouvoir sourd qui méprise violemment tous ceux qui ne sont rien… Parfois aussi la naïveté d’avoir cru aux mirages du Macron Circus et d’en revenir violemment. Et manifeste comme jamais, la volonté d’agir, d’intervenir, jusqu’à ce que tombent des résultats tangibles.

Le mouvement

Certes on n’est pas dans les schémas classiques de l’intervention sociale, organisée, structurée. Certes on peut y percevoir en sous-mains quelques réactionnaires en mal de récupération. Les arrière-pensées politiques peuvent s’y déployer. IL n’empêche, le mouvement existe et face à l’offensive de la mise au pas macronienne qui en l’espace de quelques mois s’est attaquée au droit du travail, aux services publics, à la SNCF, aux retraites et aux retraité(e)s, aux salaires, et  qui maintenant en vient à mettre en œuvre une déferlante de taxes qui ne touchent que les plus modestes et à multiplier les offensives antisociales tous azimuts,il est plus que salutaire que s’organise la résistance. Pour durer, pour gagner, pour transformer une société qui en crève de voir les plus riches en voie de l’être encore plus, et les autres en baver comme jamais.



Les pieds dans le tapis

Je pense que les stratèges de la Macronie, dans leur souci de réduire à la portion plus que congrue le rôle des organisations syndicales , de tout faire pour minimiser les actions menées, pour ne rien entendre des protestations, des revendications, pour avancer coûte que coûte, des mesures qui remettent en cause ce qui structure notre histoire sociale, sont en train de se prendre les pieds dans le tapis. Le boomerang leur revient droit dans le citron. La gauche défaite, la droite au tapis, les syndicats mal en point, souvent divisés, les arrivistes de tous poils en marche, les medias plus que jamais aux ordres : que pouvait-on rêver de mieux ? Pour mettre au pas le bon peuple. Pour pouvoir continuer à isoler, et à injurier, s’il le faut, ses éléments les plus récalcitrants.

Une exploitation devenue insupportable

Au bénéfice des puissances d’argent dont personne ne nous parle, mais qui ne cessent d’empocher les dividendes d’une exploitation devenue insupportable. Le capitalisme triomphant ne serait plus en mesure de donner un peu le change et de distribuer aux travailleurs les miettes du gâteau qui pouvaient rendre la situation sinon acceptable, au moins momentanément supportable.

Je ne suis pas Martin, mais je fais un rêve : que les forces progressistes, non, ne disons plus progressistes depuis que Macron se pare abusivement de ces vertus-là, disons les forces émancipatrices, transformatrices, à gauche toutes bien sûr, entendent et écoutent la rumeur qui monte d’un peuple qui veut agir pour vivre mieux. Il faut en être impérativement, unitairement. Cela imposera à toutes ces forces-là un profond aggiornamento pour se mettre à l’heure de ce temps. Il n’y a pas d’autres choix !

Jean-Marie Philibert.

lundi 12 novembre 2018

la guerre la paix l'itinérance, la mémoire et l'engueulade


La guerre, la paix, l’itinérance, la mémoire et l’engueulade…



Semaine faste (?) pour notre président. Après un coup  de mou qui l’avait amené à se reposer avec Madame sur la côte normande, il s’est jeté, pendant une semaine,  à corps perdu, dans un marathon non-stop  entre les différents champs de bataille de la première guerre mondiale, pour terminer en apothéose le 11 novembre lors de la commémoration de l’armistice entouré d’une escouade complète de chefs d’états, mais en maintenant le bon peuple à distance.. La guerre de 14-18 fut mondiale,  la célébration du centenaire le fut aussi. Et ce n’est pas une mauvaise chose qu’on y ait beaucoup parlé de paix, même si c’est pour en dire toutes les difficultés et les fragilités.

Le grand blond aux idées courtes était là

C’est aussi un signe que nous a donné Trump en ne s’associant pas au Forum sur la paix, alors que 70 chefs d’états et de gouvernement étaient présents à Paris et qu’il pouvait peut-être être utile pour la plus grande puissance mondiale de montrer son souci de placer l’avenir de la planète avant la gloriole, l’égoïsme, et l’intérêt des puissances financières qui le dominent. La seule chose utile pour le grand blond et ses idées courtes, c’est « America first ».  Pour un esprit limité, il est sans doute dur de pouvoir penser que l’intérêt de chacun passe aussi par l’intérêt de tous. Chaque fois qu’ils le comprirent les States en sortirent grandis, quand ils l’oublient ils vont au-devant de grandes difficultés pour eux et les autres. Trump ne voulait pas se rendre compte que les cimetières américains qu’il honorait étaient pleins de soldats qui certainement ne pensaient pas comme lui, que là était le sens de leur sacrifice.

Une dimension pacifique et internationale

Parce que le 11 novembre, c’est de cela qu’il s’agit, les millions de morts, un siècle après ne doivent pas être oubliés, les deuils, les souffrances innommables, les séparations tragiques,  une jeunesse fauchée, les pourquoi sans issue, des vainqueurs et des  vaincus traumatisés, le cauchemar absolu. La France a voulu donner à cette célébration une dimension pacifiste, internationale. Il est sans doute dommageable de ne pas y avoir intégré la lutte pacifiste des militaires eux-mêmes. Un pan quelque peu oublié de l’histoire.

 Macron n’était pas sans arrière-pensée à cette occasion à quelques mois des élections européennes, aux prises avec des gouvernements européens qui limitent leurs horizons aux nationalismes les plus étriqués et auxquels il veut opposer son « progressisme ». Cela s’appellerait-il l’opportunisme ? Il n’empêche : il n’a pas raté la marche. Et les images fabriquées pour l’occasion ont pu frapper les esprits. C’était fait pour.

Les errances

Mais avec l’étape précédente de l’itinérance, ce n’était pas le cas. Dans l’itinérance, il y a eu beaucoup d’errances en tous sens, dont je reste persuadé qu’elles n’étaient pas toutes fortuites. Ainsi de Pétain re-promu grand Maréchal de France, alors qu’il fut condamné à rester un traître. Les cours d’histoire à l’ENA ne sont pas au top !

L’aparté avec un ancien combattant qui lui demande de continuer à chasser les sans-papiers et auquel il répond en catimini qu’il va continuer le travail, comme si son « progressisme » se limitait à l’ouverture des frontières aux finances, aux commerces, mais pas aux hommes. Dire cela au moment où on célèbre le souvenir des soldats de toutes les couleurs morts dans l’armée française. C’est au moins, soyons charitable, une bêtise. Et comme beaucoup d’élèves un peu têtus et bornés, il insiste sottement. En allant au-devant des citoyens en colère il s’enferre un peu plus. En suscitant le parler vrai, il recueille ce qu’il mérite, l’engueulade. « La France crève la gueule ouverte… Vous n’êtes pas le bienvenu monsieur Macron… Il faut que toute la France se mette en colère… Le pouvoir d’achat fond… » Et d’après l’Elysée il serait satisfait de l’engueulade.

Tout cela serait-il politique ? Bien sûr. Jupiter a un déficit d’empathie. Avec la guerre, la paix, la mémoire, l’itinérance et l’engueulade. Il a tenté de le combler.

Jean-Marie Philibert.

lundi 5 novembre 2018

poison contre poison


Poison et antipoison

Qu’on  se tourne de tous les côtés de la planète, il faut reconnaître une montée très inquiétante des idéologies d’extrême droite et des systèmes politiques qui les accompagnent, avec des variantes, mais aussi avec des constantes. La plus centrale est de remettre en cause la démocratie, ses impératifs, ses principes, ses valeurs comme fondement universel d’une organisation sociale et politique qui cherche à promouvoir, à préserver, à accroître la liberté de ses membres et au-delà leurs droits et leur bien vivre. Haro donc sur la démocratie, même si on se pare de ses plumes pour conquérir le pouvoir.

Autre constante

La plus profonde est de se nourrir d‘une ignorance crasse, d’un analphabétisme politique, qui sont d’autant plus ravageurs que comme toutes les formes graves d’aveuglements, ils sont au-delà de toute forme de conscience, même  la plus sommaire. Comme si la part d’humanité de groupes sociaux importants s’était dissoute pour ne laisser place qu’à des réflexes pavloviens où la peur de l’autre, l’étranger, le migrant, le différent était la référence ultime. Comme si les leçons de l’histoire, même la plus récente, étaient complètement inefficaces pour faire comprendre que ces politiques ne sont que des machines d’exclusion, de division, d’enfermement, de souffrance pour le peuple, d’oppression, de mort lente ou rapide.

Enfin une dernière constante, bien visible,  le visage avenant dont se parent les acteurs centraux de ces tragédies. Il ne s’agit plus de donner l’image caricaturale du dictateur, couillu et méchant, qui hurle des discours violents à des foules galvanisées et hypnotisées. Non la parole fascisante doit sentir le  bon sens populaire, elle doit être dite sur le ton de la conversation entre gens qui partagent un même agacement devant les difficultés de la vie, elle laisse croire qu’il suffirait de peu pour qu’on en sorte, elle désigne des méchants (les démocrates, les progressistes...et les migrants, bien sûr…)) à qui il faut faire payer leurs fautes.

La flore microbienne

Et ne surtout pas croire que quelque peuple que ce soit puisse être imparablement éloigné de ces tentations nauséabondes. Regardez comment Trump s’en nourrit, comment le gouvernement italien s’en inspire, comment une majorité de Brésiliens a mordu à l‘hameçon. Et nous avons chez nous dans notre flore microbienne des poisons tout aussi malfaisants. Au point qu’à chaque élection la menace se réveille, comme une maladie incurable : rappelez-vous la présidentielle, suivez attentivement la préparation des européennes, écoutez ce qui se dit sur les futures municipales de Perpignan.

En médecine on parle de centre anti-poisons et il y a des services compétents pour administrer les substances qui peuvent vous éviter d’en crever. Ne pourrait-on pas faire de même ? Sans doute ! Dans la vie politique rien n’est fatal, tout est mouvant. L’engagement des femmes et des hommes de toutes les cultures, et de toutes les couleurs,  y joue le rôle crucial, leur détermination, leur nombre, leur degré de lucidité et de courage aussi, leur capacité à dépasser les divisions. Mais il ne faudrait pas croire qu’il existe un remède magique, qu’il suffise d’un FAUTQUON ou d’un YAQUA, et le tour est joué.

Des lumières vite !

Aux impératifs socio-économiques qu’il est impératif de remettre dans le bon sens  d’un travail pour tous, d’un salaire décent pour tous, de droits sociaux pour tous, d’une solidarité, à la fois institutionnelle et personnelle pour tous, d’un engagement syndical élargi, unitaire et déterminé pour tous ( ce sont des passages obligés pour nous sortir de cette ornière nauséabonde), je crois dur comme fer, de toute la force de ma vie militante de syndicaliste et de prof, qu’il importe d’y adjoindre impérativement une bataille éducative, culturelle et idéologique forcenée qui défende, qui promeuve l’esprit de résistance, les valeurs démocratiques, progressistes qui vont avec, les lumières (osons le mot) philosophiques qui leur servent de fondements, parce qu’elles sont l’essence même de  l’humanité.

Jean-Marie Philibert

mardi 30 octobre 2018

Sur la municipalité de Perpignan


Qu’ont-ils fait ? Que feront-ils ?

Gardez la place est leur principal souci…

Ils sont dans les startingblocks, ils alimentent la presse locale de leurs ambitions de rester kalife encore et toujours (Pujol), de prendre sa place (Grau, Amiel en rêvent depuis longtemps), de dézinguer les concurrents en jouant une nouvelle partition de la valse des étiquettes. Que la ville puisse basculer dans les mains de l’extrême droite ne les concerne qu’en parole. Quant à la politique à mener pour la ville, c’est silence radio… Il n’y a pas de politique au numéro que vous avez demandé. Comme il n’y a aucune analyse de ce qui a été fait pendant des années et de l’état de délabrement dans lequel la ville se trouve.

Fantomatique

Une ville c’est un centre,  un cœur qui bat à un rythme soutenu avec une animation régulière, des commerces dynamiques ; quand en plus il est marqué par une histoire inscrite dans les bâtiments, il ne semble pas difficile d’en faire un lieu attrayant. A Perpignan, en l’espace de quelques années, en dehors de quelques moments privilégiés, le centre est devenu un lieu souvent fantomatique où les devantures ferment dans des rues entières pour ne plus ré-ouvrir, où les commerces attractifs ont plié boutique et où dès six heures du soir les rues sont désertes. Mais cela n’émeut pas les sortants qui semblent vivre hors sol.

Prenons l’exemple des aménagements de certains lieux publics, des travaux réalisés, des dispositions prises, pensez-vous utile de débattre avec les populations concernées de leurs attentes, de leurs besoins quotidiens, des gènes provoquées, de la nécessité de ne pas les faire durer au-delà du raisonnable. Vous rêvez, ici on sait quand ça commence et puis ça finira bien un jour… le jour où peut-être cela recommencera, comme au boulevard Clémenceau. On pourrait multiplier les exemples d’incompétence. Ainsi le square Bir Hakeim est tourné et retourné dans tous les sens, avant de pouvoir accueillir à nouveau les promeneurs Pendant ce temps, les quartiers souffrent et périclitent. Les populations avec.

On rase… pas gratis

Quand on se lance dans d’audacieuses politiques de rénovation, c’est pire encore, on rase, on défigure, on n’écoute personne, voir Saint Jacques, et il faut que le Préfet vous tape sur les doigts. Que dire des inepties dont la ville porte le traces : une gare TGV qui a tué le quartier de la gare, des parkings souterrains inutilisables (c’étaient des idées géniales des Alduy père et fils), des grandes surfaces commerciales qui prolifèrent dans toutes les périphéries défigurant la ville.

Mais on est dans un archipel, nous avons nos îles pour rêver. Une politique de l’imaginaire qui nous coûte très cher (voir les impôts).

Mais pour le réel : l’incapacité à traiter des problèmes quotidiens des perpignanais, comme la circulation automobile, le stationnement semble irrémédiable. On se défausse sur l’agglo, où les mêmes gèrent avec la même incompétence, pour mieux cacher ses renoncements. Comme l’absence de politique sociale digne de ce nom, de politique du logement, de politique d’aide aux plus défavorisés, de politique des transports  et j’en passe.

Par contre dans les domaines du clientélisme on est les champions, avec l’espoir qu’il va permettre que la fête continue. Quant à la démocratie, il peut arriver que l’on s’assied dessus, Rappelez-vous les chaussettes.

Une autre politique est possible aux antipodes des projets ségrégatifs de la droite et de son extrême. Elle se situe à gauche, elle serait juste et sociale,  et elle a besoin de nous tous.

JMP

lundi 29 octobre 2018

un potpourri


Un potpourri…

Les billets d’humeur auxquels vous avez presque échappé

Commençons par la sottise du Roi d’Arabie qui pour éliminer un journaliste-opposant le fait convoquer dans son consulat d’Istanbul où il envoie une équipe de bouchers le couper en tranches pour être sûr qu’on ne parlera plus de lui. C’est raté : il n’a jamais été plus connu ! Il est nul !

Les faux culs

La suite, c’est le bal des faux culs : Erdogan et Trump, l’un est le grand chef de la Turquie, et pour cause, il a rempli ses prisons de tous ses opposants réels ou supposés, il a mis au chômage des milliers  de fonctionnaires et il se rêve en réincarnation du grand Sultan, l’autre est le président des States et il croit ses pouvoirs proportionnels à sa sottise et à sa vulgarité qui sont immenses. Eh bien tous les deux veulent faire comprendre au Roi d’Arabie que ce qu’il fait, ce n’est pas bien. Ils veulent lui donner une leçon de morale. Parce que vous avez bien senti chez ces gens un souci constant de la morale. On ne se refait pas quand on est un honnête homme.

Et l’Europe

Revenons dans nos terres européennes où ce n’est pas triste non plus : vous avez vu ce député facho italien qui n’a pas supporté le discours critique de Moscovici, commissaire européen, et qui, après l’avoir écouté, s’est précipité sur le texte du discours pour le piétiner avec rage, une façon élégante de la nouvelle classe politique italienne pour participer au débat d’idées. Là aussi il y aurait de quoi disserter. Même Mosco, lui d’habitude si calme, pour ne pas dire mou-mou, a vu rouge (enfin presque rose). Mais passons.

Rapprochons-nous de chez nous, Valls à la conquête de Barcelone, une aventure à raconter. Si ce n’est que les Barcelonais eux-mêmes ne semblent pas avoir envie d’en dire grand-chose et qu’ils ne semblent pas enclins à récupérer un produit frelaté de la politique française, même introduit par une starlette (?) richissime de la bourgeoisie locale. Il n’y a que l’Indep qui se sent obligé de faire des ronds de jambes devant l’impétrant. Je n’en vois pas l’intérêt.



Ici aussi

Là où il y aurait matière à écrire, à éructer, à vociférer, à faire les yeux noirs, durs et méchants, comme lui, c’est avec le feuilleton Méluche. Premier épisode, Méluche et la justice, deuxième épisode, Méluche et les journalistes, je crains que, parti comme cela, nous n’en restions pas là. Certes Meluche, c’est la république, mais la justice aussi, c’est la république ! Certes la justice a sorti la lourde artillerie. Certes les journalistes aiment tout ce qui fait du bruit et Méluche s’y entend en bruits et fureur. Mais où sont les enjeux politiques de ces diatribes en tous sens. Moi je m’y perds. Passons.

Je préfère, pour clore la liste,  m’intéresser à l’avertissement, suivi d’effet, de François Ruffin, député FI, qui devant le rejet par les députés En Marche d’une proposition de loi sur l’accompagnement des enfants handicapés en milieu scolaire, leur a plus vertement que d’habitude remonté les bretelles, les a menacés de rendre public leur nom. Il l’a fait. En pays anglo-saxon on appelle ça le « name and shame » et shame, ça veut dire honte ! La honte, ils l’ont eue, même l’inexistante députée du département En Marche (en fait à l’arrêt depuis le début de son mandat), dont j’ai oublié le nom, tellement elle bouge peu. Elle s’appellerait Laurence Gayte.  Elle a piqué quand même une colère. Elle a tort. Elle aura, malgré elle, inscrit son nom quelque part. Ce n’est pas rien !

Je ne comprends pas pourquoi, dans une démocratie représentative ce ne serait pas une bonne chose que les citoyens soient informés de ce que votent leurs représentants.

En fait vous n’avez pas tout à fait échappé à mes mauvaises humeurs vagabondes : il faut dire que nous vivons de drôles de temps. La pire des choses serait de renoncer à l’esprit critique. Alors poursuivons les routes de l’humeur, gaiement quand on peut, lucidement, sérieusement, résolument.

Jean-Marie Philibert.

dimanche 21 octobre 2018

Le bus ? Non pas le bus, Mémé, le buzz


Le buzz

Dans un monde où la com est la pierre angulaire de toute pensée, de toute connaissance, de tout comportement, dans un monde où celui qui ne sait pas communiquer, qui ne veut pas communiquer, n’existe pas, dans un monde où les réseaux de com irriguent le corps social, comme le sang fait vivre notre corps et notre esprit, il est impératif, pour avoir une vie digne d’être vécue, d’être partie prenante de cette folle activité qui nous occupe de jour, de nuit, dedans, dehors, seul, en société, à la mer, à la montagne, à la campagne, en voiture, à pieds, en vélo, être sur le réseau, exister sur le net, avoir des followers, comme s’il en pleuvait, plus simplement être connu, reconnu. Non ! Non ! Pas nécessairement estimé, aimé. Que l’on parle de vous. Peu importe ce que l’on en dit.

Bourdonnons

Pour cela, une seule technique marketing imparable : le buzz ! Le buzz (terme anglais signifiant « bourdonnement » d'insecte) consiste à susciter du bouche à oreille autour d'un événement, d'un produit ou d'une offre commerciale et, ce faisant, des retombées dans les médias. Le buzz fonctionne selon un principe : c’est le consommateur potentiel qui devient lui-même le média. Là je vous recopie ce que nous dit Madame Wikipedia, grande spécialiste de la question.

Pour bourdonner, pour susciter le bouche à oreille, pour faire parler de vous, la seule voie, c’est la voie du buzz, faites le buzz, pensez au buzz, inventez un buzz et le tour est joué.

Quand je vois la frénésie qui anime nombre de grandes personnes responsables et reconnues d’aujourd’hui, je pense à moi, enfant ou un peu ado aussi, et à mon besoin de me faire souvent bêtement remarquer, et pour cela j’étais prêt à faire n’importe quoi pourvu que cela se voie, s’entende, attire l’attention… Et d’entendre ma mémé dire sèchement : « Arrête de faire le couillon, tu le fais très bien d’ailleurs ! » Et vlan !

Deux buzz

Ce sont ces pensées nostalgiques qui me viennent à l’esprit quand j’observe deux buzz qui ont alimenté notre semaine ? Ils nous enseignent que le buzz peut se payer comptant, mais pas nécessairement content.

Le premier concerne Jean-Luc Mélenchon qui n’a pas supporté que la justice s’intéresse à lui, que l’on perquisitionne chez lui, au siège de son parti, qui a joué et surjoué l’innocence outragée, qui était à deux doigts de faire le coup de poing, en disant incarner la République, qui a tout filmé, tout communiqué avec un art du verbe consommé pour dénoncer une manoeuvre politique visant à le faire taire. Le buzz qu’il provoque là est la meilleure preuve que la manœuvre politique a fait long feu, qu’il ne se taira pas. Je ne dis pas qu’il a raison ou tort, je constate que grâce au buzz il existe un peu plus. Il donne du grain à moudre à tous ceux qui ne vivent que sur les réseaux. IL est l’opposant majeur, incontournable… C’est un buzz réussi. Ma mémé lui aurait dit qu’il n’a pas fait le couillon pour rien. Il reste qu’il a quand même fait le couillon.

Mais il y a des buzz qui peuvent vous échapper, parce qu’ils s’opèrent à l’insu de votre plein gré. Celui qui a concerné Pascal Pavageau, le nouveau ex-secrétaire général de FO est de ceux-là. Pavageau ne connaissait sans doute pas assez les responsables de son syndicat, il a commandité un fichier où il a fait consigner crument qui était qui, qui était quoi, qui valait quoi. Ça déménage. Figurez-vous que ce fichier a permis à un méchant canard  (enchaîné ?déchaîné ?) de faire le buzz à propos des pratiques peu orthodoxes d’un manitou trop curieux du syndicalisme. Mais là, au lieu de renforcer l’existence publique de l’impétrant, sa notoriété, sa puissance de communication, le buzz le reconduit à la maison où il pourra méditer sur les hauts et les bas de la vie publique. Le buzz peut vous faire disparaître. Ma mémé lui aurait dit qu’il est toujours dangereux de faire le couillon.

Buzz ou pas, faire le couillon n’est jamais sans risque.

Jean-Marie Philibert.


lundi 15 octobre 2018

les points .... dans la gueule


Les points … dans la gueule…

Depuis plus de vingt ans les gouvernements successifs n’ont de cesse de seriner qu’il faut impérativement réformer les retraites …et de le faire. Si ce n’est que le sens du mot « réformer » est très particulier chez eux : réformer veut dire pour eux une seule et unique chose, faire baisser de plus en plus les retraites après des carrières de plus en plus longues et imposer des âges de départs de plus en plus tardifs. Les prétextes invoqués sont toujours les mêmes : la durée de vie qui s’est accrue, les caisses sont-seront vides, et la justice sociale bien sûr. Les seniors sont des nantis, des privilégiés, des égoïstes, ils doivent faire un effort pour les plus jeunes qui doivent affronter la crise.

Par contre les propositions de réformes varient avec l’air du temps, il y a eu une période où la capitalisation dans des fonds de pension était la solution indépassable, puis quelques fonds de pension ayant fait plouf, on ne nous a plus parlé que de retraites par points.

Vous ne pourrez vous en prendre qu’à vous-même

A travers la retraite par points ou les comptes notionnels, cette réforme vise à passer de règles collectives  avec des droits, des repères communs, (âge de départ à la retraite par exemple,  taux de remplacement…) à une individualisation des situations : chacun récupère un pourcentage des montants cotisés tout au long de la carrière. Vous passez votre vie de travail à acheter des points. Mais attention ! Connaître le nombre de points ou le capital virtuel accumulé ne préjuge en rien  de ce que sera le niveau de pension au moment du départ. Le rapport entre prestations servies et cotisations versées ne sera déterminé qu’au moment du départ en retraite  en fonction des capacités de financement du régime. En cas de difficultés, plus besoin de réforme, il suffit de baisser la valeur du point qui peut aussi baisser en fonction de l’espérance de vie du futur retraité. Vous pourrez vivre plus longtemps, mais plus pauvre. Vous ne pourrez que vous en prendre à vous-même. Ce sera la faute des points.

Il ment

Le gouvernement engage la discussion sur cette seule base, promesse de Macron… en disant qu’il ne veut pas toucher à l’âge de départ (62 ans), mais il ment, il envisage de prévoir une décote pour ceux qui partirait à cet âge-là, histoire de les inciter à travailler plus longtemps et à s’asseoir sur la loi.

Lors de la séance collective de discussion de la semaine dernière, pilotée par M.Delevoye, le patronat s’est montré, bien sûr, satisfait. Chez les syndicats tendres, style CFDT, on dit la discussion « utile ». Pour FO et la CGT, c’est un autre discours. « Beaucoup de choses confirment nos craintes », FO. Pour la CGT, ça fera nécessairement baisser le niveau des pensions. Quant au calendrier prévu, on sait que Macron aime aller vite, mais là les choses pourraient durer jusqu’au printemps 2019, histoire de laisser passer les européennes de mai.

Les mois devant nous sont à mettre à profit pour préserver et améliorer ce qui existe et qui a constitué une avancée si considérable dans les droits sociaux que de la droite réactionnaire à la gauche caviar le rêve de détruire ce qui permet à un peuple de vivre ( presque) décemment ses vieux jours n’a cessé de hanter leur nuit.

Jean-Marie Philibert


dimanche 14 octobre 2018

ils veulent plus jouer avec moi


« Ils veulent plus jouer avec moi »

Dialogue entendu à l’Elysée pendant la terrible semaine de l’impossible remaniement ministériel

-Maman, pourquoi ils se moquent tous de moi ? Ils veulent plus jouer avec moi ! Même ceux qui étaient avec moi à l’école de l’Ena, même ceux de ma bande, ils me moquent.

-Tu sais Emmanuel, pour avoir des amis, il faut savoir mettre de l’eau dans son vin ! Ces derniers mois tu n’as fait que des bêtises, tu as été désagréable avec beaucoup de copains, avec  beaucoup de papas et mamans de copains, surtout quand ils n’étaient pas de la haute, avec beaucoup de pépés et mémés retraités de copains.  A table ils ont entendu des choses sur toi qui me font de la peine quand elles m’arrivent aux oreilles… Que tu ne t’occupes que des riches, que tu t’en crois, que tu veux toujours commander. Ce n’est pas ce qu’on t’a appris quand tu étais chez les bonnes sœurs.

la hauteur de mes talents

-Mais, maman Bribri, tu sais que je suis malheureux, que c’est très dur pour moi de ne pas être aimé, admiré, à la hauteur de mes talents, de ma valeur qui sont immenses. Tu le sais toi, que je suis un grand bonhomme. Tu me le dis tous les matins en me portant le petit déjeuner au lit. Il y a quelques mois il ne parlait que de ça à la télé… Macron génial… Le plus fortiche ! Il a battu Marine à plate couture… Rien ne pourra lui résister… Et puis patatrac… Snif… Snif…

-Mon petit, tu as voulu jouer à la politique avec les grands,  avec des garnements que tu croyais couillonner sans avoir fait ton apprentissage, en te prenant pour Jupiter… et pourquoi pas Louis XIV tant que tu y étais… Je crois que tu t’es trompé. Je sais d’où ça vient. Tu te rappelles au CP quand tu as appris à lire et à écrire, on s’est rendu compte que tu étais mal latéralisé, que la droite et la gauche pour toi c’était pareil et tu voulais lire à ta fantaisie, dans tous les sens. Des fois tu commençais à droite, des fois à gauche.  Quand tu joues à la politique, ça te revient, tu mélanges tout, et en politique, comme en lecture, ça ne marche pas dans tous les sens. La gauche et la droite c’est pas pareil !

lui aussi il mélangeait tout

-Mais ma petite Maman, si gentille, rappelle-toi quand j’avais mon copain François, avant que je le trahisse, lui aussi il mélangeait tout, tellement qu’il savait plus qu’il y avait une gauche en face de la droite…

-Ne me parle pas de ce François, c’est un très mauvais exemple pour toi, la nuit, il ne pensait qu’à faire du scooter pour aller voir sa copine… Tu ne fais pas ça, au moins ?

-Oh ! Non ma Mamounette chérie, la nuit quand j’ai du mal à dormir, je téléphone avec mon iphone en or à la terre entière pour qu’elle sache que Macron est le plus grand. Quand je le dis à Poutine ou à Trump, ils rigolent, ils me croient pas.

-Je crois que tu es fatigué, Emmanuel, repose-toi un peu, laisse  faire le grand dadais du Havre, celui qui joue  toujours au premier ministre… Il a l’air plus en forme que toi.

-Jamais ! Il veut me prendre la place, il veut être le chef de la bande… Je ne serais plus rien comme dans une gare.… Je serais obligé de traverser la rue pour être quelque chose… Mon dieu que la vie est cruelle !

Une inquiétude profonde se lit sur le visage de Maman Bribri…

Jean-Marie Philibert.




lundi 8 octobre 2018

L'HUBRIS


SUS À L’HUBRIS



Rendons à Collomb ce qui est à Collomb : je crois que c’est lui qui à propos de Macron a ressuscité une vielle lune de la mythologie grecque : la notion d’hubris. C’était avant d’aller au bout de sa démission qu’il évoquait cette divinité que l’on peut traduire par démesure pour mettre en garde le président sur les dérives dont il est de plus en plus responsable. C’est la folie imprudente des hommes tentés de rivaliser avec les dieux.

Avec sa référence à Jupiter, à la verticalité du pouvoir, l’Emmanuel a commencé très tôt après son élection : dans son for intérieur il a dû considérer le choix des Français comme une décision surnaturelle où les puissances célestes ont voulu lui donner un destin hors du commun.



Il dé…mesure

Et maintenant, plus ça va, plus il « dé…mesure », au point que dans son entourage immédiat c’est courage fuyons. Après Hulot, Flessel, Collomb … d’autres suivront. Même la Bribri, d’après un journaliste qui écoute aux portes, lui aurait passé une avoinée.

Ce n’est pas la visite qu’il a rendue au Général sur sa tombe à Colombey qui le guérira, bien au contraire, de cette folie-là : Mongénéral avait fait de l’hubris  la clef de voute de son pouvoir, il avait trouvé une bande de godillots arrivistes pour le soutenir, et des électeurs qui s’étaient laissés berner. Comme lui !



Sortir de la cuisse de Jupiter

D’ailleurs à la sortie du cimetière, à des retraités qui l’apostrophaient, il n’a pu s’empêcher de faire la leçon en reprenant les paroles supposées de Mongénéral. « Dans un pays comme la France, on peut tout dire, tout faire, mais on ne se plaint pas et ça ira beaucoup mieux... Me plains-je ? ».

Cette nouvelle atteinte d’hubris s’ajoute à une série interminable de propos méprisants pour beaucoup de ceux qui, comme lui, n’ont pas la chance et la prédestination d’être sortis de la cuisse de Jupiter : les ouvrières illéttrées de Bretagne, les riens qui fréquentent les gares, les fainéants qui manifestent, les gaulois réfractaires... Ceux-là au moins sont tranquilles,  l’hubris ne les menace pas.

Je m’interroge : dans une action politique rationnelle avec des citoyens qui a priori ne sont pas tous des imbéciles, n’est-ce pas une erreur manifeste que de ponctuer son action par de telles marques de mépris pour des gens qui peut-être ont voté pour vous.



Sot et prétentieux

Macron, moins intelligent qu’il veut le paraître ? Peut-être ! Macron et la certitude qu’il est d’une engeance supérieure au bon peuple ? Certainement ! Mais un peu couillon et prétentieux ça peut très bien aller ensemble. Observons le comportement de tous les puissants, les vrais, et tous les autres, ceux qui se la jouent puissants d’un jour, de quelques jours, ceux qui considèrent que leurs tas d’or ou leurs comptes  en banque (dans un paradis fiscal de préférence) les rendent plus égaux que les autres : l’hubris les guette et souvent les emporte inexorablement.

Quand l’hubris gangrène tout un système on a quelque chose qui ressemble au capitalisme triomphant, où l’hubris de quelques-uns se nourrit de l’aliénation, de la sueur et de la souffrance du plus grand nombre.

Je vous épargnerai le tour du monde de tous les hubristes qui prolifèrent...



De l’hubris à la némésis

Nous n’avons plus le secours des dieux grecs pour châtier les hubristes d’aujourd’hui.

Pour ces dieux-là l’homme qui commettait l’hubris était coupable de vouloir plus que la juste mesure  que sa part de destin lui avait attribuée, il était donc condamné par les dieux à se rétrécir dans les limites étroites qui étaient les siennes. C’était le némésis.

Si l’hubris  est la faute du dépassement des limites, la némésis désigne le mouvement inverse de la rétractation vengeresse. Vive donc la némésis !

Et courage camarade, la némésis est à portée de main !

Dans notre monde, laïque, libre et social, la tâche des dieux nous incombe, collectivement, par notre capacité à combattre les prétentions des Macron multiples et variés qui ont complètement oublié que la démocratie impose le respect de tous et le respect de tous, c’est le respect de l’humanité de chacun.



Jean-Marie Philibert

lundi 1 octobre 2018

compliqué ?


Compliqué ?

La complexité des mots et du langage : notre richesse ! Notre richesse ? Pas seulement celle des richissimes qui se moquent souvent des mots comme de leurs premières chaussettes et qui leur préfèrent les belles bagnoles, les beaux bijoux et les beaux costards. La richesse d’une humanité qui sait qu’elle est loin d’avoir percé tous ses mystères, qui est consciente que les voies du progrès, comme celles de l’émancipation et de la justice sont aussi ardues que la construction de la démocratie et de la paix. Des instances internationales où le brouillage des pistes est un sport universel aux réalités quotidiennes de ma ville, la difficulté de communiquer, de se parler, et surtout de s’entendre est constante, imparable, insurmontable (?).

Propre ?

Regardez le mot « propre », le nom « propreté », la municipalité de Perpignan n’a de cesse de vous affirmer que la ville est propre de chez propre, que les équipes tournent à plein pour la nettoyer, des articles de la presse bien informée confirment, et puis vous sortez et vous vous rendez compte d’une propreté toute relative, dans certains coins vous rencontrerez même des spectacles bien peu réjouissants d’immondices et de déchets en tous genres jetés en pâtures à des chiens, des chats errant, vous humerez des odeurs qui sont aux antipodes des parfums élégants de Madame Chanel. La ville propre ?

Et le mot réhabilitation ? Il fait l’objet de toutes les discussions à Saint Jacques : pour les uns il signifie on rase, pour les autres on rénove, on préserve. Qui dit le vrai ? Et encore on est là dans le concret, le vérifiable.

Abstrait ?

Si l’on franchit le pas de la petite abstraction… c’est presque peine perdue que de vouloir échanger des points de vue. Quant à la grosse abstraction, une seule solution, ne dites plus rien, bouchez-vous les oreilles, vous êtes hors-jeu. La parole n’est qu’aux grandes gueules puissantes qui utiliseront tous les canaux, tous les subterfuges, toutes les ruses, tous les mensonges, toutes les contraintes et, s’il le faut, toutes les violences pour vous écraser d’une vérité dont vous sentez bien qu’elle nie votre humanité.

Convaincus ?

Depuis le congrès de Tour, et même avant, des hommes, des femmes, se servent des mots pour débattre et tenter de maîtriser un avenir pour tous ceux et celles qui, comme eux, n’ont d’autres richesses que leurs mains et leur conscience. Pour dire que l’ordre du monde n’est qu’un désordre. Pour affirmer que ceux qui n’ont rien ont droit à tout. Ils sont convaincus que le mot socialisme n’est pas un gros mot, même si des esprits malins s’emploient sans cesse à le vider de son sens et de sa vie. Les mots gauche et droite sont pour eux antinomiques, comme sont inconciliables les replis réactionnaires et les avancées progressistes. Aux fossoyeurs de l’espérance, ils parlent peuple, justice, répartition des richesses, liberté, droits sociaux, droit du travail, services publics, école, santé, écologie. Ils crient, ils créent la démocratie, celle  du quotidien.

Mais ces mots, ces valeurs n’ont que la force des voix qui les défendent. Elles n’auront d’effet qu’à proportion des convictions qui les portent, dans une démarche d’élucidation des enjeux, de clarification des tâches, de construction collective et de mises en œuvre de forces organisées. Dans la dernière fête de l’huma, il en fut question. Dans le congrès du pcf qui se prépare, j’ai envie de voir quelque chose qui ressemble à cela, quelque chose qui redonne du sens aux mots et ne recule pas devant leur complexité.

Jean-Marie Philibert.

mardi 25 septembre 2018

raisons du mécontentement


Les raisons du mécontentement

Les raisons du mécontentement : on peut les prendre en bloc ou en détails, les résultats sont les mêmes. Elles prolifèrent. Il n’y a que les néo-députés En Marche-vers-le-précipice qui ne voient rien. Nombre des électeurs de Macron ont maintenant compris que les fruits ne tiendront pas les promesses des fleurs, d’autant que les promesses passent à la trappe les unes après les autres. Le tout agrémenté d’un mépris affiché pour le peuple… inculte, réfractaire au changement, incapable de traverser la rue pour chercher un boulot. Il n’y a pas un domaine où puisse se sentir le moindre soupçon de satisfaction : les chômeurs chôment toujours autant et en plus ils sont accusés d’être responsables de ce qu’il leur arrive, les précaires, loi-travail oblige, ont maintenant la loi contre eux, les salarié(e)s ont perdu jusqu’au souvenir d’une augmentation, les retraité(e)s perdent- perdront toujours plus de leur pouvoir d’achat, de leurs droits, de leurs espoirs ( mais promis-juré on ne les emmerdera plus !), les jeunes sont bouté(e)s par charretées entières hors de l’université ( merci Parcours-sup !), la mort de la sécu n’est plus un rêve dans les milieux gouvernementaux et patronaux, quant aux services publics ( voir ci-contre) toutes les réformes mises en œuvre,  préparées, évoquées sont toutes un laminage de l’état de droit, qui est pourtant la protection essentielle de ceux qui n’ont rien….

Face à cette déferlante, pas d’autres issues, que la bataille, pied à pied, que le rassemblement, que la convergence, des luttes, des actions. Le département bouge. Le 9 octobre le pays bouge, le 18 les retraités bougent encore, et ce n’est pas fini. Sans doute faudrait-il espérer la dimension unitaire la plus large possible : du chemin reste à faire ! El pueblo U-NI-DO…

JMP

lundi 24 septembre 2018

Métaphores encore et toujours


Métaphores, encore et toujours…



Il faut souvent se méfier des métaphores ou des expressions toutes faites qui sur le moment vous donnent le sentiment de régler avec facilité des problèmes ardus et de clouer le bec à vos contradicteurs. La langue est pleine de pièges  et bien malin celui qui croit pouvoir les déjouer avec facilité.

Deux exemples dans l’actualité toute proche apportent de l’eau à mon moulin.



Exemple 1

Rappelez-vous la métaphore de l’archipel que Jean-Paul Alduy, quand il fut maire de Perpignan, a mis à toutes les sauces en faisant un archipel de notre ville, de ses quartiers disparates, des communes qui l’entourent, de l’agglomération que tout cela est censé composer et dont il était le grand manitou.

Cela avait la saveur de l’exotisme, le charme de la mer, la liberté, le calme des îles. Dans un archipel, chaque île a sa personnalité, vit sa vie tout en étant en lien avec les autres. Dans un archipel entre les îles existent des frontières naturelles qui font que même si l’on peut se visiter chacun reste chez soi et que si des échanges existent ils ne remettent jamais en cause la structure de la population.

L’île Saint Jacques sera fidèle à elle-même, certains quartiers du Nord de Perpignan seront « compliqués », les beaux quartiers le seront toujours, les faubourgs populaires aussi et garderont surtout  leur populaire pour eux, quant aux îles éloignées, elles ne troubleront que faiblement l’atmosphère de la vénérable cité.

Au lieu de travailler à la mixité sociale,  à la rénovation,  au lieu de s’attaquer aux divisions sociales, à la ségrégation, à la construction d’une cité solidaire, par-delà ses différences, en un mot au progrès, Jean Paul Alduy rêvait de nous voir rester chacun dans nos îles, de préserver le statu quo et la rente politique que son père lui avait léguée.

La métaphore des îles a bon dos. Quelques années après, remords ? Repentir ? Ou peau de banane pour ses successeurs ? Il s’étonne dans un livre, présenté dans la presse que cela n’ait pas marché. La magie des mots a ses limites, surtout quand on s’adresse  à des concitoyens qui ne sont pas nécessairement des imbéciles.





Exemple 2

 Ce même principe s’applique à la dernière expression que le Jupiter qui nous gouverne mal a trouvée pour régler le problème du chômage. A un jeune homme ayant suivi une formation en horticulture et qui lui faisait part de ses difficultés à trouver un emploi, du haut de sa suffisance ne voilà-t-il pas qu’il lui dit que pour travailler il suffit de traverser la rue, de demander au bistroquier qui est en face un boulot et le tour est joué, vous n’êtes plus chômeur. Sous-entendu il ne faut pas être une grosse feignasse, il faut accepter n’importe quoi, à n’importe quel prix, il faut être souple, malléable, prendre la société comme elle est et surtout, surtout ne pas chercher à changer. Y a-t-il un geste plus simple que celui de traverser une rue ? Il y a donc en France des millions de gens qui sont incapables de traverser une rue.

On mesure l’échec patent de notre système éducatif où on met un pognon de dingue pour enseigner des matières qui ne servent à rien et où on n’apprend pas à repérer les passages piétons et à traverser les rues à des jeunes qui manquent vraiment d’ambition.



Esprit critique

La réaction populaire devant l’inanité d’un tel propos me convainc que dans mes années d’enseignement j’ai bien fait de privilégier l’apprentissage de l’esprit critique, à l’étude des règles de la circulation urbaine.

L’esprit critique est celui qui déjoue les pièges des mots, des métaphores séduisantes,  des lieux communs imparables, des conseils à deux balles.

D’autant que la métaphore de la rue est d’une richesse incommensurable : la rue, c’est la vie, la rencontre, le lieu d’expression, de respiration d’une société. La rue, c’est ce qu’il nous reste quand on a tout perdu. La rue, on y exprime nos colères, nos révoltes, nos espoirs... On a tout intérêt à y descendre, à y redescendre, à y reredescendre, non pas pour la traverser, mais pour y rester, pour la prendre, pour s’y répandre les plus  nombreux possibles dans la multiplicité d’un peuple divers.

Jean-Marie Philibert.